Simon Bolivar a la chance de faire partie de l'une des familles les plus en vue de la ville. Cela sera pour lui à la fois un atout et un inconvénient lors de ses campagnes auprès de la population. Son rang social lui permit de recevoir une éducation consistante dans divers domaines. Ses connaissances, mais surtout, l'un de ses tuteurs, Rodriguez, auront une influence particulière sur le jeune homme.

De même, les voyages prendront une importance particulière dans la destinée de Simon Bolivar. Il affirme lui-même: "À Caracas ou à San Mateo, je n'aurais pas pu acquérir les idées qui me sont venues au cours de mes voyages." À l'âge de 17 ans, il fut envoyé en Espagne pour continuer sa formation. Il y reçoit "l'éducation réservée aux jeunes aristocrates de son temps qui se destinaient à la carrière des armes." (1). De 1803-1805, Bolivar se rend en Europe où il entre en contact avec la fureur révolutionnaire. À Paris, il assiste avec grand émoi au couronnement de Napoléon. Tranquillement naît en lui le grand projet auquel il consacrera sa vie. Lors de sa visite à Rome, au mont Sacré il fait serment: "Je jure devant vous, je jure sur le Dieu de mes pères et sur ces derniers, je jure sur mon honneur et sur ma patrie que je ne donnerai de repos à mon bras ni de trêve à mon âme tant que je n'aurai pas brisé les chaînes du pouvoir espagnol qui nous oppriment."(2)

Sitôt de retour en Amérique, il entreprend l'étude de la démocratie américaine. Sa recherche lui permet de former une idéologie qui orientera son action. En 1807, on le retrouve à Caracas, il met sur pied une vaste campagne afin de promouvoir la nécessité d'une révolution. La propagation de son idéal progresse rapidement puisqu'un vent révolutionnaire souffle dans le pays. Déjà une année auparavant, le général Miranda avait tenté de lutter contre les forces espagnoles mais sans résultat. À son tour, Bolivar organise la résistance en s'alliant Miranda pour commander les troupes. Le 3 juillet 1811, il prononce l'indépendance de Caracas. Les Espagnols ne tarderont pas à réagir et à écraser cette rébellion. Bolivar se voit ainsi forcé à l'exil.

Bien loin du découragement, Bolivar revient quelques semaines plus tard sur la côte colombienne. Il compte pour réussir son attaque sur la rapidité de déplacement que permet le nombre restreint de ses effectifs et sur l'effet de surprise. Ainsi, en six nuits, il gagna six batailles. Fort de ces victoires, il poursuit sa marche sur le continent. À nouveau en 1813, il proclame l'indépendance de Caracas, mais l'attaque espagnole se fait sanglante.

Bolivar s'était jusqu'alors presque esentiellement appuyé sur l'élite du pays. Il décide de faire campagne auprès de la population. Il promet la libération des esclaves et le partage des terres. Le peuple se range dans ses rangs. Grâce à cet appui inespéré, Bolivar reprend la lutte. Le 9 décembre 1824, la défaite des Espagnols à Ayacucho permettrait à Bolivar de réaliser son rêve: libérer l'Amérique latine.

Il passa le reste de ses jours à donner une structure aux nouveaux gouvernements à mettre en place. Son rêve allait bientôt s'effriter. Des gouvernements autoritaires furent peu à peu mis en place. En craignant d'ajouter à la discorde par sa présence, il préféra s'exiler. Le 17 septembre 1830, il mourut à Santa Marta dans la plus grande solitude.

Douze années après son décès, sa dépouille est rapatriée vers Caracas par une escorte française, anglaise et néerlandaise. Cet hommage sera le sacre de son héroïsme. Qu'il repose en paix dans la terre qu'il a libérée.