Notes pour une allocution sur
l'économie et l'unité nationale
Montefiore Club
Montréal (Québec)
le 13 mai 1996
Mesdames, Messieurs,
Le Club Montefiore n'a que 13 ans de moins que le Canada. Cela fait 116 ans que
votre club existe et qu'il est bien ancré ici à Montréal. Cent seize ans que
vous participez activement au rayonnement de notre société, que vous
contribuez au développement social, culturel et économique du Québec et du
Canada. C'est remarquable.
Votre engagement est profond et sincère et témoigne de votre attachement au
Québec et au Canada. C'est pourquoi j'ai accepté avec enthousiasme
l'invitation de M. Kussner à venir vous adresser la parole.
Vous êtes des gens d'affaires et je comprends votre intérêt pour l'avenir de
notre pays. Non seulement je le comprends mais je le partage. C'est d'ailleurs
pour pouvoir faire ma part afin de préserver l'unité canadienne que j'ai
accepté de me joindre à l'équipe du Premier ministre Chrétien. J'ai accepté
parce que je voulais combattre le défaitisme qui anime tant de gens et parce
que je voulais travailler à réconcilier les Canadiens entre eux pour ainsi
mieux célébrer le Canada.
Le temps presse. Le résultat du dernier référendum est éloquent : il
faut prendre très au sérieux la possibilité de rupture du Canada.
Faire sécession est une décision très grave et si rare qu'elle ne s'est
jamais produite dans une démocratie établie ayant connu au moins dix années
consécutives de suffrage universel. Faire sécession ne survient généralement
que dans une situation coloniale, après l'effondrement d'un empire ou dans une
démocratie très récente, comme en Tchécoslovaquie. Dans ces cas, tout est
sur la table, les règles sont incertaines, les droits de minorités sont
incertains, etc. Mais les démocraties bien établies ne font pas l'expérience
de la sécession. Et je pense qu'il y a une raison fondamentale à cela. Les
démocraties ne choisissent pas qui en fait partie. Elles ne disent pas que
telle personne peut continuer d'appartenir au pays et que telle autre n'est pas
voulue. Les démocraties n'agissent pas
ainsi et le Canada ne le peut pas lui non plus. Nous n'avons pas le droit de
permettre que cela se produise. Nous devons convaincre les Canadiens de rester
ensemble.
Vous savez, quand M.Bouchard parle de solidarité et de fierté entre les
Québécois, je veux l'appuyer en tant que ministre de la Couronne et en tant
que Québécois. Je veux l'appuyer. Mais lorsque le même Lucien Bouchard
déclare que nous, les Québécois, ne devons pas éprouver ce sentiment de
solidarité et de fierté à l'égard des gens de la Nouvelle-Écosse, par
exemple, et que nous devons entretenir avec eux des liens fondés seulement sur
un intérêt économique, alors je veux me battre contre ce Lucien Bouchard. Ce
qu'il propose n'est pas de bon augure. Nous ne pouvons pas appuyer ce qu'il
propose.
C'est pourquoi je suis en politique. Pour empêcher ce sens de la résignation,
ce sens de l'abandon qu'on voit apparaître partout au Canada. Je suis en
politique pour combattre le défaitisme et le négativisme. Pour donner aux
Québécois et à tous les Canadiens l'espoir que c'est ensemble qu'ils
affronteront les défis à la fois envoûtants et terrifiants du XXIe siècle.
Au cours de la campagne référendaire, j'ai entendu deux remarques qui m'ont
frappé. Elles ont été exprimées par deux observateurs étrangers, des
observateurs qui n'étaient pas Canadiens. Dans le premier cas, un journaliste
français interrogeait les gens dans la rue. Arrive une vieille dame,
typiquement parisienne, à qui le journaliste demande : « Que
pensez-vous de l'avenir du Québec? Croyez-vous que le Québec doit se
séparer du Canada? » La dame a répondu simplement : « Ça
serait quand même mieux qu'ils restent ensemble, non? » C'est une phrase
toute simple. Je pense que cette dame a résumé dans une phrase très simple ce
qu'on trouve dans tous les grands ouvrages qui traitent de sécession. Et cela
m'a frappé. Je pense que c'est l'argument le plus important que nous puissions
trouver. Nous devons rester ensemble - pourquoi ne pas rester ensemble?
La deuxième remarque vient du président Clinton, et je cite :
« Dans un monde assombri par les conflits ethniques, qui déchirent
littéralement des pays, le Canada constitue pour nous tous un pays modèle, où
des gens de cultures diverses vivent et travaillent ensemble dans la paix, la
prospérité et la compréhension. Le Canada a montré au monde comment trouver
un juste équilibre entre la liberté et la compassion. » Il exprimait
autrement ce que je viens de dire, que les démocraties ne se séparent pas.
Le Canada est perçu dans le monde comme un symbole de la capacité des êtres
humains de vivre, populations et cultures différentes, ensemble, dans
l'harmonie. En nous séparant, nous dirions au reste du monde qu'ils se sont
trompés, que des populations différentes ne peuvent pas vivre ensemble dans le
même pays, que chacune doit avoir son propre pays. D'après de nombreux
ethnographes, il y a environ 3000groupes dans le monde qui se définissent comme
un peuple 3000. Si chacun d'eux devait avoir un État, la planète exploserait.
Il y a actuellement 190États membres des Nations Unies. Il serait impossible de
vivre sur une planète paisible et équilibrée s'il y avait 3000pays et
3000frontières. Nous, les Canadiens, avons un devoir sur cette pauvre planète
le devoir de faire fonctionner le Canada.
Ce discours est peut-être trop théorique. Alors, considérons les problèmes
pratiques. Bien des gens demandent au gouvernement du Canada de laisser tomber
le problème de l'unité et de s'intéresser plutôt à l'emploi et à
l'économie. En vérité, il s'agit exactement du même problème c'est
exactement la même chose.
L'agence de crédit Moody's souligne dans un rapport récent l'effort du
gouvernement de réduire la dette, de mettre de l'ordre dans les finances
publiques et de restaurer la confiance des investisseurs sur le marché
canadien. Mais malgré ces facteurs positifs, Moody's écarte la possibilité
que le Canada retrouve rapidement sa cote triple A et fait remarquer que
l'incertitude politique provoquée par la menace d'un autre référendum
constitue un écueil important. Comme vous le savez très bien, une baisse de la
cote de crédit signifie une hausse des taux d'intérêt et, au bout du compte,
un ralentissement de la croissance économique et de la création d'emplois.
Alors, nous ne pouvons pas affirmer que l'incertitude politique n'a rien à voir
avec les difficultés économiques. C'est la même chose.
Beaucoup d'entre vous êtes des gens d'affaires. À ce titre, vous sentiriez les
répercussions
économiques négatives de la séparation du Québec. À Montréal, ce fait est
très évident. À
Montréal, l'incertitude politique nuit tellement à l'économie que même
certains séparatistes le font remarquer. Récemment, un ancien ministre de
M.Parizeau, Richard Le Hir, a quitté le Parti québécois. Dans sa lettre de
démission, il déclarait que l'incertitude politique fait mal à l'économie du
Québec.
M. LeHir n'est peut-être pas la personne la plus fiable, parce que même les
indépendantistes ne l'ont pas suivi, mais qu'a déclaré Lucien Bouchard? Le
21mars, il a affirmé: « Ça se peut, je ne le nie pas, qu'il y a des
investisseurs étrangers qui disent, bien attendons que les choses soient
réglées à Montréal et à Québec, avant d'aller à Montréal. »
Et je dirais que les investisseurs ont raison de s'inquiéter de la sécession.
Au cours de ma récente campagne électorale dans Saint-Laurent/Cartierville,
bien des gens m'ont dit: « Monsieur Dion, vous avez beaucoup de courage,
nous vous admirons, mais nous ne pensons pas que vous réussirez. Alors, nous
allons partir, nous allons quitter Montréal. Nous allons quitter Montréal et
renoncer à nos espoirs et notre amour pour cette ville. » Mais je les
prie de rester, parce que nous réussirons, parce que le Québec et le Canada
vont rester ensemble, et parce que nous devons mettre fin à cette incertitude
politique.
En tant que gens d'affaires, vous savez que le Canada est un succès
économique. Vous savez que le Canada est la septième économie industrialisée
en importance au monde, donc l'une des puissances économiques mondiales les
plus fortes. Vous savez également que, parmi les pays du G-7, le Canada est le
pays qui a affiché la plus forte croissance dans le domaine de la création
d'emplois et la deuxième plus forte croissance économique au cours des
30dernières années. Les Canadiens bénéficient du sixième niveau de vie au
monde, mesuré en terme de revenu par habitant, d'après l'OCDE. Nous avons une
espérance de vie parmi les plus élevées au monde et le Canada se classe au
premier rang en ce qui concerne le pourcentage de la population qui fréquente
l'école.
De plus, et peu de gens le savent, le Canada se classe premier au sein du G-7 et
deuxième au sein de l'OCDE, derrière la Suède, pour ce qui est du plus faible
taux de chômage de longue durée, c'est-à-dire le chômage qui s'étend sur
une période de plus de douze mois.
Notre pays est un succès, même par rapport à d'autres pays riches. Je ne dis
pas que le Canada est parfait. Il y a encore trop de gens sans emploi ou qui
vivent au-dessous du seuil de pauvreté, et nous devons y voir. Mais quand nous
nous comparons aux autres pays riches de la planète, nous nous rendons compte
à quel point la situation du Canada est enviable.
Mais même si le Canada n'était pas un tel succès, même si le Canada était
une démocratie moyenne, je lutterais quand même contre la sécession. Nous ne
pouvons pas appuyer une proposition qui nous demande de faire une sélection de
nos concitoyens.
Et même si le Québec n'était pas la province la plus endettée, même si le
Québec n'était pas la province la plus taxée, même si le Québec donnait de
la vraie péréquation au lieu d'en recevoir au point que ça correspond à
environ deux pour cent de sa richesse économique, même si le Québec, donc,
subventionnait le reste du Canada, eh bien, je dirais aux Québécois de rester
dans le Canada, parce que c'est ça la solidarité canadienne dont nous sommes
tous fiers.
Mais le fait est que le Canada est un succès et trop peu de Canadiens le
savent. Il y a de nombreux mythes que nous devons détruire afin de nous assurer
que tous les Canadiens verront la lumière, qu'ils verront à quel point notre
pays est merveilleux. Dresser la liste de toutes les qualités du Canada
prendrait beaucoup de temps. Je la dresserais bien cette liste, mais vous vous
ennuieriez parce qu'elle est trop longue.
Nous ne faisons pas l'éloge de nos qualités. Combien de fois entendons-nous
que le fédéralisme ne fonctionne pas? Combien de fois? Il est vrai qu'à mon
ministère des Affaires intergouvernementales, tout ce que je vois ce sont les
problèmes. S'il y a un problème, on le porte à mon attention. Mais quand ça
va bien, je n'en entends pas parler. C'est la même chose pour les Canadiens.
Nous entendons toujours parler des difficultés, mais jamais de ce qui
fonctionne bien.
L'excellente performance du Canada ne saurait être le fruit du hasard. Notre
système fédéral y est pour quelque chose. Quatre des cinq pays les plus
riches au monde sont des fédérations : le Canada, les États-Unis,
l'Allemagne et la Suisse. Je pense que les fédérations fonctionnent. Et les
fédérations sont bien placées pour rivaliser avec les pays unitaires. Si le
fédéralisme a aidé le Canada à prospérer, c'est avant tout, d'après moi,
parce qu'il s'agit d'un système souple et dynamique qui parvient à établir le
juste équilibre entre deux principes fondamentaux : la solidarité et la
diversité.
Si le Canada a atteint un niveau de démocratie, de liberté, d'équité et de
prospérité à peu près sans égal au monde, c'est en grande partie parce que
nous, Canadiens, avons eu l'intelligence de développer une pratique du
fédéralisme qui reflète bien les idéaux de solidarité et de respect de la
diversité.
Parlons d'abord de la solidarité. Nous avons mis sur pied un réseau de
programmes sociaux et un régime de paiements de péréquation pour que tous les
citoyens jouissent d'un bien-être comparable. Nous avons même inscrit ce
principe de péréquation dans l'article 36 de la Loi constitutionnelle de 1982.
Cet engagement à l'égard de la solidarité sociale n'a son pareil nulle part
ailleurs dans le monde. Et ses résultats sont impressionnants. Depuis 30ans,
l'écart entre les provinces riches et les provinces pauvres s'est rétréci
considérablement. Durant cette période, les sept provinces qui ont reçu des
paiements de péréquation ont vu leur PIB par habitant s'accroître plus vite
que celui des trois provinces les plus riches, d'après un article récent
publié en avril 1996 dans le Canadian Journal of Economics. C'est ça, la
solidarité.
Parlons maintenant de la diversité. La répartition constitutionnelle des
pouvoirs, qui confère aux provinces des compétences exclusives dans des
domaines clés comme la santé, l'éducation, les ressources naturelles et le
bien-être social, illustre notre engagement à l'égard d'une grande autonomie
locale. En fait, tant du point de vue des pouvoirs sectoriels que des pouvoirs
de taxer et de dépenser, les provinces canadiennes sont de bien des façons
plus fortes que les États américains, les Länder allemands ou même les
cantons suisses. C'est ça, la diversité.
La solidarité et la diversité sont deux atouts que nous possédons. Quand je
parle des avantages du fédéralisme pour le Canada, je ne m'adresse pas
uniquement aux Québécois qui pourraient être tentés par la sécession. Je
m'adresse aussi à ceux qui croient que notre pays est surgouverné, qui rêvent
d'un Canada unitaire et qui considèrent les provinces comme un obstacle à une
gestion rationnelle.
La centralisation des pouvoirs au sein d'un gouvernement national n'est pas la
solution. Imaginez un instant le monstre bureaucratique que nous devrions mettre
en place si nous n'avions qu'un seul ministère de l'Éducation pour administrer
toutes les écoles du pays, de Saint-Jean, Terre-Neuve, à Victoria, en
Colombie-Britannique. Imaginez! Les forces de notre système fédéral nous ont
bien servis jusqu'à maintenant et elles continueront de le faire plus que
jamais au cours des prochaines années, si nous donnons à notre système
fédéral la chance de survivre.
Voilà le premier mythe : le fédéralisme ne fonctionne pas.
Deuxièmement, le Canada serait « le passé », comme l'a déclaré
récemment M.Bouchard. Il a dit ça récemment: le Canada c'est le passé; le
partenariat d'égal à égal entre le Québec et le Canada serait l'avenir.
Partout dans le monde, nous voyons des pays et des organismes supranationaux,
comme l'Union européenne, tenter d'établir un équilibre entre la solidarité
et l'autonomie. À cet égard, le fédéralisme canadien a beaucoup à enseigner
au reste du monde sur la façon d'équilibrer ces principes.
Je suis convaincu que notre union fédérale nous aidera aussi à nous adapter
aux nouveaux défis mondiaux qui exigent plus que jamais un équilibre entre la
solidarité et la diversité. La vérité est qu'ensemble, nous serons plus
forts, que l'avenir appartient aux pays forts et unis. La mondialisation de
l'économie fait en sorte que de plus en plus de décisions qui ont des
répercussions importantes sur la vie des Canadiens se prennent à l'échelon
international. L'appartenance au G-7, la participation à l'ALENA, au
Commonwealth, à la Francophonie, à l'Organisation des États américains et à
l'Organisation de coopération économique Asie- Pacifique représentent un
avantage considérable pour les Canadiens dans la défense de leurs intérêts
sur la scène internationale. Sans l'union fédérale, nous perdrions plusieurs
de ces atouts.
La diversité maintenant. La diversité et l'avenir. La libéralisation des
échanges au niveau international favorise une spécialisation des économies
régionales. Le respect de la diversité et l'autonomie régionale propres à la
fédération canadienne sauront également bien nous servir à ce chapitre.
Solidarité encore. Au plan social, plusieurs phénomènes relativement nouveaux
contribuent à transformer les défis que le Canada est appelé à relever. Le
vieillissement de la population, l'augmentation du nombre de familles
monoparentales, la précarité grandissante de l'emploi, l'augmentation de la
part de la population qui dépend des programmes de sécurité du revenu, voilà
des questions qui préoccupent tous les Canadiens et qui nous obligent à revoir
notre filet de sécurité sociale.
Et bien, encore une fois, les principes de base de notre fédération que sont
la solidarité et
l'autonomie locale s'avéreront des avantages précieux face à ces nouveaux
défis. D'une part, la grande autonomie dont bénéficient les provinces en
matière de politiques sociales les aide à trouver des solutions innovatrices
adaptées à leurs besoins spécifiques. D'autre part, la solidarité canadienne
permettra d'assurer à tous, peu importe la région du pays où ils vivent,
l'accès à des services comparables.
Le Canada est-il vraiment surbureaucratisé et surgouverné? Si notre système
de gouvernement était réellement lourd et inefficace, nos dépenses publiques,
notre fardeau fiscal et la taille de notre secteur public, tous niveaux de
gouvernement confondus, seraient plus élevés que les autres pays qui peuvent
être comparés au nôtre en particulier les pays unitaires. Or, ce n'est pas le
cas. Comparativement à la moyenne parmi les pays de l'OCDE, les dépenses
publiques, la taille du secteur public et le fardeau fiscal du Canada ne sont
pas particulièrement élevés. De fait, nos résultats sont bien meilleurs que
ceux d'un grand nombre de pays unitaires de l'OCDE, comme la France, l'Italie,
la Norvège, le Danemark et la Suède.
Autre mythe : le fédéralisme canadien est un fédéralisme conflictuel
où toute question fait l'objet d'inlassables disputes entre Ottawa et les
provinces. Si les désaccords entre le gouvernement fédéral et les provinces
sont souvent très médiatisés, il ne faudrait pas croire pour autant que notre
fédération est le règne de la mésentente et du conflit. Beaucoup de
questions sont réglées au quotidien sans qu'il en soit question dans les
médias. Le plus récent répertoire des programmes et activités
fédéraux-provinciaux, publié l'année dernière, ne contient pas moins de
457programmes ou accords bilatéraux et multilatéraux entre Ottawa et les
provinces 457. Cela signifie clairement que le gouvernement fédéral et les
provinces parviennent à s'entendre et à coordonner leurs activités dans une
foule de domaines.
D'autre part, contrairement à ce que soutiennent les sécessionnistes, aucune
province isolée ne pourrait faire mieux que le Canada uni à tous les points de
vue. En particulier sur le plan du remboursement de sa dette. Il y a quelques
années, les séparatistes soutenaient que jamais, avec la Constitution
canadienne, nous ne pourrions nous sortir du bourbier financier. Ils ne le
disent plus maintenant. Parce que huit provinces sur dix ont retrouvé la voie
de l'équilibre budgétaire, et ce, sans qu'une virgule ne soit modifiée à la
Constitution du Canada.
Nous sommes donc sur la bonne voie et, avec la politique énergique de notre
ministre des Finances, notre déficit se situe maintenant en dessous de la
moyenne des pays riches. Bientôt il sera l'un des plus faibles des pays de
l'OCDE. Pourquoi? Parce que le Canada est un pays qui est capable de faire face
à ses problèmes. C'est un pays qui représente, à l'échelle de la planète,
un modèle de générosité, de tolérance et de paix.
Le 26 avril dernier, l'agence européenne d'échange de crédits avançait que
le Canada pourrait devenir un meilleur risque d'investissement si le Québec
quittait la fédération. Leur rapport soulignait que la situation financière
du pays pourrait s'améliorer principalement parce que le Québec profite
nettement des paiements de transfert. Selon cette étude, la séparation
réduirait également la dette nette en comparaison avec nos exportations
puisque le commerce interprovincial avec le Québec serait désormais
considéré comme des exportations.
L'union économique et sociale du Canada sont des forces extraordinaires qui
profite à chaque province et dont la pertinence est plus qu'évidente avec la
mondialisation de l'économie.
Toutefois, nous convenons tous que notre fédération pourrait être encore plus
harmonieuse. Le Premier ministre s'est engagé en ce sens pendant la campagne
référendaire. C'est exactement ce que propose le gouvernement du Canada dans
le discours du Trône. Ainsi:
Le gouvernement du Canada s'est engagé à ne pas utiliser son pouvoir de
dépenser pour
créer de nouveaux programmes co-financés dans des domaines de compétences
provinciale exclusive sans le consentement de la majorité des provinces. Tout
nouveau programme sera conçu de telle sorte que les provinces qui s'en
dissocieront seront indemnisées, à condition de mettre en oeuvre un programme
comparable.
C'est la première fois dans notre histoire qu'un gouvernement fédéral prend
l'initiative d'acquiescer unilatéralement à cette demande répétée des
provinces, en dehors des négociations constitutionnelles officielles.
Par ailleurs, il existe certains secteurs où le gouvernement du Canada n'a pas
besoin
d'intervenir.
- Nous sommes disposés à nous retirer de domaines tels que la formation
professionnelle, les forêts, les mines et les loisirs dont la responsabilité
convient mieux aux
provinces et à d'autres instances.
- Nous travaillerons de concert avec les provinces pour assurer la viabilité
de notre système de sécurité sociale.
- Nous sommes disposés à explorer de nouvelles formules de prise de
décision en matière de politique sociale.
- Nous poursuivrons le travail entrepris pour réduire les entraves au
commerce intérieur et à la mobilité de la main-d'oeuvre tout en continuant de
jouer un rôle clé pour promouvoir l'union économique canadienne.
- Pour éliminer les dédoublements coûteux et inutiles et pour favoriser
les économies d'échelle, nous proposons de travailler de concert avec les
provinces à mettre sur pied une commission canadienne des valeurs mobilières,
un service unifié d'inspection des aliments et un organisme national de
perception des impôts.
- Nous nous sommes également engagés à faire inscrire dans la Constitution
canadienne le droit de veto régional et la reconnaissance que le Québec forme
une société distincte au sein du Canada.
CONCLUSION
La réconciliation et la solidarité doivent nous guider dans notre quête d'un
Canada fort, moderne et uni. Nous ne devons pas tenir le Canada pour acquis.
Nous pouvons apporter et nous apporterons les changements qui nous mèneront
vers un paysencore meilleur, un Canada où tous les Canadiens se sentiront chez
eux, d'un océan à l'autre.
Nous n'avons pas le droit d'échouer. Car si nous échouons, nous laisserons en
héritage à nos enfantset au reste du monde la fin du rêve canadien.
Le discours prononcé fait foi.
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