La première machine motorisée plus lourde que lair à avoir volé au Canada est le Silver Dart.
A.E.A. Silver Dart
© Musée national de laviation (Canada)
Lhistoire du Silver Dart commence en 1907, lorsque Alexander Graham Bell,
linventeur du téléphone, a créé lAerial Experiment Association (AEA) avec
quatre jeunes hommes intéressés par laviation. Déjà, Bell avait fait des
expériences aérodynamiques avec des cerfs-volants mais, à 60 ans, il navait plus
lâge de se livrer à des manoeuvres à bord de machines volantes fragiles, jamais
testées.
Glenn Curtiss, un Américain qui fabriquait des moteurs à combustion interne, était
lun des jeunes membres de lAssociation, avec le lieutenant Thomas Selfridge de
larmée américaine et deux Canadiens, John A.D. McCurdy et Frederick W.
« Casey » Baldwin, tous deux récemment diplômés de lUniversité de
Toronto.
Le projet de lAEA était ambitieux. Il ne visait rien de moins que la construction
dun « aérodrome, dune machine volante, pratique et capable de se
déplacer dans lair par ses propres moyens avec une personne à bord ».
L'Association avait un bureau à Hammondsport, dans l'État de New-York, où Curtiss avait
un atelier, et dans la maison de Bell à Baddeck, petit village de l'île du Cap-Breton,
en Nouvelle-Écosse.
LAEA réussit dans son entreprise : elle construisit et fit voler quatre avions qui
se suivirent rapidement. Le dernier était le Silver Dart, conçu par John McCurdy
et considéré comme lun des avions les plus avancés de son époque. Le 23 février
1909, McCurdy décolla sur la glace de la baie de Baddeck et parcourut environ 800 mètres
à bord du Silver Dart, effectuant ainsi le premier vol motorisé au Canada.
Après 46 vols réussis aux commandes du Silver Dart, dont certains atteignirent
jusquà 32 km de distance, McCurdy et Baldwin tentèrent de récolter des fonds pour
poursuivre leurs expériences. À cette fin, ils firent une présentation en vol de leur
appareil aux autorités militaires canadiennes, au camp de Petawawa, le 2 août 1909.
Malheureusement, au cours du quatrième atterrissage de la journée, le Silver Dart
passa sur le dos et subit des dommages irréparables.
La même année, Louis Blériot effectuait la première traversée de la Manche en
aéroplane et le premier meeting aérien international était organisé en France.
Laviateur français Maurice Farman, concepteur du
« Shorthorn », établit le record de distance lors de ce tout premier
meeting de lhistoire de laviation. De nombreux aviateurs canadiens se sont
entraînés sur sa machine, qui fut en quelque sorte lun des avions-école du temps.
Le nom du « Shorthorn », qui signifie « courte corne », lui vient
des patins en bois situés à lavant de ses roues. Ceux-ci servaient à empêcher
lavion de capoter au moment de latterrissage car, à lépoque,
personne navait encore jugé utile déquiper cet appareil de freins !
Maurice Farman S.11 Shorthorn
© Musée national de laviation (Canada)
Les nombreux câbles de commandes et haubans, qui servaient à renforcer les ailes des
premiers biplans et à les contrôler, avaient valu à ces appareils le surnom de
« cages à poules ». Il était dit à la blague que, pour vérifier le
réglage des câbles, on plaçait un moineau entre les ailes : si celui-ci réussissait à
séchapper, cest quun des câbles manquait ! Ces machines volantes, dont
les commandes étaient exposées aux intempéries et, plus tard, au feu de lennemi,
étaient extrêmement vulnérables.
Avant la Première Guerre mondiale, de nombreux Canadiens ont essayé de fabriquer des
avions et de les faire voler. Mais le seul avion dorigine du Musée qui remonte à
lépoque héroïque de laviation au Canada est le monoplan McDowall. Cest en fait le seul appareil
canadien de cette époque à avoir survécu. Construit par Robert McDowall, ingénieur
municipal à Owen Sound, en Ontario, lavion a effectué quelques « sauts de
puce » sans vraiment réussir à voler. Il demeure néanmoins un témoin fascinant
des efforts des premiers enthousiastes de laviation.
McDowall Monoplane
© Musée national de laviation (Canada)
Après laccident de Petawawa, McCurdy, Baldwin et Bell ont fait appel plusieurs fois à Ottawa pour que le gouvernement soutienne financièrement laviation. Mais en vain. Le Canada sest engagé dans la Première Guerre mondiale sans force aérienne, sa principale contribution consistant à fournir des hommes et à fabriquer des avions dentraînement.