L'ACCORD DE CHARLOTTETOWN RÉSUMÉ
(texte non officiel)
INTRODUCTION
Le présent document donne les points saillants de l'entente
constitutionnelle qui a obtenu l'unanimité le 28 août 1992. Cette entente a
pour but de mener à bien la ronde Canada sur le renouvellement de la
Constitution. Elle fait suite à la plus vaste consultation publique jamais
entreprise au Canada et à une longue suite de séances de négociations
auxquelles ont participé les représentants des provinces, des territoires et
des peuples autochtones du Canada.
Les propositions représentent un compromis raisonnable et devraient permettre
d'instaurer un nouveau fédéralisme. Ainsi pourrons-nous relever ensemble les
défis de demain dans un des pays les plus enviés au monde, un pays que le
Programme des Nations unies pour le développement décrit comme le meilleur
endroit au monde où l'on puisse vivre.
UNITÉ ET DIVERSITÉ
Le Canada est bien plus que le résultat d'une suite d'accommodements, bien
plus aussi qu'un simple arrangement économique. Notre pays est en effet reconnu
dans le monde entier pour ces valeurs que nous chérissons — la tolérance et
le respect des différentes cultures et des minorités, la générosité, la
compassion à l'égard des moins nantis, la liberté individuelle et l'égalité
des chances pour tous. Or, ces valeurs ainsi que les autres caractéristiques
que partagent tous les Canadiens doivent être le point de départ d'une
nouvelle définition de la fédération canadienne.
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La clause Canada. On trouverait dans la Constitution une clause
énonçant de manière concise mais significative les valeurs fondamentales
du Canada. Cette clause servirait de guide aux tribunaux lorsqu'ils doivent
interpréter l'une ou l'autre partie de la Constitution, notamment la Charte
canadienne des droits et libertés. C'est dans cette clause Canada qu'il
conviendrait de reconnaître que le Québec constitue une société
distincte au sein du Canada et d'affirmer l'attachement des Canadiens et de
leurs gouvernements à la dualité linguistique.
Seraient également reconnues dans cette clause les caractéristiques
importantes et fondamentales suivantes : la démocratie parlementaire et le
système fédéral de gouvernement du Canada; les droits des Autochtones et
la reconnaissance que les gouvernements autochtones constituent l'un des
trois ordres de gouvernement du Canada; le respect des droits et libertés
individuels et collectifs; l'égalité raciale et ethnique et la diversité
culturelle; l'égalité des femmes et des hommes; l'égalité des provinces,
tout en tenant compte de leurs caractéristiques particulières.
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Le caractère distinct du Québec. La clause Canada assurerait que toute
interprétation de la Constitution concorde avec la protection et la
promotion du caractère distinct du Québec, fondé sur l'usage de la langue
française, une culture unique et une tradition de droit civil. Nos
institutions juridiques et politiques se sont toujours efforcées de tenir
compte de ce caractère distinct et des besoins particuliers du Québec en
matière de sécurité culturelle, sociale et économique. Dans le but de
renforcer cette sécurité, la reconnaissance du Québec comme société
distincte dans la clause Canada serait assortie d'un nouveau partage des
responsabilités entre les gouvernements fédéral et provinciaux et de
révisions à la formule de modification.
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La dualité linguistique du Canada. Le Canada est composé de deux
importantes communautés linguistiques, auxquelles s'ajoutent le riche
patrimoine des langues autochtones et la grande diversité linguistique des
néo-canadiens. La clause Canada assurerait qu'à l'avenir toute
interprétation de la Constitution reflète l'attachement des Canadiens et
de leurs gouvernements au développement et à l'épanouissement de la
langue et de la culture des communautés minoritaires francophones et
anglophones partout au Canada.
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Le Nouveau-Brunswick. En vertu d'une modification distincte exigeant
l'approbation du Parlement et celle de l'Assemblée législative du
Nouveau-Brunswick, la Constitution serait modifiée de façon que le
principe de l'égalité des deux communautés linguistiques du
Nouveau-Brunswick y soit inscrit.
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L'union sociale et économique. La Constitution comprendrait un énoncé
des grands objectifs communs à tous les gouvernements de la fédération en
matière de politique sociale et économique.
En matière de politique sociale, ces grands objectifs comprendraient un
régime de soins de santé complet, universel, transférable, accessible et
géré par l'État; des services et des avantages sociaux suffisants; une
éducation primaire et secondaire de qualité et un accès raisonnable à
l'enseignement supérieur; les droits des travailleurs et des travailleuses
à la négociation collective; un engagement visant à protéger, à
préserver et à maintenir l'intégrité de l'environnement.
Quant aux objectifs en matière de politique économique, ils comprendraient
: le renforcement de l'union économique canadienne; la libre circulation
des personnes, des biens, des services et des capitaux; l'assurance d'un
niveau de vie raisonnable; le plein emploi; l'assurance d'un développement
durable et équitable.
Cette nouvelle disposition aurait pour but de guider tous les gouvernements
du Canada dans leurs actions futures et n'aurait pas pour effet de donner
aux personnes de nouveaux droits qui pourraient être invoqués devant les
tribunaux. Les premiers ministres établiraient un mécanisme pour
surveiller la façon dont les gouvernements s'acquittent de leurs
engagements envers l'union sociale et économique.
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La péréquation et le développement régional. Le libellé de
l'engagement constitutionnel à l'égard de la péréquation serait
amélioré, et il énoncerait de manière explicite les obligations du
gouvernement fédéral de faire ces paiements de péréquation et de
consulter les provinces avant de modifier des lois relatives à ce régime.
Il comprendrait également l'engagement de tous les gouvernements de mettre
en place des structures économiques comparables et de promouvoir le
développement économique régional.
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La réduction des barrières au commerce intérieur. Pour instaurer une
union économique véritable, il ne s'agit pas simplement de proscrire les
barrières tarifaires qui restreignent la circulation des biens entre les
provinces, mais il faut également réduire les plus possible les entraves
à la libre circulation intérieure des personnes, des biens, des services
et des capitaux. Une nouvelle disposition refléterait l'engagement des
gouvernements à l'égard de cet objectif. Les premiers ministres ont
convenu de discuter de la meilleure façon de mettre en oeuvre ces principes
d'un marché commun intérieur plus fort.
DES INSTITUTIONS JUSTES ET RÉCEPTIVES AUX BESOINS DE LA
POPULATION CANADIENNE
Dans un système fédéral, les institutions du gouvernement central doivent
être réceptives aux besoins et aux particularités de chacune des composantes
de la fédération. Le Parlement doit concilier trois visions de l'égalité :
Il doit également exister, au sein de la fédération, des mécanismes
efficaces qui favorisent la coopération entre les gouvernements et facilitent
la gestion de leur interdépendance.
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La réforme du Sénat. Le Sénat actuel doit être remplacé par une
chambre élue, égale et efficace qui fait contrepoids à la Chambre des
communes où prévaut la représentation selon la population. Cette
caractéristique est commune aux grandes fédérations qui s'étendent sur
de vastes territoires.
Chaque province aurait six sénateurs et chaque territoire en aurait un.
D'autres sièges seraient ajoutés pour représenter les Autochtones du
Canada. Les élections se dérouleraient sous la compétence fédérale en
même temps que les élections à la Chambre des communes. Les élections
pourraient se faire par l'ensemble des citoyens ou par les assemblées
législatives provinciales ou territoriales. Les provinces et les
territoires auraient la possibilité de tenir compte de l'égalité des
sexes ou de désigner des sièges à des fins particulières.
Le Sénat pourrait bloquer des nominations importantes, dont celles des
dirigeants des organismes de réglementation et des institutions culturelles
d'importance. Il aurait également un droit de veto en ce qui a trait aux
projets de loi qui entraînent des changements fondamentaux aux politiques
financières associées directement aux ressources naturelles. De plus, il
aurait le pouvoir d'agir dans un délai de 30 jours civils pour obliger la
Chambre des communes à adopter de nouveau les projets de loi de crédits.
Une défaite ou la modification de lois ordinaires conduirait à un
processus de séance conjointe avec la Chambre des communes. Lors d'une
séance conjointe, la question se déciderait à la majorité simple.
Les projets de loi touchant de façon appréciable la langue ou la culture
françaises nécessiteraient l'adoption à la double majorité — la
majorité de tous les sénateurs votants et la majorité de tous les
sénateurs francophones votants.
Les sénateurs pourraient présenter des projets de loi, à l'exception de
projets de loi portant sur des mesures financières, et la Chambre des
communes devrait les traiter dans un délai raisonnable. Les sénateurs ne
seraient pas admissibles à un poste au Cabinet.
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La Chambre des communes. Le Sénat étant basé sur l'égalité des
provinces, des sièges s'ajouteraient à la Chambre des communes de façon
à mieux traduire la représentation proportionnelle à la population. Le
Québec aurait une garantie d'au moins au quart des sièges à la Chambre
des communes. Les autres provinces qui verraient le nombre de leurs sièges
augmenter au début sont l'Ontario, avec dix-huit sièges additionnels, la
Colombie-Britannique, quatre sièges additionnels et l'Alberta, deux sièges
additionnels. En plus de la modification normale fondée sur le recensement
de 1991, une modification particulière serait apportée après le
recensement de 1996. Le nombre combiné des sénateurs et des députés du
premier nouveau Parlement (62 + 337) serait le même que dans la situation
actuelle.
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La Cour suprême. La composition actuelle de la Cour suprême serait
consacrée dans la Constitution. Parmi les neuf juges qui la composent,
trois devraient être issus de la tradition de droit civil du Québec. Les
provinces participeraient à la nomination des juges en proposant des
candidats au gouvernement fédéral, qui, en dernier ressort, ferait les
nominations.
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Les conférences des premiers ministres. Afin de favoriser une plus
grande coopération fédérale-provinciale, la Constitution exigerait la
tenue d'une conférence des premiers ministres une fois l'an. Les dirigeants
des peuples autochtones seraient invités à participer aux discussions sur
des questions qui les touchent directement. Les dirigeants des territoires
seraient invités à toutes les conférences convoquées en vertu de cette
disposition.
JUSTICE POUR LES PREMIERS PEUPLES
On ne saurait renouveler le fédéralisme sans aborder la question de la
réforme constitutionnelle touchant les Autochtones, en particulier celle de
leur autonomie gouvernementale. La Constitution permettrait aux peuples
autochtones d'élaborer l'aménagement de leur autonomie gouvernementale et de
prendre la place qui leur revient au sein de la fédération canadienne.
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Le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale. La Constitution
reconnaîtrait le droit inhérent des peuples autochtones à l'autonomie
gouvernementale au sein du Canada. Les gouvernements autochtones seraient
l'un des trois ordres de gouvernements inscrits dans la Constitution du
Canada. L'inscription du droit inhérent à l'autonomie gouvernementale ne
créerait pas de nouveaux droits sur les terres. L'évolution vers
l'autonomie gouvernementale se ferait d'une manière ordonnée et convenue.
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Une déclaration contextuelle. Elle donnerait un cadre d'interprétation
à la compétence des organismes législatifs des peuples autochtones.
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Le cadre d'application du droit inhérent. Les gouvernements et les
peuples autochtones s'engageraient, aux termes de la Constitution, à
négocier des ententes qui spécifieraient comment le droit inhérent des
Autochtones serait mis en oeuvre. Ces négociations feraient en sorte que
les ententes relatives à l'autonomie gouvernementale tiennent compte de la
situation et des besoins particuliers des diverses communautés autochtones
du Canada.
Un accord politique entre les gouvernements et les peuples autochtones
clarifierait le processus de négociation de l'autonomie gouvernementale.
Tous les peuples autochtones auraient accès à ce processus de
négociation.
En outre, un mécanisme de médiation et d'arbitrage serait créé pour
faciliter le processus de négociation.
Une modification de la Constitution retarderait de cinq ans l'intervention
des tribunaux dans l'interprétation du droit à l'autonomie
gouvernementale. Ce délai permettrait au processus de négociation d'être
pleinement engagé et aux gouvernements ainsi qu'aux peuples autochtones
d'acquérir une certaine expérience avant que les tribunaux aient le
pouvoir de se prononcer sur la portée du droit inhérent ou l'affirmation
de ce droit. À la suite de ce délai, une cour ou un tribunal devra être
persuadé que tous les efforts ont été faits, et de bonne foi, pour en
arriver à une entente négociée. La Charte continuerait de s'appliquer aux
gouvernements autochtones qui pourraient se prévaloir des dispositions de
la « clause de dérogation », en vertu des dispositions mêmes qui
s'appliquent aux gouvernements fédéral et provinciaux.
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La transition. Les lois fédérales et provinciales continueraient de
s'appliquer jusqu'à ce qu'elles soient remplacées par des lois adoptées
par les gouvernements des peuples autochtones et conformément à leur
autorité. Une loi adoptée par un gouvernement autochtone ou une
affirmation de son autorité fondée sur la disposition relative au droit
inhérent devrait être compatible avec toutes les lois qui sont
essentielles au maintien de la paix, de l'ordre et du bon gouvernement du
Canada.
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L'égalité. Les droits ancestraux ou issus de traités des peuples
autochtones continueraient d'être garantis également aux femmes et aux
hommes.
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L'égalité d'accès. Une disposition stipulerait clairement que tous les
peuples autochtones auraient accès à ces droits ancestraux ou issus de
traités, reconnus et confirmés dans l'article 35 de la Loi
constitutionnelle de 1982 qui s'y rapporte.
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Les traités. Le gouvernement fédéral s'engagerait à établir avec les
peuples autochtones un processus pour clarifier et mettre en oeuvre les
droits issus de traités ou à rectifier les termes des traités lorsqu les
parties sont d'accord. Une autre disposition stipulerait que ces droits
doivent être interprétés d'une manière juste, large et libérale en
tenant compte de l'esprit des traités et du contexte dans lequel ils ont
été négociés. Les provinces participeraient au processus lorsqu'elles y
seraient invitées par le gouvernement fédéral et la communauté
autochtone en cause, ou dans les cas où elles sont partie au traité en
question.
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Les Métis. Les rôles et les responsabilités des gouvernements
fédéral et provinciaux à l'égard des Métis seront clarifiés au moyen
d'un accord politique. Il y aurait, à partir de cet accord, une
modification constitutionnelle à l'article 91(24) de la Loi
constitutionnelle de 1867, qui élargirait la compétence législative du
gouvernement fédéral à tous les peuples autochtones, y compris les
Métis.
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Le processus constitutionnel relatif à l'avenir des Autochtones. Il y
aurait quatre conférences des premiers ministres portant sur les questions
constitutionnelles touchant les Autochtones qui se dérouleraient tous les
deux ans et ce, à compter de 1996 au plus tard.
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Les institutions fédérales. Le nombre précis de sièges que les
Autochtones détiendraient au Sénat, les pouvoirs que détiendraient les
sénateurs qui les occuperont ainsi que leur mode de sélection feraient
l'objet de discussions entre les gouvernements et les représentants
autochtones.
Le rôle des Canadiens autochtones à la Chambre des communes et leur rôle
en ce qui concerne la Cour suprême continueraient de faire l'objet de
discussions.
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Le consentement des Autochtones. Toutes les parties se sont mises
d'accord sur le principe du consentement des Autochtones aux modifications
futures à la Constitution qui touchent directement ces peuples. Les
discussions sur les mécanismes les plus appropriés pour exprimer ce
consentement se poursuivent.
RÉDUIRE LE DOUBLE EMPLOI ET MIEUX SERVIR LES CANADIENS
Il faut redistribuer les rôles et les responsabilités de manière que les
activités du gouvernement fédéral soient davantage axées sur les questions
canadiennes et internationales et que la compétence des provinces soit
clarifiée et protégée. Il faut remplacer le fédéralisme dominateur par un
partenariat réel fondé sur le respect mutuel.
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Le pouvoir fédéral de dépenser. Le pouvoir du gouvernement fédéral
de dépenser dans des domaines de compétence provinciales exclusive serait
limité. Aux termes de la Constitution, le gouvernement fédéral devrait
fournir une juste compensation à une province qui choisit de ne pas
participer à un nouveau programme cofinancé s'appliquant à l'ensemble du
pays si ce programme a trait à un domaine de compétence provinciale
exclusive et à condition que la province mette en oeuvre un programme ou
une initiative compatible avec les objectifs du programme fédéral.
En outre, un cadre serait établi pour l'utilisation future du pouvoir
fédéral de dépenser dans des domaines de compétence provinciale. À
l'avenir, le recours à ce pouvoir devrait viser à atteindre des objectifs
fixés pour l'ensemble du pays, à réduire le chevauchement et le double
emploi, à ne pas déformer les priorités provinciales et à assurer aux
provinces un traitement égal. Ce cadre pourrait être protégé par la
Constitution et il serait examiné régulièrement par les premiers
ministres.
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La protection des ententes intergouvernementales. La Constitution serait
modifiée de manière à établir un nouveau mécanisme auquel les
gouvernements pourraient recourir afin d'assurer la protection d'ententes
désignées contre tout changement unilatéral. Chacune des décisions
prises en vertu de ce mécanisme pourrait être reconsidérée après une
période de cinq ans.
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La main-d'oeuvre. La formation et le perfectionnement de la main-d'oeuvre
seraient reconnus comme des domaines de compétence provinciale exclusive.
Une province pourrait exiger du gouvernement fédéral qu'il se retire de
ces champs d'activités, ou encore qu'il y maintienne son niveau de
financement.
Le gouvernement fédéral conserverait des responsabilités législatives
exclusives en matière d'assurance-chômage et de services connexes; il
continuerait de financer des programmes de création d'emplois. Il jouerait
également un rôle dans l'élaboration, à l'échelle du pays, d'objectifs
relatifs à la politique de main-d'oeuvre. Il y aurait un effort renouvelé
de tous les gouvernements pour établir des normes professionnelles à la
grandeur du Canada.
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L'immigration. Les provinces auraient le choix d'exercer un plus grand
contrôle sur l'immigration au sein de leur juridiction, actuellement un
domaine de compétence partagée. Le gouvernement fédéral serait enjoint
de négocier et de conclure des ententes en matière d'immigration.
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La culture. Il n'existe actuellement dans la Constitution aucune
disposition relative à la compétence en matière de culture. En vertu de
la nouvelle Constitution, les provinces auraient compétence exclusive sur
les questions culturelles sur leur propre territoire, le gouvernement
fédéral continuerait d'avoir des responsabilités touchant les questions
culturelles canadiennes, notamment à l'égard des institutions culturelles
canadiennes et à l'égard des subventions et des contributions accordées
par celles-ci. Le gouvernement du Canada s'engage à négocier avec les
provinces des ententes culturelles qui visent à leur assurer la
maîtrise-d'oeuvre de la culture sur leur territoire, et qui s'harmonisent
avec les responsabilités fédérales.
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La compétence provinciale. La Constitution reconnaîtrait la compétence
exclusive des provinces dans les domaines des forêts, des mines, du
tourisme, du logement, des loisirs et des affaires municipales et urbaines.
Chacune des provinces pourrait exiger du gouvernement fédéral qu'il
négocie une entente établissant le rôle qu'il devra jouer dans la
province, et qu'il y transfère les ressources financières appropriées.
Ces changements apportés aux rôles des gouvernements fédéral et
provinciaux ne modifiraient en rien les droits ancestraux ni les
gouvernements autochtones.
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Le développement régional. Le gouvernement fédéral serait tenu, à la
demande de toute provinces, de négocier des ententes de développement
régional qui pourraient mettre celle-ci à l'abri de changements
unilatéraux.
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Les télécommunications. Le gouvernement du Canada serait tenu de
négocier des ententes avec les provinces pour coordonner et harmoniser les
activités des organismes de réglementation dans ce domaine.
LA FORMULATION DE MODIFICATION
Les règles s'appliquant aux modifications de la Constitution devraient être
suffisamment souples pour s'adapter à de nouveaux besoins et à de nouvelles
situations, mais suffisamment fermes pour prévenir des changements arbitraires
ou imprévisibles. Toute révision de la formule de modification exige
maintenant l'accord unanime des provinces et du gouvernement fédéral.
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Les changements aux institutions nationales. Une fois que la réforme du
Sénat aura été achevée dans le cadre de la présente ronde
constitutionnelle, la règle de l'unanimité s'appliquerait aux changements
futurs se rapportant au Sénat. L'unanimité est déjà nécessaire dans le
cas des changements apportés à la composition de la Cour suprême. Le
processus de nomination des juges de la Cour suprême continuerait d'être
soumis à la formule des 7/50. (L'accord de sept provinces représentant au
moins 50 p. 100 de la population). Toute modification ultérieure touchant
la Chambre des communes se ferait également à l'unanimité.
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La création de nouvelles provinces. La formule actuelle de modification
— formule des 7/50 qui régit la création de nouvelles provinces serait
révoquée. Elle serait remplacée par les dispositions qui existaient avant
1982, lesquelles permettaient la création de nouvelles provinces au moyen
de l'adoption d'une loi du Parlement, après la tenue de consultations avec
toutes les provinces existantes. Les nouvelles provinces n'auraient pas de
rôle à jouer dans la formule de modification sans le consentement de
toutes les provinces et du gouvernement fédéral, sauf pour les questions
unilatérales ou bilatérales. De même, elles n'obtiendraient pas un nombre
accru de sénateurs sans le consentement unanime de toutes les provinces et
du gouvernement fédéral.
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La compensation dans le cas des modifications transférant des
compétences. Dans le cas des modifications qui ont pour effet de
transférer des compétentes provinciales au Parlement, le gouvernement
fédéral serait tenu de fournir une juste compensation aux provinces pour
lesquelles ces modifications ne s'appliquent pas. Il s'agit là de la
disposition prévoyant «un droit de retrait avec compensation
financière».
CONCLUSION
Cette entente, comprenant tous les points exposés ci-dessus, constitue la base
du renouvellement de la Constitution canadienne.
(Texte préparé par les Affaires intergouvernementales, Bureau du
Conseil privé)
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