« Les cités et villes du Canada, les
collectivités
du Canada et l'espoir d'unité canadienne »
Notes pour une allocution devant la
Fédération canadienne des municipalités
Calgary (Alberta)
le 2 juin 1996
On constate chez les Canadiens deux états d'âme qui, s'ils persistent,
menacent l'avenir du Canada : le premier est l'indifférence; l'autre, le
découragement. Nous devons nous libérer de l'un et de l'autre si nous voulons
que le Canada survive.
Après le référendum du 30 octobre, bon nombre de citoyens, partout au
Canada, sont retombés dans une apathie politique, bercés par l'illusion que la
question de notre unité nationale se réglerait d'elle-même. Plusieurs d'entre
nous se disent que d'autres s'occuperont du problème, que nous n'y pouvons rien
de toute façon. Pour contrer cette passivité, je parcours le pays en criant
bien haut que notre pays est en danger.
Au même moment, d'autres Canadiens découragés affirment que la sécession
du Québec est inévitable, que ni les gouvernements, ni les citoyens ne
l'empêcheront. C'est donc pour contrer cette résignation, cette désespérance
que je veux vous convaincre aujourd'hui que nous devons avoir foi en notre pays,
que nous avons de bonnes raisons de croire en l'avenir du Canada.
Et si je veux vous communiquer à vous, mon message d'espoir, c'est que vous
m'inspirez l'espoir. Vous représentez le niveau de gouvernement le plus
rapproché de nos citoyens qui, dans leurs villes, dans leurs régions, sont le
Canada. Vous êtes la voix de ces communautés qui forment le tissu même du
Canada. Vous venez de là où les citoyens vivent, travaillent et réalisent
leurs rêves ensemble, jour après jour.
Voilà pourquoi je suis venu m'entretenir avec vous des raisons qui me
permettent de croire que c'est dans les cités et villes du Canada que réside
l'espoir d'unité de notre pays. Voilà pourquoi je suis si heureux d'avoir
été invité à m'adresser à vous dans le cadre de cette importante
conférence de la Fédération des municipalités canadiennes. Ce sont les
collectivités du Canada, des petits villages de régions isolées aux grandes
villes cosmopolites, qui constituent la plus grande force du pays. Les
politiciens de niveaux fédéral et provinciaux peuvent apprendre beaucoup en
observant la force de nos collectivités.
L'écrivain torontoise Jane Jacobs est l'auteure d'un livre bien connu et des
plus perspicaces intitulé Cities and the Wealth of Nations. Elle y défend
efficacement la thèse voulant que la force économique d'un pays ne repose pas
sur ses ressources naturelles ou sur les politiques économiques de son
gouvernement central mais que la source de richesse et de croissance d'un pays
repose plutôt sur la vitalité de ses villes, de ses villages et de ses
communautés qui sont le fondement même de la société et de son économie.
On a dit que le Canada est un pays qui fonctionne en pratique mais pas en
théorie. À titre de ministre des Affaires intergouvernementales, je dois
relever le défi de convaincre les Canadiens que leur pays peut fonctionner quoi
qu'en disent les théoriciens pessimistes. Vous, par ailleurs, à titre de
maires, de conseillers, de gestionnaires, vous avez le privilège de parler au
nom du citoyen et de sa collectivité, au nom donc, de ce Canada qui fonctionne
si bien en pratique, même en périodes de difficultés économiques.
Dans bien des cas, les problèmes auxquels le pays est confronté dans son
ensemble sont, à bien des égards, semblables à ceux que règlent nombre de
cités et villes avec succès depuis des années.
Nos concitoyens des milieux ruraux ou de régions éloignées ont appris à
gérer de maigres ressources et à survivre aux périodes de difficultés
économiques. Nos grandes villes nous ont appris comment des populations
d'origines et de langues différentes peuvent cohabiter harmonieusement, comment
réconcilier l'unité et la diversité.
Voilà deux leçons qui nous viennent des municipalités et dont peuvent
s'inspirer les gouvernements fédéral et provinciaux losqu'ils font face au
défi historique de l'unité de notre pays : adopter une approche concrète
et pragmatique à la résolution de problèmes et se faire, comme les
municipalités, rassembleurs pour unir entre elles les collectivités
différentes.
Une approche concrète aux problèmes
Les gouvernements de niveaux soi-disant supérieurs ont beaucoup à apprendre
de vous. Ainsi, nous devons résister à la tentation des solutions abstraites
ou technocratiques, de faire appel aux symbolismes émotionnels plutôt qu'aux
arguments concrets, d'imaginer que les changements constitutionnels sont une
solution à toutes les difficultés. Nous devons plutôt nous inspirer de la
sagesse pragmatique des gouvernements municipaux, des entreprises et des groupes
communautaires à vocation locale, partout au Canada.
Il me semble que c'est précisément la façon que notre gouvernement a
choisie pour répondre aux besoins concrets des municipalités canadiennes. Le
programme d'infrastructures et les progrès accomplis en matière de lutte
contre le crime et de sécurité publique ne sont que quelques exemples des
mesures bénéfiques mises de l'avant par le gouvernement fédéral pour
répondre aux besoins des citoyens et encourager les initiatives émergeant de
la base.
C'est d'ailleurs de cette même façon que nous devrions aborder nos
problèmes d'unité nationale. Et c'est précisément ce que le gouvernement
suggérait dans le discours du Trône de février dernier. Permettez-moi un
exemple concret pour illustrer l'approche concrète que nous comptons suivre.
Dans le discours du Trône, le gouvernement s'engageait à se retirer de la
formation de la main-d'oeuvre de façon à éliminer les chevauchements et les
dédoublements.
Plusieurs provinces réclamaient depuis nombre d'années un plus grand
contrôle sur la formation de leur main-d'oeuvre, souhaitant intégrer les
programmes fédéraux et provinciaux de formation et d'intégration au marché
du travail.
Jeudi dernier, mon collègue Doug Young, ministre du Développement des
ressources humaines, a communiqué aux provinces et aux territoires une
proposition leur offrant la responsabilité de toutes les mesures actives
d'emploi financées par le fonds d'Assurance-emploi.
Le gouvernement fédéral offre aux provinces pleine compétence sur les
quelque deux milliards de dollars par année que le gouvernement fédéral
dépense actuellement sur les mesures actives d'aide à l'emploi.
Les provinces peuvent donc, si telle est leur volonté, gérer leurs propres
programmes comme les subsides à l'emploi, les suppléments de revenu, des
partenariats pour la création d'emplois de même que des services connexes au
marché du travail, tels le counselling et le placement.
Voilà un exemple du fédéralisme flexible et pratique à l'oeuvre. Nous
réaffirmons ainsi notre solidarité avec les sans-emploi du Canada tout en
respectant la subsidiarité qui permet à chaque province de créer des
programmes régionaux qui répondent à des besoins régionaux.
C'est en suivant votre exemple, en adoptant une approche concrète, que nous
améliorerons notre fédération. Nous aurons ainsi un gouvernement fédéral
fort dans ses champs de compétence, des gouvernements provinciaux forts dans
leurs champs de compétence, des gouvernements municipaux et régionaux forts
dans leurs champs de compétence, et un partenariat fort entre tous ces
gouvernements.
C'est dans cet esprit de fédéralisme concret et flexible que les ministres
fédéral et provinciaux de l'Environnement, réunis vendredi dernier, en sont
arrivés à des améliorations dans la gestion environnementale.
C'est précisément l'esprit qui nous animera lors de la prochaine rencontre
des premiers ministres, de façon à démontrer aux Québécois et à tous les
Canadiens que le fédéralisme est un outil puissant pour améliorer leur
bien-être.
Réconcilier les différences
Nous convenons donc que la première leçon à tirer de l'exemple des
municipalités est l'avantage d'une approche concrète et pragmatique. La
seconde nous enseigne comment nous pouvons réconcilier les diversités à
l'intérieur d'une même entité dynamique.
Permettez-moi d'entrée de jeu, une question très simple : Pourquoi le
Canada mérite-t-il de survivre comme pays?
L'économie est déjà une bonne raison de vouloir préserver l'unité
canadienne, d'autant plus que les Nations Unies et la Banque mondiale classent
le Canada aux premiers rangs des pays les plus riches du monde. Mais je ne crois
pas que ce soit là la raison la plus importante.
Ce n'est pas non plus parce que nous avons le plus beau drapeau, même s'il
est reconnu et fort considéré partout dans le monde. Ce n'est pas non plus
pour sa beauté à vous couper le souffle ou son immensité, non plus pour ces
majestueuses montagnes rocheuses qu'on aperçoit d'ici, même s'il est
impossible de ne pas être ému devant tant de splendeur.
Ce n'est pas non plus uniquement de ce qui est particulier et
caractéristique de ce pays dont nous devrions le plus nous enorgueillir.
Non, ce qui rend indispensable la survie de ce pays, c'est qu'il représente
la réalisation des idéaux humains dont le monde entier rêve depuis le début
des temps.
Le Canada représente le meilleur exemple de ce que le monde doit devenir en
termes de tolérance, d'ouverture et d'harmonie entre collectivités diverses.
Le Canada est peut-être le pays où les êtres humains, de quelque origine
qu'ils soient, ont les meilleures chances d'être traités en êtres humains.
C'est pour cela que j'aime ce pays et que je ne veux pas le voir se déchirer.
Comme le disait le Premier ministre dans son discours du 28 février
dernier :
« ...il est évident que, lorsque le reste du monde regarde le Canada,
il y voit l'avenir. Ou plutôt le meilleur espoir d'avenir pour le monde.
Ensemble, érigeons ce modèle d'espoir pour l'avenir de l'humanité. Ensemble,
bâtissons ce modèle d'espoir et de confiance. Un exemple pour l'humanité
entière. »
Nous avons bâti un pays qui reconnaît et célèbre la dualité
linguistique, un pays qui reconnaît les vertus du multiculturalisme et le
pouvoir de la diversité, un pays qui consacre la suprématie des droits
individuels en même temps que l'importance de protéger les minorités.
Et n'est-ce pas dans les grandes villes canadiennes que s'expriment le mieux
ces grandes valeurs de tolérance, d'ouverture et de respect de la diversité?
Des villes comme Toronto, Montréal, Calgary et Vancouver se sont toutes
transformées en riches mosaïques culturelles dans lesquelles des citoyens
issus de nombreuses sociétés et parlant différentes langues vivent dans
l'harmonie. Les visiteurs américains ou européens sont toujours étonnés de
constater avec quel bonheur nos villes ont su réconcilier la diversité.
Les Canadiens sont fiers de leurs grandes villes, fiers de l'harmonie que
l'on y trouve encore et ils demandent à leurs élus municipaux, provinciaux et
fédéraux de les protéger du spectre de la discorde et de l'intolérance qui a
défiguré tant d'autres belles villes de par le monde.
Il faut que nos villes demeurent sécuritaires et harmonieuses. C'est
justement en s'appuyant sur les grandes valeurs universelles de partage, de
tolérance et d'accueil que nous y parviendrons. Car nulle part au monde ces
belles valeurs ne se sont-elles mieux fusionnées à la culture collective qu'au
Canada.
C'est d'ailleurs ce que je disais en février dernier, dans mon premier
discours à titre de ministre. J'étais dans la deuxième plus belle ville du
Canada, Vancouver - je suis sûr que tous les maires ici présents s'accorderont
à dire que Vancouver est la plus belle ville du Canada après la leur. Ce qui
s'est accompli à Vancouver et dans La Vallée du bas Fraser est une
réalisation humaine unique en son genre.
Nous connaissons tous l'histoire troublante et violente des relations entre
les civilisations asiatique et européenne et combien ces cultures n'ont pu se
comprendre mutuellement au cours des siècles. Rudyard Kipling disait
même :
« L'Orient est l'Orient, l'Occident est l'Occident et jamais ne se
rejoindront-ils ».
Et pourtant! Où, ailleurs dans le monde, sinon à Vancouver, Richmond et
Surrey, existe-t-il une conjonction d'éléments qui contredit explicitement
Kipling? Où, ailleurs dans le monde, voyons-nous des cultures d'origines
européenne et asiatique travailler ensemble à créer une société de plus en
plus riche?
C'est bien plus cette grande réussite humaine que la beauté des montagnes
Rocheuses, qui explique ma détermination à laisser en héritage à ma fille un
Canada qui inclut cette Colombie-Britannique exemplaire.
Et c'est pourquoi Vancouver, Calgary, Montréal et toutes les municipalités
que vous représentez, malgré les grandes distances géographiques qui les
séparent, sont si proches par l'esprit et doivent rester dans le même pays
afin qu'elles puissent s'aider à toujours poursuivre ensemble le même idéal
humain.
Et à propos de Montréal, laissez-moi vous parler de cette grande métropole
que j'habite avec ma famille. Tous les jours, je vois combien les citoyens,
qu'ils soient anglophones, francophones ou allophones, coopèrent à la vie
collective et aux projets de notre ville.
Nous partageons l'amour de la vie culturelle de Montréal, de son patrimoine,
de ses parcs et de ses espaces publics. Nous avons une vision commune de
l'avenir économique de Montréal. Et au sein des organismes communautaires de
tous ordres, différents groupes culturels coopèrent dans la plus grande
harmonie.
Malheureusement, la menace de sécession nuit à la vitalité de Montréal.
L'économie de Montréal est en déclin. Trop de Montréalais quittent ou
envisagent de quitter leur ville, la plupart avec peine et regret.
Récemment, mes collègues Paul Martin et Martin Cauchon ont convenu avec
monsieur Serge Ménard, ministre québécois responsable de Montréal, de faire
front commun pour s'attaquer aux problèmes économiques de la ville.
Voilà un heureux développement, d'autant plus que nous servons tous les
mêmes concitoyens. Mais malgré tous nos efforts, il est indiscutable que d'ici
à ce que les Québécois et les autres Canadiens aient résolument décidé de
rester ensemble dans un Canada uni, la santé sociale et économique de
Montréal sera toujours affaiblie par une incertitude politique nuisible et
inutile.
Montréal et le Québec en son ensemble forment une société admirable dont
tous les Canadiens peuvent être fiers. En dehors du problème de la sécession,
il serait impossible de trouver un seul enjeu qui divise la société
québécoise entre francophones et non-francophones. Même la question de la
langue ne parvient plus à les dresser les uns contre les autres malgré les
efforts tentés récemment par quelques esprits radicaux.
J'ai l'honneur de représenter une circonscription de la région de
Montréal, St-Laurent-Cartierville, où vivent dans l'harmonie une cinquantaine
de communautés venues de partout à travers le monde. Cette ONU condensée,
comme je l'appelle, est pleinement intégrée à la société québécoise et
entend rester dans le Canada.
À la Chambre des communes récemment, un député du Bloc Québécois me
reprochait d'avoir été élu et je reprends son expression : « par
la porte de côté ». Lui se vantait d'avoir été élu par « le
peuple », dans une circonscription majoritairement francophone.
Dans le Montréal et le Québec que nous aimons, que nous admirons partout au
Canada, il n'y a pas d'électeur de la porte de côté. Nous sommes tous des
citoyens de la grande porte. Ce sont ces grandes valeurs de solidarité et
d'ouverture que les Québécois partagent avec les autres Canadiens. C'est pour
elles surtout qu'ils affronteront ensemble, au sein du Canada uni, les
formidables défis du XXIe siècle.
En résumé -- une approche concrète et pragmatique -- la réconciliation
des diversités culturelles -- telles sont les leçons que je tire de
l'expérience des municipalités pour nous aider à relever le défi de
l'unité. Elles permettront un meilleur fonctionnement de la fédération et
nous feront réaliser l'importance de reconnaître les multiples communautés
qui peuplent notre pays, notamment la réalité québécoise.
Les Canadiens de toutes les provinces doivent non seulement accepter mais
célébrer l'effort admirable du Québec pour préserver sa société française
dans une Amérique du nord anglophone. Ils doivent promettre aux Québécois
qu'ils les appuieront parce que la réalité francophone fait partie de l'idéal
canadien.
Voyons à nouveau ce que nous pouvons apprendre des communautés du Canada.
Dans la plupart des cités et villes du Canada, il existe des quartiers qui sont
à l'image d'un groupe culturel particulier. Il y a des quartiers portugais et
italiens à Toronto, des quartiers chinois à Vancouver, des quartiers
afro-canadiens à Halifax. Au Cap Breton, on retrouve des communautés
gaéliques tandis que des villes et villages de l'Alberta affichent leurs
souches française ou ukrainienne.
Souvent, un conseil de ville voudra marquer les contributions historiques de
ces communautés : on verra donc apparaître un nom de rue portugais à
Toronto tandis qu'on baptisera d'un nom ukrainien un centre communautaire en
Alberta.
Des mesures de ce genre contribuent non seulement à célébrer l'héritage
culturel d'un quartier mais peuvent aussi lui donner une personnalité unique et
excitante dont pourront bénéficier le commerce et le tourisme.
Évidemment, personne ne se plaint qu'en posant ces gestes, les
administrations municipales diminuent en quoi que ce soit les droits
fondamentaux des autres groupes culturels ou que les citoyens d'autres cultures
ne seront pas bien accueillis dans ces quartiers. Tous reconnaissent au
contraire, que ce ne sont là que des mesures visant à reconnaître le
patrimoine culturel et qu'elles seront un atout pour la vitalité de la
communauté tout entière.
À l'échelle du Canada, c'est précisément l'effet qu'aurait la
reconnaissance de la spécificité du Québec. On reconnaîtrait ainsi le
caractère culturel historique du Québec, unique par sa langue, sa culture et
son code civil. Et cela servirait à protéger et à promouvoir l'identité
vibrante et dynamique du Québec, amenant ainsi les Québécois à participer
avec plus de confiance à l'évolution du Canada.
Reconnaître le Québec n'est pas une dangereuse abstraction
constitutionnelle non plus qu'un symbole qui divise le pays. C'est une étape
pragmatique fondée sur la tradition politique canadienne et la réalité de la
collectivité québécoise.
Conclusion
Voilà donc ce que vous pouvez nous apprendre pour améliorer notre processus
de réconciliation nationale. Il ne s'agit pas d'une stratégie radicale non
plus que d'une réécriture complète de la Constitution.
C'est une approche pratique, comme celle que vous utilisez comme maires et
comme conseillers municipaux.
Notre Premier ministre, Jean Chrétien, qui connaît peut-être mieux que
quiconque les gens de ce pays, ne considère pas les questions d'unité comme
des vues abstraites de l'esprit. Il croit plutôt aux réformes concrètes et
pratiques. Il est ouvert à toute suggestion, dans la mesure où vous pouvez
faire la preuve qu'elle est pratique, praticable et peut améliorer le
bien-être des Canadiens.
Et je pense que sur ces questions pratiques, nous trouverons de nombreux
dénominateurs communs entre Canadiens, qu'ils soient francophones, anglophones,
de l'Est, de l'Ouest, Autochtones ou immigrants plus récents.
Dans nos villes et villages, nous avons su, nous les Canadiens mieux que tant
d'autres, réconcilier les différences et travailler ensemble à réaliser des
projets communs. Et si nous appliquons la même sagesse à la grande
collectivité canadienne, nous réussirons.
Alors je vous en conjure, participez au débat des prochains mois, aidez-nous
par des activités dans vos propres localités à élaborer des solutions
pratiques qui nous permettront d'améliorer et de renforcer notre fédération.
Nous avons besoin d'entendre nos maires, nos conseillers, tous ces élus locaux
et régionaux qui savent rallier leur communauté, pour arriver à rassembler la
grande communauté canadienne.
Dites-nous comment vous êtes parvenus à réconcilier les diversités dans
votre communauté. Dites-nous les initiatives, les idées qui ont marché dans
vos cités et villes et qui pourraient inspirer les gouvernements fédéral et
provinciaux. Incitez vos citoyens à connaître et à tendre la main à leurs
compatriotes du reste du Canada par le jumelage de villes ou les échanges de
jeunes, par exemple.
Nous avons besoin de vous pour réconcilier les Québécois avec les autres
Canadiens. Insistez auprès de vos élus provinciaux et fédéraux pour qu'ils
prennent des risques au nom de leur pays. Tous les hommes et toutes les femmes
politiques veulent laisser leur marque dans l'histoire; alors dites-leur sans
détour que l'histoire, c'est maintenant!
L'unité canadienne ne peut être imposée du sommet. Un accord
constitutionnel entre onze premiers ministres ne fera pas un pays plus uni. Nous
ne pouvons nous réconcilier sur papier - nous devons nous réconcilier dans nos
coeurs. Ce sont les communautés du Canada qui sont le coeur de notre pays.
C'est là que doit se faire l'unité.
Ensemble, nous pouvons renouveler et réaménager notre système fédéral.
Ensemble, nous pouvons sauver le Canada, ce modèle de société pour
l'humanité tout entière.
L'allocution prononcée fait foi.
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