La mémoire collective conserve d'Honoré Mercier le souvenir d'un grand patriote. Il naît le 15 octobre 1840 à Saint-Athanase, dans le comté d'Iberville, alors que le peuple canadien français connaît les affres de l'Acte d'union. Dans ce village, situé tout près de Saint-Denis et de Saint-Charles sur le Richelieu où la rébellion des patriotes de 1837-1838 a fait rage, le temps n'a pas encore effacé l'amertume qu'ont laissée ces événements. Les parents d'Honoré Mercier, Jean-Baptiste Mercier, cultivateur, et Marie Timineur, ont même hébergé certains patriotes à l'époque et ils ont dû en faire les frais en étant emprisonnés. Ainsi dès sa plus tendre enfance, Honoré Mercier est bercé par l'esprit patriotique et fier de sa famille.

Malgré ses origines modestes, Honoré Mercier poursuit des études classiques au collège de Sainte-Marie à Montréal. En 1862, il s'installe à Saint-Hyacinhte où il devient rédacteur pour le Courrier de Saint-Hyacinthe. Ce média sera sa première voix sur la scène politique. Parallèlement, il s'initie au droit et, en 1864, il est admis au barreau. Il exerça cette profession à Saint-Hyacinthe de 1864 à 1881.

Son implication politique commence au moment où l'idée de confédération du Canada fait surface. D'abord associé au Parti conservateur, il s'en dissocie lorsqu'il donne son appui au projet. En 1867, la Confédération est créée. La prochaine lutte de Mercier sera de défendre l'intérêt des Canadiens français dans cette nouvelle Confédération. Il se présente aux élections de 1872 et accepte ainsi sa première charge politique. En 1874, il se présente à nouveau, mais cette fois, il est défait.

Le coup d'envoi de la carrière politique de Mercier, fut sans aucun doute son accession au cabinet de Joly, alors premier ministre du Québec. Ce changement de pallier gouvernemental lui permet de se rapprocher de ce peuple qui l'admire déjà tant. Le rôle que le premier ministre lui assigne est tactique. Le gouvernement de l'époque est en difficulté puisqu'il n'est pas majoritaire et il compte sur les talents d'orateur de Mercier pour faire adopter ses propositions. Malgré tous ses efforts, le 30 octobre 1879, Chapleau, l'ennemi juré de Mercier, entre au pouvoir. En 1883, Mercier devient chef de l'opposition. Mais bientôt les discours de Mercier, les failles de l'administration Chapleau, et l'affaire Louis Riel porteraient un tel discrédit sur le gouvernement de Chapleau, qu'aux élections de 1886, Honoré Mercier est élu premier ministre du Québec.

Le gouvernement de Mercier entre en force. Son parti est formé des libéraux auxquels il appartient, et des conservateurs mécontents. Son slogan "Cessons nos luttes fratricides et unissons-nous" reflète cette volonté d'unir les divers partis politiques. Il fonde ainsi un nouveau parti national. De 1886 à 1891, il gouverne la province. Parmi ses plus importantes réalisations, l'histoire se souvient de l'agrandissement du territoire de la province au nord, la réorganisation de l'instruction publique en ouvrant des écoles du soir et des écoles de métiers d'art, la colonisation dont son bras droit le curé Labelle fut chargé, le développement de la voirie et de l'agriculture pour rejoindre les nouveaux colons, son habileté avec le clergé encore fort influent à l'époque et finalement le rapprochement qu'il favorise avec la France pour obtenir les capitaux nécessaires à la réalisation de ses nombreux projets.

En 1892, le scandale du réseau ferroviaire de la baie des Chaleurs éclabousse le gouvernement. Au sommet de sa gloire, Mercier ne prend d'abord pas au sérieux les accusations qui sont portées contre lui. Par la suite, les événements et les nombreux ennemis politiques qu'il s'est fait grâce à la virulence de ses discours, s'associent pour mener à sa déchéance totale. Il perd tout, ses biens, sa position et l'estime du public qui l'avait jusque-là toujours chaleureusement supporté. Lors de son procès, il est finalement reconnu non coupable faute de preuve. Il sauve ainsi la dernière chose qui lui reste: son honneur.

Il se retire de la politique pour un temps et tente un retour en 1893, mais ce n'est désormais plus le même homme. Sa fougue est presque disparue. Sur son lit de mort, Mercier affirme sa déception: "Je pars trop tôt au trop tard. Trop tôt parce que je n'ai pas eu le temps d'exécuter tous les projets que j'avais formés pour la province. Trop tard parce que si j'étais parti il y a trois ans, je n'aurais pas connu les tortures morales et physiques que j'ai endurées depuis 1891." (6). Il meurt à 54 ans, le 30 octobre 1894. Lomer Gouin, son gendre devient premier ministre de la province peu de temps après. Au cours de son mandat, il réaliserait certains projets entamés par Mercier.


Extrait d'un poème à la mémoire d'un patriote

Devant la statue de Mercier

"Parmi ces grandes voix du peuple retenues
Dont Québec se souvient plus attentivement
Il en est une encor dont la fierté connue
Sème dans tous les coeurs un attendrissement
Un tribun s'est levé pour protester, naguère,
Devant Québec en deuil d'un supplice outrancier;
À sa parole chaude, à sa justice fière,
Québec applaudissait la valeur de Mercier!
Mercier, c'est en ton nom que la foule est venue,
C'est encore en ton nom que notre âme a chanté;
Notre ferveur à jamais ne diminue;
Reconnais tes amis, c'est la postérité! "(7)





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