Drapeau fransaskois le Musée Virtuel Francophone de la Saskatchewan
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Préface

On ne peut que recevoir avec joie et plaisir le recueil que nous propose ici la Commission culturelle fransaskoise, à partir des recherches de Marie-Louise Perron. Ce sont de "vieux chants français de la Saskatchewan", des chants que "les anciens [nous] ont donnés". Et voilà justement ce qui en fait la qualité et la couleur.

En effet, l'auteure prend bien soin de nous faire saisir les situations concrètes dans lesquelles s'est effectuée sa collecte. Elle nous montre aussi les modes de transmission des chansons, souvent à l'intérieur d'une même famille. On peut entendre respirer, dans cette continuité, cette remise de bouche à oreille, le grand souffle de la tradition.

Les commentaires qui accompagnent les chansons en expliquent aussi le contexte. De plus ils fournissent des indications de prolongements pédagogiques ou culturels qui ne demandent qu'à être poursuivis. Cette présentation pratique rend accessibles des chansons qui autrement resteraient toutes éparpillées et dont la compréhension se perd.

Il faut donc les lire, les apprendre par coeur, et surtout il faut les chanter souvent. En classe, bien sûr, puisque c'est le lieu de l'activité culturelle fransaskoise la plus importante. Mais aussi à la maison, dans les fêtes de famille, comme jeu et comme activité musicale. Elles doivent aussi faire partie des soirées, en proportion avec les chansons nouvelles.

La tradition peut également se faire entendre directement par la voix de ceux et celles qui les connaissent depuis toujours, les grands-pères et les grands-mères, tout aussi bien que les oncles, les tantes, les pères et les mères. Le chansonnier fournit là une occasion de communication et d'échange entre les générations.

L'une des nouveautés du recueil est d'avoir rappelé la variété de la tradition française en Saskatchewan, en particulier celle exprimée par la branche métisse, un filon très peu exploré mais que l'auteure connaît de première main.

Dans ces chansons, c'est la voix forte des anciens et des anciennes qui résonne, depuis l'au-delà des mers jusqu'aux petites places isolées. Pour nous redonner courage, pour nous réconforter il ne tient qu'à nous d'en raviver l'écho selon une belle formule du poète estrien Alfred DesRochers:

Mais les mots indistincts que profère ma voix
Sont encore: un rosier, une source, un branchage,
Un chêne, un rossignol parmi le clair feuillage,
Et comme au temps de mon aïeul, coureur des bois,

Ma joie ou ma douleur chantent le paysage.

(À l'ombre de l'Orford)

Jacques Julien

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