Déjeuner devant la Keidanren
Je suis très heureux de me trouver ici aujourd'hui, et de reconnaître parmi vous autant de visages bien connus.
J'aimerais d'abord féliciter M. Ejiri, qui a dirigé de main de maître la récente mission de partenariat de la Keidanren au Canada. Je tiens aussi à féliciter MM. Zaizen et Ihara d'avoir piloté les deux équipes sectorielles qui ont traversé le Canada pour rencontrer les gens d'affaires canadiens.
C'est ma première visite bilatérale officielle au Japon en tant que Premier ministre, bien que j'aie assisté au Sommet de l'APEC l'an dernier, à Osaka, et que j'y aie séjourné souvent à d'autres titres.
Chaque fois que je suis venu dans votre merveilleux pays, j'ai été frappé par le dynamisme, la vitalité et l'énergie débordante des Japonais.
C'est avec surprise aussi que je constate à quel point nos relations bilatérales se sont développées au fil des années.
Le Japon est notre plus important partenaire Outre-Pacifique. Le Canada exporte autant vers votre pays que vers tout le reste de l'Asie. Cela favorise bien sûr la création d'emplois au Canada, la priorité numéro un de mon gouvernement.
Le Japon et le Canada collaborent dans de nombreux secteurs. Ils participent, entre autres, au dialogue politique sur de grandes questions internationales, ils entretiennent des relations économiques solides et, si l'on se fie au mouvement croissant de touristes et d'étudiants dans les deux directions, ils multiplient les échanges culturels et tissent des liens durables.
Le festival «Today's Japan», qui s'est échelonné sur dix semaines à Toronto l'an dernier, est un bon exemple de ce rapprochement. Inauguré par le prince et la princesse Takamado, il a connu un immense succès comme en témoigne le demi-million de visiteurs qu'il a attirés.
Le Canada entretient avec le Japon des relations qu'il souhaiterait avoir avec tous ses partenaires Outre-Pacifique. Nous sommes des pays très différents, mais nous pouvons quand même travailler ensemble et collaborer plus étroitement sans renier nos traditions et nos modes de vie.
La collaboration croissante entre nos deux pays tient du fait que le Canada est de plus en plus conscient de sa destinée de pays de l'Asie-Pacifique. Quand nous regardons ce qui se passe outre-frontières, nous nous rendons compte que cette région est particulièrement à l'avant-plan.
Pour célébrer cette importante dimension de la vie canadienne, mon gouvernement a donc déclaré 1997 l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique. Ce sera pour le Canada une excellente occasion de resserrer les nombreux liens qu'il a avec cette région.
J'ai rencontré plus tôt aujourd'hui M. Ejiri et les membres de la mission de partenariat de la Keidanren qui sont venus au Canada l'an dernier. Ils ont eu des commentaires positifs sur les changements importants qu'ils ont pu observer au Canada.
On me dit que de nombreux gens d'affaires japonais ont observé les réformes fondamentales de l'économie canadienne. Au cours des trois dernières années, mon gouvernement a procédé à des réformes financières et à une restructuration économique fondamentales.
Quand il a été porté au pouvoir, il y a trois ans, mon gouvernement a dû s'attaquer à une tâche gigantesque : Le déficit représentait 6 p. 100 du PIB, nous accusions la pire fiche au sein du G7. Nous avons réalisé qu'il fallait absolument apporter des changements fondamentaux.
Au cours des trois dernières années, nous avons assaini les finances publiques. Cela n'a pas été facile, mais la population canadienne nous appuie. Mon gouvernement lui en est très reconnaissant.
Nous avons jugulé nos dépenses. En 1996-1997, notre déficit représentera moins de trois pour cent du PIB selon la méthode des comptes nationaux. Et, plus important encore, les nouveaux besoins financiers, soit la base sur laquelle tous les pays industrialisés calculent leur déficit, s'élèveront à moins de un pour cent du PIB en 1997-1998. En 1998-1999, les nouveaux besoins d'emprunt du gouvernement auront été ramenés à zéro.
En d'autres termes, en 1998-1999, selon la méthode des comptes nationaux, le budget canadien sera équilibré. Cela constitue une réalisation remarquable en quelques années à peine.
Et tous ces progrès ont pu être accomplis avec une inflation presque nulle. L'économie canadienne a soutenu la création d'un plus grand nombre d'emplois que l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni réunis.
Nous avons maintenu nos mesures de sécurité sociale. Les taux d'intérêt sont à leur niveau le plus bas des quarante dernières années. Les taux canadiens à court terme sont plus de trois points moins élevés que les taux américains comparables.
Et pour la première fois depuis longtemps, les taux canadiens et américains sur dix ans sont à peu près équivalents.
Des prévisionnistes indépendants, notamment l'OCDE et le FMI prévoient que notre économie croîtra plus rapidement que tous les autres pays du G7 en 1997-1998
Nous avons d'énormes réserves de ressources naturelles, une main-d'oeuvre scolarisée et compétente, et de nombreuses industries à la fine pointe de la technologie.
L'économie du Canada n'a jamais offert climat plus propice aux investisseurs du Japon.
La mise en application de l'ALENA est aussi importante pour les membres du Keidanren qui pensent à investir au Canada ou à y prendre de l'expansion. Selon cet accord, les entreprises installées au Canada ont maintenant un accès plus fiable à un marché de plus de 360 millions de consommateurs.
L'ALENA renforce un dossier déjà convaincant pour investir au Canada. Ce message est bien reçu au Japon.
Les investissements japonais sont essentiels à la prospérité économique du Canada et constituent un facteur important de création d'emplois pour les Canadiens. Le Japon est maintenant le troisième plus gros investisseur étranger au Canada, avec 440 entreprises qui emploient environ 50 000 personnes.
De grandes sociétés comme Toyota et Honda trouvent le marché canadien attrayant au point d'agrandir leurs usines en Ontario. Des entreprises plus petites les imitent, par exemple, la Sakai Spice qui construit une usine de triturage de graines de moutarde en Alberta. Et il y a de nombreux autres exemples au cours de la dernière année seulement.
Le Japon est aussi la deuxième source de placement de portefeuille du Canada. Les investisseurs japonais n'ont pas été sans remarquer la qualité et l'attrait croissants des actifs financiers canadiens. Un récent sondage révèle que les institutions financières japonaises détiennent plus de 40 milliards de dollars d'actifs canadiens.
Mais ce n'est pas là un mouvement à sens unique. Des entreprises canadiennes, de plus en plus nombreuses, viennent s'installer au Japon, Cognos, Northern Télécom, Newbridge Networks et Hôtels Quatre Saisons, par exemple.
Des organisations tournées vers l'extérieur comme l'ALENA et l'APEC favorisent la prospérité grâce à un accroissement du commerce et de l'investissement.
J'ai été très heureux des progrès que les dirigeants de l'APEC ont réalisés à la dernière rencontre à Manille concernant le libre-échange dans la région de l'Asie-Pacifique.
Pour le Canada et le Japon, le commerce a été le pilier de nos relations.
Plus de 37 % du PIB du Canada est tributaire des exportations. Le Japon constitue, après les États-Unis, notre deuxième marché.
En 1995, nos exportations vers votre pays ont augmenté de 24 % pour dépasser les 12 milliards de dollars, tandis que les échanges entre nos deux pays ont atteint un sommet de 24 milliards.
En général, la valeur des exportations canadiennes vers le Japon ces trois dernières années a augmenté de 61 %, ce qui est absolument remarquable.
Le Canada est aussi un marché important pour vos biens manufacturés, car vos exportations vers un Canada plus dynamique ont aussi beaucoup augmenté ces dernières années.
Nous continuons d'être un fournisseur important de matières premières et de produits semi-transformés, mais nous constatons que nos exportations de produits manufacturés ont énormément augmenté.
Par exemple, à une certaine époque, nous ne vendions que du bois au marché japonais de la construction; maintenant, nous lui vendons des maisons préfabriquées dont les planchers sont couverts de tatamis, et dont les portes et fenêtres sont prêtes à poser.
Je visiterai d'ailleurs certaines de ces maisons demain, lors de ma visite à Nagoya.
Les exportations de logiciels canadiens dépassent maintenant les 100 millions de dollars, et la programmation est expressément adaptée aux clients japonais. Par exemple, le logiciel du système de contrôle de la circulation de la ville de Tokyo a été conçu par une firme de Montréal.
Je visiterai ce centre de contrôle plus tard cet après-midi.
Le Japon représente également la source numéro un de recettes touristiques au Canada. Un nombre record de Japonais - 670 000 - sont venus au Canada en 1995, soit une hausse de 19 % par rapport à l'année précédente.
Les milieux d'affaires canadiens, soutenus par les gouvernements fédéral et provinciaux, ont élaboré le Plan d'action du Canada pour le Japon, pour mieux diversifier nos relations économiques. Une nouvelle version du Plan a été distribuée plus tôt aujourd'hui.
Nous avons examiné attentivement les capacités et les technologies canadiennes, et nous les avons appariées aux nouveaux secteurs d'importation du Japon afin de trouver les entreprises canadiennes les plus susceptibles de réussir ici.
Le Plan fonctionne : les entreprises connaissent de mieux en mieux votre marché, elles adaptent leurs produits à vos goûts, et elles sont systématiquement à l'affût d'autres débouchés.
La croissance des échanges et des investissements a été favorisée par des institutions publiques et privées efficaces.
Ainsi, la Conférence des gens d'affaires Canada-Japon, à laquelle beaucoup d'entre vous participent régulièrement, en est à sa vingtième année.
Je suis fier d'avoir aidé à lancer la Conférence lorsque j'étais ministre de l'Industrie et du Commerce.
Je suis également heureux de rencontrer aujourd'hui trois membres de la Keidanren qui ont beaucoup contribué aux relations Canada-Japon, soit M. Ejiri, président de Mitsui & Company; M. Morohashi, président de Mitsubishi; et M. Okawara, conseiller exécutif auprès de la Keidanren.
Avec le Premier ministre Hashimoto, j'essaierai de voir comment les consultations économiques de nos gouvernements peuvent être encore plus réceptives à nos milieux d'affaires, afin de faciliter les échanges et d'éviter les différends.
Aujourd'hui, j'ai parlé des nombreux liens qui nous unissent.
Les populations canadienne et japonaise sont plus prospères grâce aux percées effectuées, et nos économies n'en sont que plus solides aussi.
Mais nous ne devons pas nous asseoir sur nos lauriers. Il y a trop d'enjeux. En tant que partenaires dans la région du Pacifique, nous devons faire montre de leadership dans un monde qui change très rapidement.
En travaillant ensemble, nous pouvons faire face à l'avenir avec confiance et espoir.
Merci.
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