Décoration intérieure

En 1865, la fabrique confie tous les plans de la décoration intérieure à Victor Bourgeau et ceux de l’entreprise à François Archambault. Les plans montrent deux galeries latérales de chaque côté de la nef principale, mais Mgr Bourget invite les marguilliers à reconsidérer leur décision.

Lors de la consécration, le 30 septembre 1868, l’église de Victor Bourgeau présente une façade d’inspiration néoclassique. Les pilastres encastrés dans le mur et reposant sur leur piédestal en relief, divisent la façade en trois sections verticales. Ils se prolongent même par delà la corniche, encadrant une niche centrale cintrée que surmonte un fronton sommé d’une croix. Une statue commandée en septembre 1864 veille sur la paroisse depuis cent trente-cinq ans.

Les trois grandes portes du rez-de-chaussée ont pour résonance les trois fenêtres plein-cintre de l'étage auxquelles répond la niche centrale. La présence des deux tours qui encadrent la façade et aux pieds desquelles viennent reposer les petites nefs, est la solution pratique de l’agrandissement commandé par la fabrique. Avec leurs chaînes d’encoignure en pierre de taille et leur masse imposante, elles créent une impression d’équilibre, de force et de durée. Deux clochers typiques, de plan octogonal, au revêtement de cuivre, couronnent sévèrement l’ensemble. Rehaussés chacun de deux tambours superposés et surmontés d’une flèche, ils abritent un ensemble de six cloches trois héritées du XVIIIe siècle et trois autres commandées à Londres et bénites le 3 juillet 1878.

Mais, c’est derrière cette façade que s’affirme avec éloquence le talent de Victor Bourgeau. Influencé par un courant ultramontain et la suprématie du style néoclassique dans l’architecture religieuse, il crée pour l’église de L’Assomption un décor intérieur où transparaît son goût, son érudition et son sens des proportions.

S’inspirant dans son ensemble des basiliques romaines, Victor Bourgeau nous introduit dans une nef imposante bien aérée où la lumière pénètre à flot par les fenêtres cintrées des bas-côtés. La colonnade en procession de chaque côté de la nef principale partage celle-ci en trois vaisseaux.

Ces piliers se prolongent au-delà la corniche dans les arcs de la voûte. Au-dessus, comme en écho aux arcades dessinées par les piliers, s’inscrivent des tympans sculptés. Puis, c’est le déploiement de la voûte en un classique jardin prodigieux de sculptures au feuillage abondant. Ce déferlement symétrique de rectangles et de carrés s’inspire du plafond de l’église St-Martin-in-the-Fields édifiée en 1720 en Angleterre.

La suite d’arcades esquissées par les piliers de la nef principale, poursuit à l’avant sa progression pour enjamber la balustrade et rejoindre le choeur de l’église dont la maçonnerie remonte à 1819. Le sanctuaire emprunte son vocabulaire architectural à l’ordre corinthien.

Des pilastres cannelés rythment le décor du choeur et prolongent les arcades de la nef centrale. Disposés en paire, avec leur chapiteau corinthien, ceux-ci divisent le mur du sanctuaire en travées égales, ornées de panneaux cintrés où s’inscrivent deux fenêtres. Deux fois, les pilastres se projettent par delà de l’entablement pour dessiner dans la voûte une travée juste à l’entrée du choeur. Au centre de celle-ci, s’enchâsse un immense bassin commandé en 1834 par le curé François Labelle, aux artistes Brien dit Desrochers, de Pointe-aux-Trembles. De forme octogonale, rehaussé de guirlandes de fleurs sculptées, il a dû être modifié par Bourgeau en 1865 afin d’être intégré à la nouvelle voûte. Cet élément décoratif hérité de l’église précédente se trouvait dans la voûte ancienne à la croisée de la nef centrale et des latérales.

Au chevet de l’abside, la voûte en forme de rotonde, étale ses caissons dont les lignes convergent vers la gloire de nuages aux rayons divergents, affirmant le caractère sacré de l’espace.

Ici, cette voûte repose sur un entablement dont la corniche avec son chapelet de modillons se prolonge autour de la nef principale. Ce dernier s’enrichit dans le choeur d’une frise rehaussée de rinceaux, et rejoint le retable principal isolé au fond du rond-point.

Là, l’entablement se détache de la muraille et avance jusqu’à l’autel majeur, portant de chaque côté, en retrait, une urne sculptée et dorée. Un ensemble de colonnes corinthiennes, baguées, ornées de guirlandes, cannelées puis rudentées d’or, héritées de l’église précédente, supportent un fronton en segment de cercle. En harmonie avec la corniche du choeur, cet arc surbaissé exhibe une croix sur laquelle s’appuient deux ailerons couchés en forme de volutes. Au fronton du retable, l’artiste montre une sculpture héraldique illustrant bien les armoiries papales.

 Le traitement accordé par Urbain Brien dit Desrochers aux retables des chapelles est plus sobre que celui qu’il a donné à l’ouvrage principal. Ils se composent simplement chacun de deux colonnes cannelées et rudentées, d’ordre composite, soutenant une corniche droite parée de denticules et surmontée d’ailerons en volutes répondant à ceux du retable central.

Mais, tous les éléments de ce décor architectural n’existent que pour privilégier l’autel. L’état des recherches nous permet d’attribuer l’autel majeur à l’architecte Victor Bourgeau pour la conception et au sculpteur Victor Bourgeault, un parent, de Lavaltrie pour sa réalisation. La forte similarité des motifs de l’ouvrage avec le reste de la décoration de l’église et la ressemblance avec le maître-autel de l’église historique de Saint-Paul-de-Joliette qui est de Victor Bourgeau, nous incitent à privilégier cette hypothèse.

Le tombeau imposant de l’autel est de forme rectangulaire, garni d’une suite d’arcades esquissées par des piliers ornés de modillons dorés. L’arcade centrale présente en relief un agneau sacrifié sur une gloire de nuages rayonnants et surmontée d’une croix, figure tirée de l’Apocalypse. Il est en place depuis 1873.

Sur la table d’autel s ‘élève avec pompe le tabernacle. Tout de bois sculpté, blanc et or, il affiche depuis la rénovation de 1961, une porte en métal doré. De chaque côté de la porte, des prédelles décorées de rinceaux supportent des colonnettes d’ordre corinthien, ornées de guirlandes. Espacées par les panneaux décoratifs, elles soutiennent un entablement richement paré couronné d’une rambarde.

Dans les chapelles latérales, deux petits autels modestes, de facture plus ancienne reposent aux pieds des deux retables. L’un d’eux pourrait être celui que la fabrique a commandé à Louis Quevillon en 1808. Ces deux tombeaux presqu’identiques, aux formes géométriques s’allongent sur une base étroite et dénudée. Mais en leur façade court une guirlande de fleurs retenant à son passage des coquilles ajourées. Les deux tabernacles sur les tombeaux diffèrent par leur forme et leur décoration. Le livre des comptes mentionne que l’un des tabernacles a été commandé à Philippe Liébert en 1773-2, sculpteur de talent qui aurait participé à la décoration du château de Versailles, et un deuxième à François Guernon dit Belleville en 1778, artiste débarqué en Nouvelle-France comme grenadier du régiment de Berry. Certains chercheurs attribuent le petit retable dans la chapelle de St-Joseph, avec une réserve eucharistique galbée, affichant dans sa porte un bas relief qui représente un ciboire recouvert, à Philippe Liébert. Celui de la chapelle de la Sainte Vierge, orné de rosettes, de coquilles ajourées, et aux panneaux joliment chantournés, met en évidence sur ses gradins son tabernacle figé dans une pose solennelle et dresse un ostensoir exposant le Saint-Sacrement.

Pour nourrir et alimenter la piété des fidèles, la fabrique a acquis en 1871, deux immenses toiles pour les accrocher à l’honneur dans les petits retables. Ces peintures, l’une interprétant la Vierge secourant les âmes du purgatoire, l’autre, la mort de Saint Joseph, ont pour auteur Tomasio Orezzia, peintre, copiste originaire de Gênes et travaillant à Rome après 1848. Ces toiles encadrées par les soins du sculpteur Charles Rho, ont été inaugurées le 19 septembre 1871.

Le tableau de Saint-Pierre recevant les clés des mains du Christ est une œuvre anonyme probablement du début du 19e siècle. Le sujet traité nous incite à croire que ce tableau avait déjà sa place dans l’église de 1819 ou même la précédente, c’est-à-dire au temps où L’Assomption portait le nom de Saint-Pierre-du Portage.

Dans la nef, à gauche, se profile avec une grâce harmonieuse, la chaire du prédicateur, ouvrage des sculpteurs Urbain Brien dit Desrochers, père et fils, et commandée par la fabrique en décembre 1834. Autrefois au 18e siècle, la paroisse pouvait s’enorgueillir d’une chaire sculptée par Liébert en 1779; malheureusement, on perd sa trace après la démolition de la première église de pierre.

La chaire actuelle a été réalisée " suivant le plan exécuté à la Rivière-du-Loup (Louiseville) sauf la différence de l’escalier." Jadis, elle était adossée à la muraille de l’église précédente mais depuis 1865, elle est fixée à un des piliers de la nef.

Ses six chérubins joufflus, aux ailes déployées, portent impassiblement sur leurs épaules robustes une cuve galbée finement sculptée à sa base. Elle se pare sur ses côtés de quatre panneaux découpés avec grâce dans le champ desquels se détache une enluminure sculptée à motif végétal. Urbain Brien dit Desrochers façonne dans les cartouches ainsi dessinées, de petits reliefs représentant les quatre évangélistes.

L’abat-voix de forme circulaire, orné d’une rosace, révèle la dextérité et la virtuosité de son auteur. Quelle souplesse! Quelle légèreté que cette dentelle de bois délicatement ciselée tout autour et qui n’est pas sans évoquer les dentellières paroissiales, enjolivant la lingerie sacrée.

Mais tout en haut de l’œuvre, surmontant le dais, au sommet des volutes festonnées, un ange aux ailes déployées, une merveille de grâce et de vie, domine la nef principale. Cet ouvrage en ronde-bosse est remarquable par l’élan que le sculpteur a réussi à lui inspirer. Le mouvement des drapés, le geste théâtral, le plissement du vêtement en font un chef-d’œuvre d'élégance et de raffinement. "On croirait qu'il va s'envoler et l'on est toujours étonné que son instrument reste muet." Gérard Morisset commentait l’ensemble ainsi: " C’est un meuble d’une distinction extrême, d’une gentillesse de forme vraiment étonnante, d’une élégance enfantine, presque féminine. "

Dans les nefs latérales une série d’huiles sur toile relate depuis 1900, les quatorze stations du chemin de croix traditionnel. Acquis chez Desmarais Sénécal et Cie, grâce à la générosité de plusieurs donateurs, la fabrique fait encadrer les tableaux chez le sculpteur Charles Rho de L’Assomption avant de les confier à la dévotion populaire.

 

           Cette collection numérisée a été produite aux termes d'un contrat pour le compte du programme des Collections numérisées du Canada, Industrie Canada