Dynamique d'artefacts
Dans le système de l'art, des documents témoins
tels des textes, des photographies, des vidéos, accompagnent
autant les collections publiques que la production individuelle
des artistes. Ils donnent une certaine légitimité
aux oeuvres d'art.
Ces divers documents, qu'on peut appeler artefacts, garantissent
une certaine reconnaissance à la pratique artistique. La
photographie, le texte servent de preuve. C'est une manière,
vieille comme le monde, de passer à l'histoire
de
l'art.
|
L'artefact serait-il plus important que l'oeuvre d'art elle-même ?
|
![Musee2.jpg](images/1musee.jpg)
|
![2musee.jpg](images/2musee.jpg)
|
Mais voilà que des artistes et certains auteurs se plaignent
de cette histoire de l'art parfois mal adaptée aux oeuvres
plus actuelles. D'ailleurs, les auteurs qui l'écrivent
sont largement influencés par le rôle qu'ils exercent
dans le monde de l'art
|
Comment donc relater l'histoire de l'art en train de se faire ? |
On peut rendre les artefacts plus
dynamiques!
Dans cette optique, la réalisation d'artefacts dynamiques
se veut une tentative de récupération, de falsification,
de réorientation des propos écrits et visuels sur
l'art. On opère ici un certain détournement de preuves
dites immuables.
|
|
D'où l'idée d'incorporer des artefacts à
l'intérieur même de la pratique artistique. Des artistes
modifient, travestissent des documents-témoins, biaisent
volontairement certains propos. Ces créateurs «revampent»,
dépoussièrent, réactualisent le discours
sur l'art. Bref, ils tentent de déjouer le cours de l'histoire
en questionnant le système de l'art en général.
À ce titre, l'artefact dynamique peut à son tour
être considéré comme élément
d'une collection.
L'artefact dynamique devient une oeuvre d'art ! |
![Wilson.jpg](images/wilson.jpg) |
Au cours des années 1980 et 1990, certains artistes ont
utilisé des oeuvres d'art provenant de collections muséales
et les ont insérées directement dans leur production
artistique. Dès ce moment, on ne peut plus considérer
les oeuvres sorties de la réserve du musée en fonction
du corpus où elles sont habituellement répertoriées,
classées, examinées
Leur interprétation
serait plutôt
revue et corrigée.
|
Par de telles stratégies, l'artiste invite le spectateur
à observer ces oeuvres sous d'autres points de vue. Grâce
à cette réappropriation, on peut revoir la même
oeuvre mais cette fois-ci entourée de nouveaux éléments.
Une oeuvre sortie de son contexte de collection n'est plus confinée
à sa position traditionnelle dans l'histoire de l'art ou
à la vision pointue du musée spécialisé.
Imaginez une installation d'art actuel avec une image vidéo
trafiquée, un afficheur électronique en mouvement
et, en plein centre, une sculpture en bronze du XIXe siècle
représentant Jeanne-D'Arc !
|
[ST]
Crédits
* Jeanne d'Arc à cheval, Emmanuel Fremiet, XIXe
siècle, collection du Musée d'art de Joliette, photo Suzanne
Joly.
* Performance Portraits performatifs, 1994, Musée d'art de
Joliette, photo Jean-Marie Savage.
* Performance Portraits performatifs, Musée d'art de
Joliette, 1994, photo Jean-Marie Savage.
* Performance Les temps de la mémoire, Galerie Axe
Néo-7, Hull, 1988, photo Ghislain Blouin.
* Performance Une autre Vie, Galerie Ming, Montréal, 1994,
avec Claire Dufresne, photo Jean-Marie Savage, projection d'une diapo d'une
photo de Mapplethorpe tirée de La chambre claire de Roland
Barthes, p. 86.
* Installation de Suzanne Joly, Approcher cet appareil qui me frotte le
visage, 1992, photo, vidéo, afficheur électronique, sculpture
de bronze : Jeanne d'Arc à cheval, Emmanuel Fremiet,
XIXe
siècle, collection du Musée d'art de Joliette,
photo Suzanne Joly.
|