ÉVOQUANT LA PENSÉE D'ALEXIS DE TOCQUEVILLE, LE
MINISTRE DION AFFIRME QUE L'ATTACHEMENT NATIONAL DOIT S'OUVRIR AUX VALEURS
UNIVERSELLES
QUÉBEC (QUÉBEC), le 29 juillet 2000 – Lors d'un
atelier sur la pensée d'Alexis de Tocqueville tenu dans le cadre d'une
conférence parrainée par la Conférence pour l'étude des idées politiques en
collaboration avec l'Association canadienne de science politique, l'honorable
Stéphane Dion, Président du Conseil privé et ministre des Affaires
intergouvernementales, a affirmé aujourd'hui que l'attachement national doit
s'ouvrir aux valeurs universelles.
Le Ministre a d'abord rappelé que, contrairement à ceux qui
considèrent que le nationalisme est incompatible avec la liberté individuelle,
Tocqueville croyait que libéralisme et nationalisme peuvent être conciliés.
Ce dernier expliquait qu'à certaines conditions, le nationalisme peut être porteur
de vertus civiques nécessaires à la société démocratique et libérale.
Craignant que la démocratie ne dégénère en égoïsme
asocial, Tocqueville a affirmé que l'amour de la patrie, ou ce que nous
appelons aujourd'hui le nationalisme, constitue l'un des moyens de renforcer
l'engagement des individus envers les sociétés dont ils font partie, a noté
M. Dion.
Tocqueville pressentait, a expliqué le Ministre, «les
dérapages démagogiques, despotiques, réactionnaires et racistes auxquels
l'exacerbation du sentiment national peut conduire». Mais, malgré les
dangers du nationalisme, il continuait de croire aux vertus civiques de
l'attachement national. Tocqueville pensait que, pour mieux promouvoir ce
patriotisme civique, un État démocratique devait être fédéral ou
décentralisé.
«Tocqueville n'avait aucun attrait pour l'uniformité», a
précisé M. Dion. «Et c'est pourquoi il voyait dans le fédéralisme, la
décentralisation et l'amour de la patrie une contribution utile à la quête
plurielle de la liberté et de la citoyenneté vraie.»
Le Ministre a noté que, bien que nous connaissions aujourd'hui
l'ampleur des crimes commis au nom de la nation durant les deux derniers
siècles, Tocqueville avait raison de voir dans le sentiment national «une
source potentielle de vertu civique». Mais Tocqueville n'a pas précisé,
selon M. Dion, «les moyens par lesquels le nationalisme pourrait être un
patriotisme civique au lieu de dégénérer en principe d'exclusion raciste et
totalitaire».
«Il y a des valeurs universelles bien plus importantes que
les nationalismes», a enchaîné le Ministre. «Elles les dépassent
de beaucoup. Je pense aux valeurs de liberté, d'égalité, de solidarité, de
partage, de tolérance, d'acception des autres, de recherche de la prospérité
pour tous. Voilà ce que nous devons tous rechercher, en tant qu'êtres humains,
au-delà de ce qui nous distingue.»
«Il me semble que c'est ce que nous essayons de faire au
Canada», a affirmé M. Dion. «Nous devons tirer notre fierté
nationale de nos efforts pour ériger ici un pays où chaque être humain aura
les meilleures chances de s'épanouir en tant qu'être humain, quelles que
soient son origine ou la couleur de sa peau», a-t-il précisé. «Pour
cela, nous devons miser sur la pluralité de nos expériences, sur la diversité
de notre pays et la forme fédérative de notre système de gouvernement.»
Il a fait valoir qu'il nous faut «tirer de nos sentiments
d'appartenance, (...) quelque chose de meilleur et de plus grand que le
nationalisme, quelque chose qui nous arrime à l'universel, à ce que
Tocqueville appelait "la mise au grand jour de la figure du genre humain".»
Les appartenances au Québec et au Canada ne sont en aucune
façon une contradiction, a conclu le Ministre. «Elles m'apparaissent une
formidable complémentarité, peut-être la meilleure combinaison qui soit pour
mieux vivre les valeurs universelles recherchées par tous les êtres humains.»
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André Lamarre
Conseiller spécial
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