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Le Québec et l'exode des franco-catholiques



Mise en situation

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(Archives de la Saskatchewan) 25.6 Kb

S'il est un mouvement qui a longtemps traumatisé les élites religieuses et politiques du Québec, c'est bien le grand flux migratoire de l'excédent des campagnes et des villages québécois vers la République américaine. On estime souvent à 800 000 – quelques démographes hasardent même le chiffre inimaginable d'un million – le nombre de «Canadiens-français» partis vers la Nouvelle-Angleterre, le Mid-West et même la lointaine Californie entre 1820 et 1930. L'Église était persuadée que ses ouailles s'y «protestantiseraient» rapidement et les hommes politiques canadiens français s'inquiétaient de la diminution proportionnelle de la représentation de l'élément de langue française au Parlement d'Ottawa.

Lorsque le Manitoba fut incorporé au jeune Dominion, l'évêque de Saint-Boniface, Mgr Alexandre-Antonin Taché, lança un appel aux prélats du Québec et des régions limitrophes. Il voulait qu'on lui envoie des hommes éduqués pour former l'élite de la société en voie de formation, tout autant que de bons agriculteurs, imprégnés de valeurs catholiques, pour prendre le plus grand nombre possible de homesteads au Manitoba.

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Lettre de témoignage d'Azarie Gareau parue dans un livret promotionnel pour les immigrants en perspective (Archives publiques du Canada) 25.9 Kb

Même si les évêques du Québec soutenaient le mythe d'une société agriculturiste, selon laquelle la seule véritable vocation du peuple canadien français était le travail de la terre, ils voulaient à tout prix éviter de dépeupler le berceau de l'Amérique française. En 1871, en réponse à l'appel de Mgr Taché, ils rédigèrent une lettre collective qui, pendant près de quarante ans, guida la pensée d'une bonne partie du clergé québécois à l'égard du peuplement franco-catholique de l'Ouest canadien. Ils estimaient qu'il était de loin préférable que les surplus de population demeurent au Québec, pour s'installer dans des zones nouvellement ouvertes à la colonisation, même si celles-ci paraissaient moins avantageuses que les belles terres à blé de l'Ouest. Seuls les colons qui ne voulaient absolument pas «s'imposer les rudes labeurs de bûcherons» dans ces zones fortement boisées pouvaient considérer l'émigration vers l'Ouest. On ne prévoyait y envoyer qu'une seule «famille honnête, chrétienne et laborieuse» par deux ou trois paroisses. C'était trop peu. Lorsque les missionnaires-colonisateurs et plusieurs prêtres effectuaient des tournées de recrutement de colons au Québec, ils se trouvaient souvent en butte aux attaques de plusieurs de leurs confrères et de bon nombre de journalistes et d'hommes politiques.

Alors que se dessinaient les grands courants d'immigration vers les Prairies, surtout après 1902-1903, et qu'il devenait de plus en plus évident que les franco-catholiques n'y formeraient jamais qu'une faible minorité, le clergé de l'Ouest, aigri, rejeta sur les chefs politiques et ecclésiastiques du Québec la responsabilité de la situation précaire des franco-catholiques de l'Ouest.

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