L’HONORABLE STÉPHANE DION ET L’HONORABLE ANNE MCLELLAN PRÉSENTENT L’APPROCHE
DU GOUVERNEMENT DU CANADA
QUANT AU POUVOIR FÉDÉRAL DE DÉPENSER
OTTAWA (ONTARIO), le 5 février
1999 – L’honorable Stéphane Dion, ministre des Affaires
intergouvernementales et Président du Conseil privé de la Reine pour le
Canada, et l’honorable Anne McLellan, ministre de la Justice et
Procureur général du Canada ont rendu public, aujourd’hui, le
document ci-joint, intitulé La coopération dans l’exercice du pouvoir
de dépenser en matière de transferts intergouvernementaux : Le modèle de la
course au sommet.
Ce document précise les raisons
pour lesquelles le gouvernement du Canada estime que l’approche contenue dans
le Cadre visant à améliorer l’union sociale pour les Canadiens
permettra une utilisation du pouvoir fédéral de dépenser en matière de
transferts intergouvernementaux qui va bien servir les Canadiens.
-30-
Pour informations :
André Lamarre
Secrétaire de presse
(613) 943-1838
La
coopération dans l’exercice du pouvoir de dépenser en matière de transferts
intergouvernementaux
Le modèle de la
course au sommet
le 5 février 1999
L’honorable Stéphane Dion,
ministre des Affaires intergouvernementales et Président du Conseil privé
de la Reine pour le Canada, et l’honorable Anne McLellan, ministre de la
Justice et Procureur général du Canada, ont rendu public, aujourd’hui,
le document ci-joint, intitulé La coopération dans l’exercice du
pouvoir de dépenser en matière de transferts intergouvernementaux : Le
modèle de la course au sommet.
Ce document précise les raisons
pour lesquelles le gouvernement du Canada estime que l’approche contenue
dans le Cadre visant à améliorer l’union sociale pour les Canadiens
permettra une utilisation du pouvoir fédéral de dépenser en matière de
transferts intergouvernementaux qui va bien servir les Canadiens.
Le Cadre visant à améliorer l’union
sociale pour les Canadiens, conclu le 4 février 1999, contient plusieurs
bonnes nouvelles pour tous les citoyens de notre pays. Dans le respect de leurs
compétences et pouvoirs constitutionnels, les gouvernements signataires s’engagent
à accroître la mobilité partout au Canada, à informer davantage les
Canadiens, à agir avec plus de transparence et à suivre un nouveau mécanisme
de prévention et de règlement des différends. De plus, les gouvernements s’engagent
à se consulter davantage et à travailler, ensemble, en partenariat, pour les
Canadiens.
L’une des expressions de ce
partenariat consistera en une méthode tout à fait novatrice d’utiliser le
pouvoir fédéral de dépenser en matière de transferts intergouvernementaux,
qu’il s’agisse de programmes à frais partagés ou de financement fédéral.
Le présent document explique pourquoi le gouvernement du Canada estime que
cette nouvelle formule de coopération entre les gouvernements, qu’il appelle Le
modèle de la course au sommet, va conduire à des politiques sociales et de
santé de meilleure qualité partout au Canada.
1. Le pouvoir de
dépenser fédéral dans le contexte international et canadien
Toutes les grandes fédérations du
monde accordent un «pouvoir de dépenser» à leurs gouvernements fédéral et
constituants, c’est-à-dire le pouvoir de dépenser dans des domaines qui ne
relèvent pas de leur compétence législative en vertu de la constitution. Au
Canada, le pouvoir fédéral et provincial de dépenser est un instrument
constitutionnel légitime, reconnu comme tel par les tribunaux depuis de
nombreuses années. En ce qui concerne le pouvoir fédéral de dépenser,
celui-ci fut confirmé encore récemment par la Cour suprême du Canada en 1989,
en 1991 et en 1997.
La façon dont est utilisé le
pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral varie d’une fédération à l’autre.
Au Canada, ce pouvoir a été moins souvent exercé et assorti de moins de
conditions que dans virtuellement n’importe quelle autre fédération.
Le pouvoir fédéral de dépenser
est un facteur de développement social essentiel dans toutes les fédérations
développées. Au Canada, il a permis d’établir, avec les gouvernements
provinciaux et territoriaux, des programmes sociaux d’envergure nationale
auxquels tiennent tous les Canadiens, comme l’assurance-maladie. Il a joué un
rôle essentiel dans la promotion de l’égalité des chances pour tous les
Canadiens, contribuant à assurer à ces derniers un accès à des programmes et
services sociaux de base de qualité comparable, où qu’ils vivent ou se
déplacent au Canada.
Lorsque le gouvernement du Canada
exerce son pouvoir de dépenser afin de promouvoir l’égalité des chances
dans un domaine relevant de la compétence des provinces — notamment en
matière de soins de santé, d’éducation postsecondaire, de protection
sociale et de services sociaux, il le fait normalement par l’entremise de
transferts intergouvernementaux. L’étendue de ces transferts
intergouvernementaux dans ces secteurs a évolué de façon significative au
cours des cinq dernières décennies.
Maintenant que les gouvernements ont
assaini leurs finances publiques et se préparent à réinvestir dans la
solidarité sociale canadienne, le temps est venu de réformer la façon dont
nous utilisons les transferts intergouvernementaux. Les gouvernements doivent
trouver un modèle qui facilite l’utilisation de ces transferts pour servir
les besoins futurs des Canadiens.
2. Besoin d’un
nouveau modèle
Réduit à sa plus simple
expression, le nouveau modèle doit bloquer les tendances au «nivellement vers
le bas» dans les programmes et services sociaux canadiens. Au contraire, il
doit créer des incitatifs à une «course au sommet.»
Il faut un modèle qui permette au
gouvernement fédéral de travailler en collaboration et de manière souple avec
les gouvernements provinciaux et territoriaux lorsque de nouvelles initiatives
pancanadiennes, financées au moyen de transferts intergouvernementaux, sont
lancées dans les domaines des soins de santé, de l’éducation postsecondaire,
de la protection sociale et des services sociaux, qu’il s’agisse de
programmes à frais partagés ou de financement fédéral.
Un tel modèle devrait renforcer la
capacité des gouvernements de travailler ensemble à la poursuite d’objectifs
communs pour les Canadiens.
Le modèle respecterait pleinement
les responsabilités de tous les gouvernements dans le domaine social et
éviterait les conflits en matière de compétence, conflits pour lesquels les
Canadiens ont peu de patience. Il devrait promouvoir le consensus entre les
gouvernements mais éviter la paralysie. Il devrait reconnaître pleinement la
nature fédérale du Canada et la diversité des besoins, des situations et des
aspirations d’un océan à l’autre. Il devrait permettre à chaque
gouvernement provincial et territorial de concevoir des politiques et des
programmes adaptés à ses circonstances et garantir qu’on ne créera pas de
dédoublement à l’avenir.
Ce modèle devrait reconnaître que
les gouvernements provinciaux et territoriaux sont souvent à des étapes très
différentes de leur développement en ce qui concerne certains buts
particuliers de la politique sociale pancanadienne. Il devrait promouvoir l’innovation
et l’expérimentation, et faire en sorte que les initiatives les plus valables
dans une province ou un territoire puissent, avec le temps, s’étendre à l’ensemble
du Canada.
Enfin, le modèle devrait aussi
promouvoir l’égalité des chances en respectant le cadre visant à améliorer
l’union sociale pour les Canadiens : les principes applicables dans l’ensemble
du Canada, les engagements à l’égard de la mobilité, une imputabilité
accrue envers les Canadiens et la reconnaissance publique des rôles, des
responsabilités et des contributions de chaque ordre de gouvernement.
Un tel modèle est contenu dans la
partie 5 du Cadre visant à améliorer l’union sociale pour les Canadiens.
Les paragraphes qui suivent expliquent le fonctionnement de cette nouvelle forme
de coopération intergouvernementale.
3. «La course au sommet»
— son fonctionnement
Pour toute nouvelle initiative
pancanadienne financée par des transferts intergouvernementaux, qu’il s’agisse
de programmes à frais partagés ou de financement fédéral, en matière de
soins de santé, d’éducation postsecondaire, de protection sociale et de
services sociaux, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux
chercheront d’abord à s’entendre sur les priorités et les objectifs. L’initiative
ne verra pas le jour à moins que le gouvernement fédéral et la majorité des
provinces y consentent.
Le gouvernement du Canada s’engagera
ainsi à mettre en place de nouveaux transferts sociaux intergouvernementaux
dans ces domaines uniquement avec le consentement de la majorité des provinces.
La responsabilité de concevoir les
programmes et politiques pour atteindre les objectifs convenus incombera à
chaque province et territoire.
Les gouvernements fédéral,
provinciaux et territoriaux s’entendront également sur un cadre d’imputabilité
adéquat pour ces nouvelles initiatives pancanadiennes.
La nature et le coût de la
programmation requise pour atteindre les objectifs convenus seront évalués. Le
montant du nouveau transfert fédéral dépendra de ce qui est nécessaire pour
atteindre les objectifs convenus. La répartition sera déterminée comme si
aucun programme provincial ou territorial n’était en place. Par conséquent,
les gouvernements provinciaux et territoriaux qui auront déjà mis en place des
programmes semblables — «les chefs de file» — ne seront pas
pénalisés.
Une indemnisation financière sera
accordée à tous les gouvernements provinciaux et territoriaux qui accepteront
d’offrir à leurs citoyens une programmation permettant d’atteindre les
objectifs convenus et qui s’engageront à respecter le cadre d’imputabilité
convenu.
Un gouvernement provincial ou
territorial qui, en raison de sa programmation existante, n’aurait pas besoin
d’utiliser l’ensemble du transfert pour atteindre les objectifs convenus,
pourra réinvestir les fonds non requis dans le même domaine prioritaire ou
dans un domaine prioritaire connexe. Par exemple, dans le cas d’une nouvelle
initiative touchant les soins de santé, un gouvernement provincial ou
territorial pourrait choisir d’investir dans le même secteur, c’est-à-dire
la santé, ou dans un secteur connexe, par exemple l’aide au développement
des enfants en bas âge.
Ainsi, en l’absence d’une telle
programmation, l’ensemble du transfert sera consacré à la poursuite des
objectifs convenus; là où la programmation existante atteint pleinement les
objectifs convenus, l’ensemble du montant sera consacré à d’autres fins
dans le même domaine prioritaire ou dans un domaine prioritaire connexe. Lorsqu’un
gouvernement provincial ou territorial n’atteint que partiellement les
objectifs convenus, il consacrera une partie du transfert à l’atteinte des
objectifs pancanadiens et le restant des fonds à d’autres fins dans le même
domaine ou dans un domaine prioritaire connexe.
Dans tous les cas, tous les
gouvernements seront liés par les principes et les engagements de l’Entente-cadre
sur l’union sociale et, tel que mentionné ci-haut, par le respect d’un
cadre d’imputabilité approprié.
4. Avantages de la
nouvelle approche
Ce nouveau modèle pour les
transferts sociaux intergouvernementaux comporte des avantages importants pour
les Canadiens.
Une amélioration de l’égalité
des chances pour tous les Canadiens —
Les objectifs convenus seront atteints partout au Canada, bien qu’au moyen de
mesures et de programmes différents, selon les préférences des gouvernements
provinciaux. Tous les Canadiens, où qu’ils vivent au pays, pourront donc
bénéficier de l’atteinte de ces objectifs.
Chaque gouvernement provincial et
territorial déterminera lui-même la meilleure structure et le meilleur
agencement des politiques et programmes selon ses besoins et sa situation —
Les provinces et territoires pourront déterminer la meilleure structure et le
meilleur agencement de politiques et de programmes pour atteindre les objectifs
convenus. Les Canadiens sont mieux servis lorsqu’on leur offre des programmes
adaptés à leurs besoins divers et changeants, plutôt que des programmes
uniformes pour tous.
Collaboration
fédérale-provinciale-territoriale accrue —
L’approche ne permettra pas d’imposer unilatéralement de nouvelles
conditions. Elle incitera davantage à poursuivre des objectifs communs pour les
Canadiens tout en renforçant la capacité des gouvernements provinciaux et
territoriaux de participer de la manière qui leur convient.
Éviter les dédoublements —
L’approche garantira que ces nouvelles initiatives ne feront jamais double
emploi avec des politiques et des programmes provinciaux et territoriaux
existants. En fait, les nouveaux transferts fédéraux viendront renforcer les
programmes provinciaux et territoriaux existants, au lieu de les dédoubler. De
plus, la définition des domaines visés par la nouvelle approche devrait
réduire les conflits relatifs aux compétences.
Encouragement à l’innovation —
Les gouvernements provinciaux et territoriaux qui
atteignent déjà entièrement ou partiellement les objectifs recevront un
financement du gouvernement fédéral pour innover d’une manière qui leur
convient dans le même domaine ou dans un domaine prioritaire connexe.
En somme, le modèle incitera à la
participation, récompensera l’innovation, évitera le double emploi et
déclenchera donc une «course au sommet».
5. Conclusion
Ce modèle de coopération
intergouvernementale répond à la demande des premiers ministres en décembre
1997 qui souhaitaient élaborer une approche visant une coopération plus
étroite dans l’utilisation du pouvoir fédéral de dépenser.
Le nouveau régime s’appliquera à
toute nouvelle initiative financée au moyen de transferts aux gouvernements
provinciaux et territoriaux, qu’il s’agisse de programmes à frais partagés
ou de financement fédéral, dans les domaines des soins de santé, de l’éducation
postsecondaire, de la protection sociale et des services sociaux. Cela recoupe
la plus grande proportion, et de loin, des dépenses de programmes provinciales
et territoriales, y compris ce que les gouvernements provinciaux et territoriaux
considèrent comme leur principale priorité — les soins de santé.
Ce nouveau cadre de coopération
intergouvernementale en matière de politique sociale répondra mieux aux
besoins des Canadiens, tout en respectant les compétences et les pouvoirs
constitutionnels de chaque gouvernement.
|