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Est-il bon pour Québec de rester isolé?


Projet de colonisation dans l'ouest pour les Canadiens Français.

Un prêtre distingué de la Province de Québec a fait part à Monseigneur l'Archevêque (15 oct. 1903) d'un projet qui, il nous semble, est d'une importance capitale. Déjà, l'épiscopat de la province ecclésiastique de St-Boniface, s'est adressé à plusieurs reprises au gouvernement d'Ottawa et au vénérable épiscopat de Québec à ce sujet pour obtenir leur appui et toujours sans résultats appréciables. Dieu veuille que Québec comprenne enfin son avantage et son devoir et notre excellent clergé canadien si zélé pour les saintes causes s'intéresse davantage à une partie du Canada qui attire l'attention du monde entier et qui est appelée à jouer un si grand rôle dans les destinées du pays et des diverses races qui l'habitent.

Après avoir dit qu'il faudrait s'assurer l'appui efficace de nos Gouvernants à Ottawa et obtenir pour les nôtres les mêmes avantages que ceux offerts aux colons venants d'Europe, l'auteur continue: «Il faudrait ensuite faire nommer un agent d'immigration au Nord-Ouest, deux prêtres dans chaque diocèse de la Province de Québec, agents salariés par le gouvernement et nommés sur présentation de l'Évêque.

Chaque curé serait prié de surveiller sa population et d'envoyer à l'un des agents sur un blanc remis au curé à cet effet, le nom de ceux des ses gens qu'il connait sur le point de partir pour les États-Unis. L'agent arrive immédiatement et fait son oeuvre. «Vous voulez partir pour les États-Unis? Faites mieux. Je vais vous procurer une terre gratis. Vous voulez faire encan? Gardez votre ménage, votre roulant, vos animaux, je vais tout vous transporter à très bas prix. Vous partirez 30, 35, ou 40 tous ensemble dans les mêmes chars; un prêtre pour vous conduire, un prêtre pour s'installer avec vous. Vous allez ouvrir une paroisse, vous pourrez plus tard établir vos enfants sur des terres autour de vous, etc.»

En un mot, il s'agit, avec l'excédent de notre population agricole, d'ouvrir chaque année un certain nombre de paroisses dans le Nord-Ouest.

Et avec la bénédiction d'Abraham dont Jean-Baptiste a si largement hérité, il sera beau dans un demi-siècle, de voir un prodigieux développement de ces petits centres canadiens! Si tous nos Canadiens qui nous ont laissés pour les États-Unis avaient pu être dirigés vers l'Ouest, tout le Canada serait français, d'une mer à l'autre.

Nous sommes englobés dans la Confédération et Dieu sait si nous pourrons jamais en sortir. Si nous nous confinons dans la Province de Québec, dans un quart de siècle peut-être, nos 65 députés seront noyés au sein d'une grande majorité hostile à notre race.

Québec ne nous sera jamais enlevé, il est bien à nous et il sera toujours temps de coloniser le Nord car on ne nous l'enlèvera pas. Ce qu'il nous faut dès aujourd'hui, c'est une large part du Nord-Ouest. Si l'espérance de fonder une nouvelle province française au centre de la Confédération paraît présomptueuse, du moins on ne saurait nier que la présence de groupes français disséminés dans les provinces anglaises, aura pour effet de diminuer le fanatisme anglais à notre égard. Ils nous connaîtront mieux, ils auront besoin de nous.

Quand on converse avec certains hommes politiques sérieux, on est étonné de voir avec quelle conviction ils disent que la race canadienne doit à son clergé et à ses évêques d'être ce qu'elle est aujourd'hui; étonné aussi de voir avec quelle anxiété ils attendent des évêques le coup de barre qui doit nous pousser vers une destinée plus grandiose.»

(Les Cloches de Saint-Boniface, vol. 3, #8, 18 avril 1904, p. 112-113)

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