Spectacle
à Arthabaska (LC)
Le
25 janvier, paraît un bref reportage sur Cyr et Horace
Barré dans The National Police Gazette: New York
(UQAM.sp). Il s'agit d'une première pour Cyr, qui a
fait photographier l'article pour le conserver (voir le texte
dans LC p. 168).
En
février, un journal de Utica mentionne les prétentions
de Cyr d'être l'homme le plus fort du monde. Il serait
capable de lever de 3000 à 3500 livres (UQAM.sp).
Le
5 juin, Cyr acquiert de son beau-père une partie de
sa ferme, pour 865$, à Saint-Jean-de-Matha. Cyr s'identifie
alors comme "athlète de Saint-Jean-de-Matha" (Minutes
Amadée Dugas).
(A
une date indéterminée) Cyr reçoit la
ceinture "Fortissimo" de clubs athlétiques après
des démonstrations à Montréal (UQAM.lc.
The Providence Sunday Journal, 22 mars 1891).
L'américain
Richard K. Fox, de la Police Gazette, entre en contact avec
Cyr, dont la réputation dépasse les frontières.
Ses mésaventures dans la police, rapportées
par les journaux, l'auraient incité à s'interesser
à lui (Frayne, selon NORWOOD, p. 37). Il commençait
à lancer ses champions et leur offrir comme décoration
une ceinture d'or (LC p. 167), valant 700$ (LC p. 174).
Il
envoya une lettre l'invitant à venir à son journal,
désireux de le voir organiser une réprésentation
spéciale pour lui. Fox était, pour Cyr, un grand
protecteur du "vrai sport" et fit plus que tout autre pour
le progr`s de l'athlétisme dans le monde (LC p. 170).
Richard
Kyle Fox est né en Illinois le 12 décembre 1860.
Il donne à la National Police Gazette, une hebdomadaire
fondé en 1846, une impulsion nouvelle en couvrant sans
lésiner les activités physiques, les sports
violents, les crimes, les scandales et passions de son époque.
Ses talents de promoteur et de publiciste amènent le
journal à commanditer d'innombrables présumées
"champions du monde" - plus de mille à un certain moment
- dans des catégories aussi fantaisistes que le lever
par les dents, le buveur d'eau, l'attrappeur de boulets, dignes
du Guinness Book. Les illustrations (des gravures) de sa revue
sont de grande qualité de même que ses textes.
En 1895, le tirage est de 2,225,000. Fox mourra en 1922.
Répondant
à l'invitation de Fox, Cyr part pour New York avec
ses haltères, en compagnie de sa femme. Le 5 décembre,
il donne une démonstration en présence de sportifs
et journalistes newyorkais dans les bureaux de la Police Gazette
qui en publiera un compte-rendu le 20 décembre 1890
(LC pp. 170-172; The National Police Gazette: New York).
Il lève 490 livres d'un doigt (BW1976, p. 118). Le
journal qualifie Cyr de "Samson moderne". Cyr lance un défi
pour 1000$ et le titre de champion du monde, déposant
une somme de 200$ à cette fin (LC pp. 170-172). Fox
lance un défi aux champions du monde de répéter
les sept exploits de Cyr moyennant un trophée et un
prix de 500$ (LC pp. 173-174). Seul M. Strait, de New York,
fit mine de relever le défi, mais sans suites.
En
septembre, Cyr se produit dans les Cantons de l'Est. Un journal
le dit de retour d'Europe (Exposition de Paris et Aquarium
de Londres) (UQAM.sp). Tournée aux États-Unis,
dans l'Ouest, avec une troupe gérée par Muldon,
champion lutteur, et Jake Kilrain, boxeur qui s'entraînait
pour sa rencontre avec John Sullivan. Tournée de 6
mois afin d'établir sa supériorité. Fox
offre 500$ à quiconque pourrait exécuter les
tours faits par Cyr pour la Police Gazette (LC p. 174).
William
Muldon est né à New York le 25 mai 1845 de parents
irlandais. Il se révèle un redoutable lutteur
dans son quartier. Il participe à la guerre civile
américaine et à la guerre franco-prussien et
voyage en Europe, en profitant pour se mesurer aux meilleurs
lutteurs et hommes forts (WEBSTER 1879). Policier de New York,
il est le champion américain de 1880 à 1895,
voyage beaucoup en Europe, souvent en compagnie du champion
boxeur Sullivan. Après sa retraite, ce sont George
Hackenschmidt et Eugen Sandow des Européens, qui le
remplaceront comme attraction populaire internationale (BAKER
1988, p. 164).
A
Lowell, dans le "Petit Canada", Michaud met au défi
Cyr qui s'y était rendu. Celui-ci lui propose de commencer
avec un lever de 210 livres au-dessus de la tête. Michaud
se recuse, ne pouvant lever plus de 200 livres (La Patrie,
3 mai 1936).
Cyr
avait depuis l'âge de 16 ans l'ambition de lancer des
défis à des athlètes de renom. Comme
ceux-ci aux États-Unis étaient pour la plupart
des élèves d'université, il voulut combler
un vide de sa vie, son "ignorance". En autodidacte (années
intéterminées), il étudia le français,
la lecture et l'écriture, et l'anglais en essayant
de traduire en anglais les "Devoirs du chrétien" (LC
pp. 163-164). En effet, il apprend le français pendant
ses voyages en copiant des pages de cet ouvrage, ou sous la
dictée de sa femme, et l'anglais dans les journaux
(LC p. 180).
Au
cours des années 1890, il rencontrera John L. Sullivan,
champion pugiliste (d'après le souvenir de Horace Lavigne,
La Patrie, 10 mai 1936).
John
L. Sullivan, natif de Boston de parents irlandais, a atteint
une célébrité in égalée
de son vivant, devenant le premier véritable héros
sportif américain. Connu comme excellent boxeur dès
sa jeunesse, il défait le champion Paddy Ryan en 1882.
Il fait des tournées avec une troupe composée
de lutteurs, de clowns et jongleurs, lançant des défis
à tout venant. Malgré une mauvaise santé
et l'alcoolisme, au cours des années 1880, il défend
son titre avec acharnement. Les combats avec Jake Kilrain
en 1889 et James J. Corbett en 1892 attirent une attention
nationale, bien que la boxe soit encore à l'époque
un sport illégal et méprisé par les élites.
Le dernier combat contribuera, en étant tenu à
l'intérieur et avec les règles du marquis de
Queesbury, codifiéees en 1865, à rehausser le
statut de ce sport (RADER, pp. 51-54). A cette époque,
Sullivan était le sujet d'une chanson populaire intitulée
"Avez-vous connu Samson, John Sullivan, Corbett et Fitzsimmons?"
(La Patrie, 10 mai 1936).

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