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Un grand missionnaire-colonisateur


Mouvaux (France), 28 février 1904.
À Sa Grandeur Mgr Langevin, O.M.I,
Archevèque de Saint-Boniface

Monseigneur, – Me voilà de retour d'un énorme voyage de propagande.

Je me suis fait la main en parcourant tout d'abord la Belgique et l'Alsace-Lorraine, du 15 septembre au 27 octobre.

Au 9 novembre, je quittais Lille pour Paris, parcourant ensuite la Normandie, Haute et Basse, toute la Bretagne, la Vendée, les deux Charentes, la Guyenne et la Gascogne, le pays des Basques, toute la région pyrénéenne de l'ouest et l'est. Puis, sans me reposer, j'ai visité toute la région méditéranéenne de Cette à Marseille; puis tout le Lyonnais, loin à la ronde; tout le plateau central (Loire, Haute-Loire, Ardèche, Gard, Lozère, Aveyron, Puy-de-Dôme).

Le 25 janvier, je rentrais à Lille et à Mouvaux, par voie de retour, Toulouse, Bordeaux, Angoulème, Poitiers, Tours, Châteauroux, Le Mans, Orléans, Paris, Lille.

Ce deuxième itinéraire avait duré trois mois et demi sans désemparer. J'ai donné en tout, dans l'intervalle, 52 conférences, dont plusieurs très importantes ont duré deux heures; et durant le même temps, j'ai dû répondre à plus de 600 lettres. Ma fatigue a été excessive à de certaines heures, mais grâce à Dieu, ma santé est restée véritablement bonne. Je sens nettement que je suis apte pour un nouvel effort qui sera peut-être plus considérable encore d'ici à juin.

Je dois voir maintenant très à fond tout le nord et le nord-est de la France, la Belgique et l'Alsace-Lorraine pour la deuxième fois, la Lorraine française, la Franche-Comté, la Bourgogne et la Savoie où m'attendent des zélateurs très actifs. Je dois revoir en outre Paris et Lyon.

Le résultat de tous ces voyages a été énorme; les 700 lettres déjà reçues qui sont autant de demandes positives, le prouvent bien.

Tenez pour certain qu'il viendra deux milliers de Français et plus dans les plaines canadiennes, cet été. L'établissement de tant de monde ne sera pas une chose facile. J'y pense depuis longtemps.

Les trois quarts de ces gens seront des colons pauvres ou peu fortunés, les autres seront des fils de famille, et des familles disposant de beaux capitaux; tous chrétiens convaincus que le "Combisme" révolte absolument.

Comme des centaines de nos gens devront être placés chez les fermiers de nos plaines, j'ai tenu à ne retourner au Canada qu'en juillet; c'est l'époque où tous sont sûrs de pouvoir se placer immédiatement après leur arrivée.

Très heureux de porter ces choses à votre connaissance, j'ai l'honneur, Monseigneur, de vous présenter l'expression de mon plus profond respect en N.S.

J. GAIRE

Et le Gouvernement du Canada ne paie pas un seul sou de "salaire" à cet agent infatigable qui fait bien du travail comme quatre!

(Les Cloches de Saint-Boniface, vol. 3, #7, 4 avril 1904, p. 90-92)

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