Au cours du mois de février 1914, l'idée de commémorer le tricentenaire de la foi au Canada fut soulevée par quelques patriotes qui soumirent le projet au supérieur des Franciscains du Canada. L'initiative plut à la congrégation. Afin de mener à bien cette entreprise, l'ordre fit appel à l'appui de la société Saint-Jean-Baptiste de Québec. Le président de l'époque M. Adjutor Rivard réunit ses compatriotes le 18 février 1914. Le lendemain, dans les journaux, on pouvait lire le compte rendu de la réunion: "Point n'est besoin de dire que la proposition du révérend père Ange-Marie a reçu le plus bienveillant accueil et que dès hier au soir le bureau de direction a décidé de lui répondre que la société Saint-Jean-Baptiste de Québec acquiesce avec plaisir à sa demande.".

Suite à cette décision, une réunion populaire donne lieu à la nomination d'un comité général dont l'objectif est de gérer les activités de cette commémoration. Ce groupe forme, par la suite, d'autres sous-groupes qui s'occuperont de tâches plus spécifiques mais tout aussi essentielles au bon déroulement des activités.

Ainsi, le comité du monument est formé afin de recueillir les fonds nécessaires à la réalisation d'un monument, choisir des artistes compétents et bien sûr, voir à l'exécution de l'oeuvre. Ce groupe se compose de l'honorable T. Chapais, à la présidence, MM. H. J. J. B. Chouinard et E. Gagnon, à la vice-présidence, l'abbé A. Huot, à l'assistance au secrétariat, l'abbé A. Garneau, au secrétariat, M. J. T. Lachance, à la trésorerie de même que de messieurs C. Tessier, C. J. Marsan, Dr. E. Saint-Hilaire, R. P. Odoric-Marie, T. A. Trudelle, P. Levesque, D. Ouellet.

Le comité propose d'abord à M. Philippe Hébert, à M. Alfred Laliberté et à la maison Gaston Venat de poser une soumission pour le monument de la Foi. Les plans et maquettes de la maison Gaston Venat furent retenus. Le 17 mai 1915, "l'entreprise fut livrée pour la somme de douze mille piastres. Au comité restait l'obligation de faire préparer le terrain et une base solide pour recevoir le monument." (7).

Le lieu choisi pour l'installation du monument correspond à l'emplacement du collège et de l'église des récollets qui furent construits en 1696. Sous le régime anglais, ce lieu que l'on nomme la place d'Armes, devient un lieu privilégié pour les parades et les inspections militaires. Puis, au cours du XIXe siècle, après la construction de la citadelle, cette activité est déplacée au parc de l'Esplanade. Vers la même époque, une fontaine est installée au centre de la place d'Armes pour créer un point d'attraction. Marquis nous en fait la description: "cette vasque, d'environ vingt pieds de diamètre, se dressait une colonne de trois ou quatre pieds, au-dessus de l'eau, et au sommet de cette colonne, un bambin serrait dans ses bras un gros poisson. Par la gueule du poisson sortait un jet d'eau."(8) En 1914, on peut y voir un simple bassin d'eau.

Après examen, la Ville accorde son consentement à l'installation du monument de la Foi au centre de la place d'Armes. Suivant les conseils de l'architecte de la Ville M. L. Pinsonneault puis de l'architecte M. David Ouellet, qui offrit gratuitement ses services, la fontaine de la place fut démolie pour être remise à neuf. Le travail du socle fut confié à M. H. Laforce de Laforce et frères, entrepreneurs-marbriers et tailleurs de pierre de la ville de Québec.

Ces événements se produisent en 1914 alors qu'en Europe la guerre fait rage. L'attention de tout le Canada est tournée vers la tragédie. Les communications sont difficiles avec le continent européen, et la fabrication des bronzes du monument de la Foi par les ateliers Vaucouleurs de France est retardée. Le comité se réunit pour décider du sort du monument qui, de toute évidence, ne pourra être prêt pour la cérémonie prévue en 1915. Malgré la guerre et les difficultés qu'elle entraîne, le comité poursuit son projet et s'accommode des délais. Le 28 septembre 1915 un geste significatif, bien que non officiel est tout de même posé pour souligner le tricentenaire de l'établissement de la foi au Canada. Une boîte en cuivre, portant à l'intérieur divers objets est déposée à l'intérieur du fût du monument. On y retrouve le contrat de l'érection du monument, de la monnaie de l'année 1915, un exemplaire de l'album-souvenir du tricentenaire de l'établissement de la foi, un exemplaire de la plaquette Les frères Mineurs à Québec, 1615-1905, par Le père Jouve, des cartes postales du monument, de la statue et de l'inscription, des insignes-souvenirs et un calendrier ecclésiastique de même qu'une note explicative.


C'est finalement le 16 octobre 1916 que tout est prêt. Le travail acharné du comité des fêtes peut enfin être pleinement apprécié. L'inauguration donne lieu à de grandes festivités qui s'étalèrent sur deux jours. Les hauts dignitaires du clergé et du monde politique sont présents. L'arrivée grandiose du cardinal Bégin et de Son Excellence le lieutenant-gouverneur de la province, sir P. E. Leblanc débute les festivités. L'honneur leur est fait de dévoiler le monument. Suite à ce geste, sir A. -B. Routhier fait publiquement don du monument au maire de Québec, M. Lavigeur, don que la Ville accepte. Puis, les orateurs se succèdent, rappelant l'histoire de l'arrivée des Récollets et de leur mission évangélisatrice. Les journaux de l'époque racontent que près de dix mille personnes s'étaient rassemblées pour la cérémonie. L'événement demeure dans les annales comme l'un des plus grandioses.





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