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Chef d'orchestre

Sir Ernest MacMillan:
Portrait d'un musicien canadien (1893 - 1973)

Maureen Nevins


Avec Igor Stravinsky (à gauche), le 5 janvier 1937. Le compositeur russe était venu pour la première fois au Canada, à l'invitation de MacMillan, pour diriger l'Orchestre symphonique de Toronto dans deux de ses oeuvres, Petrouchka et l'Oiseau de feu. Photo par le Studio Alexandra, Toronto.

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... J'ai découvert que j'étais naturellement doué pour la direction d'orchestre et j'aimerais beaucoup me perfectionner; comment, où et quand, cela reste à voir. 1

Une fois réinstallé au Canada, MacMillan a été nommé organiste et maître de chapelle dans une des plus riches églises de Toronto, l'église commémorative Timothy Eaton, en décembre 1919. Pour lui, l'église était l'endroit tout désigné pour la présentation d' uvres religieuses de grande envergure. Le 4 avril 1920, le ch ur et les solistes de l'église ont présenté une partie du Messie de Haendel. Peu après, avec la collaboration de deux autres ch urs d'église, il a commencé des répétitions du Requiem de Brahms, qui devait être présenté le printemps suivant. En plus de la difficulté de trouver des musiciens pour former un orchestre, il a fait face à la menace imprévue de poursuites pour avoir fait quelques répétitions le dimanche, contrevenant ainsi à la Loi sur le dimanche du gouvernement du Canada.

MacMillan s'est fait connaître comme chef d'orchestre aux représentations annuelles de la Passion selon saint Mathieu de Bach. La première représentation complète de cette uvre à Toronto a eu lieu à l'église commémorative Timothy Eaton le 27 mars 1923. Les ch urs de l'église ancienne St. Andrew et de l'église commémorative Timothy Eaton ont été réunis. Richard Tattersall et Healey Willan ont collaboré à la préparation et à la représentation de l' uvre. C'est ainsi qu'a commencé une série de représentations annuelles dirigées par MacMillan, laquelle devait se poursuivre pendant 30 ans et devenir un événement important du calendrier des concerts à Toronto. (Il n'y a pas eu de représentation en 1933.) Les dernières représentations (1948-1953) ont été diffusées à l'échelle nationale par le réseau anglais de la Société Radio-Canada. Lorsque MacMillan a quitté son poste à l'église en 1925, les représentations ont eu lieu à la grande salle d'assemblée de l'Université de Toronto (jusqu'en 1950) et ensuite au Massey Hall. De 1934 à 1942, le Ch ur du Conservatoire de musique de Toronto a chanté la partition chorale. Lorsque MacMillan est devenu chef du Ch ur Mendelssohn de Toronto, en 1942, il a réuni les deux ch urs. Le Ch ur Mendelssohn de Toronto a chanté l' uvre de 1943 à 1953.

Sous la direction de MacMillan, la première représentation du Ch ur Mendelssohn de Toronto a été le Messie de Haendel, qui est devenu un classique de Noël. Cette uvre et la Passion selon saint Mathieu ont été enregistrées en 1952 et en 1953 respectivement pour les enregistrements Beaver. Elles ont ensuite été présentées au Carnegie Hall en 1954. Le Ch ur a été associé à ces deux uvres, mais son répertoire a également inclus le Requiem de Verdi pendant la saison 1942-1943 et un festival Bach de trois jours, en 1950, pour commémorer le bicentenaire de la mort du compositeur. MacMillan a quitté le poste de chef de ch ur en 1957, mais il a assumé les fonctions de président honoraire de 1962 à 1973.

En 1931, MacMillan a été nommé chef de l'Orchestre symphonique de Toronto, prenant la relève de feu Luigi von Kunits. Auparavant, il avait dirigé l'Orchestre à deux occasions. Le 7 mai 1924, un programme particulièrement digne de mention a réuni les chefs passé, présent et futur de l'Orchestre. En effet, Frank Welsman a dirigé le Concerto pour violon en mi mineur de Luigi von Kunits, le compositeur étant soliste, et MacMillan a dirigé la première de son Ouverture. En janvier 1929, il a de nouveau dirigé l'Orchestre et le Ch ur du Conservatoire de musique de Toronto pour la représentation de The Pied Piper of Hamelin de sir Hubert Parry.

MacMillan a été à la tête de l'Orchestre symphonique de Toronto pendant des périodes difficiles, au cours des années 1930 et 1940, soit depuis la grande crise jusqu'après la Deuxième Guerre mondiale. Ces années difficiles ont peut-être été présagées lorsque MacMillan a dû diriger son premier concert de la saison 1931-1932 avec sa main gauche, son bras droit étant dans le plâtre à la suite d'un accident d'automobile.

Avant que MacMillan devienne chef de l'Orchestre, celui-ci offrait dix représentations d'une heure, présentées à 17 h, pendant la saison. La première année, les Chemins de fer nationaux du Canada ont commandité une série de concerts radiodiffusés à l'échelle nationale le dimanche après-midi pour aider à financer l'expansion de l'Orchestre. Cette initiative a été de courte durée à cause de la Crise; cependant, à la suite de la création de la Commission canadienne de radio-diffusion en 1932, une nouvelle série de concerts a débuté. MacMillan a pu ajouter 15 nouveaux musiciens à l'ensemble. Il avait également hâte de changer l'heure de la représentation pour offrir des concerts en soirée plutôt qu'à 17 h. En 1933, le cinéma parlant avait transformé le monde du spectacle. Par conséquent, beaucoup de musiciens de théâtre étaient dorénavant disponibles pour prendre part à des concerts présentés régulièrement en soirée. Les représentations de deux heures offertes le soir ont attiré un auditoire beaucoup plus nombreux, et MacMillan a pu présenter un répertoire plus ambitieux. En outre, le conseil d'administration de l'Orchestre a pris une décision audacieuse en temps de crise, c'est-à-dire qu'il a augmenté le prix des billets, s'échelonnant de 50 cents à 2,50 $.

Au cours des années 1930, MacMillan a fait connaître à l'Orchestre et à son auditoire la musique de divers compositeurs toujours vivants, y compris Jean Sibelius, sir Edward Elgar, Frederick Delius, sir Arnold Bax et sir William Walton. La suite pour orchestre The Planets de Gustav Holst a été l' uvre la plus souvent présentée sous la direction de MacMillan et compte parmi les premières pièces enregistrées par l'orchestre. MacMillan a souvent fait face aux objections soulevées par des membres du conseil d'administration, des répondants et des abonnés au sujet du nouveau répertoire. Les finances étaient précaires. Vers la fin de la décennie, il a remis une partie de son traitement annuel de chef d'orchestre pour aider à combler le déficit.

Les concerts de Noël (Christmas Box Symphony concerts) sont un événement presque unique dans les annales des orchestres, où que ce soit. Ces concerts présentés dans le cadre de la collecte de fonds annuelle ont débuté en 1935 et étaient l'occasion pour l'Orchestre, les «solistes» invités et le chef d'orchestre de laisser libre cours à leur fantaisie. En plus d'un choix de musique de Noël et d'arrangements de chants de Noël auxquels le public était invité à participer, les musiciens présentaient des parodies originales et des sketches. MacMillan a revêtu de nombreux costumes, y compris celui du père Noël, d'un mordu du jazz et d'un spécialiste de la musique allemand. Pour son premier concert, l'Orchestre a présenté la Symphonie dite des Adieux de Haydn pendant laquelle les musiciens ont quitté la scène l'un après l'autre jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le chef d'orchestre. Au cours d'un autre concert, MacMillan s'est présenté vêtu d'une salopette et tenant à la main une clé anglaise au lieu de la baguette pour diriger Fonderie d'acier d'Alexandre Mossolov. Anna Russell a souvent participé à ces concerts. Elle n'hésitait pas à dire que ce sont ces concerts et l'insistance de MacMillan qui l'ont mise sur la voie du vedettariat et l'ont conduite à faire une carrière remarquable en tant que «caricaturiste musicale». Ces concerts attiraient tellement les foules qu'il a fallu offrir deux ou trois représentations de chaque programme. Lorsque MacMillan a pris sa retraite, les concerts de Noël ont cessé. Il est possible aussi que les modes et les goûts des Torontois au cours des années 1950 et 1960 y soient également pour quelque chose.

MacMillan a commencé à être sollicité comme chef d'orchestre invité, d'abord à l'Orchestre symphonique de la BBC en 1933. Il s'est acquitté de quatre engagements auprès de l'orchestre avant que la guerre ne mette fin aux voyages outre-mer. Au milieu des années 1930 et pendant les années de guerre, MacMillan a acquis, à titre de chef d'orchestre invité, une renommée aux États-Unis, où il s'est produit dans des séries de concerts réputées, telles que celle du Hollywood Bowl, et avec les orchestres de Chicago, de Philadelphie et de Washington, D.C., de même qu'avec l'Orchestre symphonique de la NBC (New York). Il a été le premier Canadien invité à diriger cinq programmes présentés par CBS dans le cadre de l'émission Ford Sunday Evening Hour. Au Canada, il a souvent été l'invité des Concerts symphoniques de Montréal (maintenant l'Orchestre symphonique de Montréal) et de la Société symphonique de Vancouver (devenue l'Orchestre symphonique de Vancouver). En fait, en 1936, ces deux orchestres ont invité MacMillan à titre de premier «chef invité de marque». À la fin des années 1940, MacMillan avait dirigé la Société symphonique de Vancouver à 45 reprises ainsi que 25 représentations des Concerts symphoniques de Montréal. À la suite d'une invitation de la commission australienne de radio-diffusion, MacMillan a fait, en 1945, une tournée de trois mois en Australie, au cours de laquelle il a dirigé 30 concerts dans les capitales des États continentaux, soit Sydney, Melbourne, Adelaide, Perth et Brisbane. En 1946, il s'est rendu au Brésil en tant que chef d'orchestre invité de l'Orquestra Sinfônica Brasileira.

Dans une lettre adressée en 1938 à Arthur Judson, président de la Columbia Concerts Corporation (New York), MacMillan a fait part de son désir d'obtenir un poste de chef d'orchestre ailleurs, mais on l'a persuadé de demeurer à Toronto. En fait, il a remis sa démission à l'Orchestre symphonique de Toronto en 1939, mais s'est ravisé après l'entrée du Canada dans la Deuxième Guerre mondiale. Les années de guerre ont été difficiles pour l'Orchestre. On a sérieusement envisagé de suspendre les concerts en 1940. Cependant, on a reconnu l'importance de la musique pour soutenir le moral en temps de guerre, et un nouvel esprit de vitalité culturelle s'en est suivi. En 1943, après de nombreuses années de sollicitations, l'Orchestre a reçu sa première subvention (1500 $) du conseil municipal de Toronto.

Les années qui ont immédiatement suivi la guerre (de 1945 à 1950) ont été les plus fructueuses de l'histoire de l'Orchestre symphonique de Toronto. Le calibre des artistes s'est amélioré, et les auditoires se sont élargis jusqu'à ce que, en 1946, il faille présenter à deux reprises chaque concert destiné aux abonnés.

Des uvres de Canadiens, y compris Claude Champagne, Robert Farnon, Harry Somers et John Weinzweig, ont été présentées au cours des années 1940. En 1948, avec le parrainage de la CAPAC (Association des compositeurs, auteurs et éditeurs du Canada), MacMillan a amené l'orchestre à présenter son premier concert de musique canadienne en direct. Parmi les innovations apportées au répertoire, mentionnons des uvres de Béla Bartók, Dimitri Chostakovitch et des compositeurs américains Aaron Copland et Roy Harris. Les solistes canadiens, notamment Hyman Goodman et Elie Spivak, étaient régulièrement sur la liste des artistes invités avec des vedettes internationales comme Jascha Heifetz, Myra Hess, Elisabeth Schwarzkopf, Claudio Arrau et Arthur Rubinstein. Igor Stravinski a été chef d'orchestre invité pour diriger ses propres uvres, soit l'Oiseau de feu et Petrouchka dès 1937. Cependant, au cours des années 1940, les chefs invités ont été peu nombreux. Mentionnons, entre autres, Georges Enesco, Hans Kindler, Pierre Monteux, Charles Munch, Fabien Sevitzky et Leopold Stokowski.

Au sommet de sa popularité, en 1951, l'orchestre a été engagé pour donner un premier concert aux États-Unis, à Détroit précisément. À cause de la chasse aux sorcières menée par McCarthy, six musiciens n'ont pas obtenu la permission d'entrer aux États-Unis. Ils ont été remplacés pour le concert, qui a néanmoins eu lieu. Pour la saison suivante, d'autres concerts avaient été prévus dans différentes villes des États-Unis, notamment New York, Boston et Philadelphie. Pour pouvoir remplir les engagements de l'Orchestre, la direction a décidé de ne pas renouveler le contrat des six musiciens. L'incident de la «symphonie six» a donné lieu à des controverses et à des divisions, et plusieurs membres du conseil d'administration ont remis leur démission. L'importance de MacMillan et le prestige de l'Orchestre ont tous deux souffert de la situation. Lorsque MacMillan a annoncé sa démission à titre de chef d'orchestre à la fin de sa 25e saison (1955-1956), il a reconnu qu'il le faisait pour lui-même et pour les propres intérêts de l'orchestre.

On a rendu hommage publiquement aux progrès importants réalisés par l'Orchestre symphonique de Toronto sous la direction de MacMillan. L'Orchestre avait allongé sa saison, presque quintuplé le nombre de concerts annuels, attiré des instrumentalistes renommés dans ses rangs, effectué des enregistrements et participé à des émissions radiodiffusées en plus d'avoir raffermi sa revendication du statut de grand orchestre nord-américain. Il avait fait connaître aux Canadiens un répertoire en grande partie nouveau. Il est intéressant de noter que, durant toutes les années que MacMillan a passées à la tête de l'Orchestre, son contrat se résumait à une entente verbale.

Notes

1. Traduction de : lettre à Elsie Keith, le 12 août 1917. Fonds sir Ernest MacMillan, Section des manuscrits, Division de la musique, Bibliothèque nationale du Canada.


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