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Voix de la colonie – Nos colonies françaises de Fannystelle (Man.), La Rollandrie ou Saint-Hubert, Montmartre (Assa.)


Ces colonies ont une histoire des plus intéressantes. D'énormes capitaux français y ont été engloutis avec de maigres résultats, faute d'expérience du pays et aussi faute de compter sur Dieu. Cependant l'élément religieux n'a pas été exclu dans ces trois colonies; on lui a même fait, au contraire, une large part.

Ainsi, à Fannystelle, une église et un presbytère ont été construits aux frais de Mde la comtesse d'Albufuera et un prêtre y a été installé dès le début; à la "Rollandrie" ou "Saint-Hubert", une magnifique église en pierre a été bâtie aux frais de la société sur un terrain donné pour fins religieuses, et un prêtre a été attaché à la desserte de la colonie naissante; à Montmartre, une grande salle avait été affectée au culte dans la Grande maison maintenant démolie; aucun prêtre n'a résidé dans la "maison" pour le service religieux.

Cependant, ces trois colonies n'ont guères réussi malgré la générosité et le bon vouloir de plusieurs personnes pieuses, en France.

Et quelle est donc, outre l'inexpérience du pays, la grande raison de cet insuccès?

C'est que le prêtre n'a pas été l'âme de ces fondations où l'élément humain, disons mieux, l'élément noceur ou spéculateur a trop dominé.

Voyez au contraire comment trois prêtres français, dont deux religieux et un prêtre séculier, ont fait des merveilles. Ils n'avaient ni argent, ni capitaux, mais ils avaient leur dévouement, leur abnégation héroïque, leur mépris des richesses et leur zèle infatigable pour la gloire de Dieu.

Beatus vir qui inventus est sine macula et qui post aurum non abiit nec speravit in pecunia et thesauris... fecit enim mirabilia in vita sua.

"Heureux celui qui est pur et qui ne court pas après l'or, et qui n'a jamais mis son espoir dans l'argent et les trésors, il a fait, comme conséquence, des merveilles durant sa vie."

Ainsi, le Rme Dom Paul Benoit, supérieur des C. R. de l'I. C. au Canada, a fondé deux paroisses françaises: Notre-Dame de Lourdes et Saint-Claude.

Le R. M. Jean Gaire, curé de Grande Clairière, a fondé six paroisses françaises, à savoir: Grande Clairière, Saint-Maurice, Saint-Raphaël, Saint-Antoine, Wauchope, High View, Orignal, et il se prépare à en fonder encore autant.

Le R. P. Morard, Miss. de N.-D. de la Salette, a fondé la paroisse d'Alma, ou N.-D. de la Salette, et il a commencé plusieurs autres missions.

Voilà la fécondité du sacerdoce catholique servi pour le dévouement, et il s'agit ici du dévouement français.

Cependant, il y a eu de grands actes de vertus et de belles oeuvres de foi et de charité accomplis par de dignes enfants de la France catholique, à Fannystelle, à la Rollandrie et à Montmartre, et voilà pourquoi le Bon Dieu semble vouloir aujourd'hui couvrir de sa protection ces lieux prédestinés, malgré les infidélités de plusieurs.

À Fannystelle, de bons catholiques canadiens-français venus de la Province de Québec, grâce au zèle du R.P. Blais, o.m.i., miss.-colonisateur, ont sauvé de la ruine la paroisse qui périclitait, et dont l'avenir est maintenant assuré, grâce à Dieu.

Le R. M. Perreault est curé de Fannystelle.

À la Rollandrie, de bons petits propriétaires français et belges vont se grouper avec bonheur et pleins d'espoir autour des Missionnaires de Chavagnes en Vendée, qui ont accepté de diriger cette paroisse à demi ruinée, et qui vont aussi desservir les missions environnantes. Le R.P. Boutin est le supérieur de la mission.

À Montmartre, un bon nombre de Canadiens-Français pleins de foi, et quelques catholiques convaincus, venus de Belgique et de Pologne, sont venus s'unir à ce qui restait de familles françaises religieuses, pour former une paroisse catholique sous la direction d'un jeune prêtre canadien-français, M. l'abbé Thériault, que Mgr l'Archevêque est allé lui-même conduire dans la colonie.

La charité française exercée en faveur de ces trois localités n'aura donc pas été inutile; cette semence bénie portera, au contraire, de grands fruits.

Cependant ces trois paroisses, surtout "Saint-Hubert" et le "Sacré-Coeur de Montmartre", sont bien pauvrement pourvus des objets nécessaires au culte, et le prêtre résidant devra partager généreusement la pauvreté de ses ouailles. Mais l'oeuvre de Dieu, une oeuvre catholique et française, dans le cas présent, croit et se multiplie.

Dieu sauve la France toujours si généreuse, et si catholique dans sa générosité.

Dieu sauve notre chère patrie canadienne!

(Les Cloches de St-Boniface, vol. 2, #17, 28 avril 1903, p. 228-231)

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