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Archives - Salle de presse

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« MA PRAXIS DU FÉDÉALISME »

NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DEVANT L'INSTITUT DES RELATIONS
INTERGOUVERNEMENTALES

UNIVERSITÉ QUEEN'S

KINGSTON (ONTARIO)

LE 28 MAI 1998


Vous vous souvenez sans doute que, durant les années 1970, tout professeur, pour être populaire auprès d'une certaine catégorie d'étudiants, devait non seulement être marxiste mais aussi avoir une «praxis», c'est-à-dire mettre ses idées en pratique en militant au sein d'un parti révolutionnaire.

C'est en souvenir de mes années d'étudiant, face à certains de mes anciens professeurs aujourd'hui présents -- qui cependant n'étaient pas particulièrement marxistes! -- que j'ai intitulé ce discours : ma praxis du fédéralisme.

Je n'aurais pu trouver un meilleur auditoire pour développer ce sujet. Pour avoir été membre de votre conseil consultatif pendant deux ans, et pour avoir accumulé une dette intellectuelle envers plusieurs d'entre vous, je sais à quel point vous avez à la fois pensé et pratiqué le fédéralisme canadien à divers titres. Chacun d'entre vous aurait une praxis intéressante à raconter.

Il y a déjà quelques années, mon père, Léon Dion, m'a raconté l'histoire suivante. Après avoir exprimé son désaccord au sujet d'une initiative de Jean Chrétien, alors ministre, celui-ci lui avait répondu, empruntant la formule de George Bernard Shaw : «Those who cannot do, teach!» Mon père, qui portait l'enseignement au pinacle, lui avait répliqué : «Those who cannot teach, do!»

Cette histoire m'est revenue en mémoire au moment de mon assermentation comme ministre le 25 janvier 1996, en observant les deux hommes discuter, fort aimablement je dois dire, dans le salon du Gouverneur général. Je me suis alors demandé si je parviendrais à mettre en pratique ce que j'avais enseigné sur le fédéralisme canadien.

Autrement dit, je me suis demandé si je parviendrais à donner tort au ministre Jean Chrétien en prouvant que «Those who can teach can also do!» D'autant plus qu'ainsi, je donnerais raison au Premier ministre Jean Chrétien d'avoir confié les relations fédérales-provinciales à un universitaire sans aucune expérience politique directe, à un moment de grande incertitude dans l'histoire canadienne.

Les relations fédérales-provinciales et le débat sur l'unité canadienne

Qu'ai-je donc soutenu en tant qu'universitaire à propos du fédéralisme canadien? Premièrement, que rien dans cette fédération ne justifie la sécession; que les arguments avancés en faveur de la sécession sont soit faibles, soit carrément erronés; que de dire aux Québécois : «les souverainistes ont grandement raison aujourd'hui, le Canada est inacceptable, mais donnez-nous la chance de le réformer en profondeur et nous saurons le rendre acceptable demain» est une stratégie aberrante.

Deuxièmement, que le changement dans la fédération doit être guidé par l'amélioration des services publics et non par une liste de demandes traditionnelles. Pensez-vous que la Révolution tranquille s'est faite à coups de demandes traditionnelles?

J'ai défendu ces idées à une époque de véritable obsession constitutionnelle. Sans changement constitutionnel important, affirmait-on, le Canada ne pourrait répondre aux aspirations des Québécois, ou des Canadiens de l'Ouest, ni ne parviendrait à sortir de sa crise financière. «L'allairisme» proposait de gonfler le gouvernement du Québec de nouvelles responsabilités, non pour améliorer les politiques publiques, mais pour donner des «gains» aux fédéralistes québécois, car bien entendu tout rétrécissement du rôle fédéral était un «gain».

J'étais d'avis qu'on ne sauve pas un pays en s'appuyant sur une telle logique de séparatisme intérieur. Surtout pas quand le pays en question est déjà, sous plusieurs aspects, une fédération décentralisée par rapport aux autres qui existent dans le monde. Les transferts de pouvoirs ne peuvent calmer le séparatisme s'ils sont effectués en fonction de cette seule visée. Chaque nouveau transfert conduirait les Québécois à se retrancher toujours davantage sur leur territoire, à se définir par un «nous» exclusif, à ne plus voir les autres Canadiens que de loin en loin et à rejeter le gouvernement canadien et les institutions communes canadiennes comme une menace à leur nation, un corps étranger.

Et, étant donné l'absence d'appui à un statut particulier pour une province au Canada -- phénomène observé aussi dans les autres fédérations comparables : États-Unis, Suisse, Belgique, Allemagne... -- les mêmes concessions devraient être offertes aux autres provinces afin d'éviter les jalousies régionales. Cette spirale de concessions pourrait conduire à une forme de balkanisation. Mais si le gouvernement fédéral refusait d'accorder aux autres provinces les mêmes pouvoirs qu'au Québec, il risquerait de susciter un ressac profond, en provenance de l'Ouest mais aussi des autres régions du pays, qui serait immanquablement interprété comme un rejet des Québécois. Une fédération est condamnée à terme quand sa seule logique de changement est de récompenser le chantage à la séparation.

J'ai soutenu que c'est l'identité, et non le partage des pouvoirs, qui est à la source de notre problème d'unité. Les Québécois francophones veulent avoir l'assurance que leur langue et leur culture peuvent s'épanouir avec l'appui des autres Canadiens. Ils veulent sentir que cette langue et cette culture sont considérées par les autres Canadiens comme un apport important, et non comme un embarras. Ils veulent l'assurance qu'ils peuvent être à la fois Québécois et Canadiens, et qu'ils n'ont pas à choisir entre le Québec et le Canada.

Au cours de mes rencontres avec les citoyens de mon comté et d'ailleurs au Québec, ma conviction s'est renforcée que l'enjeu le plus fondamental est lié à l'identité et non au partage des pouvoirs. Quand je demande à ceux et celles qui réclament plus de pouvoirs pour le Québec de spécifier lesquels, ils sont bien souvent incapables de me répondre.

Je me suis dit que si les défenseurs du fédéralisme canadien n'expliquent pas à ces citoyens à quel point le Canada est un principe d'entraide, et non une chicane constitutionnelle perpétuelle, aucun réaménagement de pouvoirs ne pourra les rallier durablement à l'unité canadienne.

Surtout pas des réaménagements mal conçus du point de vue de la qualité des services publics et qui entraîneraient de nouveaux inconvénients pour ces citoyens. Car alors, les chefs indépendantistes auraient beau jeu de leur faire valoir que même avec la meilleure des volontés du monde, le Canada ne peut fonctionner.

Voilà ce qu'il faut parvenir à faire : démontrer que le Canada est un principe d'entraide, un pays où les Québécois ont la possibilité d'exprimer leur culture et leur identité, tant pour eux-mêmes que pour mieux aider les autres Canadiens tout en acceptant leur aide. Autrement dit, il faut que tous réalisent à quel point cette entraide canadienne existe en permanence et non pas seulement quand le verglas nous tombe sur la tête.

Le Canada n'est pas un argument que l'on peut utiliser seulement une semaine tous les quinze ans, en catastrophe, à l'approche d'un vote référendaire. Il y a des valeurs universelles rattachées à l'idéal canadien; il faut savoir les exprimer et montrer combien la société québécoise en fait partie. Et en même temps qu'on exprime ces valeurs, en même temps que l'on met en relief les raisons d'être fortement attachés au Canada, on montre que briser cet idéal auquel beaucoup de gens tiennent profondément, briser l'unité canadienne, serait une opération délicate. Une telle opération nécessiterait que l'on prenne beaucoup de précautions : une procédure mutuellement consentie plutôt qu'unilatérale, claire plutôt que confuse, légale plutôt qu'anarchique.

Il n'y a donc pas de contradiction entre le soi-disant plan A et le soi-disant plan B, mais la même mise en lumière de ce qu'est le Canada.

Les relations fédérales-provinciales mises en principes

Et l'amélioration de la fédération dans tout ça? Si nous parvenons à rendre cette fédération plus harmonieuse et plus efficace, cette amélioration de la capacité des gouvernements de travailler ensemble aura des répercusssions positives sur l'image que les Canadiens se font de leur pays. De la même façon que le redressement des finances publiques et que la relance de l'économie ont accru leur confiance dans le Canada.

Vous savez aussi bien que moi que, mis à part nous tous ici présents, la mécanique des relations fédérales-provinciales intéresse peu de monde dans ce pays, désintérêt que l'on note d'ailleurs dans les autres fédérations. Outre la possible exception -- même pas certaine -- des ententes sur la main-d'oeuvre, il serait présomptueux d'affirmer que les changements que nous avons effectués à cette fédération depuis deux ans ont eu un effet positif immédiat sur l'opinion publique.

L'effet s'exerce plutôt a contrario : une succession d'échecs dans les négociations avec les provinces aurait certainement nui à l'appui à l'unité canadienne. Si les négociations fédérales-provinciales portant sur le régime de pensions, sur l'harmonisation environnementale, sur la reconduction du programme d'infrastructures, sur la libéralisation du commerce intérieur, sur les modifications constitutionnelles touchant certaines commissions scolaires, sur la prestation nationale pour enfants avaient toutes échoué, ou engendré les mêmes divisions que l'entente sur l'hépatite C, nul doute que l'unité canadienne serait plus fragile aujourd'hui.

C'est un objet de grande frustration pour tous les gouvernements que de constater à quel point les nombreux succès passent presque inaperçus alors que les quelques échecs font la manchette. C'est comme la déclaration de Calgary, qui a fait son chemin sans grand tapage, alors qu'il aurait suffi qu'une seule province rate l'épreuve pour que cette histoire soit commentée de façon négative tant et plus.

La question pour les spécialistes que vous êtes est de savoir si les changements que nous avons apportés depuis deux ans et demi, ainsi que ceux sur lesquels nous travaillons actuellement avec les provinces, auront des effets bénéfiques à long terme sur l'efficacité de la fédération. Aurons-nous de meilleures politiques sociales, de meilleures politiques de santé, de meilleures politiques en matière d'environnement, un marché intérieur plus dynamique, une main-d'oeuvre mieux formée? À travers tous ces changements pragmatiques, aurons-nous tiré le meilleur potentiel du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux et amélioré la synergie entre ces deux ordres de gouvernement?

Dans le dernier volume de State of the Federation, certains d'entre vous ont porté un jugement plutôt positif sur la tendance qui se dessine au sein de la fédération canadienne. Le directeur de cet ouvrage, Harvey Lazar, voit émerger un nouvel équilibre prometteur, marqué par une plus grande collaboration entre les gouvernements. De même, Robert Howse observe «a new way of doing federalism» qui renforce le sentiment de coexistence.

J'espère que ces professeurs ont raison et je partage leur optimisme. La principale raison de mon optimisme est que tout en travaillant à la pièce, au cas par cas, de façon pragmatique, nous sommes à chaque fois guidés par des principes d'action solides, qu'il nous faut toujours mieux respecter. En voici les principaux :

- La Constitution doit être respectée. Il faut proscrire l'excuse trop facile qui veut que telle ou telle initiative gouvernementale réponde à un besoin trop pressant pour se laisser arrêter par des questions de «juridiction». Les empiètements de compétences créent une confusion nuisible à la qualité des politiques publiques.

- La meilleure des coopérations doit être établie là où elle est nécessaire. Et elle doit souvent l'être, tant les compétences des gouvernements se touchent dans presque tous les secteurs d'activité. J'avais l'habitude de dire que mes responsabilités m'amenaient à épauler mes collègues dans tous les dossiers sauf l'armée. Mais depuis la crise du verglas, qui a touché trois provinces, je dois même épauler le ministre de la Défense nationale. Il est peu de politiques que le gouvernement peut accomplir seul sans la collaboration active des provinces. Le gouvernement fédéral aura beau négocier les plus belles ententes internationales en matière d'environnement, celles-ci resteront lettre morte sans la coopération des provinces. Et chacun sait qu'il n'y aura pas de politique nationale de soins à domicile sans l'accord des provinces. Le gouvernement fédéral n'a tout simplement pas la capacité d'agir seul dans ce secteur, ni dans la très grande majorité des politiques sociales. C'est pourquoi le nouveau Conseil ministériel sur la refonte de la politique sociale est une excellente innovation. Par l'entremise du Conseil et de ses groupes de travail, les gouvernements coordonnent leurs activités de façon plus efficace sur des questions telles que la pauvreté chez les enfants et les programmes pour les jeunes et les personnes handicapées.

- La capacité d'action des gouvernements doit être préservée. Il ne faut pas que la recherche de la coopération nous amène à créer une fédération où aucun gouvernement ne peut bouger sans demander la permission aux dix autres -- sans compter les gouvernements territoriaux et les représentants des Premières Nations. Les sphères d'action autonome sont importantes dans notre fédération, il ne faut pas les réduire inutilement et tomber dans ce que les Européens appellent le «joint decision trap». Par exemple, l'Accord sur l'harmonisation environnementale, signé le 29 janvier 1998, engage les gouvernements fédéral et provinciaux à travailler ensemble pour harmoniser leurs normes et leurs règlements, chacun conservant toutefois le droit de faire ses propres lois s'il s'avérait impossible d'arriver à un consensus. Cela signifie que les citoyens et les entreprises seront habituellement soumis à un seul ensemble de normes, par exemple en ce qui a trait aux émissions toxiques, et qu'ils n'auront à transiger qu'avec un seul inspecteur. Un autre exemple est celui de l'entente, conclue le 20 février dernier par les ministres responsables de l'industrie, qui permettra de libéraliser davantage les marchés publics. Cette entente a été entérinée par tous les ministres, sauf celui de la Colombie-Britannique. Plutôt que d'attendre une unanimité actuellement hors de portée, les ministres ont sagement décidé d'aller de l'avant en espérant que la Colombie-Britannique se joindra plus tard.

- La fédération doit être flexible. La recherche d'une action commune doit être conciliée avec la prise en compte de la diversité du pays. Les provinces ont leurs caractéristiques propres, elles se sont donnés des politiques qui diffèrent parfois. C'est ainsi que les ententes sur la main-d'oeuvre permettent aux provinces de choisir entre une formule de cogestion avec le gouvernement fédéral ou une plus large autonomie. Et c'est ainsi que les fonds fédéraux consacrés à la nouvelle prestation pour enfant dégagent une marge de manoeuvre budgétaire que les provinces sont libres d'utiliser en fonction de leurs propres politiques de lutte à la pauvreté des enfants et des familles. L'objectif est de concilier l'action commune avec la capacité des provinces d'innover et d'établir entre elles une saine émulation. Cela ne serait pas possible si le gouvernement fédéral assortissait son aide de normes nationales tatillonnes et détaillées. Cette flexibilité fédérale est plus requise que jamais en cette période de globalisation de l'économie, où chaque province doit pouvoir déployer ses stratégies face à son propre marché extérieur en expansion.

- La fédération doit être équitable. Le Canada aura réussi à faire fondre en moins de cinq ans un déficit de 62 milliards de dollars pour l'ensemble des gouvernements. Il est extraordinaire que ce tour de force ait pu être accompli sans qu'il y ait eu davantage de frictions entre le gouvernement fédéral et les provinces, ainsi que de jalousies entre les provinces. Cependant, les occasions de conflits ne seront pas moins nombreuses maintenant que les surplus qui s'annoncent attisent les convoitises. Le premier ministre de cette province est particulièrement actif sur ce front en ce moment. Le gouvernement fédéral est conscient des difficultés dans lesquelles se trouvent les provinces après toutes ces années de compressions : 38 % des nouvelles initiatives de dépenses (i.e. dépenses additionnelles ou compressions abandonnées) prévues dans le dernier budget Martin leur sont directement attribuées.

- L'échange d'information est essentiel. Il faut éviter l'unilatéralisme et les surprises. Toute nouvelle initiative qui pourrait avoir un effet notable sur l'action des autres gouvernements doit leur être annoncée à l'avance. L'échange d'information permet aussi aux gouvernements de comparer leurs performances, d'évaluer leurs initiatives respectives et d'établir entre eux la saine émulation dont je parlais plus haut.

- Les contributions respectives des différents gouvernements doivent être connues du public. Eh oui, la fameuse visibilité. Il serait très mauvais que la visibilité soit le principal moteur de l'action. Mais les citoyens ont le droit de savoir à quoi servent leurs gouvernements. Ils doivent être en mesure d'évaluer la performance de chacun, c'est une question de transparence. Les gouvernements, eux, accepteront plus facilement de collaborer s'ils ont l'assurance que le mérite de leurs initiatives ne sera pas attribué à d'autres qu'à eux-mêmes. Je puis vous assurer que la tâche du ministre des Affaires intergouvernementales s'en trouverait grandement facilitée si, autour de la table du Conseil des ministres, il pouvait garantir à ses collègues que la coopération avec les provinces ne fera pas disparaître le gouvernement du Canada aux yeux des Canadiens. Mes homologues provinciaux me disent la même chose au sujet de leurs propres collègues. Par exemple, si l'entente sur la nouvelle prestation nationale pour enfants a pu être négociée avec succès, c'est en partie parce qu'elle garantissait à chaque gouvernement l'attribution claire des mérites de son action et, du même coup, son imputabilité auprès des citoyens.

Conclusion

Voilà les principaux principes qui nous guident. Une question est de savoir s'il faut les officialiser sous forme de cadres d'action ou de nouvelles structures, à l'image du Conseil ministériel sur la refonte de la politique sociale. Mais l'important est que ces principes soient respectés de façon à accroître la coopération entre les gouvernements et aussi à mieux gérer leurs conflits. Car des conflits, il y en aura toujours, immanquablement. Il faut cesser de voir en chacun d'eux la preuve que le pays ne fonctionne pas.

Les conséquences des conflits ne sont d'ailleurs pas toujours négatives. Un des avantages de la forme fédérative de gouvernement est que les solutions se découvrent mieux quand les désaccords paraissent au grand jour, entre partenaires constitutionnels, plutôt que dans l'atmosphère raréfiée des grosses bureaucraties centralisées qui alourdissent le fonctionnement des pays unitaires.

Les principes que je viens d'énoncer constituent notre praxis des relations fédérales-provinciales. Une praxis qui, cependant, n'a rien de révolutionnaire. Il n'y aura pas de «grand soir», pas de ratification du gros package qui réglera tout. Plutôt, on assistera à une avancée à la Jean Chrétien, étape par étape, solide et déterminée.

L'allocution prononcée fait foi  


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Mise à jour : 1998-05-28  Avis importants