VI
La relève
Introduction
À l'ère de la mondialisation, la qualité du secteur public
continue d'être un rouage important dans la performance d'un
pays. Plus elle est élevée, plus cela favorise sa
compétitivité, lui donne un avantage concurrentiel dans
l'accroissement de son commerce et de ses investissements, et
contribue au niveau et à la qualité de vie des citoyens.
Un pays serait affaibli s'il ne pouvait compter sur une
fonction publique solide, compétente et professionnelle. En
fait, tout État serait handicapé s'il ne pouvait s'appuyer sur
une fonction publique de haute qualité, capable de mener à bien
ses politiques et ses programmes.
Les Canadiens et leurs représentants élus ont
toujours pu compter sur une des meilleures fonctions publiques du monde |
Les Canadiens et leurs représentants
élus ont toujours pu compter sur une des meilleures fonctions
publiques du monde. Mais il ne faut rien tenir pour acquis. Les
hommes et les femmes qui se consacrent à la vie publique et qui
font carrière dans la fonction publique du Canada doivent
veiller à ce qu'il en soit de même à l'avenir.
Les chapitres précédents ont passé les douze derniers mois
en revue et laissé entrevoir les réformes à venir. Les
fonctionnaires viennent de relever le défi d'aider l'État à
restaurer son autonomie financière et à redéfinir son rôle.
Ils doivent maintenant :
- revoir leur façon de servir;
- veiller à ce qu'une institution moderne et dynamique
puisse répondre aux besoins actuels et futurs du Canada
et de ses citoyens.
Pour être efficace, le secteur public doit
constamment retenir et motiver ses effectifs talentueux et dévoués, et
attirer les éléments les plus prometteurs |
Le présent chapitre porte donc sur les
gens servant dans le secteur public du gouvernement du Canada.
Dans toute organisation, ce sont les gens qui comptent. Dans le
secteur public, ils élaborent des politiques, cherchent des
solutions de rechange, en étudient les conséquences,
fournissent des services et aident à façonner l'avenir. Pour
être efficace, le secteur public doit constamment retenir et
motiver ses effectifs talentueux et dévoués, et attirer les
éléments les plus prometteurs. Tout indique que ce pourrait
être là le plus grand défi qu'aura à relever la fonction
publique du Canada au cours des prochaines années.
Pour relever ce défi, il faut reconnaître les signes de
malaise dans la fonction publique et comprendre les facteurs
ayant engendré cette situation. Il nous faut aussi assurer la
relève, le terme que nous utilisons pour décrire l'engagement
que nous nous sommes fixé de transmettre à nos successeurs une
institution dynamique composée de professionnels qualifiés et
dévoués.
La situation actuelle
Manifestement, il sera de plus en plus difficile de retenir et
de motiver les fonctionnaires et d'attirer de nouveaux éléments
au cours des prochaines décennies.
La fonction publique vit actuellement une «crise
tranquille» |
La fonction publique vit actuellement une
« crise tranquille ». Tranquille, parce que peu de
gens en sont conscients et que moins encore ont commencé à
agir. Il appartient en premier lieu à la fonction publique et
aux fonctionnaires de s'atteler à la tâche et de tout mettre en
oeuvre pour remédier à la situation. Leurs efforts leur
donneront la crédibilité nécessaire pour demander aux
représentants élus et aux Canadiens de se joindre à l'effort
commun.
Le problème se manifeste de plusieurs façons :
- après des années de compressions d'effectifs, certains
fonctionnaires, pour la première fois, s'interrogent sur
leur choix de carrière;
- d'autres ne croient pas que leurs talents et leurs
compétences sont mis à profit;
- d'autres encore, après une carrière exemplaire,
déconseillent à leurs enfants de suivre leurs traces;
- certains étudiants n'envisagent pas de faire carrière
dans la fonction publique si d'autres choix s'offrent à
eux.
Ce sont les signes extérieurs, mais non la cause, du
problème. Le problème découle de nombreux facteurs, de ce qui
est arrivé et de ce qui n'est pas arrivé au cours des dix ou
quinze dernières années. Il faudra autant de temps pour
redresser la situation.
Pour s'attaquer au problème, il est important de mieux
comprendre la situation. Les facteurs et les observations
mentionnés ci-après donnent une idée de la situation sans
toutefois présenter une liste exhaustive :
1. La fonction publique du Canada a géré la
décroissance pendant de nombreuses années.
Le phénomène a commencé au début des années 80 et s'est
progressivement accéléré. De récentes décisions à propos
des programmes auront pour effet de retrancher environ
55 000 emplois à temps plein sur quatre ans. Aucune
organisation, publique ou privée, ne peut connaître des
compressions de cette ampleur pendant si longtemps sans en subir
les conséquences.
Ceux qui quittent la fonction publique vivent une période
d'incertitude et ont peur de ce que l'avenir leur réserve. Ceux
qui restent vivent également une période d'incertitude et
d'inquiétude. La réduction des effectifs ne se traduira pas
immédiatement par l'allègement de la charge de travail. Pour
cela, il faudra attendre que certaines activités soient
éliminées et le travail restructuré. De fait, beaucoup
d'employés ont connu une augmentation continue de leur charge de
travail qui ne saurait être maintenue. Cette longue période de
stress et d'incertitude en a amené plusieurs à s'interroger sur
leur avenir et celui de la fonction publique.
2. Les critiques ont blessé la fierté des
fonctionnaires.
Le débat entourant le rajustement du rôle de l'État et les
efforts nécessaires pour s'adapter aux besoins d'une société
moderne et de vivre selon les moyens des Canadiens, a affecté la
fierté des serviteurs de l'État.
Entre tenir un débat légitime et nécessaire sur les
priorités, le rôle, les programmes et les services de l'État
et faire des commentaires désobligeants sur les personnes qui
fournissent ces programmes et services, il n'y a qu'un pas,
souvent vite franchi.
En outre, certaines publications sur la gestion ont été
très critiques du secteur public et de son mode de gestion.
Selon cette littérature, nombre des problèmes du secteur public
seraient réglés si seulement le gouvernement était géré
comme une entreprise. C'est pousser loin la réduction. De
nombreux universitaires spécialisés en administration publique
ont insisté à maintes reprises sur la différence entre le
service aux citoyens et le service aux consommateurs, de même
que sur l'importance de protéger les droits des citoyens. Leur
voix n'a pas été assez souvent entendue.
Rien d'étonnant donc, que certains des étudiants les plus
doués et les plus motivés n'aient pas fait montre de
l'enthousiasme habituel de faire carrière dans la fonction
publique. Rien d'étonnant non plus que ce débat ait affecté le
moral des fonctionnaires.
3. La fonction publique est en train de perdre des membres
chevronnés.
La génération qui s'est jointe à la fonction publique
durant la période de croissance des années 60 est sur le
point de prendre sa retraite. Plus de 30 p. 100 des
cadres actuels pourront la prendre d'ici l'an 2000, et
environ 70 p. 100 d'ici 2005. La situation est la
même dans certaines catégories professionnelles et
scientifiques.
Ces personnes ont servi leur pays avec dévouement pendant de
nombreuses années. Elles ont droit à une retraite bien
méritée, à une autre carrière ou à un rythme de vie moins
exigeant, si tel est leur désir. Avec leur départ,
l'institution perdra une somme incroyable de connaissances,
d'expérience et de savoir-faire. Préparer leur relève sera en
soi un immense défi.
Une tendance plus troublante encore commence à se
dessiner : certains des meilleurs employés de la
génération suivante partent bien avant le temps et bien avant
d'avoir atteint les échelons supérieurs. De nombreux facteurs,
dont quelques-uns sont mentionnés dans cette liste, expliquent
leur décision. Mais certains nous disent, dans leur entrevue de
départ, que leur décision est aussi liée au fait :
- que leurs talents ne sont pas pleinement exploités;
- que, maintes et maintes fois, ils n'ont pu faire bouger
les choses comme ils le souhaitaient;
- que, après de multiples tentatives, ils ont cessé
d'espérer que les réformes nécessaires seraient
apportées;
- qu'ils ont gardé le désir de servir l'intérêt public,
mais qu'ils ne croient pas pouvoir y arriver dans un tel
contexte.
4. Il est impossible de parler de moral et de motivation
dans le secteur public sans parler de rémunération et
d'indemnités.
Les fonctionnaires ne s'attendent pas à bénéficier des
conditions salariales du secteur privé. Il faudrait, cependant,
pouvoir offrir aux fonctionnaires d'expérience au sommet de leur
carrière des conditions et un milieu de travail ainsi que des
modalités générales de rémunération qui leur permettent de
poursuivre une carrière consacrée à servir l'intérêt public.
Il ne devrait pas être nécessaire de quitter la fonction
publique pour élever une famille ou envoyer ses enfants à
l'université.
Le gel prolongé des salaires dans le secteur public,
conjugué aux compressions d'effectifs et à l'impossibilité de
gravir les échelons, a créé des anomalies qu'il faut
maintenant corriger.
5. Le secteur privé cherche de plus en plus à recruter
les cadres supérieurs et les professionnels de la fonction
publique.
Les fonctionnaires sont des « travailleurs du
savoir » et des gestionnaires de ce genre de travailleurs.
Ils ont l'habitude de gérer des questions complexes, concilier
de multiples objectifs, nouer des alliances stratégiques, créer
des consensus et établir des réseaux. Ces compétences sont de
plus en plus recherchées dans le secteur privé aujourd'hui. La
concurrence normale entre les deux secteurs s'est accentuée avec
l'émergence de la nouvelle économie mondiale.
6. La situation actuelle n'est pas imputable uniquement à
des éléments qui échappent à la fonction publique. En
rétrospective, il est clair qu'elle découle également du
manque de mesures correctrices en temps opportun.
Les gestionnaires n'ont pas tenu suffisamment compte des
effets combinés de la décroissance et du profil démographique
de la fonction publique. Par conséquent, peu de mesures
correctrices ont été prises pour en atténuer les effets. Par
exemple :
- Ces dix dernières années, la plupart des
ministères ont réduit considérablement leur
recrutement extérieur. Cette mesure aura des
répercussions pendant de nombreuses années. On observe
déjà une pénurie de gens qualifiés dans certaines
catégories. La carence de nouveaux effectifs se
répercute aussi sur le dynamisme de l'organisation. En
outre, à cause du faible recrutement, la fonction
publique ne correspond plus au profil de la population
canadienne en général.
- La mobilité, surtout la mobilité
interministérielle, est à son plus bas, au moment
où les changements dans la prestation des services et
les questions transversales exigent que les gestionnaires
et les analystes diversifient leurs connaissances et leur
expérience. Par conséquent, d'excellents employés
n'ont pas eu la chance de se préparer pour répondre aux
défis de l'avenir.
- La décroissance a réduit les chances de gravir les
échelons. Aucune mesure n'a été prise pour
redresser quelque peu cette situation afin que les futurs
leaders soient prêts à prendre l'organisation en charge
en temps opportun.
On n'a pas accordé l'attention nécessaire aux
ressources humaines |
Bref, à tous les niveaux, on n'a pas
accordé l'attention nécessaire à la gestion des ressources
humaines pour préparer l'organisation et son personnel à
affronter l'avenir.
La relève, notre plus grand défi
Il y a de grands défis à relever, mais la situation n'est
pas sans espoir; des progrès ont été accomplis. Ainsi, la
fonction publique peut compter sur la force de ses employés,
leur expertise, leur expérience et leur dévouement. En outre,
des progrès réels et sensibles ont été réalisés au cours
des dernières années.
- Le gouvernement a donné aux gestionnaires de la fonction
publique les outils nécessaires pour gérer les
compressions d'effectifs, ce qu'ils ont fait avec
sérieux et compétence sans nuire à la productivité
des fonctionnaires. Avec l'aide des spécialistes en
gestion des ressources humaines, très peu d'employés
ont dû quitter la fonction publique contre leur gré, et
plusieurs ont trouvé un emploi à l'extérieur de la
fonction publique.
- Le rôle de l'État ayant été redéfini dans une large
mesure et les gouvernements étant en voie de retrouver
leur autonomie financière, la décroissance du secteur
public devrait tirer à sa fin.
- Le gouvernement a mis un terme au gel des salaires et a
rétabli les augmentations salariales et la
rémunération au mérite.
- Le Conseil du Trésor prépare avec les chefs syndicaux
un retour à la table de négociation.
Une carrière dans le secteur public demeure
attrayante |
En outre, une carrière dans le secteur
public demeure attrayante. C'est une carrière sans pareil. On ne
retrouve nulle part ailleurs la diversité, la richesse, la
complexité que procure une carrière dans le secteur public. Ce
sont là les éléments de base à partir desquels on pourra
rebâtir la fierté d'une carrière dans le secteur public et
repenser la gestion des ressources humaines.
Une carrière enrichissante dans le secteur public est une
carrière qui permet :
- de contribuer au bien public et d'influer sur le cours
des choses. Il ne faut pas sous-estimer la profonde
satisfaction associée à contribuer au bien-être du
Canada et des Canadiens. Voilà la plus grande source de
motivation des serviteurs de l'État;
- d'exploiter son plein potentiel et de travailler avec des
collègues tout aussi talentueux et dévoués;
- de bénéficier de la richesse et de la diversité de
l'organisation, d'apprendre, de s'épanouir et de se
perfectionner.
Voilà les avantages qu'offre une carrière dans le secteur
public. Ce sont les éléments de base dont nous devons nous
inspirer pour motiver les fonctionnaires, et améliorer notre
capacité à retenir et à attirer les compétences dont
l'organisation a besoin aujourd'hui et dont elle aura besoin à
l'avenir.
L'initiative appelée « La relève » est :
- le défi de bâtir une institution moderne et
dynamique capable de tirer pleinement profit des
aptitudes de ses employés;
- l'engagement des fonctionnaires de tout mettre
en oeuvre, sur le plan individuel et collectif, pour
faire de la fonction publique une organisation moderne et
dynamique aujourd'hui et demain;
- l'obligation, en tant que gardiens de
l'institution, de léguer à nos successeurs une
organisation dotée de personnes compétentes et
dévouées capables de relever les défis de leur temps.
Il faut un parti pris pour l'action |
Il y a eu depuis des années nombre
d'études sur la façon d'améliorer la gestion des ressources
humaines, mais les résultats ne sont pas proportionnés aux
efforts déployés. Il faut un parti pris pour l'action. Nous
devons changer notre approche. Il faut expérimenter et apprendre
au fur et à mesure. Les fonctionnaires pardonneront quelques
erreurs de parcours à leurs dirigeants de la fonction publique,
mais ils ne leur pardonneront pas de ne pas s'attaquer aux
défis.
La relève est la responsabilité de tous, et elle
exige l'engagement général |
Si la relève est la responsabilité de
tous et exige l'engagement général, elle exige encore plus de
la part des gestionnaires. Elle ne peut être l'oeuvre d'une
seule personne ou d'un seul ministère. Il faudra des efforts
concertés et soutenus sur une longue période. Tous les
fonctionnaires, tous les ministères, tous les organismes et
toutes les sections ont un rôle à jouer.
Il faudra trouver un nouvel équilibre entre la
responsabilité individuelle et la responsabilité collective |
Il faut rebâtir la motivation et la
fierté de la fonction publique. Nous devons créer, par les
initiatives de chacun, un milieu où les employés peuvent se
perfectionner et où ils sont valorisés, reconnus et traités
conformément aux valeurs fondamentales de la fonction publique.
Tous les ministères seront appelés à prendre des initiatives
axées sur la gestion de leurs ressources humaines. Il faudra
trouver un nouvel équilibre entre la responsabilité
individuelle et la responsabilité collective. Il est injuste de
laisser le fardeau du renouvellement aux personnes. La
responsabilité se situe également au niveau ministériel et
collectif.
La planification ministérielle
Jusqu'à maintenant, la fonction publique a affiché une
piètre performance en ce qui a trait à la planification des
ressources humaines et des carrières. Certains ministères, dont
Statistique Canada et Ressources naturelles Canada, ont montré
la voie à suivre et ont démontré les bénéfices d'une
planification à moyen et à long terme. Il faut tirer parti de
leur enseignement.
Chaque ministère devra analyser l'état de ses ressources
humaines et élaborer un plan d'action sur :
- ce qui peut être fait dans le ministère et à
l'échelle de la fonction publique pour bâtir une
organisation moderne et dynamique permettant d'exploiter
pleinement les talents de tous ses employés;
- ce qui peut être fait pour que les employés
bénéficient de la diversité et de la richesse de leur
institution, et que ce faisant ils soient prêts à
assumer leurs responsabilités futures;
- ce qui peut être fait pour bâtir une institution qui
soit plus représentative de la population que nous
servons;
- ce qui peut être fait pour éliminer les obstacles
empêchant les employés de contribuer aux changements
nécessaires pour mieux servir les Canadiens.
En élaborant leur plan d'action, les ministères façonneront
également un plan d'intervention à l'échelle de la fonction
publique.
Le soutien de l'organisation
Les interventions à l'échelle du secteur public
doivent être sélectives |
La fonction publique dans son ensemble
ne devrait prendre en charge que les initiatives ne pouvant être
prises en charge à un autre niveau. « La relève » prendra
surtout forme au niveau des ministères. Les organismes centraux
devront coordonner l'effort collectif, soutenir le travail des
ministères et intervenir dans les secteurs nécessitant une vue
d'ensemble.
«La relève» ne s'adresse pas uniquement aux
cadres supérieurs et aux employés les plus prometteurs |
Les sous-ministres ont déjà commencé
à identifier certaines initiatives qui nécessiteront une
approche collective. Bien que certaines de ces initiatives visent
le groupe de la direction, il faut noter que « La relève » ne
s'adresse pas uniquement aux cadres supérieurs, aux employés
les plus prometteurs et aux jeunes recrues. « La relève »
porte sur les besoins en ressources humaines de l'ensemble de la
fonction publique. Tous les employés doivent posséder les
compétences et les outils essentiels à leur travail; ils
doivent avoir l'appui de leur milieu de travail et prendre
conscience de l'importance de leur contribution à la qualité de
vie de leurs concitoyens. Lorsque les plans d'action des
ministères seront achevés, une liste des initiatives
nécessitant une intervention collective sera colligée.
Cette liste complète sera dressée d'ici la fin de juin 1997.
À ce jour, les projets suivants ont été identifiés :
- le perfectionnement accéléré des cadres supérieurs,
- la présélection des candidats au niveau de
sous-ministre adjoint,
- les nominations de sous-ministres adjoints au niveau,
- la rémunération et le maintien en poste,
- le soutien aux groupes professionnels,
Le perfectionnement accéléré des cadres
supérieurs
On aidera les cadres à se perfectionner et à
gravir les échelons plus rapidement |
La période prolongée de décroissance,
conjuguée à la baisse des promotions et de la mobilité
interministérielle, a fourni peu d'occasions aux gestionnaires
actuels et en puissance d'acquérir l'expérience diversifiée
qui les aurait préparés à prendre l'institution en main. Afin
de redresser en partie la situation, nous lancerons au début de
1997 un programme de perfectionnement accéléré des cadres
supérieurs prometteurs. Ceux qui proposeront leur candidature
feront l'objet d'un processus de sélection rigoureux.
La présélection des candidats au niveau de
sous-ministre adjoint
Afin de rendre le processus de nomination plus ouvert et de
donner aux cadres supérieurs la chance de gravir les échelons
et de diversifier leur expérience, les candidats seront invités
à présenter leur candidature à un processus de présélection
en vue d'une nomination au niveau de sous-ministre adjoint. Cette
invitation sera faite périodiquement. Les candidats seront
évalués et, s'ils sont retenus, ils feront partie d'un groupe
de candidats présélectionnés prêts à entrer en fonction dès
que le besoin se manifestera.
Les nominations de sous-ministres adjoints au
niveau
Les sous-ministres adjoints constituent un élément essentiel
du leadership de la fonction publique de demain. Mais à cause de
la réduction des effectifs, leur mobilité a diminué. Ainsi,
ils n'ont pas toujours pu bénéficier de l'expérience
diversifiée qu'offre habituellement une carrière dans la
fonction publique.
Il faut rééquilibrer le partage des
responsabilités |
Des sondages ont révélé que les
sous-ministres adjoints aimeraient recevoir plus de rétroaction
et de support collectif, en particulier pour guider leur
carrière et les aider à diversifier leur expérience. Afin de
les appuyer et de les aider davantage, il faut rééquilibrer le
partage des responsabilités individuelles et collectives.
Le système actuel, où les fonctionnaires sont laissés à
eux-mêmes pour s'occuper de leur carrière, a bien fonctionné
pour la plupart d'entre nous durant une période de croissance,
mais il ne répond pas aussi bien aux besoins du contexte actuel
ni à ceux de l'avenir. Il ne donne pas suffisamment la chance
aux employés qui le désirent de diversifier leur expérience,
pas plus qu'il ne permet à la fonction publique d'appuyer le
perfectionnement professionnel. Il faut rétablir l'équilibre et
assurer la mobilité des gens. En outre, les sous-ministres
adjoints sont en droit de s'attendre de recevoir de la part de
l'organisation de la rétroaction, une évaluation, du soutien,
des plans d'affectation et de réaffectation.
Le temps est venu d'assumer une plus grande
responsabilité collective pour le développement des sous-ministres
adjoints |
Les sous-ministres et les sous-ministres
délégués sont une ressource collective qui a bénéficié
d'une gestion collective favorisant les évaluations, la
rétroaction, les affectations diversifiées, les congés de
ressourcement et la formation. Le temps est venu d'assumer une
plus grande responsabilité collective pour le développement des
sous-ministres adjoints.
Les nouveaux sous-ministres adjoints seront
nommés au niveau plutôt qu'à un poste |
Nous adopterons donc, pour les nouveaux
sous-ministres adjoints un système de nomination au niveau
plutôt qu'à un poste; cela signifie aussi des affectations et
des réaffectations périodiques. Il faudra l'engagement de tous
les ministères pour fournir la formation et la diversité
d'expérience qui feront un succès de ce projet.
Le choix des sous-ministres adjoints actuels sera
respecté |
Les droits et le choix personnel des
sous-ministres adjoints qui ont été nommés en vertu du
système actuel seront respectés. Personne n'aura à se joindre
au nouveau régime contre son gré. Tous les sous-ministres
adjoints seront invités à se joindre au nouveau régime si cela
répond à leurs besoins et à leurs aspirations
professionnelles.
Il se pourrait que l'ensemble des cadres supérieurs
bénéficient d'un système semblable, mais nous procéderons
avec prudence en commençant par les sous-ministres adjoints.
Nous adopterons une démarche pragmatique : les
sous-ministres adjoints et les autres cadres supérieurs seront
invités à participer à la conception du système de rotation
qui pourra le mieux répondre aux besoins et aux attentes des
individus et de l'ensemble de la fonction publique.
La rémunération et le maintien en poste
La politique de rémunération du gouvernement du Canada doit
permettre au secteur public d'attirer et de garder les candidats
ayant les compétences qui lui seront nécessaires pour servir
les Canadiens. Certaines questions qui se posent à ce sujet
seront examinées dans le cadre des négociations collectives qui
reprendront prochainement.
Afin d'obtenir un avis impartial dans le cas des cadres
supérieurs, des sous-ministres et des personnes nommées par le
gouverneur en conseil, le président du Conseil du Trésor a mis
sur pied un comité consultatif externe. Ce comité aura pour
mandat de donner des avis et conseils sur les principes et les
stratégies de rémunération et sur d'autres questions connexes.
La rémunération n'est ni la seule ni même la plus
importante condition pour que la fonction publique puisse
motiver, garder et attirer les talents dont elle a besoin.
D'autres éléments sont nécessaires pour que les conditions de
travail aident les fonctionnaires à se consacrer au service du
bien public. Ces conditions comprennent la reconnaissance et le
respect, l'appui aux réformes nécessaires, la possibilité de
participer et d'apprendre, et celle de diversifier leur
expérience. Cela comprend aussi une juste rémunération.
Le soutien aux groupes professionnels
Il faudra également un effort collectif pour prêter
main-forte à certains groupes professionnels. Ainsi, le groupe
chargé de l'élaboration des politiques étudie comment
améliorer ses méthodes de recrutement, de formation et de
gestion de carrière. Le groupe des communications établira
un profil de compétences pour les directeurs généraux et
cernera les possibilités d'affectations latérales et
d'échanges. Un troisième groupe, celui des professionnels
scientifiques, est en train d'élaborer une stratégie
globale pour ses membres.
D'autres groupes professionnels, tels que ceux des ressources
humaines et de l'informatique et de la gestion de
l'information, sont à examiner comment renouveler leurs
effectifs et répondre à leurs besoins particuliers. Nous devons
encourager ces groupes à définir leurs besoins et à faire des
recommandations sur les moyens de se renouveler.
Le recrutement externe
Il est urgent de se pencher sur la question du
recrutement |
Le recrutement universitaire est à son
plus bas niveau. Certains programmes visant à attirer des
diplômés prometteurs dans le secteur public se sont avérés
inefficaces. Certains, comme le Programme de stagiaires en
gestion et le Programme de formation accélérée pour les
économistes nécessiteront plus d'attention. Par exemple, le
Programme de stagiaires en gestion vise à recruter des
diplômés universitaires et des fonctionnaires démontrant des
qualités de bons gestionnaires et à les former grâce à
diverses affectations de niveau intermédiaire. Bien que les
candidats soient de haut calibre, le programme ne donne pas les
résultats escomptés puisque les ministères ont réduit leur
demande de stagiaires et les affectations ne répondent pas
adéquatement aux besoins des stagiaires. Ces questions seront
examinées dans le cadre de plans d'action ministériels.
Conclusion
« La relève » est d'abord et avant tout la
volonté individuelle et collective des fonctionnaires de tout
mettre en oeuvre pour faire de la fonction publique un milieu de
travail dynamique et pour léguer une organisation meilleure à
ceux qui nous suivront.
Cette volonté est l'élément essentiel pour bâtir
l'institution moderne et dynamique qui répondra et aux besoins
actuels et aux besoins futurs des Canadiens.
C'est un défi important et passionnant. Pour le
relever, nous prendrons résolument parti pour l'action qui, plus
que les mots, montrera l'importance que nous attachons au secteur
public et à ses employés.
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matières] [Chapitre suivant]
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