Lettre ouverte en réponse à
la lettre d’opinion de John Crosbie publiée le 10 septembre
Dans une lettre ouverte parue dans le Globe and Mail
du 10 septembre, l’honorable John Crosbie soutient que le
gouvernement du Canada n’a pas respecté l’intention première des deux
principaux accords d’exploitation extracôtière signés pendant les
années 1980 par le gouvernement du Canada et les provinces de Terre-Neuve
et de la Nouvelle-Écosse. M. Crosbie maintient également que la question
ici n’est pas de modifier la formule de péréquation nationale pour
soutirer davantage de fonds du gouvernement fédéral, même si toute la
logique de ses arguments suppose qu’un tel changement ait été envisagé
à l’époque de la signature des accords.
J’aimerais remettre les pendules à l’heure
en démontrant que ces allégations sont sans fondement aucun. Le
gouvernement du Canada a en réalité pleinement respecté et l’esprit et
la lettre de ces engagements. C’est un fait que les accords font de Terre-Neuve
et de la Nouvelle-Écosse les «principaux bénéficiaires» de l’exploitation
extracôtière puisque, aux termes de ces accords, ils touchent la totalité
des redevances provenant de l’exploitation du pétrole et du gaz naturel.
Par ailleurs, autant les lois du Canada que les déclarations faites à l’époque
montrent clairement qu’il a toujours été dans l’intention des parties
à ces accords que les recettes générées soient prises en compte dans le
calcul de la péréquation. Enfin, le gouvernement de M. Chrétien est
déjà allé plus loin que tout autre gouvernement en rendant l’exploitation
extracôtière du pétrole et du gaz naturel financièrement profitable pour
les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve.
Le transfert de la totalité des redevances
de l’exploitation extracôtière aux termes des accords
M. Crosbie dit vrai lorsqu’il affirme que c’est
le gouvernement de M. Trudeau qui, en 1982, a signé le premier accord
d’exploitation extracôtière avec le gouvernement de la Nouvelle-Écosse,
accord qui a par la suite été édicté par le Parlement en 1984. Cet
accord reconnaissait à la Nouvelle-Écosse le même traitement pour l’exploitation
extracôtière du pétrole et du gaz naturel que celui dont jouissait les
autres provinces pour l’exploitation sur terre des ressources, c’est-à-dire
qu’il lui accordait la totalité des redevances de l’exploitation
extracôtière du pétrole et du gaz naturel, et ce, jusqu’à ce que sa
capacité fiscale dépasse 110 % de la moyenne nationale, après quoi,
les redevances seraient partagées avec le gouvernement du Canada. Cette
disposition a été modifiée par la suite, en 1986, afin que la Nouvelle-Écosse
puisse continuer de recevoir la totalité des redevances d’exploitation
extracôtière du pétrole et du gaz naturel, abstraction faite de sa
capacité fiscale.
Comme l’a fait remarquer M. Crosbie, un
accord semblable à celui de la Nouvelle-Écosse a été conclu avec Terre-Neuve,
et cet accord a été édicté par le Parlement en 1985.
Le traitement des redevances d’exploitation
extracôtière dans le cadre du programme de péréquation
À l’époque où elles ont signé ces
accords, toutes les parties étaient bien conscientes que le programme de
péréquation tiendrait compte des recettes tirées de l’exploitation
extracôtière. Ces accords prévoyaient toutefois que la Nouvelle-Écosse
et Terre-Neuve recevraient des paiements de transition (pour une période
maximale de 10 ans, dans le cas de la Nouvelle-Écosse, et de 12 ans, dans
le cas de Terre-Neuve) pour compenser en partie la réduction dans les
paiements de péréquation qu’entraînerait la croissance des recettes d’exploitation
extracôtière. Les deux provinces sont encore admissibles à des paiements
de transition aux termes de leur accord respectif.
Par
conséquent, il est faux de prétendre qu’il
n’a jamais été dans l’intention des accords de voir les paiements de
péréquations diminuer lorsque les recettes d’exploitation extracôtière
du pétrole et du gaz naturel commenceraient à entrer. M. Crosbie a cité
une déclaration faite à la Chambre des communes en 1984 par celui qui
était à l’époque le secrétaire parlementaire du ministre de l’Énergie,
déclaration selon laquelle l’accord ferait en sorte que la Nouvelle-Écosse
touche la part du lion des recettes provenant de l’exploitation du
pétrole au large de ses côtes.
Toutefois, M. Crosbie n’a pas repris ce qu’il
avait dit un peu plus loin dans sa déclaration, soit que, conformément au
principe fondamental de la péréquation, les paiements versés à la
Nouvelle-Écosse seraient réduits à mesure qu’augmenterait la capacité
fiscale de la province en raison des recettes tirées de l’exploitation du
pétrole sur ses côtes.
En
effet, depuis 1982 – donc, à l’époque
de la signature de tous ces accords – les lois du Canada exigent que
toutes les recettes provenant des ressources naturelles soient prises en
compte dans le calcul des transferts de péréquation aux provinces. Le
gouvernement de M. Mulroney, dont a fait partie M. Crosbie, n’a aucunement
modifié cet aspect du programme de péréquation.
Autres mesures prises par le gouvernement de
M. Chrétien
Peu de temps après son arrivée au pouvoir,
en 1993, le gouvernement de M. Chrétien a apporté une modification au
programme de péréquation, modification qui rendait le traitement des
redevances de l’exploitation extracôtière du pétrole et du gaz naturel
encore plus avantageux pour la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve que ce qui
était prévu dans les accords. Dans les faits, cette disposition relative
à une «solution générique» protège 30% des redevances parce que cette
partie des redevances n’est pas prise en compte dans le calcul de la
péréquation.
Grâce à cette modification, les
gouvernements de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve ont reçu – et
continueront de recevoir – des bénéfices beaucoup plus importants que
ceux anticipés à l’époque où les accords ont été signés
initialement.
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