Les premiers missionnaires récollets

En 1608, lorsque Champlain fonde Québec, il fait le souhait, par ce geste, de "jeter les fondements d'un édifice perpétuel tant pour la gloire de Dieu que pour la renommée des Français." (1). S'étant fixé la mission d'établir les bases de la foi catholique dans ce nouveau pays, Champlain fit appel aux Franciscains. Ce groupe religieux avait déjà accompli dans divers pays éloignés des oeuvres missionnaires, et les récollets, qui font partie de cet ordre, étaient particulièrement "rompus aux fonctions apostoliques" (2). L'insistance de Champlain eut raison de leurs réticences et ils acceptèrent de fonder l'Église canadienne. Le 24 avril 1615 au quai d'Honfleur, les pères Denys Jamet, Jean Dolbeau, Joseph Le Caron et le Frère Pacifique Duplessis, montèrent à bord du Saint-Étienne en direction du Canada.

Le père Dolbeau

Le 2 juin 1615, le père Dolbeau arrive à Québec en compagnie de Champlain, comme le représente le premier bas-relief du monument de la Foi. Sans perdre un instant, il entreprend la construction d'une église, en basse-ville près de l'habitation de Champlain. À peine trois semaines plus tard, la construction ayant été bon train grâce à la direction éclairée des travaux par le frère Duplessis, le bâtiment était terminé. Le 25 juin, le premier office y est prononcé. "Cette messe, la deuxième célébrée au Canada par les récollets, est la première messe dite au berceau de la race canadienne française." (3). Cet événement historique fut applaudi par une solennelle salve de canon.

Le père Dolbeau devenait par ce geste, le premier curé de Québec. Cinq années plus tard, il bénit le premier couvent et le premier séminaire de ce nouveau pays. La même année, il quitte le Canada et retourne en France où il meurt en 1652.

Le père Le Caron

Pendant ce temps, l'ardeur missionnaire du père Le Caron, ne serait pas moins grande que celle du père Dolbeau. À peine arrivé, il se rend en Huronie. Ses relations de voyages relatent avec précision l'étude qu'il fit des Amérindiens. Après avoir passé quelques temps auprès d'eux, afin d'établir un premier contact, Le Caron retourne vers Québec pour chercher les objets nécessaires à la célébration de la messe. En route, il rencontre Champlain en compagnie du père Jamet. Bien qu'ils essayèrent de le dissuader de poursuivre une mission aussi périlleuse, rien n'y fit. Dans ses écrits, Champlain raconte: "le voyant poussé d'un si saint zèle et ardente charité, je ne l'en voulus plus d'annoncer le premier le nom de Dieu, moyennant sa sainte grâce, ayant un grand contentement que l'occasion se présentât pour souffrir quelque chose pour le nom de et la gloire de notre Sauveur Jésus-Christ" (4).

Les routes de Champlain, de Jamet et de Le Caron se croisèrent à nouveau, lorsque ce dernier revint de son expédition vers Québec. Cette rencontre historique donna lieu à la célébration de la première messe dans l'île de Montréal, comme le relate le second bas-relief du monument de la Foi. La messe fut célébrée par le Père Jamet, directeur de la mission des récollets en terre canadienne, assisté par le père Le Caron. Elle fut dite en présence de quelques Français rassemblés autour de Champlain et de quelques Amérindiens, dont on peut imaginer la surprise.

Le père Le Caron reprend ensuite la route du pays des Hurons, où il se propose d'évangéliser les Amérindiens. "Le Caron a été le premier apôtre des Hurons. Il a été aussi le premier Français, le premier Européen qui ait visité ces régions éloignées. Par son ministère, l'Église catholique prit la première possession de cette contrée du Canada." (4).

La venue de Champlain à Caragouha, où le père Le Caron s'était installé, fut à nouveau l'occasion de la célébration d'une messe, le 12 août 1615. Cette messe devait être la première en Huronie. L'histoire raconte qu'une "croix fut plantée à cette occasion près de la cabane que les Hurons construisirent pour leur premier missionnaire. La messe fut dite dans cette cabane qui devint la première église érigée au vrai Dieu au pays des Grands Lacs. Champlain et les Français de son escorte assistèrent à l'auguste cérémonie." (5). Le troisième bas-relief du monument de la Foi, consacré au père Le Caron, rappelle comment il fut le premier à célébrer une messe en Huronie et à y établir une mission.

Le père Jamet

L'oeuvre missionnaire des récollets se double d'une seconde mission, celle d'enseigner. Ils seront à cet effet "les pionniers de l'instruction publique" (6). C'est ainsi que l'initiative de la construction d'un séminaire naquit. Le père Jamet, en sa qualité de premier supérieur des Récollets, se charge de ce projet. C'est sur les berges de la rivière Kabir-Kou-Bah, baptisée ainsi par les Amérindiens à cause de son cours sinueux, en face du lieu où en 1535-1536 Cartier hiverna, que fut construit le premier séminaire. L'ambition d'un tel projet devait compter sur l'appui financier de quelques âmes sensibles au travail des missionnaires. Sans le support d'un généreux donateur, le grand vicaire de Pontoise, Charles des Boves, jamais ce bâtiment n'aurait vu le jour. C'est d'ailleurs à sa mémoire que l'on rebaptisa la rivière au nom de Saint-Charles et que conformément à son souhait, le séminaire fut dédié à Saint-Charles Boromée.

Le frère Duplessis

Quant au frère Duplessis, c'est à son acharnement qu'on doit la construction de la première chapelle dédiée à l'Immaculée Conception. Après cette réalisation, il est transféré à Trois-Rivières pour enseigner et évangéliser les Amérindiens. À ce titre, on le reconnaît comme le premier maître d'école du pays. Il décède en 1619 en terre québécoise.

Le premier séjour des récollets en Nouvelle-France fut interrompu par la prise de Québec par les frères Kirke en 1629. Le traité de Saint-Germain-en-Laye qui en 1632 redonnait le Canada à la France, apporterait une seconde vague missionnaire qui ne serait pas exclusivement constituée de récollets.





Historique

Artiste

Construction

Conservation

Description matérielle

Page d'accueil du monument

Accueil

Liste des monuments