« Les économies canadienne
et arabe :
une force d’attraction mutuelle
dans un monde différent »
Notes pour une allocution
de l’honorable Stéphane Dion
Président du Conseil privé et
ministre des Affaires intergouvernementales
Discours prononcé dans le cadre
du Sommet international des banques arabes
de l’Union des banques arabes
Montréal (Québec)
le 25 juin 2003
L’allocution prononcée fait foi
Au nom du Premier ministre du Canada, le très honorable Jean Chrétien,
je tiens à vous dire combien le gouvernement du Canada attache de l’importance
au fait que se tiendra durant les deux prochains jours, à Montréal, le
Sommet bancaire international du principal consortium d’institutions arabes et
arabo-internationales. Nous savons que vous tenez toujours votre Sommet
international dans l’une des grandes places financières du monde. Après
Franckfort l’année dernière, vous voici à Montréal. Vous témoignez ainsi
de la place grandissante qu’occupe cette métropole sur la scène financière
et commerciale internationale. Vous montrez à quel point vous croyez, comme
nous, que le Canada et le monde arabe présentent des possibilités d’investissement
immenses.
Les dirigeants d’entreprise et les consommateurs de vos pays respectifs
connaissent de plus en plus les produits et services de grande qualité fournis
par les sociétés canadiennes et manifestent un intérêt croissant à leur
égard. Nous savons que le Canada y est considéré comme un partenaire
commercial très fiable. Et nous savons très bien que la région du Moyen-Orient
et de l’Afrique du Nord possède un pouvoir d’achat et des
ressources financières considérables. L’attraction mutuelle de nos
économies se reflète dans les chiffres : en 2002, la valeur des échanges
commerciaux bilatéraux de biens et de services entre le Canada et les pays du
Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a franchi la barre des
8 milliards de dollars.
Les débouchés ne manquent pas pour les sociétés canadiennes dans vos
pays. Des sociétés comme Norr Limited, HOK, Cansult et SNC-Lavalin continuent
à décrocher d’importants contrats de services d’architecture, d’ingénierie
et de construction alors que vos pays poursuivent le développement intensif de
leur infrastructure. Des entreprises canadiennes deviennent des partenaires
clés dans la poursuite de l’exploration et de la mise en valeur des
ressources naturelles : Pétro-Canada a récemment augmenté ses partenariats au
Maghreb et en Syrie, tandis que Nexen a établi une forte présence au Yémen,
et qu’EnCana et Talisman se livrent activement à des travaux d’exploration
du pétrole au Yémen, au Qatar et à Oman. La mise en valeur des
ressources en gaz naturel, surtout dans les États du Golfe, créera de nombreux
débouchés additionnels. Les produits pharmaceutiques, les technologies de l’information,
le multimédia et les communications sont d’autres secteurs qui présentent un
grand potentiel.
De nouveaux accords créent des conditions plus propices à l’établissement
de solides liens d’affaires. Avec les accords-cadres de coopération
économique, les conventions fiscales, les accords sur le transport aérien,
les institutions comme la Commission économique mixte Canada-Arabie saoudite,
les associations du secteur privé tel le Conseil de commerce canado-arabe, nous
disposons d’une panoplie d’outils pour accroître nos relations commerciales.
L’un des catalyseurs de notre relation économique vient du dynamisme des
Canadiens d’origine arabe. Ingénieurs, économistes, gestionnaires, gens d’affaires,
universitaires, ils apportent leur précieuse contribution dans toutes les
sphères de l’économie canadienne, d’où ils font souvent le pont entre
leurs pays d’origine et leur pays d’adoption. Je suis bien placé pour en
témoigner, étant le député fédéral de l’une des circonscriptions de l’Île
de Montréal, Saint-Laurent–Cartierville, qui compte de nombreuses et
vibrantes communautés arabes. Saint-Laurent est même affectueusement
surnommée Saint-Liban! Je tiens aussi à signaler le nombre sans cesse
croissant d'universitaires de vos pays qui choisissent de poursuivre leurs
études supérieures ici au Canada.
Si le Canada a ainsi toutes les raisons et de multiples possibilités d’investir
dans vos pays, la réciproque est aussi vraie : l’économie canadienne
offre tout un potentiel pour vos investissements. Le Fonds monétaire
international, dans un rapport du 15 novembre dernier, qualifiait d’« exceptionnelle »1
la performance macroéconomique du Canada. Le FMI ajoutait que cette performance
« est largement tributaire d’un cadre stratégique sain et de son
adroite mise en œuvre. »2 Plus
récemment, le 30 avril dernier, l’économiste en chef de l’Organisation
de coopération et de développement économiques qualifiait le Canada de
« wonder boy »3 de l’OCDE,
et affirmait : « Un exemple flatteur, c’est celui du Canada qui,
comme l’Australie, a réussi de manière extraordinaire à passer au travers
du ralentissement américain. Cela s’explique indéniablement par la vigueur
avec laquelle on a réformé les finances publiques, alors en mauvais état, et
par une excellente politique monétaire. »4
Aujourd’hui même, le ministre des Finances du Canada, l’honorable John Manley,
a présenté une mise à jour économique et financière qui indique que, bien
que le ralentissement à l’échelle mondiale ait touché le Canada, nous
prévoyons une croissance solide de notre économie cette année et l’année
prochaine et le maintien de finances publiques saines.
Le Canada est maintenant le seul pays du G-7 dont les finances publique sont
équilibrées au lieu d’être en déficit. Le Canada est d’ailleurs, de tous
les pays du G-7, celui qui a le plus réduit le fardeau de sa dette ces
dernières années, laquelle est passée de 64 % du PIB en 1993 à
41 % en 2002. De même, le Canada est le pays du G-7 qui, au cours des dix
dernières années, a le plus réduit le poids de ses taxes et impôts et de ses
dépenses dans l’économie. Il y a dix ans, les dépenses des
gouvernements équivalaient à 49 % du PIB canadien; maintenant elles ne
représentent plus que 37 %. Le taux d’impôt moyen des sociétés sera d’ailleurs
bientôt moindre au Canada qu’aux États-Unis.
Notre gouvernement fédéral a réduit le poids de ses dépenses tout en
protégeant le tissu social canadien et en investissant dans les compétences de
notre main-d’œuvre, dans notre économie du savoir et dans l’excellence de
nos universités. Il a notamment beaucoup investi dans la recherche et le
développement et il a augmenté considérablement ses dépenses directes dans l’éducation
postsecondaire. Depuis 1997, il a accru son effort budgétaire de 59 % dans
ces deux secteurs.
Ce cadre stratégique « sain », pour reprendre les termes du FMI,
porte fruits. Le revenu des ménages canadiens a connu une croissance marquée
depuis 1996 et il n’a jamais été aussi élevé. Le taux de chômage a été
ramené à 7,8 % en mai 2003, une réduction de 4,3 points de
pourcentage depuis son dernier sommet en novembre 1992, tandis que le taux
d’activité atteignait un niveau record de 67,5 %. Au premier trimestre de
2003, l’excédent du compte courant a enregistré un quinzième surplus
consécutif. Présageant bien pour les investissements
futurs, les bénéfices des sociétés s’établissaient à 12,5 % du
PIB canadien au premier trimestre de 2003, largement au-dessus de la moyenne
historique de 10 %.
La productivité du Canada s’est nettement accrue depuis 1997. La
croissance de la productivité dans le secteur des entreprises a été en
moyenne de 2,2 % par année entre 1997 et 2002 contre un gain de 1,2 %
au cours de la période 1990-1996. Cette amélioration de la productivité a
donné lieu à une forte remontée de la croissance du niveau de vie au Canada.
Au cours de la période 1997-2002, le PIB réel par habitant a progressé à un
rythme annuel moyen de 3,1 %, soit à un rythme plus rapide que celui de
tous les autres pays du G-7.
« La Banque dans un monde différent », tel est le thème de
votre Sommet international de cette année. Il est certain que le monde
économique et financier change à un rythme accéléré, mais je sais que le
changement ne vous fait pas peur. L’un des éléments qui doit motiver votre
optimisme est que vous pourrez toujours compter sur un partenaire solide, le
Canada, avec toute la force de son économie et de son marché financier.
- Fonds monétaire international, Consultation avec le Canada sur l’article
IV en 2003 – Énoncé de la mission du FMI, 15 novembre 2002.
- Ibid.
- La Presse, 30 avril 2003, p. A17.
- Ibid.
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