LETTRES ET JOURNAUX

Lettre à l'Amérique du Nord

Lettre de Saint Eugène de Mazenod (1782-1861)
Marseille, le 13 décembre 1859.


J'ai prié notre bon, notre excellent évêque, de me laisser un peu d'espace pour vous envoyer ces quelques lignes afin de vous dire combien vous êtres présent dans mes pensées et la place élevée que vous avez dans mon coeur. Depuis que Mgr Grandin est avec moi, nous ne parlons que de notre mission à la rivière Red. Je savais combien cela signifiait aux yeux de Dieu et de l'Église, mais toutes les nouvelles que notre nouvel évêque m'a données m'ont rempli d'admiration. Il a pris soin de s'effacer et il est impossible d'être plus modeste, plus humble que ce saint homme! Quel bon frère il est pour vous!

Il ne disait que du bon de chacun de vous. Il a l'intention de voyager à Savoie simplement pour donner de vos nouvelles à sa famille. Il ne veut donner que du plaisir. Quel excellent caractère! Il a su gagner tous les coeurs ici. Ainsi je vous félicite d'avoir un tel Supérieur et tout ce que je demande c'est que vous viviez dans l'entente la plus parfaite possible avec lui. Je vais tout faire pour vous alléger le fardeau et lui donner quelques compagnons pour son voyage de retour dans votre pays. Ils ne seront pas aussi nombreux que je le voudrais parce que nous ne pouvons pas satisfaire chaque besoin et aussi parce que, pour votre mission, une meilleure santé est nécessaire que celle de la plupart de nos jeunes pères ou enseignants.

Je choisirai les meilleurs hommes que nous avons, non seulement par rapport à leur santé mais également pour leur ardeur et dévotion. Je sais ce qu'il faut pour pouvoir faire du bien parmi vos Indiens et dans votre climat qui est si difficile. Heureusement, vous servirez de modèles pour eux et ils n'auront qu'à marcher dans vos pas et à vous imiter. Ce que je demande surtout est que la charité règne parmi vous tous. Ubi charitas ibi pax. Je serais très heureux si vous tiriez profit des deux postes qui nous permettent de rester en contact afin que vous me donniez de vos nouvelles, parce que je ressens le manque très profondément. Mgr Grandin m'a apporté des lettres de presque tous nos pères. Je n'en n'ai pas reçu une de vous. Peut-être que vous n'avez pas pu profiter de l'occasion offerte par son voyage mais, néanmoins, j'ai ressenti de la douleur; je ne voudrais pas penser que vous avez oublié votre vieux père. Venez alors, prouvez moi que ce n'est pas vrai.

Adieu, mes chers enfants – je vous embrasse de tout mon coeur vous deux et les frères qui sont avec vous.

C.J. Eugène, évêque de Marseille


Collection : Écriture des Oblats II

Page précédente

 

© 2003 Société culturelle Mamowapik et Société d'Histoire de Mission Lac La Biche (Tous droits réservés)