Le monument Cartier-Brébeuf fut élevé à la mémoire de deux événements dont fut témoin ce petit coin de terre au confluent de la rivière Saint-Charles et de la rivière Lairet. Il commémore l'hivernage de Jacques Cartier en 1535-1536 à cet endroit. Les historiens ont déterminé la position du fort de Cartier grâce à divers écrits. Un extrait d'un des voyages de Champlain donne des indications assez précises à ce sujet: "Plus proche dudict Quebecq, il y a une petite riviere qui vient dedans les terres d'un lac distant de nostre habitation de six à sept lieues. Je tiens que dans ceste riviere qui est au Nort et un quart du Norouest de nostre habitation ce fust le lieu où Jacques Quartier yverna, d'autant qu'il y a encore à une lieue dans la riviere des vettiges côme d'une cheminee, dont on a trouvé le fondement, et apparence d'y avoir eu des fossez autour de leur logement, qui estoit petit. Nous trouvasmes aussi de grâdes pieces de bois escarrees, vermoulues, et quelques 3 ou 4 balles de canon" (5).

Le monument constitue de plus, un éloge aux pères: Brébeuf, Lalemant et Massé, martyrs jésuites. Le choix de ce site pour rappeler leur oeuvre missionnaire en terre canadienne vient du fait que le premier établissement des Jésuites en Nouvelle-France, fut construit en ce lieu. Les écrits de Champlain sont une des sources qui permirent de situer le bâtiment dont il ne reste plus rien aujourd'hui. "Cartier (...) fut contraint d'hyverner en la rivière Sainte-Croix, en un endroit où maintenant les Pères Jésuites ont leur demeure, sur le bord d'une autre petite rivière qui se décharge dans celle de la Sainte-Croix, appelée la rivière de Jacques Cartier (Lairet), comme ses relatiôs font foy." (5)

Au même endroit on retrouve encore la croix de Jacques Cartier. Elle est là pour rappeler celle que le découvreur y planta lors de son deuxième voyage en signe de prise de possession du territoire au nom du roi de France.


Le récit du deuxième voyage de Jacques Cartier

Le 16 mai 1535, Jacques Cartier se prépare à faire voile vers le nouveau continent. Pour mener à bien cette entreprise, il compte sur les 110 hommes d'équipage et les trois navires, la Grande Hermine, la Petite Hermine et l'Émerillon, que le roi lui a accordés. Une cérémonie religieuse précède leur départ. On peut d'ailleurs lire aujourd'hui, sur le pavé de l'ancienne cathédrale, une inscription qui dit: "Ici s'est agenouillé Jacques Cartier pour recevoir la bénédiction de l'évêque de Saint-Malo à son départ pour la découverte du Canada le 16 mai 1535."

Son expédition devait le mener, le 9 septembre de la même année, à la hauteur de Stadaconé, l'actuelle Québec. Laissant la Grande Hermine et la Petite Hermine mouiller au havre de Sainte-Croix, il part explorer plus avant le majestueux fleuve Saint-Laurent. Il atteint Montréal le 20 octobre puis retourne à Stadaconé. « Pendant son absence, maîtres et mariniers ont construit sur l'une des rives du Lairet, un fort garni d'artillerie [...] tout était prêt pour l'hivernage» (6). Tout était prêt ou presque... Aucun d'entre eux n'était vraiment préparé à passer le terrible hiver qui les attendait. Une épidémie de scorbut doublée d'un temps froid fit périr 25 des 110 hommes d'équipage. Cartier est contraint de les ensevelir sous la neige. Ce lieu devenait ainsi le premier cimetière européen en Amérique. Ayant presque perdu tout espoir de revoir la France un jour "Cartier, homme de foi, met son monde en prière. Un dimanche, une procession étrange et lamentable s'ébranle: procession d'anémiques et de grabataires qui s'en vont dans la neige, chantant, comme ils peuvent, psaumes et litanies; on se dirige vers une image de la Vierge fixée à un arbre, à un trait d'arc fort. Là dans le paysage d'hiver, il y a "messe dicte et chantee" (6). Quelques jours plus tard, leurs prières sont exaucées. Les Amérindiens leur révèlent un médicament qui est une infusion composée de feuilles et d'écorce d'épinette blanche: l'annedda. Les relations de voyages de Jacques Cartier raconte comment en quelques jours l'équipage fut remis sur pied.

Le printemps arrive enfin, et avec lui la possibilité de retourner vers la mère patrie. Le 3 mai, jour de la fête de l'invention de la Sainte-Croix, Cartier plante une croix d'environ 35 pieds de hauteur sur laquelle on peut lire: "Sous le règne de François Premier, par la grâce de Dieu roi des Français". Par ce symbole, il prenait possession du Canada au nom du roi de France.


Le Père Brébeuf

L'oeuvre missionnaire débute au Canada avec l'arrivée des récollets. Bien vite, ils réalisèrent qu'à eux seuls ils n'arriveraient pas à accomplir la lourde tâche que représentait l'évangélisation des Amérindiens. En 1625, ils demandent renfort aux jésuites. Ainsi, arrivent en Nouvelle-France les pères Massé, Brébeuf et Lalement. Ils arrivèrent à Québec le 16 juin 1625. Les missionnaires de l'époque devaient être conscients des diverses difficultés que représentait leur mission dans le nouveau pays. En plus des conditions de vie difficiles, les Amérindiens se faisaient réticents et hostiles à leur enseignement. L'un de ces missionnaires, le père Brébeuf est, de tous les martyrs canadiens, celui qui a le plus marqué l'histoire. Suite à l'atroce traitement qui mit fin à ses jours, on lui donna le surnom de "l'apôtre au coeur mangé".

La vie apostolique du père Brébeuf débute à la suite d'une maladie qui l'oblige à interrompre momentanément ses activités. Après sa convalescence, il consacre sa vie à la prêtrise. En 1625, il s'embarque pour le Canada. Pendant trois années, il tente d'inculquer la doctrine chrétienne aux Amérindiens, mais il obtient peu de résultats concluants. Bien qu'il n'ait pas accompli son oeuvre, la prise de Québec par les Anglais en 1629 l'oblige à retourner en France.

Il revient en 1634 pour continuer sa mission auprès des Hurons. Latourelle (7) raconte: "de 1636 à 1641, Brébeuf traverse une crise épouvantable de persécutions extérieures et d'assauts diaboliques.(...) Durant cinq ans, persécuté, insulté, battu, lapidé, bafoué, accablé, meurtri dans sa chair, il apparaît comme la balayure du monde, comme un rebut universel." Mais le père accepte la grâce de martyr. Il est prêt au sacrifice suprême pour rendre témoignage de sa foi en Dieu qui lui-même est mort crucifié. Il meurt martyrisé le 16 mars 1649. Un témoin a décrit la dépouille du père Brébeuf: "Le père Brébeuf avoit les jambes, les cuisses et les bras décharnez jusqu'aux os; jay veu et touché quantite de grosses ampoules qu'il avoit en plusieurs endroits de son corps; de l'eau bouillante que ces barbares lui avoient versé en dérision du Saint-Baptesme. Jay veu et touché la plaie d'une ceinture d'écorce toute plaine de poix et de raisine qui grilla tout son corps. Jay veu et touché les brulures du collier de haches qu'on luy mist sur les épaules et sur l'estomach; jay veu et touché ses deux levres quon luy avoit coupées à cause qu'il parloit toujours de Dieu pendant qu'on le faisoit souffrir. Jay veu et touché tous les endroits de son corps, qui avoit plus de deux cents coups de baston; Jay veu et touché le dessus de sa teste ecorche; Jay veu et touché louverture que ces barbares luy firent pour luy arracher le coeur." (8). Son héroïsme, son courage, mais aussi sa bonté lui ont valu d'être canonisé le 29 juin 1930, puis en 1931 d'être déclaré avec ses compagnons saints patrons du Canada.





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