L e Nu couché du peintre William Brymner témoigne d'une certaine oscillation entre la tradition académique des Beaux-Arts et l'influence des idées nouvelles associées à la modernité. On peut comparer par exemple la façon dont le peintre traite le paysage par rapport au corps féminin. La verdure subit un traitement plus libre, plus spontané, où les formes sont moins définies. Ce traitement se retrouve aussi dans l'étoffe vaporeuse qui recouvre le nu, où se lisent encore les traits du pinceau. Par contre, la représentation du corps traduit encore les leçons de la peinture académique, soit le travail soigné des proportions et du modelé des formes. On copiait beaucoup les répliques de statues antiques dans les cours donnés à l'académie. C'est peut-être ce qui explique la blancheur et la rigidité de la pose. Mais l'étude du modèle vivant faisait aussi partie de la formation.

À l'École des beaux-arts de Paris, où il étudie sous Joseph Blanc et Jean-Léon Gérôme, à partir de 1880, Joseph-Charles Franchère se familiarise avec l'étude du nu. À son retour au pays, le conservatisme et la pudibonderie qui font bannir ce genre de la pratique artistique l'empêchent de s'adonner aussi pleinement qu'il le voudrait à ce type de représentation.

Femme captive, œuvre non datée, pourrait avoir été réalisée pendant son séjour européen. Sous des dehors vaguement mauresques, cette esclave à la peau blanche révèle que Franchère a cédé à la mode orientalisante, ce mélange d'anecdote et d'exotisme dont un certain public se délectait à l'époque.