«L'unité dans la diversité à la façon canadienne»
Notes pour une allocution
de l’honorable Stéphane Dion
Président du Conseil privé et
ministre des Affaires intergouvernementales
devant
le Conseil de l'Asie du Sud de l'Associaiton canadienne des Études asiatiques
Montréal (Québec)
le 10 juin 1999
L'Asie du Sud : huit pays.
L'Afghanistan : deux langues officielles (le pachto et le dari ) et trois
principaux groupes ethniques (Pachtous,
38 %; Tadjiks, 25 %; Hazara, 19 %).
Le Bangladesh : 83 % de musulmans, 16 % d'Hindous.
Le Bhoutan : 59 % de Bhotes, 20 % de Ngalops, 25 % de Népalais.
L'Inde : 25 États, 7 territoires, trois ethnies principales, six grandes
religions, 18 langues officielles.
Les Îles Maldives : Indiens, Cinghalais, Arabes.
Le Népal : une langue officielle, le népali, mais une dizaine d'autres
langues en usage.
Le Pakistan : Punjabis, Sindhis, Pathans, Balutchis.
Le Sri Lanka : Cinghalais, 74 %; Tamouls 18 %.
Je ne m'étonne pas que le fédéralisme et le multiculturalisme, en tant que
moyens de faire cohabiter pacifiquement
des populations différentes au sein d'un même État, intéressent au plus haut
point les spécialistes de l'Asie du Sud que vous êtes.
La cohabitation dans un même pays
de populations différentes pourrait bien être le principal enjeu du prochain
siècle non seulement en Asie du Sud mais aussi ailleurs dans le monde. Un
rapport de la Carnegie Corporation publié en 1997 souligne que depuis la fin de
la guerre froide, le nombre de conflits au sein des États a dépassé de
beaucoup le nombre de conflits entre États. Et une étude publiée par le
United States Institute of Peace Press a dénombré 233 minorités ethniques ou
religieuses qui réclament une amélioration de leurs droits légaux et
politiques, dont plusieurs en Asie du Sud.
Le professeur Daniel Elazar,
président du Jerusalem Center for Public Affairs, a dénombré quelque 3 000
groupes humains dans le monde se reconnaissant une identité collective. Or, il
n' y a même pas 200 États à l'ONU. À chaque peuple son État, slogan encore
répété par Lucien Bouchard le 5 juin dernier «(la souveraineté) répond,
chez à peu près tous les peuples de la terre, à une nécessité») est une
idée impraticable qui ferait exploser la planète. Comme l'a déclaré l'ancien
secrétaire général des Nations Unies Boutros Boutros-Ghali : «Il reste que
si chacun des groupes ethniques, religieux ou linguistiques prétendait au
statut d'État, la fragmentation ne connaîtrait plus de limite et la paix, la
sécurité et le progrès économique pour tous deviendraient toujours plus
difficiles à assurer».
En d'autres termes, il faut inventer
des Canadas à travers le monde. Bien sûr, ils seront différents du nôtre,
mais ils poursuivront le même idéal : l'entraide au sein d'un même État de
populations différentes, qui voient dans leur cohabitation l'apprentissage
d'une citoyenneté plus complète, plus proche des valeurs universelles. Comme
l'a dit un jour Indira Gandhi : le Canada est la preuve «que non seulement la
diversité enrichit mais qu'elle peut être une force» [Traduction]. Notre
pays, le Canada, est largement perçu à travers le monde comme un modèle
d'ouverture, de tolérance, admiré pour sa capacité de réunir des populations
différentes.
Il est facile de deviner ce que
serait la réaction dans le monde si le Canada devait se briser. De cette
fédération défunte, il serait dit qu'elle est morte d'une surdose de
décentralisation, de tolérance, de démocratie en somme. Ne soyez pas aussi
tolérants, décentralisés, ouverts que l'a été le Canada, car sinon votre
minorité ou vos minorités vont se retourner contre vous, menacer l'unité de
votre pays, et peut-être le détruire, voilà ce qui se dirait.
Je suis en politique active
justement parce que je veux entendre le contraire, je veux que dans le monde,
l'on répète : nous pouvons être confiants envers nos minorités, leur
permettre de s'épanouir à leur façon, car ainsi elles renforceront notre
pays, exactement comme le Québec renforce le Canada.
Le débat sur l'unité canadienne a
une portée universelle. Si un pays fortuné comme le Canada échoue à
maintenir son unité, alors les Canadiens auront envoyé un bien mauvais message
au reste du monde à l'entrée d'un nouveau millénaire.
Je vais vous décrire la méthode
canadienne de cohabitation des populations différentes, telle que je la vois,
et vous laisserai le soin d'évaluer ce qui est transposable et ce qui ne l'est
pas aux contextes très variés de l'Asie du Sud. Je vais aussi vous expliquer
en quoi, selon moi, c'est dans l'approfondissement de cette méthode canadienne,
et non dans son abandon, que réside la solution à notre problème d'unité.
1. La façon canadienne de
faire cohabiter les cultures
Le système canadien est avant tout
fondé sur les droits individuels. Seules les personnes en chair et en os
existent concrètement, elles seules sont capables de sentiments, de liberté,
de bonheur. Cela dit, les individus entretiennent ou développent des affinités
du fait qu'ils partagent des traits communs. Certaines de ces affinités
tiennent à la langue, à la culture et à la religion et se traduisent en
identités collectives.
L'idéal canadien consiste à voir
dans ces différences entre groupes de citoyens l'inverse d'un problème, une
force qui, au lieu de séparer les citoyens, leur permet de mener ensemble la
recherche plurielle de ce qui est juste et bien. La promotion des affinités ou
des identités collectives au Canada ne veut pas dire la négation des droits
individuels. Elle vise à aider les citoyens canadiens à se réaliser et à
s'épanouir. Elle n'affaiblit en rien le sentiment d'une identité canadienne
commune. Au contraire, l'acceptation par les Canadiens de leurs identités
plurielles nourrit chez eux un amour vrai pour leur pays.
En ce sens, le multiculturalisme
canadien n'est pas une addition de ghettos fermés les uns aux autres et ne doit
pas le devenir. Il exprime la conviction que l'échange entre les cultures sert
mieux l'être humain que l'assimilation ou la séparation des cultures. Le
Canada a été le premier pays au monde à avoir adopté une politique en
matière de multiculturalisme et continue à donner le ton à cet égard, comme
l'en a félicité l'Unesco en 1996.
La recherche d'une meilleure
autonomie pour les peuples autochtones ne doit pas faire en sorte que les
individus qui forment ces peuples aient moins de droits que les autres citoyens
canadiens. Eux aussi sont protégés par la Charte canadienne des droits et
libertés. Mais ce statut d'autonomie doit permettre à ces populations
autochtones de faire face à leurs situations particulières héritées de leur
histoire et du statut politique qui leur a été imposé.
La notion de peuples fondateurs
serait inacceptable si elle devait vouloir dire que les Canadiens d'origine
britannique ou française doivent avoir plus de droits que les autres Canadiens.
Mais elle puise son sens dans le fait que le Canada a la chance d'avoir deux
langues officielles qui sont aussi des langues internationales, des fenêtres
sur le monde. Touchant plus particulièrement la situation plus fragile du
français, le Canada a hérité de son histoire la chance, le privilège et
l'obligation de promouvoir cette langue ainsi que les cultures d'expression
française au Québec, dans l'ensemble du Canada et partout dans le monde, et de
rendre cet héritage accessible aux Canadiens de toutes origines.
La notion de société distincte, ou
de société à caractère unique, ne peut pas faire en sorte que les
Québécois aient plus de droits ou de privilèges que les autres Canadiens. Son
éventuelle reconnaissance constitutionnelle ne pourrait pas remettre au
gouvernement du Québec plus de pouvoirs qu'aux autres gouvernements provinciaux,
sans qu'on sache à l'avance de quels pouvoirs il s'agit. Elle veut dire que la
fédération canadienne doit être suffisamment souple pour prendre en compte
les besoins variés des entités fédérées de ce pays, y compris le caractère
unique de la société québécoise.
Ce caractère unique est facile à
identifier : le Québec est la seule province où les francophones et les
anglophones peuvent être décrits aussi bien comme une majorité que comme une
minorité. Les francophones sont majoritaires au Québec, mais minoritaires au
Canada et très minoritaires en Amérique du Nord. Les anglophones québécois
sont certes majoritaires en Amérique du Nord et au Canada, mais c'est au
Québec qu'ils vivent concrètement et ils y sont minoritaires. La recherche
d'une cohabitation harmonieuse entre francophones et anglophones s'effectue au
Québec dans un contexte qui est propre à cette société. Il incombe aux
gouvernements comme aux tribunaux de tenir compte de ce caractère unique. C'est
d'ailleurs ce que fait la Cour suprême du Canada, aux dires même d'un de ses
anciens juges en chef, feu Brian Dickson. Une éventuelle reconnaissance
constitutionnelle de la spécificité québécoise ne ferait, à toutes fins
pratiques, que rendre officielle sa prise en compte effective.
La fédération canadienne et, plus
spécifiquement, le partage des compétences constitutionnelles entre le
gouvernement fédéral et les gouvernements des provinces, ne sont pas
organisés en fonction d'identités collectives, définies en termes de peuples
ou de nations. Plutôt, ce sont les droits individuels qui, encore et toujours,
ont la primauté : l'objectif, tel qu'inscrit dans la Constitution, est que la
fédération fasse en sorte que tous les citoyens aient, autant que possible,
accès à des services publics de qualité comparable et optimale. Mais cette
qualité est recherchée par des voies diverses compte tenu des contextes
différents de chaque province. Il importe que chaque province ait les moyens de
poursuivre, à sa façon, cette quête vers la qualité, d'où les importants
mécanismes de redistribution au bénéfice des provinces moins riches.
Les provinces sont égales en statut.
Il n'y a pas deux ou trois statuts de province, il y en a un seul : on est une
province canadienne ou on ne l'est pas. En droit, toutes ont les mêmes
responsabilités constitutionnelles. Dans les faits cependant, certaines, la
province de Québec au premier chef, ont utilisé bien davantage que les autres
les potentialités que la Constitution canadienne leur offre. Plusieurs
politiques du gouvernement fédéral encouragent cette souplesse. Par exemple,
les récents accords sur la formation professionnelle ont offert aux provinces
le choix entre une large autonomie ou la cogestion des programmes avec le
gouvernement fédéral. Le gouvernement de Terre-Neuve a choisi la cogestion,
celui du Québec, l'autonomie. La souplesse du fédéralisme canadien permet
ainsi une asymétrie de facto prononcée, par rapport à ce qu'on trouve
généralement dans les autres fédérations.
On le voit, l'égalité de statut
des provinces n'est pas à confondre avec l'uniformité. Elle se marie bien avec
la recherche plurielle d'un service public de qualité.
Telle est la façon canadienne de
rechercher l'unité dans la diversité. Elle repose sur la primauté des droits
individuels. Mais elle n'établit pas ces droits dans l'abstrait, elle tient
compte des réalités diverses dans lesquelles les individus sont insérés.
Tant notre multiculturalisme que notre bilinguisme et notre fédéralisme
traduisent cette conjugaison entre les droits individuels et les réalités
collectives.
2. La méthode canadienne
et le défi du séparatisme
Certains disent que l'existence d'un
mouvement séparatiste au Québec est la preuve que le fédéralisme canadien ne
fonctionne pas. Je dis que c'est inexact : le Canada est incontestablement un
pays qui fonctionne en comparaison des autres, en ce sens qu'il offre à ses
citoyens l'une des meilleures qualité de vie qui soient. Cette qualité de vie
vient en bonne partie d'une tolérance, d'un esprit d'ouverture, d'une confiance
mutuelle entre populations différentes que l'on retrouve difficilement
ailleurs. Le Canada peut et doit être amélioré, mais nous y arriverons avec
d'autant plus d'efficacité que nous déciderons résolument de rester
ensemble.
Pour améliorer le Canada, il faut
s'appuyer sur sa diversité et voir en elle une force. Mais on ne peut pas
s'appuyer sur la diversité en niant sa dimension la plus fondamentale : la
différence inaliénable qui fait de chaque individu, de chaque personne
humaine, un être unique. Renoncer à la primauté des droits individuels,
aménager le pays d'abord en fonction de représentations collectives
identitaires telles que les définirait la puissance publique, qu'elle
appellerait peuples, nations ou autrement, fondre les individus dans ces
entités collectives, ce n'est pas construire l'unité dans la diversité. C'est
postuler une uniformité factice au sein de chacune de ces constructions
collectives.
Certains prétendent que les
Québécois, du moins les francophones, sont uniformément tournés vers leur
gouvernement provincial, alors que les Canadiens des autres provinces regardent
vers le gouvernement fédéral. Aussi faudrait-il réaménager la fédération
canadienne selon ces préférences postulées : centraliser le Canada
hors-Québec et remettre au gouvernement du Québec un grand nombre de
responsabilités actuellement assumées par le gouvernement
fédéral.
Or, les enquêtes d'opinion ne
confirment pas une vision aussi simpliste des choses. Les Québécois ne sont
pas uniformément rangés derrière leur gouvernement provincial, pas plus que
les autres Canadiens ne sont les centralisateurs que l'on décrit. Par exemple,
selon un sondage EKOS de novembre 1997, une meilleure coopération entre
gouvernements est la solution préférée par 51 % des Québécois et 60 % des
Canadiens hors-Québec, tandis que la décentralisation vers les provinces est
appuyée par 38 % des Québécois et 22 % des Canadiens hors Québec; la
centralisation vers le gouvernement fédéral est la préférence de 8 % des
Québécois et de 18 % des Canadiens hors-Québec.
Partout au Canada, la préférence
est pour une meilleure collaboration entre les deux ordres de gouvernement
plutôt que pour une centralisation ou une décentralisation radicale. Au
Québec, la décentralisation recueille plus d'appuis qu'ailleurs mais là aussi
le choix le plus populaire est celui d'une meilleure collaboration entre les
gouvernements.
Une autre fausse solution, voisine
de la précédente, est ce que j'appelle le séparatisme intérieur. Elle
consiste à céder aux séparatistes une partie des pouvoirs qu'ils réclament,
en espérant parvenir au point où ils perdront le goût de faire la
séparation. Pour le Canada, une fédération déjà très décentralisée, cela
voudrait dire donner peu à peu, au gouvernement du Québec, à peu près toutes
les responsabilités publiques. Ainsi, espère-t-on, la vaste majorité des
Québécois pourraient se satisfaire de cette large autonomie et les
séparatistes durs et purs seraient marginalisés.
Ce serait une erreur que de suivre
une telle stratégie selon moi. Chaque nouvelle concession faite pour calmer les
séparatistes conduirait les Québécois à se retrancher toujours davantage sur
leur territoire, à se définir par un «nous» exclusif, à ne plus voir que de
loin en loin les autres Canadiens et à rejeter le gouvernement canadien, les
institutions communes canadiennes, les voyant comme une menace à leur nation,
un corps étranger. Le partage des compétences entre les deux ordres de
gouvernement n'est pas une monnaie d'échange par laquelle on pourrait calmer le
séparatisme.
Le séparatisme intérieur est une
stratégie vouée à l'échec. Elle ne peut faire fonctionner un pays dans
l'unité. Ce que les indépendantistes veulent, ce n'est pas des pouvoirs à la
pièce, hier la formation professionnelle, demain un rôle accru à l'Unesco. Ce
qu'ils souhaitent, c'est que le Québec soit un pays. Ils veulent cesser d'être
Canadiens. C'est ce qu'a encore répété Lucien Bouchard pas plus tard que le 5
juin dernier : «Un peuple doit s'assumer comme peuple et puis gérer ses
propres affaires dans un État qui est le sien.»
L'idéologie du nationalisme
exclusif des chefs indépendantistes présente notre dimension canadienne comme
étant étrangère à nous-mêmes, nous les Québécois francophones.
Étrangère, inutile, et même pire que cela : nuisible et menaçante. Voilà
pourquoi les chefs indépendantistes ne veulent pas poser la question de la
sécession clairement : ils savent que leur nationalisme exclusif est rejeté
par une claire majorité de Québécois. Le principal obstacle à leur projet,
c'est que les Québécois, dans leur grande majorité, se sentent aussi
Canadiens. Toutes les enquêtes d'opinion le confirment : environ 80 % des
Québécois se reconnaissent une identité canadienne en plus de leur identité
québécoise. Le nationalisme québécois est en général ouvert à la
dimension canadienne comme il l'est à la dimension québécoise.
Les Québécois en général se
voient comme un peuple, mais ils se voient aussi comme appartenant au peuple
canadien et ils n'ont pas de mal à admettre l'existence de plus d'un peuple au
Québec. Beaucoup restent attachés au peuple canadien-français. Ils
apprécient ces différentes identités, les font leurs et se méfient des
conceptions exclusives de la nation.
Les Québécois sentent bien que si nous avons une fédération, ce n'est pas
pour nous retrancher les uns loin des autres. C'est pour poursuivre ensemble des
objectifs communs à travers la diversité de nos expériences et de nos
institutions et la pluralité de nos identités.
Conclusion
Pour Georges-Étienne Cartier, le
Canada devait être une nationalité politique, où des populations différentes
pourraient travailler ensemble pour le bien commun en toute confiance, sans se
dissoudre dans l'uniformité. C'était là une idée novatrice à l'époque.
L'assimilation a été activement recherchée par les esprits libéraux du XIXe
siècle partout en Occident, notamment au moyen de l'instruction obligatoire
conçue comme un moule unique. Ils y voyaient la condition pour assurer
l'égalité des chances entre individus.
De l'assimilation, il y en a eu et
il y en a encore au Canada, mais dans l'ensemble elle a échoué. Les
francophones et les anglophones ont dû apprendre à se tolérer d'abord, à
mieux se respecter ensuite, puis à s'entraider. Cet apprentissage difficile,
comportant ses pages sombres, les a mieux disposés à accueillir de nouveaux
citoyens venus de tous les continents.
Le Canada est toujours une nationalité politique. L'idéal poursuivi par notre
pays, à travers sa forme fédérative, ses institutions démocratiques, ses
chartes des droits, son bilinguisme, son multiculturalisme, est de permettre à
chacun de ses citoyens de s'épanouir dans la liberté, en tenant compte du
contexte dans lequel il évolue, dans le respect de ses appartenances
collectives, y compris du caractère unique de la société québécoise.
Je ne ds pas que le Canada parvient
à atteindre cet idéal. Je dis que c'est dans la poursuite de cet idéal que
réside la consolidation de notre unité. Je pense aussi que cet idéal a une
portée universelle et que sa poursuite pourrait aider des pays qui, dans des
contextes autrement plus difficiles que le nôtre, en Asie du Sud ou ailleurs,
doivent établir l'harmonie entre leurs populations, doivent rechercher, d'une
certaine façon, leur propre Canada.
L'allocution prononcée
fait foi
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