Discours du Premier ministre Jean Chrétien à l’occasion d’un déjeuner d’Équipe Canada

Le 15 février 2002
Moscou, Russie

J’ai le grand plaisir de vous présenter Équipe Canada 2002.

Nous avons conçu la notion d’une « Équipe Canada » en 1994. C’était pour nous un moyen d’afficher devant le monde entier notre volonté nationale de faire connaître le Canada comme un partenaire commercial idéal dans l’économie mondialisée du 21e siècle.

Équipe Canada 2002 est une équipe du tonnerre. Je suis accompagné des chefs de gouvernement des provinces et des territoires et, surtout, de plus de 200 de nos meilleurs entrepreneurs. Des hommes et des femmes qui veulent profiter du vent de changement positif qui souffle sur la nouvelle Russie.

Ce qui rend cette visite si spéciale, c’est qu’elle est en quelque sorte un retour aux sources en ce sens qu’elle nous ramène au stade même où l’expression « Équipe Canada » s’est chargée d’émotion pour les Canadiens et où elle est devenue un symbole du travail d’équipe canadien. Nos meilleurs donnant le meilleur d’eux-mêmes. Au plus haut niveau, sur la scène mondiale, pendant le Sommet du hockey de 1972.

Il n’y pas un seul Canadien qui ait suivi cette série qui ne puisse vous dire où il se trouvait à cette occasion. Je suis persuadé qu’on pourrait en dire autant de nombreux Russes. Et je suis très heureux que des membres des deux équipes soient des nôtres aujourd’hui.

L’héritage commun de ce septembre mémorable – pour le Canada et pour la Russie – c’est que nos peuples se sont découverts, pour la première fois dans bien des cas. Nous nous sommes reconnus comme peuples ayant de nombreux traits communs.

Trente ans plus tard, le Canada et la Russie sont des partenaires sur la scène mondiale, au sein du G8 et de l’APEC et aux Nations Unies. J’aimerais profiter de nouveau de cette occasion pour saluer le leadership du Président Poutine dans la campagne internationale contre le terrorisme. Au Sommet du G8 qui se tiendra au Canada cette année, je compte bien faire appel à ses grandes compétences dans notre effort en vue de remplir notre engagement conjoint envers l’amélioration de la qualité de vie de la population de l’Afrique.

Le Canada et la Russie sont aussi devenus des partenaires commerciaux.

Les noms de pionniers canadiens du monde des affaires comme Stefan Simek et George Cohon sont aujourd'hui bien connus. Plusieurs sociétés canadiennes sont bien implantées dans toute la Russie. Des entrepreneurs canadiens ont poursuivi des perspectives d'affaires quand beaucoup d'autres auraient renoncé. Du secteur bancaire au génie, les professionnels canadiens façonnent le nouveau visage de la Russie.

Équipe Canada 2002 arrive à Moscou en force. Dans une période remplie de promesses.

L'économie russe est en pleine expansion. Le remboursement de la dette progresse plus vite que prévu. Mais ce qui a surtout attiré les membres de notre délégation ce sont les réformes structurelles historiques que le Président Poutine et son équipe ont amorcées. Des réformes qui assoiront solidement l'économie de marché ouverte de la Russie.

De telles réformes sont souvent sources de division. Aussi, je salue le Président Poutine d'avoir su habilement expliquer leur importance et leur utilité. Grâce à lui, l'économie de marché est devenue populaire, ce qui aurait paru impossible il y a quelques années encore.

Le Canada appuie depuis longtemps le processus de réforme. Nous avons travaillé avec vous à l'élaboration du nouveau Code civil et des lois sur la faillite et la propriété intellectuelle. Et le Canada continuera d'apporter à la Russie toute la collaboration que vous jugez utile.

Dans le contexte de la croissance et de la réforme, les conditions sont bonnes pour développer nos échanges et nos investissements bilatéraux. À moins d'un milliard de dollars, le commerce bilatéral entre nous est loin du potentiel que peut offrir le partenariat économique entre nous.

Le Canada démontre depuis longtemps sa volonté d’accroître le commerce et l’investissement. Nous avons été parmi les premiers à appuyer l’accession de la Russie à l’OMC. De plus, nous avons fait preuve, et nous continuerons de faire preuve, de bonne foi dans les dossiers commerciaux.

Cependant, chacun de nous doit intensifier ses efforts.

À vrai dire, je crois que certains gens d’affaires canadiens ont sous-estimé le potentiel de la Russie après 1998.

Pour sa part, la Russie a également raté des occasions.

Il ne reste plus qu’une poignée des nombreuses sociétés pétrolières et gazières du Canada qui faisaient de la prospection en Russie il y a dix ans. Des litiges ont retardé d’importants investissements canadiens dans le secteur minier. Et la mauvaise expérience de certains investisseurs canadiens a terni le marché russe aux yeux de nombreux autres.

Autant le gouvernement que les entreprises de la Russie ont intérêt à identifier les véritables causes de ces litiges et de ces départs si nous voulons réussir à donner un nouvel élan à nos relations d’affaires. Une autre mesure qui s’impose serait de parvenir à un nouvel accord plus actuel sur la protection des investissements étrangers qui protège vraiment les investisseurs et leur donne confiance.

Quant au Canada, il a aussi des efforts à faire. Nous devons rendre les voyages d’affaires plus efficaces. Et nous devons offrir de meilleures options en matière de commerce et de financement de projets.

Le commerce ne peut prospérer que dans un climat de confiance. Et la confiance n’est pas à sens unique. Avec votre appui et votre engagement, Équipe Canada 2002 pourra contribuer grandement à instaurer la confiance mutuelle.

Notre délégation est pleine d’enthousiasme. Son énergie est contagieuse. Sa passion embrasse différents secteurs et régions. Ses membres savent que les ports, les chemins de fer et les corridors aériens de la Russie sont déjà de grands carrefours commerciaux aux niveaux régional et international. Ils trouvent impressionnants les progrès technologiques rapides qui ont été accomplis par les Russes dans le secteur des télécommunications. Et ils savent que les sociétés russes ici présentes sont d’importants acteurs économiques mondiaux.

La force d’Équipe Canada 2002 réside non seulement dans la qualité de la délégation et dans les opportunités qu’offre la Russie mais aussi dans la vigueur et le dynamisme des fondements de l’économie canadienne. Nous sommes en excellente position – pas seulement pour résister au ralentissement économique mondial actuel, mais pour prospérer pendant la reprise qui suivra.

Nous avons déposé cinq budgets excédentaires de suite. Nous sommes le seul pays du G8 qui devrait, selon les projections, traverser la période actuelle de déclin sans se retrouver en déficit. Le ratio de la dette au PIB a diminué plus vite au Canada que dans tout autre grand pays industrialisé. L’inflation demeure faible et stable. Et les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi peu élevés en 40 ans.

Nous avons adopté le plus important plan de réduction d’impôt de toute l’histoire du Canada. Dans le cadre de ce plan, le taux d’imposition des sociétés s’établira environ cinq points sous les taux américains moyens. C’est là tout un encouragement à l’investissement au Canada. D’autre part, nos encouragements fiscaux à la recherche et au développement sont les plus généreux au monde.

Le mois dernier, la firme KPMG a rendu publique une étude selon laquelle le Canada est le pays du G7 où il est le plus économique de faire des affaires.

Par ailleurs, notre gouvernement a effectué des investissements stratégiques qui contribuent à garantir la vigueur de notre économie à long terme, à bâtir une infrastructure avancée de recherche et d’apprentissage pour notre population et à faire en sorte que le Canada soit le lieu où les découvertes et les nouveaux procédés arrivent sur le marché avant les autres.

Le fait est, Mesdames et Messieurs, que les conditions n’ont jamais été aussi favorables que maintenant pour le commerce entre le Canada et la Russie.

Quel meilleur moyen de montrer la détermination du Canada de saisir cette occasion favorable que la mission d’Équipe Canada 2002. Cette idée est née dans le contexte de la mondialisation de l’économie, mais ses origines remontent dans notre mémoire collective à l’automne de 1972.

L’année où, pour la première fois, Équipe Canada est devenue un symbole durable de l’esprit d’équipe canadien. De nos meilleurs donnant le meilleur d’eux-mêmes. Au plus haut niveau. Sur la scène mondiale.

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