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Éducateur

Sir Ernest MacMillan:
Portrait d'un musicien canadien (1893 - 1973)

Maureen Nevins


Dans son bureau du Conservatoire, 1926.
Photo par Milton Adamson, Toronto.


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Il ne peut exister passe-temps plus satisfaisant ... car on ne peut jamais être trop vieux pour lui ... Et il n'existe pas étude plus enrichissante pour le développement global de l'esprit. 1

En tant qu'éducateur, MacMillan a contribué à poser les fondements de l'avancement de la musique au Canada tout au long de sa vie professionnelle. Il s'est efforcé d'enrichir la vie des jeunes Canadiens par ses activités musicales. Il avait de fortes convictions en matière d'éducation musicale. Selon MacMillan, si les jeunes Canadiens n'avaient pas l'occasion d'être exposés à la musique, l'avenir musical du pays serait gravement compromis, car les auditoires, les interprètes et les créateurs d' uvres musicales finiraient par faire défaut. Les efforts tant du compositeur que de l'interprète sont inutiles en l'absence d'un auditoire réceptif. Beaucoup ont regretté que MacMillan lui-même n'ait que peu enseigné. Il était avant tout un administrateur et un concepteur de systèmes et de politiques.

En juillet 1919, MacMillan a été nommé membre du personnel enseignant de l'Académie canadienne de musique, où il a enseigné la théorie, l'harmonie et le contrepoint de même que le piano et l'orgue. L'année suivante, MacMillan a été invité à effectuer des tournées d'examen pour l'Académie, d'abord à Montréal au Conservatoire de musique de McGill et ensuite dans plusieurs petites villes du sud de l'Ontario. Plus tard, quelques grandes et petites villes des Prairies et de la côte du Pacifique ont été ajoutées au circuit des tournées d'examen.

Il a été invité pour la première fois comme juge d'un concours au Festival de musique d'Ottawa de 1924. Le temps consacré par MacMillan à ses fonctions de juge de Festival et d'examinateur au Conservatoire de musique de Toronto (devenu le Conservatoire royal de musique) et la patience dont il a fait preuve témoignent de son intérêt à l'égard des jeunes de tout âge. Il s'est également taillé une réputation sur la scène internationale en tant que juge. En 1937, il a été le premier Canadien à faire partie du jury au concours national de musique et de poésie du pays de Galles et, en 1940, il a aussi assumé les fonctions de juge à un festival tenu en Jamaïque. Plus tard, il a également reçu des invitations pour se rendre aux États-Unis. Ses efforts dans ce domaine ont longtemps été éclipsés par ses nombreux succès dans les sphères plus publiques de sa vie professionnelle.

En juin 1924, le Conservatoire de musique de Toronto a fait l'acquisition de l'Académie, et fusionné les deux établissements. MacMillan a conservé son poste d'enseignant et il a accepté des fonctions ailleurs afin d'améliorer sa situation financière. Au Collège du Haut-Canada, il a été responsable de la formation d'un orchestre et il a joué aux services du dimanche soir. MacMillan a aussi été directeur de la musique pour le Théâtre Hart House. Il a écrit la musique de scène de plusieurs pièces et il a dirigé les représentations.

À cause de la mauvaise santé d'Augustus Vogt, directeur du Conservatoire, MacMillan a été affecté à des tâches administratives à titre d'adjoint du vice-directeur, Healey Willan. Après le décès de Vogt en 1926, MacMillan a été nommé directeur. En 1927, il est devenu doyen de la Faculté de musique de l'Université de Toronto. Les premières années de son mandat ont été caractérisées par une gamme d'activités et d'améliorations diverses dans le domaine artistique. Parce qu'il avait l'impression que les élèves avaient besoin d'expérience en chant choral, MacMillan a fondé le Ch ur du Conservatoire en 1927. Le Ch ur a d'abord fait connaître à Toronto le Requiem de Mozart et a poursuivi en présentant des uvres nouvelles et anciennes. À ses débuts, le Ch ur était accompagné par l'Orchestre du Conservatoire. Plus tard, il fut accompagné par l'Orchestre symphonique de Toronto, améliorant ainsi son image. En 1926, MacMillan a organisé les premiers cours d'opéra au Conservatoire. Afin d'offrir d'autres débouchés aux chanteurs, la Compagnie d'opéra du Conservatoire a été créée. De 1928 à 1930, celle-ci a présenté huit opéras, en commençant par Hansel et Gretel, Le Sorcier, Didon et Énée et Hugh the Drover. La Compagnie d'opéra a fait uvre de pionnière à Toronto, mais elle a dû mettre un terme à ses activités en 1930 à cause de la crise. Il fallut attendre jusqu'en 1946 pour qu'elle soit remise sur pied. Le Quatuor à cordes du Conservatoire, composé de quatre des principaux enseignants de l'établissement, a été formé en 1929. Cet ensemble a suscité par la suite beaucoup d'intérêt à l'égard de la musique de chambre.

Des efforts ont été déployés en vue d'améliorer la bibliothèque, et de nouveaux cours ont été offerts. Un certain nombre de changements importants ont été apportés au programme d'études pendant les années 1930, par exemple une révision approfondie du plan de cours de piano, des améliorations apportées aux épreuves de lecture de la musique et d'oreille et des exigences plus sévères quant à la connaissance de la théorie pour l'obtention du diplôme de correspondant. En 1935, le Conservatoire a adopté le système d'examen pour les niveaux I à X. En accord avec le ministère de l'Éducation de l'Ontario, il était possible d'acquérir des crédits à l'école secondaire en vue de l'obtention d'un diplôme du Conservatoire et pour satisfaire aux conditions d'admission à l'université.

À la demande du recteur de l'Université de Toronto et du conseil d'administration du Conservatoire, tous deux appuyés par la fondation Carnegie des États-Unis, Ernest Hutcheson (alors recteur de l'École Juilliard) a entrepris une étude de faisabilité concernant l'expansion de l'enseignement de la musique au Canada. À son avis, le Conservatoire était davantage un établissement pour enseignants privés qu'une école; en effet, le Conservatoire offrait des studios et des services administratifs en échange desquels les enseignants remettaient un pourcentage de leurs honoraires. Selon Hutcheson, les enseignants qui n'étaient pas salariés étaient davantage intéressés à garder les élèves doués dans leur propre classe et étaient moins préoccupés de fournir un enseignement complet en musique. Il a préconisé l'établissement d'un corps professoral plus restreint, composé d'enseignants salariés, qui s'efforcerait davantage de fournir des programmes exhaustifs à l'intention des élèves de niveau supérieur de calibre professionnel. Il a aussi recommandé la création d'une division offrant un programme préparatoire ainsi que la tenue de cours d'été.

Les recommandations du rapport Hutcheson (1937) n'ont pas été mises en uvre au moment de sa parution, mais elles ont conduit à l'établissement d'une division pour élèves à un niveau supérieur au Conservatoire en 1946. En 1942, MacMillan a été obligé de donner sa démission à titre de directeur à cause des nombreuses autres fonctions dont il devait s'acquitter. Les activités de l'école supérieure ont été intégrées dans le cadre de la réorganisation globale, en 1952, lorsque l'Université de Toronto a mis sur pied deux grandes divisions regroupées pour former le Conservatoire royal de musique, soit l'École de musique et la Faculté de musique. À cause de la controverse et de la discorde suscitées par ces changements, MacMillan a donné sa démission en tant que doyen. Pendant deux ans, il avait participé aux travaux du comité de planification qui, après analyse, a recommandé la création d'un poste de doyen à temps plein, poste que MacMillan n'a pu accepter à cause de ses nombreuses autres activités. En outre, il était d'avis que le poste devait être comblé par une personne plus jeune ayant une expérience solide du milieu universitaire.

Lorsque la rumeur a circulé suivant laquelle la candidature d'Edward Johnson serait proposée, MacMillan s'y est opposé, car Johnson était d'un âge avancé et n'avait aucune expérience du milieu universitaire. Johnson lui-même a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de devenir doyen et qu'il n'avait pas les compétences voulues pour le poste. En l'absence d'autres candidatures proposées, MacMillan a suggéré de reporter la réorganisation d'un an jusqu'à ce qu'un candidat convenable ait été trouvé. La réorganisation s'est quand même faite, sans doyen, mesure que MacMillan a jugé peu judicieuse. L'affrontement qui en a résulté entre lui et l'administration de l'Université de Toronto a fait les manchettes. Ses liens avec l'Université ont été coupés lorsque le poste de doyen de la Faculté a été aboli.

En plus de ses fonctions au Conservatoire et à l'Université, en 1927, MacMillan a entrepris la tâche d'éditer A Canadian Song Book (en Grande- Bretagne, A Book of Songs), publié sous les auspices du National Council of Education. Cette anthologie, conçue pour les foyers, les clubs, les écoles et les collèges du Canada, a été largement utilisée dans les écoles canadiennes au cours des années 1930 et 1940. Pendant les années 1930, MacMillan a préparé des documents pédagogiques, souvent en collaboration avec le pianiste et pédagogue Boris Berlin. Citons, entre autres, The Modern Piano Student (1931) et On the Preparation of Ear Tests (1938), publiés par Frederick Harris Co. d'Oakville, en Ontario.

MacMillan, qui a toujours été étroitement associé aux jeunes, jouissait d'une immense popularité auprès d'eux. Les Concerts pour les enfants et les Concerts pour les écoles secondaires ont occupé une place importante au cours de chacune des saisons de l'Orchestre symphonique de Toronto. L'Orchestre, la Commission scolaire de Toronto et le ministère de l'Éducation de l'Ontario ont collaboré à ces activités. L'Orchestre a présenté son premier concert pour les enfants au cours de la saison 1924-1925. Après une interruption, il a repris ces concerts en 1929- 1930. Le 11 février 1941, MacMillan a dirigé l'Orchestre à l'occasion du premier concert pour les écoles secondaires, événement organisé après de nombreuses demandes de la part des enseignants et des élèves. En effet, depuis quelque temps, les directeurs de l'Association de l'orchestre étaient d'avis qu'il fallait offrir des programmes à l'intention des jeunes qui aimaient la musique symphonique, de façon à combler le vide entre les Concerts pour les enfants et les concerts réguliers. Parmi les jeunes solistes canadiens qui se sont produits avec l'Orchestre, mentionnons Lois Marshall, Jon Vickers, Frances James et Glenn Gould.

Dans ses mémoires, MacMillan a indiqué que c'est à cause des Concerts pour les écoles secondaires qu'il a refusé le poste de titulaire de l'illustre chaire Reid de musique à l'Université d'Édimbourg, pour succéder à feu sir Donald Tovey. Il a écrit : «Jouer pour un tel auditoire m'a donné (et à mon avis il en est de même pour de nombreux musiciens) une sensation que je n'avais jamais ressentie.»2 MacMillan a également présenté des concerts similaires pour les enfants et les jeunes lorsqu'il était chef d'orchestre invité à Vancouver, à Montréal, aux États-Unis et pendant sa tournée en Australie.

Les premières émissions radiodiffusées pour les écoles, en Ontario, ont été présentées en 1942-1943 dans le cadre d'une série expérimentale de dix programmes d'éveil à la musique, d'une durée de 45 minutes, mettant en vedette divers solistes accompagnés par l'Orchestre symphonique de Toronto, avec MacMillan au pupitre. Ces émissions ont été le point de départ de la série «Music for Young Folk» conçue initialement pour les élèves des classes de 7e et de 8e et plus tard, pour tous les niveaux (primaire, premier et deuxième cycles du secondaire). La série «Music for Young Folk» a été présentée sous diverses formes jusqu'en 1964. Ces émissions ne visaient pas à remplacer l'enseignement de la musique en classe, mais plutôt à enrichir l'expérience musicale des jeunes. En 1945, l'Office national du film du Canada a filmé pour la première fois l'Orchestre symphonique de Toronto. Les deux films produits ont été offerts pour distribution à des fins éducatives. Pendant son voyage au Brésil en 1946, MacMillan a projeté ces films dans une école qu'il a visitée à Rio de Janeiro.

En 1936, une enseignante de l'école secondaire de premier cycle Templeton à Vancouver, Marjorie Agnew, une amie d'enfance de MacMillan, a fondé les Clubs de beaux-arts sir Ernest MacMillan afin d'encourager les activités dans le domaine des beaux-arts chez les élèves. Mlle Agnew avait l'impression que ses élèves seraient privés de quelque chose s'ils n'avaient aucun contact direct avec les arts. MacMillan a approuvé l'utilisation de son nom et il s'est intéressé activement à l'évolution des clubs qui se sont finalement répandus dans diverses écoles à Vancouver, dans d'autres grandes et petites villes de la Colombie- Britannique et à l'extérieur de la province. Les clubs étaient notamment axés sur la musique, mais ils offraient également des activités dans les domaines de la littérature, des arts visuels et de la danse, compte tenu des intérêts et des connaissances de leur promoteur à l'égard des autres formes d'arts. Les clubs ont cessé d'exister au cours des années 1970 à cause de la santé chancelante de Mlle Agnew.

MacMillan a également été étroitement associé au mouvement des Jeunesses musicales du Canada (JMC), devenu Youth and Music Canada à l'extérieur du Québec, dont il a été président national de 1961 à 1963 et ensuite président honoraire à vie. Cette organisation sans but lucratif, fondée en 1949, a pour mission d'encourager l'étude de la musique chez les jeunes Canadiens et d'aider les interprètes et les compositeurs de talent à faire carrière au Canada et à l'étranger. Elle fait également partie de la Fédération internationale des Jeunesses musicales. La JMC est bien connue pour ses camps de musique, pendant l'été, au mont Orford (Québec) et pour les tournées de concerts qu'elle organise pour de jeunes solistes. La longue liste des artistes qui ont bénéficié de cette organisation comprend des Canadiens remarquables tels que Maureen Forrester, Louis Quilico et Bernard Lagacé.

De 1959 à 1966, MacMillan a assumé le rôle de chef d'orchestre au Concours national du réseau anglais de la Société Radio-Canada. Ayant dû cesser cette activité pour des raisons de santé, il a néanmoins continué, jusqu'en 1968, d'être commentateur et juge au Concours. À ce titre, il a voyagé régulièrement partout au Canada et il a profité de son poste pour encourager directement et personnellement les jeunes musiciens. Au milieu des années 1960, il a également assumé à de nombreuses occasions les fonctions de commentateur au cours de programmes de musique diffusés à la radio du réseau anglais de la Société Radio-Canada et, de 1951 à 1955, il a animé une émission de radio hebdomadaire, d'une durée d'une heure, intitulée «Sir Ernest Plays Favourites» à la station CKEY de Toronto. L'émission a gagné deux prix en 1952, soit un Ohio Radio Award et un Canadian Radio Award, parrainés par la Canadian Association for Adult Education.

MacMillan a pris part à de nombreuses autres activités moins connues. Il a été invité à présenter un mémoire à la Commission royale d'enquête sur l'éducation en Ontario, présidée par le juge J.A. Hope. Après avoir été contacté par le Comité des citoyens pour l'enfance (Ottawa), MacMillan a écrit le chapitre d'introduction à la section sur la musique du livre What's What for Children. Malgré son horaire très chargé, il a été conférencier ou président des débats à des colloques de l'International Federation of Music Students and of Student Composers. Il a également participé à des activités importantes organisées par divers établissements voués à la musique, par exemple il a prononcé des allocutions à des collations des grades.

Notes

1. Traduction de : MacMillan, «Music for Teenagers», (inédit, s.d.), p. 1. Fonds sir Ernest MacMillan, Section des manuscrits, Division de la musique, Bibliothèque nationale du Canada.

2. Traduction de : MacMillan, [Memoirs], chapitre «The Toronto Conservatory», p. 12.


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