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    Les miniatures font partie de la riche collection de portraits des Archives nationales du Canada. Au nombre d’environ cent, elles représentent des membres de la famille royale, des premiers ministres, des chefs militaires ou civils et leurs familles, des Autochtones, et des personnes appartenant à des groupes aussi divers que les colons, les loyalistes et les explorateurs.

    Les miniatures sont de petits portraits mesurant de deux à vingt centimètres environ. Bien que traditionnellement exécutées sur des supports et des fonds variés, les miniatures sont le plus souvent des aquarelles peintes sur de l’ivoire. Le mot « miniature », qui sert maintenant à désigner quelque chose de petit, provient du mot latin minium  --  le nom du pigment de plomb rouge utilisé pour décorer le manuscrit enluminé du XVIe siècle, une des principales sources de la forme d’art. Les premières miniatures furent parfois l’oeuvre d’orfèvres ou de bijoutiers. Considérées comme de précieux souvenirs personnels, elles étaient de forme circulaire ou ovale et étaient fréquemment portées à la manière d’un bijou. Elles étaient enchâssées dans des médaillons, des broches ou des bracelets en or, et recouvertes de verre protecteur. Parfois, une mèche de cheveux du modèle était logée dans un compartiment au verso, ou ses initiales étaient inscrites sur le coffret. Un second type de miniature plus grande, le tableau miniature, pouvait être placé dans un cadre ovale ou rectangulaire et accroché au mur. De grands tableaux furent souvent copiés en miniature tel le portrait de sir Jeffery Amherst exécuté par sir Joshua Reynolds. Avant l’avènement de la photographie, les collections de miniatures étaient conservées par les familles pendant des décennies et même des siècles; elles servaient d’albums de portraits de famille.

    La société européenne cultiva cet art pendant plus de trois siècles. À son apogée, celui-ci était pratiqué par de nombreux portraitistes talentueux très en demande. La coloration, la technique et les dimensions variaient selon les matières les plus courantes, mais l’introduction de l’ivoire comme support, au XVIIIe siècle, révolutionna cet art. L’ivoire ajoutait de la luminosité au portrait, mais son incompatibilité naturelle avec l’aquarelle obligeait l’artiste à faire preuve du plus grand soin; une infime erreur pouvait être irréparable. Les artistes fabriquaient leurs propres petits pinceaux appelés crayons et utilisaient de petits chevalets et des lentilles pour travailler. Parmi les techniques de peinture, on retrouvait le pointillage avec des pigments, les hachures avec des coups de pinceaux parallèles et l’emploi de lavis pour couvrir des blocs de fond. Au milieu du XVIIIe siècle, l’exploit technique de la taille de grandes feuilles d’ivoire et l’utilisation de pigments d’huile contribuèrent à populariser en Angleterre le tableau miniature, plus grand que la miniature traditionnelle.

    Les miniatures firent leur apparition en Amérique du Nord au XVIIIe siècle, alors que les habitants des colonies étaient devenus plus riches. Elles constituaient une solution de remplacement au portrait traditionnel, lequel était plus coûteux et moins personnel. De nombreux miniaturistes arrivèrent de Grande-Bretagne, de France et d’Italie, les Britanniques avec un style ostentatoire et lumineux, et les artistes continentaux avec un style plutôt décoratif et précis. Les premières miniatures américaines étaient des versions provinciales du modèle anglais  --  petites, peintes avec sobriété et finement ouvrées  --  et, en 1800, on avait fondé une école américaine. James Peale, éminent miniaturiste américain, peignit le magnifique Basilique-Benjamin Beaubien.

    La production de miniatures au Canada répondait aux besoins d’une élite coloniale, mais la demande n’était pas suffisante pour soutenir une école locale. Même des centres coloniaux américains comme Boston et Philadelphie ne pouvaient offrir aux artistes un emploi régulier. En conséquence, les oeuvres étaient surtout produites par des artistes itinérants, parmi lesquels on retrouvait des Américains, des Britanniques et des Européens. Des événements telle la guerre de 1812 suscitèrent une demande de portraits, comme en témoignent les miniatures des militaires, interrompant par la même occasion les déplacements des artistes itinérants vers le Canada. Souvent, ces artistes ne demeuraient à un endroit que quelques semaines, ou tout au plus un mois ou deux, et faisaient le tour des grands centres comme Montréal et Québec.

    La collection des Archives nationales comprend des miniatures réalisées par des artistes canadiens, européens et américains. Des oeuvres de Canadiens et Canadiennes comme Horatio Walker, Gerald Sinclair Hayward et Juliette de Lavoye démontrent que la tradition de la miniature s’est poursuivie comme forme d’art mineure au XXe siècle. Dans les collections de miniatures, l’identité des personnes représentées et des artistes est souvent incertaine. Malheureusement, peu d’oeuvres sont signées, les inscriptions peuvent être inexactes, et il y a parfois des attributions erronées.

    Avec l’avènement de la photographie en 1839, on pouvait obtenir un portrait à moindre coût. La photographie gagna rapidement en popularité en raison de son caractère intrigant et scientifique. Au début, les daguerréotypes  --  de petites photographies uniques sur cuivre poli  --  étaient produits en très petites dimensions et même appelés miniatures. Pendant une brève période, les deux procédés coexistèrent, l’un s’inspirant de l’autre, et les photographes se faisant facilement miniaturistes, et vice-versa, pour conserver leurs marchés. En 1850, la plupart des miniaturistes s’étaient convertis à la photographie ou avaient quitté la profession. Les miniatures connurent une certaine renaissance au XXe siècle, mais elles ne reprirent jamais leur importance d’antan.

    La collection de miniatures des Archives nationales est l’une des plus vastes et des plus importantes au Canada. Comme les plus grands portraits, ces miniatures exécutées avec soin représentent des personnages importants dans l’histoire canadienne, qui ont été les artisans de notre passé.