Le renouveau de l'art sacré
Le développement des sociétés humaines connaît au XXe
siècle une véritable explosion. Les manières de faire et de penser en sont radicalement
transformées. En art, cela se traduit par une rupture esthétique: on retire le sujet du
tableau, la mélodie de la musique, l'ornementation de l'architecture. En art sacré, la
rupture est moins tranchée: on valorise un art simple, des matériaux contemporains et
«l'authenticité» du Moyen Âge.
Pour produire ce renouveau, on commence par rejeter l'art
du siècle précédent. Les chapiteaux de plâtre, les sculptures recouvertes de fer-blanc
et les colonnes de faux marbre sont jugés sévèrement. Cette critique débute au Canada
français dans les années 1920 avec Marius Barbeau, ethnologue, Dom Bellot, moine
bénédictin, Gérard Morisset, historien de l'art, et Mgr Olivier Maurault.
Wilfrid Corbeil, c.s.v., participe activement à cette
aventure, tant du côté des réalisations que du discours. En 1936, sa première oeuvre
architecturale est une chapelle en bois rond, très moderne dans son usage du matériau
brut. Des dizaines de projets, de réalisations et d'articles suivront. Ils témoignent
des motivations de l'homme: la Beauté, le Sacré et le désir d'être de son temps.
En 1946, avec André Lecoutey, un abbé français,
Wilfrid Corbeil fonde «Le Retable». Ce regroupement d'artistes, laïcs et religieux,
travaille pour conserver bien vivants les arts d'église. En plus de réaliser des
oeuvres, le groupe anime un débat sur le renouveau à travers une revue, des conférences
et des expositions. Dans les années cinquante, Max Boucher, c.s.v., se joint au mouvement
comme sculpteur.