Un pays libre

Un abbé, professeur à l'école Sainte-Geneviève, à Paris, écrit à la date du 17 février.

J'ai pu assister hier soir à la conférence de M. l'abbé Gaire. L'assistance était nombreuse et j'estime que la journée aura été bonne pour le Canada qui est mieux connu en France à cette heure.

L'oeuvre de M. l'abbé Gaire dans le diocèse de St-Boniface était considérable puisqu'il y a fondé plusieurs colonies françaises florissantes. Voilà un missionnaire infatigable, plein de zèle pour l'extension du règne de J.-C., et un patriote ardent et sincère, qui a fait, pendant plus de quinze ans, et sans aucun salaire, une oeuvre que l'on peut appeler colossale et qui a coûté des sacrifices héroïques.

Bien que cet intrépide missionnaire colonisateur travaille surtout maintenant pour l'Alberta, diocèse de St-Albert, il garde cependant, dans le diocèse de St-Boniface, la place d'honneur qui lui revient. Si les appels réitérés de M. l'abbé Gaire dans sa vaillante feuille "Le défenseur catholique et français du Canada" publiée à Lille, imprimerie de la Croix du Nord, étaient mieux entendus il y aurait encore moyen de donner a l'élément français une force prépondérante dans notre immense Nord-Ouest.

Il y a encore des millions d'acres de terre à prendre dans l'Assiniboia, l'Alberta, la Saskatchewan et des millions dans la vallée de la Rivière La Paix. Le Canada central offre des ressources immenses pour l'agriculture et l'élevage, et c'est le pays le plus libre du monde.

(Les Cloches de Saint-Boniface, vol. 3, #6, 21 mars 1904, p.77-78)