Objets de laboratoire :
un bol, une tête !

Sans le pouvoir qu'on leur accorde,

que seraient les objets ?

Mon objectif : m'approcher du public tout en n'échappant pas le bol.

Pour réussir, je dois garder le contact avec ce public tout en m'abandonnant physiquement, même si cet objet, cassant et léger, impose à mon maintien et à mes gestes une certaine rigidité.

Pour entretenir une communication constante avec les spectateurs, je dois sur scène trouver un point milieu entre fluidité et retenue.

Ne pas trop penser au bol ni à l'auditoire.

Entre mon corps en situation et les spectateurs, le contact ne tient qu'à un fil. Dès que je perds cette qualité de contact et cette concentration orientée vers le public, le bol tombe.

En cours d'action, le regardeur choisit comme moi où il porte son attention, vers ce bol en équilibre précaire ou sur la subtilité de mes mouvements, lents et peu nombreux.

À la longue, le spectateur s'investit lui aussi dans cette action performative. Il souhaite que je finisse par m'approcher de lui et il sent, progressivement, que ce contact continu entre lui et moi ne tient pas qu'à mon habileté.

Si l'auditoire se préoccupe de ce qui freine mon avancée, il se crée une tension additionnelle dans la salle. Par ricochet, la communication directe avec le spectateur se modifie ; elle se brise ou elle se développe.

Le bol, vecteur de cette performance, contient une figurine orientale : un vulgaire bibelot.

[ST]