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Lettre à Mgr Taché


Loisy, le 7 septembre 1886.

Monseigneur,

N'ayant point d'adresse plus sûre que la vôtre, je vous prie de me pardonner la liberté que je prends de vous demander quelques renseignements.

Désolé de voir ici un grand nombre de personnes quitter les campagnes appauvries, et chercher fortune dans les cités (sic) industrielles de France où elles perdent leurs habitudes de religion, j'ai cherché à déterminer autant qu'il dépend de moi un courant meilleur: j'ai conçu le dessein d'aller fonder au Canada (Manitoba) un établissement de colonisation qui s'agrandira ensuite peu à peu. Sans entrer dans les détails, le but de mon établissement serait, moyennant un travail de quelques années au profit de l'établissement, de fournir gratuitement, à tout colon, les terres, bestiaux, instruments, etc., nécessaires à son exploitation, de telle sorte qu'il serait assuré de pouvoir s'établir solidement sans avoir rien à débourser. J'obvierais ainsi à deux grandes difficultés qui arrêtent la plupart des colons: le manque de capital et l'incertitude de son avenir pour le colon.

Maintenant quelques renseignements me seraient fort utiles.

J'aurais besoin de savoir:

  1. le degré de froid en hiver au Manitoba,
  2. la population par approximation des principaux centres,
  3. si dans les environs de Winnipeg ou de quelque autre centre à 1, 2 ou 3 lieues près, il se rencontre quelque forêt et si ces forêts renferment du sapin ou du pin,
  4. s'il y aurait lieu à des facilités spéciales pour le transport des colons au Manitoba.

D'autre part, j'ai un neveu qui est sur le point de terminer ses études classiques; il partage mes vues. À quelles conditions pourrait-il entrer dans votre grand séminaire; et moi-même dans quelle condition pourrai-je faire partie de votre clergé. Je suis né en 1853, et mon dessein serait de partir pour le Canada en avril 1888.

Peut-être, Monseigneur, serait-il bon de me mettre en rapport avec quelque représentant influent, de l'élément français au Manitoba, un député, par exemple; dans ce cas, à qui devrais-je m'adresser. Une réponse favorable de Votre Grandeur, en même temps qu'elle me serait souverainement flatteuse, me faciliterait singulièrement l'obtention de mon exeat auprès de Monseigneur l'Évêque de Nancy.

J. GAIRE, curé de Loisy,
près Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)

(Les Cloches de Saint-Boniface, vol. 39, juin-juillet 1940, #6-7)

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