«Ce que le Canada gagne à être un pays nordique»
Notes pour une allocution
de
l'honorable Stéphane Dion
Président du Conseil privé et
ministre des Affaires intergouvernementales
devant le
Conseil pour l'unité canadienne
Yellowknife, Territoires
du Nord-Ouest
le 21 juin 1999
Bon après-midi.
C'est un plaisir pour moi d'être ici aujourd'hui
en compagnie de ma collègue, l'honorable Ethel Blondin-Andrew. Ethel, au cours
des derniers jours, j'ai eu l'occasion de visiter des régions de votre
remarquable comté que vous représentez si bien à la Chambre des communes.
J'aimerais remercier le Conseil pour l'unité
canadienne, Michèle Stanners et Nick Sibbeston, de m'avoir invité.
Le sommet du monde, tel que je le conçois, ne se
trouve pas dans l'Himalaya, ou pas uniquement là, du moins. Il est plutôt
incarné, depuis toujours, par le Grand Nord canadien, par son étendue, la
rigueur de son climat et les traditions bien enracinées de sa population.
Comme la plupart des Canadiens, l'image que je me
fais du Nord m'a été inspirée par les écrits de ceux qui l'ont visitée et
qui ont été émerveillés par sa beauté. Des écrivains comme Jack London,
Robert Service, Yves Thériault et Roger Frison-Roche ont transmis à des
générations de Canadiens une vision romanesque du Nord. À ces voix
éloquentes se sont ajoutées les oeuvre des artistes d'ici - des magnifiques
sculptures d'artisans de Cape Dorset au son des tambours des Dénés. Inutile de
dire que les images du Nord ont marqué l'âme des Canadiens. Comme le dit
Louis-Edmond Hamelin, le père des études du Nord canadien : «Le Nord est plus
qu'un simple espace, c'est une passion». (Nordicité, p. 9).
Vous devinez sans doute à quel point je suis
content de voir enfin le Nord de mes propres yeux. Pour ma première visite ici,
j'ai amené des gens des quatre coins du monde : 17 ambassadeurs représentant
chacun des continents de la planète sont ici sur l'invitation du gouvernement
du Canada pour être témoins de la majesté et du potentiel de notre territoire
et pour les faire connaître dans leurs propres pays.
Depuis notre départ d'Ottawa, mardi, nous avons
visité Iqaluit, Resolute, Cambridge Bay, le Lac Baker, Inuvik, Old Crow,
Dawson, Whitehorse et nous voici maintenant à Yellowknife. Mon seul regret
c'est que mon voyage soit de si courte durée et j'espère donc revenir souvent.
Les Canadiens sont fascinés par le Nord, mais
cela ne signifie pas pour autant que nous saisissions à fond cette région du
pays. Nous avons eu de la difficulté à reconnaître le rôle essentiel que
jouent le Nord et les peuples nordiques pour façonner notre vie nationale et,
plus particulièrement, notre identité nationale.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cet état de
choses. Tout d'abord, il y a les grandes distances qui nous séparent. Sur le
plan géographique, le Nord est, pour la plupart des Canadiens, une région
très lointaine. Ou peut-être est-ce l'immensité absolue de la région, la
rigueur du climat hivernal et la diversité de sa population qui ébranlent
notre imagination.
Mais je souhaiterais que tous les Canadiens, et
plus particulièrement mes concitoyens du Québec, puissent faire le voyage que
j'ai fait, car s'ils le faisaient, je vous le dis, l'unité de notre pays serait
plus solide que jamais.
Si tous les Canadiens, y compris les Québécois,
avaient la chance de voir et de vivre la grandeur de notre pays, d'embrasser son
horizon infini dans l'espace et le temps, de communier avec la magie et le
mystère du Nord, ils verraient alors que leur coeur et leur âme peuvent
grandir à la mesure d'un pays – un monde enrichi par les traditions et les
idéaux de tous ses citoyens.
C'est aujourd'hui la Journée nationale des
Autochtones, un jour qui revêt une importance particulière pour le Nord. C'est
peut-être une bonne occasion de réfléchir sur les défis et les possibilités
que présente le Nord. Car, en fait, le Nord a contribué à faire du Canada le
pays qu'il est aujourd'hui, et plus que nous ne le pensons. De la même façon,
le Canada, comme pays, a façonné le Nord.
1.
La nordicité du Canada et la canadienneté du Nord
Plusieurs facteurs contribuent à façonner une
société : la langue, la culture, la religion et une histoire commune. Aucun
toutefois ne semble intervenir de façon aussi déterminante que la géographie.
La géographie établit les paramètres à l'intérieur desquels l'activité
peut se produire. Il ne fait aucun doute qu'en raison de notre géographie, nous
soyons un pays nordique. Après tout, la région située au nord du 60e
parallèle représente presque 40 % du territoire du Canada. Il faut donc se
demander comment notre nordicité nous a marqués comme pays?
John Ralston Saul s'est penché récemment sur la
question. Au sujet du caractère canadien, il a déclaré : «Au Canada, ... une
géographie difficile ont signifié qu'on a toujours besoin de l'initiative
individuelle, mais aussi de beaucoup d'initiative publique» (Réflexions d'un
frère siamois, p 176). Cela s'explique par le fait que notre climat a toujours
requis de notre part une forme d'«interdépendance». La survie dans un
environnement nordique a exigé beaucoup d'initiative individuelle et de
créativité, d'une part, et nécessité, d'autre part que nous travaillions
ensemble, que nous établissions des alliances, et que nous comptions sur nos
voisins. C'est dans ces conditions que nous avons vécu pendant des siècles. Du
temps où les premiers nomades ont traversé le détroit de Béring, il y a des
milliers d'années, jusqu'à l'arrivée des premiers Européens et à
l'ouverture de nos terres intérieures aux immigrants, au XIXe siècle.
Un des plus grands avantages du Canada est
probablement le fait qu'il soit un «un pays nordique» : notre réalité
géographique a contribué à modeler notre sentiment de solidarité et notre
sens de responsabilité mutuelle. La réalité géographique de notre «nordicité»
a façonné la vision que nous avons du monde.
Ce n'est pas une coïncidence que le Canada fasse
partie de l'élite des quelques pays nordiques du monde. En sa qualité de
membre du Conseil de l'Arctique, le Canada a été le premier à assumer la
présidence de l'organisme qui s'occupe d'un large éventail de dossiers sociaux,
économiques et environnementaux touchant le Nord. Le Conseil est composé du
Danemark/Groenland, de la Finlande, de l'Islande, de la Norvège, de la Russie,
de la Suède, des États-Unis et d'organisations autochtones internationales de
l'Arctique. Le Conseil est un autre forum où le Canada peut partager et
collaborer avec d'autres membres de la communauté internationale.
Cette propension à la collaboration ressort dans
les régimes de gouvernement du Nord du Canada. Les gouvernements des
Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut reposent sur le consensus plutôt que
sur les conflits. Je crois que cette tendance se reflète également dans notre
régime fédéral, un régime qui est le fruit des valeurs que partagent les
Canadiens : la solidarité, la générosité et l'ouverture. On pourrait sans
doute dire que ces valeurs sont celles que nous a léguées notre «nordicité».
Le fédéralisme est fondé sur la coexistence harmonieuse et le respect mutuel,
la capacité d'accepter notre interdépendance et de la mettre à profit.
Ces valeurs ont aussi été la clé du succès
que vous avez connu ici, dans le Nord, à préserver vos cultures et vos
traditions tout en vous adaptant aux nouvelles réalités économiques,
technologiques et politiques. Pendant des siècles, les gens du Nord ont appris
à cohabiter avec la nature et à s'adapter aux éléments. Ils se sont aussi
adaptés aux réalités sociales changeantes. Les Inuvialuit, les Dénés et les
Métis ont survécu à la transition de la vie nomade à la vie dans des
collectivités permanentes. L'expérience a souvent été pénible et difficile.
Aujourd'hui, les modes de vie traditionnels coexistent avec les technologies
contemporaines et la modernisation.
Dans plusieurs parties du monde, l'évolution
technologique dilue les cultures et affaiblit les identités. Lorsque les gens
ont accès à de nouveaux moyens de transport et de communication, lorsque leur
vision du monde est façonnée par les médias de masse, les frontières
reculent. Ils ne vivent plus uniquement dans leur chez-soi, dans leur milieu. Il
en résulte parfois qu'ils perdent les histoires et les traditions qui leur sont
propres. Les cultures de tradition orale sont particulièrement vulnérables.
Mais les divers peuples nordiques qui habitent la région font preuve de
détermination dans la préservation et la promotion de leurs langues et
cultures respectives. Ils dénichent aussi des façons bien à eux d'exprimer
leurs cultures. Hier soir, j'ai eu le plaisir d'assister au potlatch du
Commissaire à Whitehorse. Une jeune femme autochtone, qui venait de terminer sa
formation classique en opéra à l'Université de Victoria, nous a interprété
un chant autochtone traditionnel dans un arrangement d'opéra. C'était beau à
vous couper le souffle.
Le Canada célèbre et reconnaît la force qui
vient de la diversité. Malheureusement, cela n'a pas toujours été le cas.
Aujourd'hui, toutefois, le Canada s'efforce d'être un refuge où des peuples
différents et des cultures diverses peuvent prospérer et grandir. Le régime
canadien s'efforce de sauvegarder nos identités plurielles et de faire en sorte
que les identités qui composent le Nord soient reconnues et acceptées partout
au pays.
En somme, le Nord définit la réalité
canadienne et distingue notre pays de tous les autres membres de la communauté
internationale. Cette définition existentielle s'applique à notre passé, à
notre réalité contemporaine, mais aussi et surtout à notre avenir et à
l'avenir de l'humanité. Les changements en cours dans le Nord, les ressources
qui s'y trouvent et les qualités humaines qui l'enrichissent tracent déjà les
contours de XXIe siècle. Ne l'oublions pas, le Nord est l'un des trois
régulateurs écologiques de la Terre : le Nord, l'Antarctique et l'Amazone. Le
Nord exerce une influence prépondérante sur l'Atlantique et le Pacifique.
Ainsi, vous pouvez constater tout ce qu'ont en
commun le sud et le nord du Canada et combien l'aide et le partage sont
importants pour l'un et pour l'autre. Cette interdépendance, on peut aussi la
constater dans les défis et les perspectives économiques du Nord.
2.
Défis et perspectives du Nord
Je suis conscient que les défis que vous avez à
relever sont de taille. Le premier, et le plus crucial, c'est celui de
l'éducation, afin de combler les écarts entre Autochtones et non Autochtones
du Nord et de garantir le développement futur du Nord. Heureusement, il y a des
signes encourageants. En 1991, 27 % de la population des Territoires du
Nord-Ouest comptait moins de 9 années de scolarité. En 1996, données les plus
récentes, ce chiffre était passé à 20 %, alors que la moyenne canadienne se
situe à 12 %. Vous devez poursuivre vos efforts. L'éducation, ce n'est pas
simplement de l'instruction et du savoir. L'éducation, c'est également la base
sur laquelle nous bâtissons nos perspectives d'avenir. C'est ce qui nous évite
de nombreux choix de vie destructifs qui peuvent briser une vie, une famille,
une collectivité.
Prenons les crimes violents et le suicide.
Comparativement aux taux nationaux, l'incidence de ces problèmes sociaux et
tragédies personnelles demeure trop élevé pour le Nord dans son ensemble. Le
taux de toxicomanie et d'alcoolisme est également trop élevé dans le Nord.
Pour ce qui est du racisme, de l'exclusion et des
barrières culturelles, ces problèmes sociaux affectent davantage les
populations autochtones que les autres. Pour que le Nord réussisse, les
populations autochtones doivent réussir, étant donné qu'elles composent une
si grande partie de la population totale du Nord : 23 % au Yukon; 49 % ici, aux
Territoires du Nord-Ouest et 85 % au Nunavut.
Le climat nordique posera toujours un défi.
L'immensité même de la région et la rigueur du climat hivernal rendent
difficile le rapprochement des communautés. Il est aussi difficile de bâtir et
de maintenir en bon état des infrastructures. Bien que des collectivités
populeuses comme Yellowknife sont avancées sur ce plan, les petites
communautés, comme Old Crow et lac Baker, ont des problèmes à bâtir et à
maintenir des infrastructures adéquates de transport, de communication et des
infrastructures municipales. C'est un domaine dans lequel les partenariats entre
le gouvernement fédéral et le gouvernement territorial, comme le programme de
Travaux d'infrastructure Canada-Territoires du Nord-Ouest, contribuent à
améliorer la situation, mais ce n'est pas une entreprise aisée.
Les entrepreneurs du Nord doivent aussi faire
face à plusieurs obstacles rendus plus difficiles à surmonter par la
géographie. Ils se trouvent souvent à très grande distance des marchés
primaires. Les produits et services essentiels aux entreprises ne sont pas
toujours faciles à obtenir. À cause de l'isolement du Nord, les gens
d'affaires de cette région doivent assumer des coûts de transport et de
communication très élevés.
De plus en plus, les travailleurs du Nord, comme
ceux des autres régions du Canada, doivent posséder des compétences et de la
formation spécialisées. Un manque de ces compétences fait obstacle à la
croissance économique. Heureusement, la situation change peu à peu. De plus en
plus d'entreprises qui s'établissent dans le Nord négocient des partenariats
avec les gens de la région pour leur fournir de la formation en cours d'emploi
et d'autres genres de perfectionnement.
Toutefois, je me sens très optimiste face à ces
défis et ces difficultés. Oui, c'est vrai, et je vais vous dire pourquoi.
Non, mon optimisme ne me vient pas avant tout du
potentiel qu'offre la richesse des ressources naturelles du Nord. Les
Territoires du Nord-Ouest et le Yukon disposent ensemble d'environ 25 % des
ressources découvertes restantes du Canada en pétrole brut léger classique et
en gaz naturel récupérés. En 1995, la valeur de la production de gaz naturel
et de pétrole brut représentait approximativement 10 % du PIB des Territoires
du Nord-Ouest. Fait plus important encore, d'une perspective de croissance, le
Nord abrite environ 40 % des découvertes futures de gaz naturel et de pétrole
brut au Canada.
Mon optimisme ne me vient pas non plus
principalement du nouveau potentiel de croissance économique régionale
qu'offre la nouvelle mine de diamants, la première mine découverte au Canada,
non loin de Yellowknife. On anticipe que cette mine, que je viens d'avoir la
chance de visiter, aura une durée de vie d'au moins 25 ans, qu'elle contribuera
bien au-delà de 2,5 milliards de dollars directement à l'économie des
Territoires du Nord-Ouest et qu'elle générera jusqu'à 7 % de la production
mondiale de diamant.
Cet optimisme, il ne m'est pas inspiré avant
tout par les nouvelles technologies de communication modernes qui permettent aux
gens du Nord, et à tous les Canadiens, de vaincre les obstacles posés par les
distances et le temps, aujourd'hui plus que jamais. L'Internet, par exemple,
établit de nouveaux liens entre les communautés du Nord et le Sud. Grâce à
des programmes comme Connexions Canada, toutes les écoles publiques et 40 % des
bibliothèques publiques des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut sont
branchées.
C'est surtout et avant tout vous, les gens du
Nord, qui m'inspirez la confiance que j'ai en l'avenir du Nord canadien, des
Territoires du Nord-Ouest. Vous êtes un groupe diversifié de Canadiens,
réunissant différents peuples autochtones et non autochtones, ce qui est un
atout, car la raison d'être du Canada est de se montrer à la hauteur de sa
conviction que la diversité n'est pas un problème, mais plutôt une force;
nous avons l'occasion de rallier diverses populations autour d'un objectif
commun.
Nous avons appris, trop souvent avec difficulté,
que ce qui donne réellement au Canada son sens, ce qui fait sa vraie grandeur,
c'est la diversité de sa population. Le Nord est un parfait exemple de cette
grandeur.
Par exemple, les cultures des peuples autochtones
nous ont enseigné leurs valeurs fondamentales, leur attachement à la terre, la
nécessité de reconnaître la fragilité de l'environnement nordique, le
respect des aînés et de leur expérience. Tout cela nous garantit de
meilleures perspectives de développement durable dans le Nord.
Assurément, l'évolution et la tradition peuvent
et doivent être présentes ensemble dans tous les aspects de la vie nordique.
Je vous ai parlé plus tôt de l'importance de l'éducation; c'est un fait
sociologique que plus une population est instruite, plus grandes sont sa
volonté et sa capacité de garder vivantes sa langue et sa culture. La
conversation que j'ai eue à Cambridge Bay avec M. Larry Aknavigak, le
président du Nunavut Impact Review Board, m'a profondément touché. Arraché
à sa communauté pour être placé dans un pensionnat, Larry a perdu sa langue.
Sa mère ne parlant pas l'anglais, pendant des années, pour communiquer avec
elle, Larry demandait à son père de faire l'interprète. Toutefois, il y a
cinq ans, à l'âge adulte, Larry s'est engagé à réapprendre la langue qu'il
avait déjà si bien maîtrisée lorsqu'il était enfant. Aujourd'hui, Larry a
l'avantage tant des connaissances scientifiques qu'il a acquises en évaluation
environnementale que de la sagesse des générations que lui ont transmise ses
aînés.
De même, j'ai rencontré au cours de mon voyage
plusieurs jeunes Autochtones qui se sont engagés à apprendre de leurs aînés
les traditions qui étaient en voie d'être oubliées : les arts traditionnels,
le chant guttural, la chasse, la pêche, le trappage, les randonnées en
traîneau tiré par des chiens dans la toundra glacée. Souvent, ils trouvent
leur motivation dans les perspectives que cela représente pour le tourisme. Ici
encore, je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point le moderne et le
traditionnel peuvent être compatibles, et combien ils peuvent former un cercle
vertueux plutôt qu'un cercle vicieux.
L'explosion de votre industrie du tourisme est
attribuable à la notoriété et à l'intérêt accrus qu'ont suscités partout
dans le monde les charmes de votre région et de vos cultures. L'été dernier,
les Territoires du Nord-Ouest ont connu une hausse de 22 % des recettes
générées des terrains de campings et des parcs par rapport à 1997. Les
recettes ont été plus élevées pour toutes les régions, mais les gains les
plus importants ont été enregistrés dans le sud et le nord de la région du
Lac des Esclaves. Selon les statistiques, 50 000 visiteurs se sont rendus dans
la partie ouest des Territoires du Nord-Ouest en vacances ou pour affaires,
entre mai et septembre 1998. Ce chiffre représente une hausse d'au moins 12 %
comparativement à 1994. L'industrie et le gouvernement travaillent ensemble à
mettre au point des approches innovatrices de marketing pour faire la promotion
de la région dans le monde entier. Ce qui attire surtout les visiteurs dans le
Nord, c'est la pureté de l'air et de l'eau, l'abondance de sa faune. C'est
aussi le besoin de comprendre l'esprit qui habite cette terre et anime ses
habitants. Cette nature est fragile, et les gens du Nord savent qu'ils devront
continuer à trouver un équilibre entre le développement économique et le
respect de l'environnement. Parce que le gouvernement du Canada est conscient
qu'il faut renforcer ce cercle vertueux d'évolution et de tradition, il
soutient vigoureusement l'autonomie territoriale, la responsabilité collective
et l'autonomie gouvernementale des peuples du pays. Par l'entremise du
gouvernement du Canada, l'ensemble des Canadiens aident les Canadiens du Nord,
non pas en vous rendant dépendants, mais en vous soutenant dans vos efforts
pour trouver vos propres façons d'évoluer, selon l'esprit du Nord.
La création du Nunavut fait partie de cette
approche. Les 80 et quelques ententes d'autonomie gouvernementales, qui en sont
à diverses étapes de négociation avec des peuples autochtones un peu partout
au pays, s'inscrivent également dans cette approche. Celles-ci comprennent les
revendications qui ont été réglées avec succès aux Territoires du
Nord-Ouest, tels que la Convention définitive des Inuvialuit, en 1984,
l'Entente sur la revendication territoriale globale des Gwich'in, en 1992, et
l'Entente sur la revendication territoriale globale des Dénés et des Métis du
Sahtu, en 1994.
Une telle autonomie collective doit reposer sur
l'autonomie individuelle, y compris dans le secteur privé. Un milieu des
affaires fort, indépendant et couronné de succès s'est imposé dans les
Territoires du Nord-Ouest. Selon les statistiques, le milieu des affaires du
Nord connaît une croissance stable. Le nombre des nouvelles entreprises
créées en 1998 atteignait 293, une augmentation considérable par rapport aux
102 entreprises créées en 1997. En 1998, toutes les régions des Territoires
du Nord-Ouest ont bénéficié du lancement de nouvelles entreprises. Cela
témoigne d'un esprit d'entrepreneuriat dynamique qui se porte bien dans la
région du Nord. Il doit en être de même pour les gens sur le marché du
travail. Ils doivent continuer de saisir les occasions de plus en plus
nombreuses qui leur sont offertes pour diversifier leurs compétences et leur
expérience.
Les gouvernements des territoires et le
gouvernement fédéral peuvent appuyer cette autonomie de diverses façons, par
exemple, en consentant des prêts pour le développement des entreprises, en
favorisant les programmes communautaires d'alphabétisation, en mettant en place
des centres d'affaires qui fournissent des conseils de gestion stratégique aux
particuliers et aux collectivités, ou, plus récemment, en investissant 48
millions de dollars dans le Cadre de la Stratégie d'emploi pour les jeunes
Inuit et des Premières nations.
Les gouvernements peuvent et doivent vous aider
à franchir un certain nombre d'étapes différentes. Mais la vraie source de
votre force, et celle de mon optimisme face à l'avenir de cette région, c'est
en vous qu'elle se trouve - en ce que j'ai appelé plus tôt votre grand sens de
l'initiative individuelle et communautaire.
Conclusion
Dans le plan d'action du Cabinet pour le nouveau
Nord annoncé en février dernier, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest
a parlé de «début d'une nouvelle aventure...dans le Nord», qui appelle la
création d'un «nouveau Nord». Pour réaliser cette aspiration, il faudra
faire appel à l'imagination et à l'engagement de l'ensemble de la société,
les gens du nord et les gens du sud, ensemble. Je n'ai aucun doute que nous y
arriverons.
Oui, un nouveau Nord est en train de voir le
jour. Au moment où les Territoires du Nord-Ouest, et ses voisins nordiques, le
Nunavut et le Yukon, se préparent au XXIe siècle, nous avons plusieurs raisons
d'être optimistes. Ce «nouveau Nord» sera bâti par des individus, des
communautés et des gouvernements travaillant ensemble à l'atteinte d'objectifs
communs. Cet esprit de collaboration relève de la tradition canadienne, et de
la tradition nordique. L'une ne va pas sans l'autre, car elles sont, sur
plusieurs plans, une seule et même tradition.
L'allocution prononcée
fait foi
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