Situé tout
à côté du stade olympique de Montréal, cet
hôtel particulier était, à l'origine, divisé
en deux logis distincts et servait de résidence à ses deux
propriétaires, les frères Oscar et Marius Dufresne, deux
piliers de la bourgeoisie canadienne-française et figures marquantes
de l'histoire de l'ancienne cité de Maisonneuve, aujourd'hui annexée
à Montréal.
Construit entre 1915
et 1918, le bâtiment de style Beaux-Arts s'inspire du Petit Trianon
de Versailles. L'immeuble de même que ses intérieurs, peints
par Guido Nincheri dans les années 1920, ont fait l'objet d'un
classement par le Ministère des affaires culturelles du Québec
en 1976. Après avoir été vandalisé au début
des années 1970, il a été, depuis, largement restauré
par la fondation MacDonald-Stewart. Après avoir abrité le
musée des arts décoratifs de Montréal, de 1979 à
1997, le Château Dufresne accueille dupuis peu un centre d'histoire
urbain et sociale d'arts visuels.
Comme on le sait,
Guido Nincheri a surtout réalisé, tout au long de sa vie,
des oeuvres de nature religieuse. La décoration profane du Château
Dufresne fait figure d'exception.
Dans la résidence
d'Oscar, située dans la partie est de l'immeuble, l'artiste a signé
de nombreuses toiles marouflées.
Les quatorze tableaux
du plafond du grand salon relatent la légende mythologique grecque
antique d'Orphée et Eurydice. Orphée, poète et musicien,
doit délivrer du royaume des morts son épouse, la nymphe
Eurydice. Orphée parvient à envoûter les dieux de
sa voix et à libérer sa bien-aimée, à la condition
de ne pas la regarder avant leur retour sur terre. Comme Orphée
ne respecte pas sa promesse, Eurydice lui est ravie pour toujours.
Quant aux toiles murales
du petit salon qui servait de salon de thé, elles se veulent une
allégorie des cycles de la vie, de la naissance à la mort.
Certains tableaux font référence à la musique et
aux plaisirs terrestres.
La pièce de
la bibliothèque, avec sa fausse-voûte sur croisées
d'ogives, est de style gothique. Elle contient quatre toiles mystérieuses
aux figures ailées. Nincheri a voulu ici rendre hommage aux arts
et aux sciences, en particulier à la poésie, à la
musique, à la philosophie et à la physique, respectivement
représentés par une plume, une lyre et un globe avec des
instruments de mesure.
Guido Nincheri a aussi
exécuté des verrières mais il n'en subsiste que quelques
unes, les autres ayant été détruites entre 1970 et
1976, au moment où l'édifice a été déserté.
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Photo: Tourisme Montréal
Photographie: Gilles Rivest |
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