Chapitre 1
La naissance d'un mouvement de regroupement

La raison...

La Saskatchewan a connu, au cours des années, bon nombre d’organisations francophones oeuvrant dans les domaines de l’économie, de la culture, de l’éducation, des communications et du développement communautaire. Nous allons traiter de l’histoire de chacune de ces associations dans d’autres documents. Il y a eu, depuis 1912, un élément constant dans le développement de la communauté fransaskoise. Cet élément, c’est l’Association culturelle franco-canadienne (acfc).

Parce qu’ils sont minoritaires dans l’Ouest canadien, les pionniers français et canadiens français cherchent, dès le début du siècle, à sauvegarder leur langue française. «Pour l’agriculteur, l’artisan, et le petit commerçant de souche française, une autre inquiétude s’ajoutait: comment préserver ces deux éléments qu’on avait toujours dit indissociables, la foi et la langue?»1

Société Saint-Jean-Baptiste...

Les pionniers fondent alors, dans leurs communautés, à Wauchope, à Willow Bunch et à Vonda, des cercles locaux de la Société Saint-Jean-Baptiste.

Depuis toujours, les Canadiens français célébrent la fête de leur saint patron, saint Jean-Baptiste, le 24 juin. Le mouvement de la Société Saint-Jean-Baptiste voit le jour à Montréal en 1834 et se répand vite au Québec, en Ontario et en Nouvelle-Angleterre. Le mouvement existe déjà en Saskatchewan, à North Battleford, avant la résistance des Métis en 1885. «On sait de façon certaine qu’une assemblée eut lieu à cet endroit en mai 1890 dans le but de relancer le cercle local de la Société St-Jean-Baptiste, inactif depuis le soulèvement de Batoche.»2

À la suite de l’arrivée de nombreux colons de langue française, au début du XXe siècle, le nombre des cercles locaux grandit. Les activités varient d’un cercle à l’autre.3 Comme tout organisme francophone, certains cercles sont plus actifs que d’autres.

En 1909, l’abbé Philippe-Antoine Bérubé de Vonda invite à une grande réunion, dans sa paroisse, tous les représentants de tous les cercles locaux de la province. Le missionnaire-colonisateur espère suivre l’exemple du Manitoba et former un regroupement provincial des cercles locaux de la Société St-Jean-Baptiste.4 Alors que la plupart des curés croient que les Canadiens français doivent s’unir pour sauvegarder la langue et la foi, l’abbé Bérubé estime qu’il y a une autre raison. «M. le curé de Vonda affirma que les deux grandes questions autour desquelles nous devions nous unir, c’était la question des écoles et la colonisation.»5 En effet, le missionnaire-colonisateur est convaincu que s’il peut établir un bloc de centres francophones dans le nord de la province, les Canadiens français seront plus forts.

Lors de la rencontre tenue les 29 et 30 juin à Vonda, on crée la «Société Saint-Jean-Baptiste de la Saskatchewan». Le premier comité exécutif de ce regroupement de cercles locaux est composé entre autres de l’abbé Bérubé et du Père Delmas, o.m.i., fondateur de Delmas. L’année suivante, en 1910, la Société Saint-Jean-Baptiste de la Saskatchewan est présente lors de l’inauguration du premier journal de langue française en Saskatchewan, Le Patriote de l’Ouest. À la réunion de Vonda, les représentants avaient décidé «de tracer les plans de la fondation d’un journal de langue française.»6