Université Meiji
L'honneur que vous me faites aujourd'hui n'a d'égal que la bienveillance avec laquelle vous m'avez accueilli dans votre grand pays.
Je l'accepte avec fierté, pour moi-même, et au nom de tous les Canadiens.
Je l'accepte comme un symbole des relations étroites et durables qu'entretiennent nos deux pays.
Le Canada, tout comme le Japon, est un pays du Pacifique.
Nous vivons dans un monde dans lequel la connaissance est la clé de la fraternité et de la coexistence pacifique, dans lequel les ressources intellectuelles des nations ouvrent la voie à la croissance économique, à la prospérité et au progrès social.
Nous ne saurions trouver meilleur endroit pour célébrer ce partenariat qu'une des plus prestigieuses maisons du savoir au Japon.
Je constate avec grand plaisir le succès que connaît le programme d'Études canadiennes de l'Université Meiji.
Depuis 1989, votre Centre de programmes internationaux a collaboré étroitement avec l'ambassade canadienne afin d'inviter d'éminents universitaires canadiens à venir prononcer des conférences et animer des séminaires.
Les liens qui se sont tissés entre votre université et des institutions de haut savoir canadiennes comme l'Université de Victoria, l'Université de l'Alberta et l'Université York sont d'une valeur inestimable tant pour les étudiants japonais que canadiens.
Nous pourrions citer bien d'autres exemples illustrant comment nos deux pays apprennent à mieux se connaître mutuellement.
Les scientifiques canadiens et japonais tiennent des rencontres mutuellement profitables dans le cadre de programmes comme les Japanese STA Fellowships et notre Fonds de coopération scientifique et technologique avec le Japon.
Au cours des dix dernières années, plus de 3 000 jeunes Canadiens sont venus enseigner l'anglais dans les écoles japonaises. Depuis 1987, près de 10 000 jeunes Canadiens et 25 000 jeunes Japonais ont pris part au Programme d'emploi d'été permettant à des jeunes d'allier apprentissage et tourisme.
De plus, des milliers de touristes canadiens sont venus visiter votre pays, et l'an dernier, à Toronto, plus de 500 000 Canadiens ont pu admirer la plus grande exposition d'art, de théâtre et de danse japonais qui ait jamais été présentée en Amérique du Nord.
D'autre part, jamais les touristes japonais n'ont visité mon pays en aussi grand nombre. Au cours de la dernière décennie, cinq millions de Japonais se sont rendus au Canada.
Vous constaterez que le Canada est une terre d'immigrants. Au fil des ans, nos deux cultures fondatrices française et anglaise ont été enrichies par des millions de gens venus de toutes les régions du monde, y compris le Japon.
Ainsi, il y a soixante ans, un jeune homme appelé Umezuki est parti pour le Canada. Aujourd'hui, sa petite-fille représente le Canada à notre ambassade, ici, à Tokyo.
Il y a plus de quarante ans, un autre jeune homme, Nakamura, quittait son pays pour le Canada. Il est devenu un maître du kendo, et son art est reconnu au Canada et au Japon. Il vit aujourd'hui à Tokyo et pratique le kendo avec le Premier ministre Hashimoto. Sa fille travaille également à notre ambassade.
L'édifice même de notre ambassade a été conçu par un éminent Canadien d'origine japonaise, Raymond Moriyama. Son oeuvre magnifique d'Akasaka allie les traditions architecturales japonaises et canadiennes, et il représente à merveille l'étroite relation qui unit nos deux pays.
Ces liens étroits touchent également aux secteurs des affaires et du commerce. Le Japon est notre deuxième partenaire commercial après les États-Unis.
Au cours des trois dernières années, la valeur de nos exportations vers le Japon a augmenté de 61 p. 100. Les exportations du Japon vers le Canada ont également connu une augmentation spectaculaire. En fait, les relations commerciales que nous entretenons avec votre pays constituent un modèle des relations que nous voudrions établir avec nos partenaires commerciaux de l'autre côté du Pacifique.
Nos pays aspirent à une plus grande coopération internationale permettant la libre circulation des biens et des services entre tous les pays.
Voilà pourquoi le Canada adhère, aux côtés du Japon, à des organismes comme le Groupe des Sept, l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (APEC).
Nous pensons qu'une plus libre circulation des produits et services entre les pays constitue la meilleure assurance d'un partage équitable de la croissance économique. Nous partageons avec le Japon l'objectif d'amener les pays du monde à adopter un système économique commun, fondé sur des règles, puisque cela apportera une plus grande prospérité à tous les pays.
Le savoir combiné des entreprises canadiennes et japonaises du secteur privé représente une présence commerciale exceptionnelle. Les marchés asiatiques en expansion offrent d'énormes possibilités de croissance.
Il me fait plaisir de vous annoncer qu'à la suite de ma visite dans votre pays, nos gouvernements ont accepté de rechercher conjointement des moyens de favoriser une plus grande coopération entre nos entreprises du secteur privé afin qu'elles puissent profiter des possibilités qu'offrent les marchés asiatiques et d'autres marchés.
Nous pouvons apprendre beaucoup les uns des autres en partageant nos expériences dans des domaines comme l'amélioration de nos propres politiques financières.
Nous apprécions également la chance que nous avons d'apprendre de vous, comment vous avez bâti une société juste et équitable, qui valorise l'éducation et récompense l'innovation. Et comment votre pays a réussi à édifier une des économies les plus puissantes au monde à partir d'exportations qui ont défini les normes mondiales de qualité et d'innovation technique.
Je crois qu'il est important que tous les citoyens du monde comprennent que lorsque leurs dirigeants se rencontrent au sein des divers organismes internationaux dont j'ai parlé plus tôt, leurs discussions vont au-delà des statistiques arides sur le commerce et les flux de capitaux. Nous parlons des gens dans leur vie de tous les jours.
À cet égard, je ne peux que saluer l'Initiative for a Caring World présentée par le Premier ministre Hashimoto au sommet du Groupe des Sept, qui s'est tenu à Lyon en juin dernier.
Sa proposition porte sur un des plus grands défis qui attendent les gouvernements : comment faire en sorte que nos régimes de sécurité sociale, de santé et de pension puissent parer au vieillissement rapide de la population?
Les Canadiens se préoccupent aussi de cette question. Nous travaillons sur la façon de maintenir l'autosuffisance de notre régime de pension au cours du siècle prochain malgré le vieillissement de la population.
L'une des principales préoccupations communes à nos deux pays est la protection de l'environnement. Depuis le Sommet de Rio, le Japon et le Canada ont collaboré étroitement à ce sujet.
Le Canada reconnaît que le Japon n'a pas son pareil en matière de diplomatie environnementale. C'est sur la base de ce constat que se développent nos relations bilatérales sur les questions environnementales. La rencontre internationale sur les forêts modèles, qui a eu lieu la semaine dernière sur l'île de Shikoku, a été parrainée conjointement par le Japon et le Canada et constitue un exemple éloquent de cette collaboration.
Nous souhaitons également poursuivre le dialogue avec le Japon quant à cette autre préoccupation commune qu'est la sécurité personnelle partout dans le monde.
À l'aube du XXIe siècle, maintenir la sécurité signifie préserver le bien-être économique de nos citoyens. Cela signifie protéger notre environnement mondial et faire en sorte que les laissés pour compte du développement économique mondial aient une chance de rattraper les autres pays.
Les Japonais peuvent être fiers de l'esprit d'initiative dont fait preuve leur pays sur la scène internationale. Le Japon est le pays qui contribue le plus aux Nations unies et qui se montre le plus généreux en ce qui concerne l'aide extérieure. Il est devenu l'un des plus importants promoteurs de la réforme et de l'évolution de l'ONU et de l'amélioration des conditions de vie dans les pays en développement.
Le Canada partage ces objectifs.
Notre pays est peut-être mieux connu au Japon et dans le monde entier pour son rôle de gardien de la paix.
Depuis cinquante ans, plus de 100 000 militaires canadiens hommes et femmes ont participé à des missions à l'étranger.
Le Canada a participé à plus de 35 missions de paix dans le monde.
Les missions de paix que nous avons menées au fil des ans ont porté fruit. Elles ont permis de sauver des vies et de reconstruire des pays encore fragiles.
Nous sommes heureux de partager avec d'autres pays notre expérience du maintien de la paix. Plus tôt cette année, un contingent de casques bleus japonais a commencé à travailler avec un groupe logistique canadien sur le plateau du Golan. Cette semaine, de nombreux pays assistent à un séminaire animé par le Canada et consacré à l'avenir des opérations de maintien de la paix et au rôle essentiel qu'elles jouent dans le désamorçage des conflits régionaux.
Nous sommes déterminés à inciter la communauté internationale à accroître ses efforts en faveur de la paix.
Devant la guerre civile et les différends ethniques qui affligent les Balkans, l'ancienne Union soviétique et l'Afrique depuis plusieurs années, un nombre croissant de voix s'élèvent dans la communauté internationale pour réclamer un effort plus grand en faveur de la prévention des conflits et du maintien de la paix.
Nous devons passer de la parole aux actes pour relever ces défis.
Il est pressant de mettre au point des moyens qui permettent d'apporter l'aide humanitaire aux populations dans les zones de conflit, où les organismes d'aide humanitaire ne peuvent effectuer leur travail en sécurité. Le besoin est encore plus aigu là où la famine et la maladie menacent des populations civiles prises entre des factions belligérantes.
En citoyens du monde responsables, nous avons l'obligation de tirer des leçons de la situation dans la région des grands lacs africains, qui est passée au cours des dernières années, de crise prévisible en crise prévisible, avec d'énormes pertes de vie et une très grande souffrance humaine.
De meilleurs mécanismes de prévention des conflits et, de la part de la communauté internationale, une plus ferme volonté d'intervenir dans une région où peu d'intérêts nationaux sont en cause, auraient bien pu éviter ces désastres.
Il y a un peu moins de deux semaines, le Canada a pris l'initiative de mettre sur pied une coalition de pays désireux de venir en aide aux réfugiés de l'est du Zaïre. Cela a contribué à déclencher une série d'événements qui ont conduit une véritable marée humaine de l'est du Zaïre jusqu'au Rwanda.
Nous demeurons engagés à travailler avec les membres de la communauté internationale, y compris le Japon, pour que les mesures nécessaires soient prises afin que les organismes d'aide humanitaire puissent venir en aide aux réfugiés de cette région de l'Afrique.
Nous devons également consacrer nos efforts à faire en sorte qu'il ne soit plus nécessaire de recourir à des solutions improvisées à l'avenir.
Il faut trouver de meilleurs moyens pour que les ressources militaires de la communauté internationale puissent être mobilisées dans le but de venir en aide aux populations civiles qui souffrent dans les zones de conflit ou les régions instables.
Je tiens à exprimer ma gratitude à l'Université de Meiji qui m'a donné l'occasion de lancer ce message à un moment où les citoyens de nos deux pays sont fortement préoccupés par les difficultés qui affligent les populations de l'est du Zaïre.
Pour terminer, je veux vous remercier encore une fois de l'honneur que vous me faites et de l'occasion que vous m'offrez de partager avec vous quelques-uns des espoirs qui animent le Canada à l'aube du XXIe siècle.
Merci beaucoup
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