LE MINISTRE DION AFFIRME QU’UNE RÉFLEXION SUR LA
DÉMOCRATIE DOIT PORTER AUSSI BIEN SUR LES VALEURS DONT ELLE S’INSPIRE QUE SUR
LES INSTITUTIONS
OTTAWA (ONTARIO), le 11 février 2003 – Prenant la parole devant l’Arthur
Kroeger College of Public Affairs, dans le cadre d’un forum sur l’état de
la démocratie canadienne, le Président du Conseil privé et ministre des
Affaires intergouvernementales, l’honorable Stéphane Dion, a déclaré que « la
démocratie canadienne est toujours à parfaire », mais qu’en même
temps « les difficultés qu’elle éprouve, telle la baisse du taux de
participation électorale ou le manque de confiance dans les élus, sont
observables aussi dans les autres démocraties ». Il a cité à cet
effet des recherches universitaires qui indiquent que « le taux de
satisfaction par rapport à la façon dont la démocratie fonctionne se situe au
Canada dans la moyenne des autres pays ».
Et comme ces démocraties ont des institutions variées, tant sur le plan du
régime politique (parlementaire ou présidentiel) que sur celui du mode de
scrutin, « il ne faut pas placer des attentes inconsidérées dans les
changements institutionnels », a fait valoir le Ministre.
Il faut donc travailler à améliorer nos institutions, sans conclure trop
vite qu’elles ont fait leur temps et qu’il faut les remplacer, a soutenu M.
Dion, abordant successivement différents aspects du sujet : le leadership
en démocratie, la discipline de parti, le mode de scrutin et la baisse du taux
de participation.
Le Ministre a souligné que notre cadre institutionnel actuel, combinaison de
parlementarisme et du mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour, place
le plus souvent nos premiers ministres, tant au fédéral qu’au provincial,
dans une position qui leur permet d’exercer un fort leadership. Cependant, M.
Dion a fait valoir les éléments suivants :
-
il n’y a pas de tendance à la concentration du pouvoir dans le
temps : « Je ne trouve rien qui puisse convaincre que le
Premier ministre et son entourage immédiat accaparent plus de pouvoirs sous
Jean Chrétien que ce n’était le cas sous Brian Mulroney ou sous
Pierre Elliott Trudeau »;
-
dans notre fédération décentralisée, notre gouvernement fédéral
dispose de moins de domaines de compétence que les gouvernements nationaux
des autres pays;
-
l’exercice du leadership en politique est tout à fait compatible avec
la démocratie s’il se fait dans le respect du droit, de la transparence
et de la consultation.
En ce qui a trait à la discipline de parti, M. Dion a fait remarquer que «
le désenchantement envers les élus n’est pas moins élevé aux États-Unis,
pays où il y a peu ou prou de discipline de parti ». Si on peut
envisager d’augmenter le nombre de votes libres au Canada, il faut garder en
tête « qu’il y a quelque chose de valable dans le principe selon lequel
des candidats qui se font élire en équipe doivent travailler en
équipe », a soutenu le Ministre.
Quant à notre mode de scrutin, malgré ses faiblesses dont le Ministre a
fait la liste, on ne doit pas lui attribuer des phénomènes tels la baisse du
taux de participation électorale ou le manque de confiance dans la
politique : de tels problèmes se posent aussi dans les pays qui votent à
la proportionnelle, a souligné le Ministre.
De plus, le leadership que notre mode de scrutin favorise au niveau des deux
ordres de gouvernement est fort utile dans une fédération décentralisée où
tant d’initiatives gouvernementales exigent une négociation
intergouvernementale : « La plupart des pays qui ont retenu la
proportionnelle ont un seul parlement qui compte vraiment », a fait
remarquer le Ministre.
Finalement, le Ministre a traité de la baisse de la participation
électorale. Au Canada, il a été observé que cette baisse ne se vérifie
statistiquement que chez les jeunes, phénomène qui se produit aussi aux
États-Unis, a souligné M. Dion. « Qu’en est-il de notre
capacité - ou de notre incapacité - à rejoindre ces
jeunes? », a demandé M. Dion, en souhaitant que l’on s’interroge
au moins autant sur la transmission des valeurs civiques que sur le
fonctionnement des institutions.
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André Lamarre
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