Le 2 juin 1753, à la veille de la prise de Québec, Joseph-François Perrault, fils d'une famille de commerçants, voit le jour. Son enfance est perturbée par l'arrivée des Anglais dans la ville de Québec. Son père, qui s'occupe du commerce des fourrures, doit se rendre en France pour voir à ses intérêts financiers. En effet, la guerre a grandement perturbé les relations commerciales et il convient de les rétablir. Ainsi, la famille Perrault qui compte huit enfants déjà orphelins de mère, devient momentanément orpheline de père. Louis Perrault confie sa progéniture à son frère qui la place en pension chez les ursulines et au séminaire de Québec.

En 1772, de retour sur le continent nord-américain, Louis Perrault prend la décision de s'établir en Louisiane et rappelle auprès de lui sa famille. Le 24 juin de cette année-là, Joseph-François Perrault accompagné de ses frères et soeurs part vers la Louisiane. Après un périlleux voyage, ils arrivent à bon port au début de l'année 1773. À leur arrivée, leur père ne peut malheureusement les accueillir, les affaires réclamant sa présence ailleurs. L'adaptation à une nouvelle société n'est pas facile. Joseph-François occupe ses nombreux temps libres à divers apprentissages. Sa soif de savoir en fait un autodidacte accompli. Bientôt, à la demande de son père, Joseph-François s'occupe des affaires familiales. Lors d'une expédition de vente de fourrures, il déploie de grands efforts à tirer un profit convenable de ses ventes. L'année est mauvaise pour la vente des fourrures, mais grâce à son habileté, il parvient à en obtenir un bon prix. Pourtant, il ne connaît pas encore bien les pièges du commerce et il est escroqué par Clark, un Américain. Perrault partira d'ailleurs à sa poursuite.

À ce moment-là, la guerre fait rage entre les Américains et les Anglais. Pour les voyageurs, les dangers sont nombreux. Les Amérindiens, qui ont fait alliance avec les Anglais, sont souvent sans merci pour les prisonniers qu'ils capturent. Au cours de son expédition pour retrouver Clark, Perrault, comble de malheur, est capturé par les Amérindiens. Par une chance inouïe, il réussit à échapper à la torture. Il est par la suite emmené à Détroit comme prisonnier. Son incarcération ne dure qu'un moment. Grâce à l'influence de son oncle et après s'être rapporté au colonel Haldimand, il obtient la permission de retourner auprès de son père.

En route vers Saint-Louis, devant l'annonce du danger de poursuivre sa route, il retourne à Détroit où il profite de l'hospitalité de son oncle. Il s'occupe alors à enseigner et à s'instruire sur divers sujets. Ayant jaugé les habiletés de Perrault, son oncle lui proposa de devenir son agent. Perrault raconte ce passage dans son autobiographie: "mon oncle me voyant d'une conduite irréprochable et enclin à m'instruire, me proposa d'aller m'établir à Montréal où il me chargeait de la vente de ses pelleteries et de l'envoi des marchandises, et qu'il me prêtait 750 livres pour faire des affaires à mon compte. J'acceptai ces propositions généreuses avec gratitude et partis le printemps pour les effectuer." (1)

Arrivé à Montréal, parallèlement aux affaires de son oncle, il lance sa propre affaire, mais la compétition féroce l'oblige à choisir une alternative afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa jeune épouse. Il décide donc d'entreprendre l'apprentissage du droit civil dans le cabinet de Pierre Mèzières. La mort de son maître, avant la fin de son apprentissage, semblait compromettre ses projets d'avenir. Heureusement, fort de l'appui du juge De Bonne, il obtient tout de même le poste de greffier de la paix et de protonotaire à la Cour du banc du roi.

À partir de ce moment, il s'engage activement dans la vie de la communauté et il écrit de nombreux volumes sur le droit civil et criminel. En 1796, il s'implique dans la vie politique et est élu député du comté d'Huntingdon. C'est là qu'il propose pour la première fois son projet d'établissement d'écoles publiques. «Lorsque j'eus l'honneur d'être élu représentant du comté d'Huntington, j'introduisis un bill pour établir des écoles de paroisse, et peu après un autre pour ériger une maison d'Industrie qui ne rencontrèrent pas alors le concours de la chambre»(2). Perrault ne se découragea pas pour autant. En 1821, avec un groupe de citoyens, il fonde la Société d'éducation du district de Québec. L'organisation d'une campagne de souscription publique et une aide substantielle de la Chambre d'assemblée permirent à Joseph-Francois Perrault d'ouvrir une école. L'idée de ne pas dispenser d'éducation religieuse à l'intérieur de l'école lui valut les virulents reproches de Mgr Lartigue. C'est pourquoi il se retira de la Société. Il n'abandonnait pas pour autant ses projets. Engageant ses propres fonds, il se mit en tête de construire deux écoles dans le faubourg Saint-Louis. Ces écoles devaient dispenser à la fois des cours de connaissances générales, permettant d'apprendre à lire, écrire et compter, de même que des cours pratiques ayant trait pour les garçons à l'agriculture et pour les filles au travail de la maison. Après un bref essai, il dut finalement fermer les deux institutions faute de moyens.

Joseph-François Perrault mena une vie rangée. Tous les jours à la même heure il se levait et il menait le reste de ses activités journalières avec une régularité de pendule. Cette discipline personnelle lui permit de maintenir de nombreuses activités simultanément. Il fut ainsi actif jusqu'à sa mort le 5 avril 1844 alors qu'il était âgé de 91 ans.

Son engagement profond dans le domaine de l'éducation lui valut le surnom de père de l'éducation du peuple canadien. Ses efforts en vue de promouvoir l'éducation gratuite et obligatoire pour tous étaient peut-être en avance sur son temps, mais ils traceraient, tout de même, la voie à suivre pour les générations suivantes.





Historique

Artiste

Construction

Conservation

Description matérielle

Page d'accueil du monument

Accueil

Liste des monuments