LE MINISTRE DION AFFIRME QUE C'EST UN ATTACHEMENT SINCÈRE
AU CANADA QUI INSPIRE AUX QUÉBÉCOIS LE DÉSIR DE RESTER CANADIENS
MONTRÉAL (QUÉBEC), le 19 mai 2002 – Prenant la parole lors d’un
colloque organisé par l’Association des études canadiennes pour souligner le
20e anniversaire du référendum de 1980, l’honorable Stéphane Dion,
Président du Conseil privé et ministre des Affaires intergouvernementales, a
affirmé que, face aux enjeux de la nouvelle économie, l’entraide de tous les
Canadiens sera une force essentielle.
Cette entraide, a-t-il fait valoir, constitue une pierre d’assise du pays
que les Québécois ont bâti avec les autres Canadiens. C’est pourquoi, a-t-il
ajouté, il est difficile pour les indépendantistes de convaincre les
Québécois de renoncer au Canada, ce « pays bien connu pour sa
générosité d’esprit (...) où chaque citoyen et chaque groupe peut s’affirmer,
s’exprimer et réaliser ses aspirations », avait même déclaré M.
Lucien Bouchard le 1er juillet 1988.
M. Dion a soutenu que c’est un attachement sincère au Canada qui inspire
aux Québécois le désir de rester Canadiens.
Il a reproché aux leaders sécessionnistes d’avoir eu recours à l’ambiguïté
et l’astuce lors des référendums de 1980 et 1995 pour amener les Québécois
à renoncer au Canada. « Toute bonne démarche référendaire exige une
question claire. C’est vrai partout, au Québec comme ailleurs.(...) La
vérité commande de dire qu’aucun pays démocratique au monde n’accepterait
de négocier sa scission à partir des questions confuses de 1980 et
1995. »
Un sondage de 1995 révélait que 53 % des électeurs interrogés trouvaient
la question posée « plutôt » ou « très » ambiguë, a
noté le Ministre. Il a ensuite rappelé que, quinze ans plus tôt, le leader du
Non lors du référendum de 1980, M. Claude Ryan, avait qualifié la question
référendaire de « vraie fraude », de « trompeuse et
malhonnête », et y avait vu un « camouflage en vue d’élargir au
maximum l’assiette du Oui ».
M. Dion a affirmé que l’avis de la Cour suprême du 20 août 1998 et le
projet de loi sur la clarté qui lui donne effet sont venus préciser que c’est
seulement si, en réponse à une question claire, se dégageait une majorité
claire, que devrait être entreprise la difficile tâche de négocier la sécession.
« Ce projet de loi ne dit que cette évidence : si vous voulez faire l’indépendance,
posez une question sur l’indépendance. Demandez aux Québécois s’ils
veulent cesser de faire partie du Canada pour faire du Québec un pays
indépendant. Et ils vous donneront leur réponse », a-t-il ajouté.
Le Ministre a noté que le projet de partenariat proposé par les
souverainistes est plus squelettique que jamais. Il a rejeté les comparaisons
trop faciles auxquelles se livrent les leaders sécessionnistes à l’égard de
l’Union européenne. « Comme si l’Europe pouvait fonctionner à deux
partenaires. Comme si on pouvait s’attendre à ce que le Canada accepte de
voir ses politiques importantes soumises au veto d’un Québec indépendant
trois fois plus petit que lui », a fait valoir M. Dion.
« Mais cette difficulté dans laquelle les chefs indépendantistes se
trouvent de gagner dans la clarté ne les autorise pas à rechercher la victoire
dans la confusion », a-t-il expliqué. « À eux le fardeau de la
preuve. À eux de démontrer que nous serions plus heureux si nous cessions d’être
Canadiens. La commande est élevée, certes, mais ce n’est pas la faute du
Canada. »
Il a ensuite fait remarquer que la séparation serait coûteuse, se fondant
sur un document récent du Parti québécois qui prévoyait un surplus de 41
millions $, alors que c’est plutôt un déficit de 3,1 milliards $ que
connaîtrait un Québec indépendant. Cette différence entre les deux estimés,
M. Dion l’attribue à celle qui existe entre la part de la dette fédérale qu’assumerait
le Québec selon les calculs des leaders sécessionnistes, soit 17,7 %, et une
part plus réaliste de 24,1 %, qui correspond à la proportion de la
population québécoise au sein du Canada. « Et cela dans l’hypothèse d’une
sécession sans problème qui ne provoquerait ni ralentissement économique, ni
hausse des taux d’intérêts, ni fuite de capitaux, ni exode de main-d’oeuvre »,
a-t-il précisé.
Les nombreux atouts dont dispose le Canada, tels que ses deux langues
officielles, ses deux systèmes juridiques, son immense territoire et son
caractère multiculturel, en font l’un des mieux placés pour relever avec
succès le défi de la mondialisation, a-t-il déclaré.
« Ce n’est pas la lassitude référendaire qui, fondamentalement,
explique le désintérêt croissant des Québécois pour le projet
indépendantiste. C’est plutôt le sentiment qu’avec les autres Canadiens
nous avons su faire de notre diversité une force dont nous aurons besoin plus
que jamais », a conclu M. Dion.
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