| L'érection d'un monument à la mémoire de Mercier
est votée par le gouvernement de Lomer Gouin en 1909, à peine
quinze années après son décès. Le délai
est bien court et cette décision est contestée. La mémoire
d'un Mercier déchu par le scandale et dont l'attitude de tribun
a nourri l'inimitié, n'est pas si loin derrière. De plus,
le journal l'Événement de l'époque rapporte
: "Étant donné que Mercier était le beau-père
de Gouin, on trouve délicat l'érection de la statue et aussi
parce que les niches du palais législatif attendent encore leur
statue." (10) À cela, réplique
plus tard l'honorable Mackenzie, trésorier de la province: "Il
est (...) juste que ce monument fut érigé précisément
à l'époque où le poste de premier ministre est occupé
par un homme qui lui tient de près, qui lui fut si cher et qui a
si brillamment parachevé plus d'une de ses entreprises". (11)
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Malgré les protestations, le projet du monument Mercier est mis de l'avant. Trois sculpteurs sont retenus pour soumettre une maquette du monument, soit: M. Paul Chevré, M. Alfred Laliberté et M. Philippe Hébert. Au cours de la semaine du 17 novembre 1909, on peut voir ces oeuvres dans le Soleil de Québec. La maquette de Chevré représente Mercier s'adressant à la foule qu'il rallie à son appel. À ses pieds, une femme sème les fruits de l'abondance et un faucheur récolte le blé. Dans l'oeuvre proposée par Laliberté, Mercier à davantage l'attitude d'un tribun. Quant à celle d'Hébert, bien que la ressemblance avec Mercier soit frappante, elle n'est pas retenue. Suite à la recommandation de l'architecte M. Marchand, jugé plus apte à faire un choix éclairé en matière d'art, Paul Chevré, un artiste français, est retenu pour réaliser le monument. À nouveau, cette décision est contestée. On accuse le gouvernement de ne pas encourager l'art québécois. |
| M. Paul Chevré achève son oeuvre en juillet 1911 et en
octobre le monument arrive à Québec. Le 8 novembre de la
même année, il est installé près du parlement
où il est encore aujourd'hui, mais ce n'est que le 25 juin 1912
qu'il est officiellement inauguré. L'inauguration du monument Mercier,
s'inscrit dans une série d'événements organisés
par la société Saint-Jean-Baptiste
de Saint-Sauveur dans le but de commémorer son cinquantième
anniversaire de fondation. À cet effet, le journal la Vigie de
Québec rapporte le programme de cette fin de semaine particulière:
"Dimanche 23 juin 1912, messe patronale de la Saint-Jean-Baptiste;
dévoilement de la statue élevée sur la place du marché
Saint-Pierre, à la mémoire du R. P. Durocher; banquet patriotique
salle Saint-Pierre. Lundi 24 juin séance solennelle d'ouverture
dans la salle des exercices militaires du premier Congrès de la
langue française au Canada. Mardi 25 juin, dévoilement de
la statue érigée sur la place du parlement à la mémoire
d'Honoré Mercier." (12)
Au coeur d'une telle manifestation patriotique, le dévoilement du monument Mercier est le couronnement tant attendu. Une foule de près de dix mille personnes se rassemble pour l'événement. Le journal Le Soleil du lendemain relate: "De partout on est accouru sans distinction de parti, sans distinction de classe, c'était la fête du peuple et tout le monde s'y associait. Nous avons vu des conservateurs, des nationalistes, fraterniser avec les libéraux pour célébrer la mémoire de celui qui n'est plus reconnu comme un chef de parti, mais un patriote ami de tous, aimé et respecté de tous ceux qui aiment leur province." (13). De nombreux discours furent prononcés pour l'événement comme c'était la coutume à l'époque. M. A. Taschereau, directeur des travaux publics dans le cabinet Gouin, préside la cérémonie. Il présente un bref résumé de la carrière de Mercier et en fait l'hommage. Suit sir F. Langelier, lieutenant-gouverneur de la province, qui procède au dévoilement. Puis MM. C. Langelier, juge de Paix, A. Turgeon, président du Conseil législatif de la province, M. Delvin, ministre de la Colonisation, des Mines et de Pêcheries, M. Mackenzie, trésorier de la province, H. Laferté, avocat représentant de la jeunesse libérale, et finalement H. Mercier, fils du patriote, prononcent d'éloquents discours. |
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