Notes pour une allocution de
Mel Cappe
Greffier du Conseil privé et Secrétaire du Cabinetau
Forum des sous-ministres adjoints
Ottawa (Ontario)
Le 18 octobre 2000
Le texte prononcé fait foi
Introduction
- Selon les médias, le Canada devrait être en pleine campagne électorale en ce moment — et qui suis-je pour douter de leur parole?
- Donc, dans cette poche se retrouve mon discours sur le rôle non partisan que doit jouer la fonction publique lors des élections.
- La qualité de vie est une notion qui va droit au cœur de votre rôle comme leaders.
- Pourquoi? Deux mots : l’énoncé économique.
- Et deux autres mots : Vérificateur général.
- Après tout, notre fonction est « publique », n’est-ce pas?
- L’économie canadienne va bien, et les finances publiques sont en excellente santé.
- Tout cela n’est pas l’effet du hasard; au contraire, le travail que nous accomplissons dans nos ministères dans toutes les régions a contribué à fortifier notre économie.
- Le Vérificateur général nous rappelle constamment à nous, législateurs, citoyens et fonctionnaires, qu’il y a des manières de faire les choses.
- Améliorer la qualité de vie ne va pas sans difficulté; et
- Si nous sommes légitimement fiers de ce que nous faisons, nous devons être sans cesse disposés à faire mieux.
- En votre qualité de hauts fonctionnaires, vous pouvez contribuer grandement à hausser la qualité de vie de tous les Canadiens.
- Vous êtes sous-ministres adjoints — et le mot « ministre » dans votre titre signifie que vous avez pour devoir de réfléchir plus globalement, de garder la tête au-dessus des nuages tout en conservant les pieds sur le terrain, là même où vous devez donner des résultats.
- Par conséquent, si vous voulez influer sur la réalité, les équipes que vous dirigez et vous-mêmes devrez de plus en plus faire trois choses, et les faire bien :
- Voir plus grand;
- Voir plus loin; et
- Penser aux gens.
Voir plus grand
- L’indice du développement humain du Programme des Nations unies pour le développement est une méthode pour mesurer et comparer la qualité de vie.
- Il est fondé sur plusieurs facteurs comme le niveau de vie, la santé et l’espérance de vie, et l’apprentissage.
- Et qui sommes-nous pour critiquer cette approche ou sa méthodologie, puisque nous arrivons au premier rang depuis sept ans ?
- Mais ce n’est là qu’un point de vue; il y en a d’autres.
- Au cours de la matinée, et au déjeuner de travail qui suivra avec les sous-ministres, vous allez entendre de nombreux panélistes que vous donneront des perspectives différentes de ce qui constitue la qualité de vie.
- Et c’est la raison pour laquelle le Discours du Trône de 1999 regroupait un vaste éventail d’initiatives sous un seul titre : Bâtir une meilleure qualité de vie pour l’ensemble des Canadiens.
- Et voilà pourquoi nous pouvons tous tirer fierté du fait que les Canadiens jouissent d’une qualité de vie qui compte parmi les meilleures au monde.
- Le défi qui vous attend maintenant consiste à montrer encore plus d’initiative, à l’heure où notre mandat prend de l’expansion et devient plus complexe, de telle sorte que le Canada pourra hausser la qualité de vie au XXIe siècle.
- Cela veut dire qu’il faut inciter vos collaborateurs à se doter d’une vision qui invitera les autres à voir plus loin, et ce, même s’il s’agit d’objectifs qui semblent nous échapper aujourd’hui.
- Ces leaders doivent donc soutenir la recherche en matière de politiques dont nous aurons besoin.
- Ces leaders doivent contribuer à façonner des politiques qui s’inscriront dans un ensemble.
- Ces leaders et leurs équipes doivent travailler avec leurs collègues de nombreux ministères, d’autres gouvernements, des secteurs privé et bénévole, et ce, afin de voir au-delà de la situation et des limites d’aujourd’hui afin de mieux nous positionner.
- Voir plus grand, c’est devenir « fonctionnaires sans frontières » – des leaders de tous les niveaux qui regardent vers l’extérieur et voient les enjeux dans un vaste contexte, un contexte horizontal.
- On a vu s’opérer une mutation fondamentale dans la mesure où l’on cesse de voir « petit », et l’on ne voit plus les gens comme étant les clients d’un seul programme ou de simples demandeurs d’information.
- Voir plus grand, c’est demander aux citoyens ce qu’ils veulent et se servir ensuite de leurs réponses pour définir les objectifs clairs permettant d’améliorer la prestation des services.
- Et l’on voit encore plus grand quand on commence à travailler en étroite collaboration avec d’autres gouvernements ou fournisseurs de services.
Voir plus loin
- Même si les sous-ministres adjoints ont un emploi du temps chargé, il est essentiel de voir plus loin et de se rendre compte des nouvelles réalités de notre milieu.
- L’intégration de l’Amérique du Nord, la cohésion sociale et le développement durable.
- Telles sont les grandes balises qu’il vous faudra garder à l’esprit lorsqu’il s’agira pour vous de voir plus loin.
- D’abord, il vous faudra établir un système de mesure du rendement qui soit exhaustif et pancanadien et faire rapport sur la qualité de vie : et c’est essentiellement ce que les Canadiens et le gouvernement attendront de nous à l’avenir.
- Ensuite, il vous faudra désormais vivre dans le monde du gouvernement branché — ou si vous voulez, l’avenir de ce que les Canadiens et le gouvernement attendront de nous — et j’en ai parlé au dernier Forum des sous-ministres adjoints.
- Quand je vous invite à voir plus loin, je ne parle pas de rêves irréalisables, je parle d’une différence visible entre l’état de vos politiques, programmes ou fonctions d’aujourd’hui et celui de demain.
- Ils ont admis que les parlementaires, les Canadiens et nos partenaires de l’Union sociale veulent que l’on définisse mieux les politiques et les résultats des programmes — dans le sens le plus vaste qui soit mais tout en étant réaliste.
- Ils veulent avoir une idée claire des résultats et des effets que nous recherchons dans nos activités, ce qui doit s’accompagner de mesures transparentes et de mécanismes de feed-back de telle manière que nous puissions utiliser les résultats tangibles pour améliorer nos politiques et programmes.
- recenser les tendances sociétales, par exemple, la qualité de vie;
- recenser les résultats des programmes et la prestation des services dans le cadre des programmes fédéraux;
- recenser les résultats qu’on a obtenus relativement aux objectifs sociétaux partagés, par exemple ceux que l’on trouve dans l’Entente-cadre sur l’Union sociale.
- Ce sont des gens qui peuvent clairement démontrer ce que l’avenir pourrait être.
- Les premiers ministres ont accepté de mesurer leurs résultats et d’en rendre compte lorsqu’ils ont signé les ententes sur la santé et le développement des jeunes enfants le mois dernier.
- Ils savent que les Canadiens demeurent sceptiques lorsqu’on fait des affirmations trop vagues.
- Ils savent qu’ils doivent désormais rendre des comptes aux Canadiens relativement à la manière dont tous les gouvernements améliorent la qualité de vie dans ces deux domaines essentiels.
- Chacun de vous doit prendre connaissance des engagements énoncés dans le texte intitulé Des résultats pour les Canadiens et les Canadiennes, qui énonce un cadre de gestion moderne pour le gouvernement du Canada relativement à la prestation améliorée des services et aux pratiques de gestion.
- Alors, pourquoi le mentionner ?
- Parce qu’on ne sait pas encore trop comment les technologies peuvent changer nos modèles traditionnels de réflexion concernant les politiques publiques et les programmes.
- J’ai déjà discuté de ce sujet lors du dernier forum des sous-ministres adjoints et je voudrais maintenant élaborer certains de ces points.
- Il s’agit plus que d’offrir des programmes qui permettent aux Canadiens et aux localités de se brancher ou de relier tous les Canadiens dans une société et une économie fondées sur la haute technologie.
- Un gouvernement branché peut et doit déclencher une mutation majeure dans ce que nous faisons pour les citoyens, dans la manière dont nous travaillons avec eux, dans la manière dont nous soutenons le travail du législateur et dans la manière dont nous nous organisons et accomplissons notre travail. En fait, cette mutation est presque assurée.
- Et demandez-vous alors comment vous pourriez en faire autant — en gérant des équipes multidisciplinaires — en travaillant en temps réel et non par le biais d’un comité — pour définir et obtenir des résultats.
- Et, encore une fois, demandez-vous ce qui va se passer le jour où les parlementaires et les citoyens exigeront que vous en fassiez autant tout en protégeant l’intérêt public.
- Cela veut dire que les leaders, soit chacun de vous, devrez avoir une maîtrise totale des nouvelles technologies.
- Vous devrez vous ouvrir aux idées nouvelles pour voir comment ces nouveaux outils vous obligeront à repenser ce que vous faites. Ce qui ne veut pas dire que la technologie doit être votre seul moteur, mais bien que vous devez vous servir de votre autorité pour déterminer dans quels secteurs la technologie pourra vous aider à réaliser vos objectifs.
- C’est une institution résolument moderne capable de relever les défis du XXIe siècle.
Penser aux gens
- C’est parce que « penser aux gens », c’est beaucoup plus important à long terme.
- C’est là que vous devez encourager tout le monde à garder la tête bien au-dessus des nuages, et les pieds sur terre.
- C’est particulièrement vrai pour les sous-ministres adjoints, et encore plus vrai pour les sous-ministres.
- Votre rendement sera largement tributaire de la manière dont vous saurez amener vos gens à voir plus grand et à voir plus loin.
- Et ne vous y trompez pas, je suis beaucoup moins exigeant que vos gens.
- Le Sondage des employés de la Fonction publique nous a révélé en termes objectifs ce que bon nombre d’entre nous savions instinctivement.
- Les gens voient dans leurs sous-ministres adjoints des membres essentiels de leur équipe de gestion qui sauront les diriger dans les dossiers qui comptent pour eux.
- Ils veulent s’engager, ils veulent prendre part à cette entreprise qui profitera au Canada et aux Canadiens, et ils veulent que vous les aidiez à réussir.
- Ils seront beaucoup plus enclins à manifester le genre de créativité et de leadership que nous voulons et dont nous avons besoin, si leurs sous-ministres adjoints sont des modèles de créativité et de leadership novateur.
- Votre style de gestion doit tenir compte d’une fonction publique plus diversifiée et plus représentative de la population canadienne qu’elle sert.
- Vous pouvez prendre des mesures à l’égard du recrutement, du maintien de l’effectif et de l’apprentissage pour que nos effectifs puissent suivre dans un monde où l’apprentissage et les idées deviennent de plus en plus importants.
- Nous devons garder les personnes compétentes qui sont déjà dans la fonction publique mais qui sont recherchées activement par d’autres employeurs qui convoitent leurs compétences.
- Nous devons former les personnes compétentes qui vont nous remplacer tôt ou tard, tous autant que nous sommes.
- Pourquoi? Pour nous assurer que la fonction publique du Canada demeure en mesure de servir les Canadiens aujourd’hui et demain.
- Les sous-ministres de demain seront recrutés parmi les sous-ministres adjoints d’aujourd’hui qui prennent l’initiative dans les dossiers relatifs au lieu de travail. On ne saurait voir plus grand et plus loin si l’on ne libère pas le potentiel des gens qui nous entourent.
- Conclusion : occupez-vous de vos gens, et ils s’occuperont de vous.
- Le groupe a reconnu qu’en dépit des difficultés des quelque dernières années, de nombreux ministères, directions, régions et équipes ont pris des mesures pour améliorer le milieu de travail.
- Bon nombre d’entre vous enrichissez les pratiques exemplaires dont nous pouvons tous tirer des leçons.
- la charge de travail — le problème fondamental;
- l’équité dans le processus de sélection;
- la valorisation professionnelle et l’apprentissage; et
- le harcèlement et la discrimination.
- Il s’agit de donner aux fonctionnaires les outils, les moyens et l’environnement qu’il leur faut pour réussir.
- Nous voulons créer un climat qui encouragera l’excellence dans la prestation des services et l’articulation des politiques.
- Nous voulons avoir, dans nos milieux de travail, une qualité de vie qui nous aide à améliorer la qualité de vie des collectivités.
- Et, plus précisément en tant que cadres dirigeants, que devez-vous faire?
- Bien sûr, les organismes centraux font partie de la solution.
- Comment pouvez-vous rationaliser le travail dans votre organisation et éliminer la paperasserie que vous vous imposez vous-mêmes, et ce, tout en respectant la primauté du droit et les valeurs de notre fonction publique?
- Comment pouvez-vous prendre l’initiative dans les dossiers que vos employéss jugent importants pour bien faire le travail?
- Vous pouvez par exemple prendre au sérieux la sécurité et la santé au travail et la propreté de l’air.
- Vous pouvez créer un environnement social où le respect, le travail en équipe et le soutien mutuel permettent d’atténuer le stress inhérent à toute fonction.
- Après tout, si nous devons atteindre nos objectifs du Gouvernement en direct, il est naturel que nos employés soient aussi branchés sur le web que le sont les gens qui vivent dans des régions éloignées comme le Nunavut.
- Ce qui veut dire qu’il faut donner à notre personnel l’infrastructure technologique essentielle, les outils, la formation et les possibilités d’apprentissage qu’il leur faut pour vivre dans l’économie du savoir.
- Il faut donc s’assurer que tous nos employés ont accès à l’Internet et qu’ils ont les outils voulus pour en tirer le meilleur parti au travail, et pas seulement les 50 % qui le font aujourd’hui.
- Nous devons créer un équilibre plus raisonnable entre les exigences professionnelles et les besoins de nos familles.
- Et c’est une chose que vous comprenez tous, cela ne fait aucun doute, parce que ce sont les sous-ministres adjoints qui ont le plus de mal à réaliser cet équilibre.
- En établissant les priorités et en définissant clairement les limites de chacun.
- C’est le genre de leadership — et de risque que l’on prend, oui — qui joue vraiment un rôle moteur.
- La charge de travail est le type de problème dont la solution exigera le même sens de l’innovation que dans nos politiques, notre programme ou notre travail.
- Et il s’agit de reconfigurer notre milieu de travail, où les résultats seront visibles et où chacun sera encouragé à voir plus grand, à voir plus loin et à penser aux gens.
Conclusion
- Comme je l’ai mentionné au tout début, cela ne se fera pas sans effort.
- On nous a dit que c’était une époque où les possibilités étaient infinies, sans parler des ressources qu’il fallait.
- Aujourd’hui, nous, les leaders, sommes aux prises avec plus d’exigences, et cela se comprend.
- En réalité, c’est le genre de leaders que nous avons ici aujourd’hui.
- Des leaders qui savent que la route vers l’avenir sera ouverte par des employés qui comprennent où nous voulons aller et qui voient comment ils peuvent nous aider à atteindre ces objectifs.
- C’est un monde qui exige des leaders qui peuvent nous donner des preuves tangibles du progrès que nous faisons pour améliorer la qualité de vie des Canadiens.
- Et ce monde exige des leaders qui peuvent garder la tête au-dessus des nuages en voyant plus grand, en voyant plus loin et en pensant aux gens, tout en gardant les pieds bien ancrés sur terre afin d’agir concrètement.
- Vous, les sous-ministres adjoints, êtes ceux qui vous êtes montrés capables de penser dans une optique stratégique, de montrer la voie et d’accomplir le travail à faire.
- C’est aussi l’occasion de nous encourager à nous dépasser et à atteindre des objectifs encore plus grands.
- Gardez la tête au-dessus des nuages et les pieds bien ancrés sur terre — ce qui n’est pas facile.
- Et rappelez-vous que vous êtes les leaders de la fonction publique qui êtes vraiment à même d’enrichir la qualité de vie de tous les Canadiens et Canadiennes.