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Force, par Tatiana Démidoff-Séguin, 1984

Tatiana Demidoff-Séguin
Force, 1984




 


 

Tatiana Demidoff-Séguin

Il existe au Québec une longue tradition sculpturale. Jusqu’en 1940, il s’agit presqu’exclusivement d’art religieux et le matériau le plus communément employé est le bois.

A la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, le bronze fait son apparition. Il s’agit de monuments publics, de sculpture profane. Sous l’influence des automatistes, à partir de 1940, de nouvelles perspectives s’ouvrent à la sculpture québécoise. Quelques créateurs font des recherches et des réalisations dignes d’intérêt. Un nom de femme apparaît: Sylvia Daoust.

Mais la sculpture contemporaine prend son véritable élan à partir des années 50 avec la publication du Refus Global de Paul-Emile Borduas. Parmi les signataires, une femme, Marcelle Ferron.

C’est dans les années soixante que la sculpture prend vraiment une place importante et devient rapidement incontournable. Les sculpteurs se regroupent, revendiquent. Ils sont dynamiques, enthousiastes. Ce sont des créateurs débordant d’activités, d’imagination, de talent. Il y a encore très peu de femmes. Mais on peut déjà citer à cette époque les noms de Francoise Sullivan, Yvette Bisson, Anne Kahanne, Suzanne Guite.

C’est l’époque de tous les défis, de tous les espoirs. L’idée de symposiums ou plusieurs sculpteurs oeuvrent sur un site se répand à travers le monde, le Québec n’y fait pas exception. Dans toutes ces manifestations, les femmes ne sont pas présentes, ou si peu. On peut relever en 1966 le nom d’Ethel Rosenfield.

Dans les années ‘70 mais surtout ‘80 la sculpture devient environnement, installation, performance, elle peut être art public ou éphémère. Elle s’accroche au mur, se répand sur le sol, elle s’intègre aux lieux. Les femmes, de plus en plus nombreuses prennent la relève. Au Conseil de la sculpture du Québec, une sculpteure est élue présidente en 1982. C’est une première. Une autre lui succèdra en 1987. Pourtant au symposium de sculpture environnementale à Chicoutimi en 1980, sur une dizaine d’artistes choisis, il n’y a qu’une seule femme. Elles seront quatre en 1984 sur treize artistes sélectionnées, au symposium international de sculpture contemporaine à Saint-Jean-Port-Joli, dont deux québécoises. Ce sera le plus important symposium de sculpture au Québec avec un budget avoisinant le million de dollars et des artistes venant de sept pays.

Il faudra attendre 1995 et le symposium Terre gravide...émergence à Longueuil pour assister à un symposium entièrement féminin, mais il s’agissait là d’une décision des organisatrices de l’événement. C’est là un fait de notre temps. Depuis une quinzaine d’années on peut voir la tenue d’expositions ou d’événements importants réalisés dans cette optique. Il s’agit de sensibiliser le public à une réalité de notre époque.

Après le diaporama sur les femmes artistes du Québec en 1980, on voit apparaître des expositions ou des événements présentant uniquement des oeuvres de femmes artistes. En sculpture, il s’agit d’expositions importantes qui ont eu un impact dans le milieu, telles que: l’exposition d’avant-garde de douze sculpteures à la galerie Powerhouse à Montréal en 1980, en 1982 c’est Tridimention-Elles à la Galerie de l’Université du Québec à Montréal qui présente les installations de six sculpteures, puis en 1984, Sur les Elles du temps, Camille Claudel et des sculpteures québécoises contemporaines, toujours à l’Université du Québec à Montréal, pour ne citer que celles-là.

Dans les cours d’art, dans les universités, les étudiantes en art sont souvent plus nombreuses que les étudiants. A la sortie, parmi ceux et celles qui poursuivent une carrière, on retrouve moins de femmes que d’hommes. Au niveau des réussites les femmes sont encore minoritaires.

A l’origine même, le choix d’être sculpteure implique une organisation importante et onéreuse. Les constraintes physiques et financières sont de diverses natures: atelier et équipement spécialisé, achat des matières premières, entreposage des oeuvres, supervision de chantier, transport et manipulation des oeuvres pour réalisation, expositions et tout autre événement d’ordre social et public, en général aux frais de l'artiste.

Que nous réserve l’avenir? Une certitude s’impose: par leur talent, par leur action, par leur détermination, par la force de leur création innovatrice, les femmes ont pris leur place dans le domaine de la sculpture. Maintenant les femmes artistes sont toujours présentes dans toutes les expositions ou événements d’importance qui ont lieu ici ou ailleurs.

Il faudra le passage du temps pour établir des bilans. Mais mieux que des mots, le document visuel que vous présente l’historienne de l’art Pham Van Khanh, saura démontrer de façon éblouissante les milles façettes du talent des sculpteures du Québec d’aujourd’hui.


Tatiana Demidoff-Séguin est sculpteure et ex-Présidente du Conseil de la Sculpture du Québec, 1996

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