Déjeuner devant la Keidanren
Le 27 novembre 1996
Tokyo (Japon)
Je suis très heureux de me trouver ici aujourd'hui, et
de reconnaître parmi vous autant de visages bien connus.
J'aimerais d'abord féliciter M. Ejiri, qui a dirigé
de main de maître la récente mission de partenariat
de la Keidanren au Canada. Je tiens aussi à féliciter
MM. Zaizen et Ihara d'avoir piloté les deux équipes
sectorielles qui ont traversé le Canada pour rencontrer
les gens d'affaires canadiens.
C'est ma première visite bilatérale officielle au
Japon en tant que Premier ministre, bien que j'aie assisté
au Sommet de l'APEC l'an dernier, à Osaka, et que j'y aie
séjourné souvent à d'autres titres.
Chaque fois que je suis venu dans votre merveilleux pays, j'ai
été frappé par le dynamisme, la vitalité
et l'énergie débordante des Japonais.
C'est avec surprise aussi que je constate à quel point
nos relations bilatérales se sont développées
au fil des années.
Le Japon est notre plus important partenaire Outre-Pacifique. Le
Canada exporte autant vers votre pays que vers tout le reste de
l'Asie. Cela favorise bien sûr la création d'emplois
au Canada, la priorité numéro un de mon gouvernement.
Le Japon et le Canada collaborent dans de nombreux secteurs. Ils
participent, entre autres, au dialogue politique sur de grandes
questions internationales, ils entretiennent des relations économiques
solides et, si l'on se fie au mouvement croissant de touristes
et d'étudiants dans les deux directions, ils multiplient
les échanges culturels et tissent des liens durables.
Le festival «Today's Japan», qui s'est échelonné
sur dix semaines à Toronto l'an dernier, est un bon exemple
de ce rapprochement. Inauguré par le prince et la princesse
Takamado, il a connu un immense succès comme en témoigne
le demi-million de visiteurs qu'il a attirés.
Le Canada entretient avec le Japon des relations qu'il souhaiterait
avoir avec tous ses partenaires Outre-Pacifique. Nous sommes des
pays très différents, mais nous pouvons quand même
travailler ensemble et collaborer plus étroitement sans
renier nos traditions et nos modes de vie.
La collaboration croissante entre nos deux pays tient du fait
que le Canada est de plus en plus conscient de sa destinée
de pays de l'Asie-Pacifique. Quand nous regardons ce qui se passe
outre-frontières, nous nous rendons compte que cette région
est particulièrement à l'avant-plan.
Pour célébrer cette importante dimension de la vie
canadienne, mon gouvernement a donc déclaré 1997
l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique. Ce sera pour le
Canada une excellente occasion de resserrer les nombreux liens
qu'il a avec cette région.
J'ai rencontré plus tôt aujourd'hui M. Ejiri et les
membres de la mission de partenariat de la Keidanren qui sont
venus au Canada l'an dernier. Ils ont eu des commentaires positifs
sur les changements importants qu'ils ont pu observer au Canada.
On me dit que de nombreux gens d'affaires japonais ont observé
les réformes fondamentales de l'économie canadienne.
Au cours des trois dernières années, mon gouvernement
a procédé à des réformes financières
et à une restructuration économique fondamentales.
Quand il a été porté au pouvoir, il y a trois
ans, mon gouvernement a dû s'attaquer à une tâche
gigantesque : Le déficit représentait 6 p. 100 du
PIB, nous accusions la pire fiche au sein du G7. Nous avons réalisé
qu'il fallait absolument apporter des changements fondamentaux.
Au cours des trois dernières années, nous avons
assaini les finances publiques. Cela n'a pas été
facile, mais la population canadienne nous appuie. Mon gouvernement
lui en est très reconnaissant.
Nous avons jugulé nos dépenses. En 1996-1997, notre
déficit représentera moins de trois pour cent du
PIB selon la méthode des comptes nationaux. Et, plus important
encore, les nouveaux besoins financiers, soit la base sur laquelle
tous les pays industrialisés calculent leur déficit,
s'élèveront à moins de un pour cent du PIB
en 1997-1998. En 1998-1999, les nouveaux besoins d'emprunt du
gouvernement auront été ramenés à
zéro.
En d'autres termes, en 1998-1999, selon la méthode des
comptes nationaux, le budget canadien sera équilibré.
Cela constitue une réalisation remarquable en quelques
années à peine.
Et tous ces progrès ont pu être accomplis avec une
inflation presque nulle. L'économie canadienne a soutenu
la création d'un plus grand nombre d'emplois que l'Allemagne,
la France et le Royaume-Uni réunis.
Nous avons maintenu nos mesures de sécurité sociale.
Les taux d'intérêt sont à leur niveau le plus
bas des quarante dernières années. Les taux canadiens
à court terme sont plus de trois points moins élevés
que les taux américains comparables.
Et pour la première fois depuis longtemps, les taux canadiens
et américains sur dix ans sont à peu près
équivalents.
Des prévisionnistes indépendants, notamment l'OCDE
et le FMI prévoient que notre économie croîtra
plus rapidement que tous les autres pays du G7 en 1997-1998
Nous avons d'énormes réserves de ressources naturelles,
une main-d'oeuvre scolarisée et compétente, et de
nombreuses industries à la fine pointe de la technologie.
L'économie du Canada n'a jamais offert climat plus propice
aux investisseurs du Japon.
La mise en application de l'ALENA est aussi importante pour les
membres du Keidanren qui pensent à investir au Canada ou
à y prendre de l'expansion. Selon cet accord, les entreprises
installées au Canada ont maintenant un accès plus
fiable à un marché de plus de 360 millions de consommateurs.
L'ALENA renforce un dossier déjà convaincant pour
investir au Canada. Ce message est bien reçu au Japon.
Les investissements japonais sont essentiels à la prospérité
économique du Canada et constituent un facteur important
de création d'emplois pour les Canadiens. Le Japon est
maintenant le troisième plus gros investisseur étranger
au Canada, avec 440 entreprises qui emploient environ 50 000 personnes.
De grandes sociétés comme Toyota et Honda trouvent
le marché canadien attrayant au point d'agrandir leurs
usines en Ontario. Des entreprises plus petites les imitent, par
exemple, la Sakai Spice qui construit une usine de triturage de
graines de moutarde en Alberta. Et il y a de nombreux autres exemples
au cours de la dernière année seulement.
Le Japon est aussi la deuxième source de placement de portefeuille
du Canada. Les investisseurs japonais n'ont pas été
sans remarquer la qualité et l'attrait croissants des actifs
financiers canadiens. Un récent sondage révèle
que les institutions financières japonaises détiennent
plus de 40 milliards de dollars d'actifs canadiens.
Mais ce n'est pas là un mouvement à sens unique.
Des entreprises canadiennes, de plus en plus nombreuses, viennent
s'installer au Japon, Cognos, Northern Télécom,
Newbridge Networks et Hôtels Quatre Saisons, par exemple.
Des organisations tournées vers l'extérieur comme
l'ALENA et l'APEC favorisent la prospérité grâce
à un accroissement du commerce et de l'investissement.
J'ai été très heureux des progrès
que les dirigeants de l'APEC ont réalisés à
la dernière rencontre à Manille concernant le libre-échange
dans la région de l'Asie-Pacifique.
Pour le Canada et le Japon, le commerce a été le
pilier de nos relations.
Plus de 37 % du PIB du Canada est tributaire des exportations.
Le Japon constitue, après les États-Unis, notre deuxième
marché.
En 1995, nos exportations vers votre pays ont augmenté
de 24 % pour dépasser les 12 milliards de dollars, tandis
que les échanges entre nos deux pays ont atteint un sommet
de 24 milliards.
En général, la valeur des exportations canadiennes
vers le Japon ces trois dernières années a augmenté
de 61 %, ce qui est absolument remarquable.
Le Canada est aussi un marché important pour vos biens
manufacturés, car vos exportations vers un Canada plus
dynamique ont aussi beaucoup augmenté ces dernières
années.
Nous continuons d'être un fournisseur important de matières
premières et de produits semi-transformés, mais nous
constatons que nos exportations de produits manufacturés
ont énormément augmenté.
Par exemple, à une certaine époque, nous ne vendions
que du bois au marché japonais de la construction; maintenant,
nous lui vendons des maisons préfabriquées dont
les planchers sont couverts de tatamis, et dont les portes et
fenêtres sont prêtes à poser.
Je visiterai d'ailleurs certaines de ces maisons demain, lors
de ma visite à Nagoya.
Les exportations de logiciels canadiens dépassent maintenant
les 100 millions de dollars, et la programmation est expressément
adaptée aux clients japonais. Par exemple, le logiciel
du système de contrôle de la circulation de la ville
de Tokyo a été conçu par une firme de Montréal.
Je visiterai ce centre de contrôle plus tard cet après-midi.
Le Japon représente également la source numéro
un de recettes touristiques au Canada. Un nombre record de Japonais
- 670 000 - sont venus au Canada en 1995, soit une hausse de 19
% par rapport à l'année précédente.
Les milieux d'affaires canadiens, soutenus par les gouvernements
fédéral et provinciaux, ont élaboré
le Plan d'action du Canada pour le Japon, pour mieux diversifier
nos relations économiques. Une nouvelle version du Plan
a été distribuée plus tôt aujourd'hui.
Nous avons examiné attentivement les capacités et
les technologies canadiennes, et nous les avons appariées
aux nouveaux secteurs d'importation du Japon afin de trouver les
entreprises canadiennes les plus susceptibles de réussir
ici.
Le Plan fonctionne : les entreprises connaissent de mieux en mieux
votre marché, elles adaptent leurs produits à vos
goûts, et elles sont systématiquement à l'affût
d'autres débouchés.
La croissance des échanges et des investissements a été
favorisée par des institutions publiques et privées
efficaces.
Ainsi, la Conférence des gens d'affaires Canada-Japon, à
laquelle beaucoup d'entre vous participent régulièrement,
en est à sa vingtième année.
Je suis fier d'avoir aidé à lancer la Conférence
lorsque j'étais ministre de l'Industrie et du Commerce.
Je suis également heureux de rencontrer aujourd'hui trois
membres de la Keidanren qui ont beaucoup contribué aux
relations Canada-Japon, soit M. Ejiri, président de Mitsui
& Company; M. Morohashi, président de Mitsubishi; et
M. Okawara, conseiller exécutif auprès de la Keidanren.
Avec le Premier ministre Hashimoto, j'essaierai de voir comment
les consultations économiques de nos gouvernements peuvent
être encore plus réceptives à nos milieux
d'affaires, afin de faciliter les échanges et d'éviter
les différends.
Aujourd'hui, j'ai parlé des nombreux liens qui nous unissent.
Les populations canadienne et japonaise sont plus prospères
grâce aux percées effectuées, et nos économies
n'en sont que plus solides aussi.
Mais nous ne devons pas nous asseoir sur nos lauriers. Il y a
trop d'enjeux. En tant que partenaires dans la région du
Pacifique, nous devons faire montre de leadership dans un monde
qui change très rapidement.
En travaillant ensemble, nous pouvons faire face à l'avenir
avec confiance et espoir.
Merci.
|