Intellectual racism?

Patricia Huston, MD, MPH

Canadian Medical Association Journal 1995; 153: 1219

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When a Third World researcher suddenly proclaims to have discovered a vaccine for malaria it is predictable that First World scientists would be sceptical. When the evidence for this assertion is not conclusive, the scepticism is appropriate. However, it may also hide less appropriate reactions such as envy, disbelief and prejudice.

In this issue (see pages 1319 to 1321 [abstract] Kirsteen MacLeod describes the many years of struggle Dr. Manuel Patarroyo had after he reported in Nature in 1987 that he had found a synthetic vaccine that protected monkeys against malaria. At the time, the common wisdom was that a vaccine would not be developed before well into the 21st century. It flew in the face of the efforts of First World scientists in major malaria research centres to develop a vaccine directed against the sporozoite stage of this protozoa; Patarroyo's vaccine targets the merozoite stage.

By ignoring their work, and thus possibly wounding their pride, did Patarroyo cultivate prejudice? He believes so. And an ad-hoc committee of the World Health Organization that investigated his allegation concluded that although there were legitimate shortcomings in his research, there had also been prejudice against it. This raises the issue of "intellectual racism" in science. It is highly unlikely that Patarroyo's experience is an isolated incident.

As noted in a previous editor's page of mine ("The pursuit of objectivity," Can Med Assoc J 1995; 153: 735) our own beliefs and attitudes can undermine the objectivity of randomized controlled trials. They can also undermine the objective evaluation of others' work. Rather than delude ourselves about being completely objective, we need to be more honest about recognizing and revealing our all too human biases.


Lorsqu'un chercheur d'un pays en développement affirme tout d'un coup avoir découvert un vaccin contre la malaria, il est prévisible que les scientifiques des pays industrialisés soient sceptiques. Lorsque les preuves appuyant l'allégation ne sont pas concluantes, il est alors de mise d'être sceptique. Cependant, ce scepticisme peut aussi camoufler une réaction moins appropriée, par exemple l'envie, l'incrédulité ou le préjugé.

Dans ce numéro (voir les pages 1319 à 1321 [résumé]), Kirsteen MacLeod nous parle des nombreuses années de lutte qu'a menées le Dr Manuel Patarroyo après avoir communiqué dans Nature, en 1987, qu'il avait trouvé un vaccin synthétique contre la malaria chez les singes. À ce moment, on croyait couramment qu'il faudrait attendre bien après le début du XXIe siècle avant de pouvoir disposer d'un vaccin. Cette découverte ruina les efforts des grands centres de recherche sur la malaria des pays industrialisés de mettre au point un vaccin contre le stade sporozoïte de ce protozoaire. Le vaccin de Patarroyo vise le stade du mérozoïte.

En délaissant leur travail et, peut-être aussi, en blessant leur fierté, Patarroyo a-t-il cultivé un préjugé? Il croit que oui. Un comité spécial de l'Organisation mondiale de la santé, qui a examiné son allégation, a conclu que même si sa recherche comportait des lacunes légitimes, elle avait aussi fait l'objet de préjugés. Cette question soulève le problème du «racisme intellectuel» dans les sciences. Il est fort probable que l'expérience de Patarroyo ne soit pas la seule du genre.

Comme je l'ai souligné dans un éditorial précédent («La recherche de l'objectivité», Can Med Assoc J 1995; 153 : 735), nos propres croyances et attitudes peuvent saper l'objectivité d'études contrôles randomisées. Elles peuvent aussi saper l'évaluation objective du travail des autres. Au lieu de nous illusionner sur notre parfaite objectivité, nous devrions accepter et exposer avec plus d'honnêteté nos préjugés malheureusement très humains.


CMAJ November 1, 1995 (vol 153, no 9) / JAMC le 1er novembre 1995 (vol 153, no 9)