LE MINISTRE DION AFFIRME QU'UNE MEILLEURE CONNAISSANCE
DES AUTRES FÉDÉRATIONS RENCORCE L'UNITÉ CANADIENNE
ORONO (MAINE), le 19 mars
1999 – Devant le centre canado-américain de l’Université du Maine, l’honorable
Stéphane Dion, Président du Conseil privé et ministre des Affaires
intergouvernementales, a fait part de sa conviction que la connaissance des
autres fédérations renforcera l’unité canadienne. En effet, «les
affirmations en faveur du séparatisme dans mon pays n’apparaissent jamais
aussi fausses que lorsqu’on les confronte à ce qui se passe ailleurs dans le
monde», a-t-il précisé. Brossant un tableau contrasté de l’évolution des
fédérations canadienne et américaine, le Ministre a noté que, d’abord
doté d’une constitution centralisatrice, le Canada a évolué vers un
fédéralisme décentralisé.
Plutôt que de résulter de
modifications formelles de la Constitution, l’évolution de la fédération
canadienne s’explique, selon M. Dion, par la désuétude progressive des
mécanismes unitaires, par l’interprétation décentralisatrice donnée à la
Constitution par les tribunaux, et par la signature d’une multitude d’ententes
intergouvernementales ayant pour objet d’harmoniser les responsabilités des
deux ordres de gouvernement.
Après avoir passé en revue les
causes de l’évolution contrastée des deux fédérations et leur partage des
pouvoirs respectifs, le Ministre a expliqué que chaque fédération doit
trouver son juste équilibre entre, d’une part, la nécessité d’avoir des
objectifs communs et, d’autre part, la possibilité d’expérimenter
différentes solutions; l’essentiel, selon lui, étant de toujours rechercher
l’intérêt public. «Une centralisation aussi bien qu’une décentralisation
mal conçues du point de vue de l’intérêt public affaibliraient la
fédération canadienne. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un gouvernement
fédéral fort dans ses champs de compétence, des gouvernements provinciaux
forts dans les leurs et, avant tout, d’une forte collaboration entre ces deux
ordres de gouvernement», a-t-il ajouté.
Constatant que toutes les grandes
fédérations accordent à leurs gouvernements fédéral et constituants le
pouvoir de dépenser dans des domaines qui ne relèvent pas strictement de leurs
compétences législatives, le Ministre a souligné que le gouvernement
fédéral américain utilise beaucoup plus son pouvoir de dépenser que le
gouvernement fédéral canadien mais en suscitant beaucoup moins de controverse.
Pourtant, affirme le Ministre, le pouvoir fédéral de dépenser s’est avéré
un facteur de développement social important au Canada. «Il a permis d’établir,
avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, des programmes sociaux
nationaux auxquels tiennent les Canadiens, comme l’assurance-maladie. Il a
joué un rôle essentiel dans la promotion de l’égalité des chances,
contribuant à assurer aux Canadiens un accès à des programmes et services
sociaux de base de qualité comparable, où qu’ils vivent ou se déplacent au
pays», a ajouté M. Dion.
Même si, au Canada, le pouvoir
fédéral de dépenser a été moins souvent exercé et assorti de moins de
conditions que dans virtuellement n’importe quelle autre fédération, a noté
le Ministre, il est parfois dénoncé comme une ingérence du gouvernement
fédéral dans un champ de compétence provinciale, tel qu’illustré par les
réactions à la création du programme de bourses pour étudiants de niveau
postsecondaire. «C’est ainsi que des initiatives fédérales qui, dans d’autres
fédérations, seraient considérées comme tout à fait normales, sont
dénoncées au Canada comme une violation de la Constitution et de l’esprit du
fédéralisme. [...] Pourtant, aider les étudiants à avoir accès à l’éducation,
ce n’est pas se mêler d’éducation comme telle. [...]Dans votre pays [les
États-Unis], 75 % de l’aide financière publique aux étudiants provient du
gouvernement fédéral et personne n’y trouve à redire», a-t-il précisé.
M. Dion a expliqué que, dans le
cadre de l’entente sur l’union sociale, le gouvernement canadien s’est
donné des règles de conduite pour utiliser son pouvoir de dépenser en
concertation avec les provinces. Ces exigences de concertation sont sans
équivalent dans les autres fédérations, a-t-il ajouté. «Ce nouveau modèle
de transferts intergouvernementaux incitera les gouvernements à travailler
ensemble, à se donner des objectifs communs, tout en renforçant leur capacité
de participer de la manière qui leur convient. En somme, il favorisera la
participation, récompensera l’innovation, évitera le double emploi et
déclenchera donc une "course au sommet"», a noté le Ministre.
La recherche permanente de l’équilibre
entre les objectifs communs et l’expérimentation plurielle est un défi
constant pour les fédérations comme les États-Unis et le Canada mais, par un
effet de synergie positive, elle procure de meilleurs services aux citoyens,
a conclu M. Dion.
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André Lamarre
Secrétaire de presse
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