Politique rédactionnelle

Descriptions de programmes : renseignements à l'intention des auteurs et des évaluateurs

Patricia Huston, MD, MPH; Tom Elmslie, MD, MSc

Canadian Medical Association Journal 1996; 155: 1072-1074


Le Dr Huston est rédactrice en chef associée du JAMC. Le Dr Elmslie est professeur agrégé aux départements de Médecine familiale et de Médecine communautaire et d'Épidémiologie de l'Université d'Ottawa, Ottawa (Ont).

Demandes de tirés à part: Dr Patricia Huston, JAMC, CP 8650, Ottawa ON K1G 0G8; fax : 613 523-0937; pubs@cma.ca

© 1996 Association médicale canadienne


Voir aussi:
  • Directives aux auteurs
    Les médecins sont en général curieux de nature. Ils veulent non seulement connaître les derniers progrès de la médecine, mais aussi savoir comment utiliser ces nouvelles connaissances. Les descriptions de programme répondent à cet intérêt et annoncent souvent de nouvelles tendances sur les plans à la fois du perfectionnement professionnel et de la prestation des soins de santé.

    Les descriptions de programmes de perfectionnement professionnel peuvent porter sur un nouveau volet d'un programme d'études en médecine de premier cycle[1] ou sur de nouvelles façons pour un ordre de déterminer et d'améliorer le niveau de compétence des médecins[2]. La plupart des descriptions de programme portent toutefois avant tout sur les aspects cliniques des soins de santé. Ces descriptions peuvent présenter un compte rendu sur des stratégies primaires, secondaires ou tertiaires de prévention des maladies, sur la promotion de la santé, ou sur des techniques de protection de la santé. Elles peuvent décrire des programmes conçus pour des contextes hospitaliers[3] ou externes[4].

    Cet article met à jour un article précédent5 et décrit les qualités d'une bonne description de programme. Afin de déterminer si une description de programme convient pour être publiée dans le JAMC, les auteurs doivent se poser trois questions : Le programme intéressera-t-il les lecteurs d'un journal médical général? Est-il original ou novateur? Une évaluation préliminaire indique-t-elle qu'il est efficace? Il faut répondre affirmativement aux trois questions. Le tableau 1 résume d'autres questions que les auteurs, les évaluateurs et les lecteurs peuvent poser pour déterminer si une description de programme est complète.

    Les descriptions de programmes comptent habituellement de 1500 à 1750 mots (outre le résumé et les références).

    Résumé structuré

    Le JAMC préconise maintenant l'utilisation des résumés structurés dans le cas des descriptions de programme afin d'aider à focaliser les efforts des auteurs et de répondre aux besoins du lecteur qui recherche des renseignements résumés de façon succincte. Nous avons arrêté les sous-titres suivants : «Objectif du programme», «Contexte», «Participants», «Programme», «Résultats» et «Conclusions».

    Les auteurs doivent énoncer l'objectif du programme en une seule phrase, qui est cruciale : elle doit justifier le programme et en décrire les principaux éléments (c.-à-d. sélection, counselling et référence). À la rubrique «Contexte», il faut indiquer le lieu où est offert le programme et des caractéristiques comme le niveau de soin de l'établissement (p. ex., hôpital de soins tertiaires ou centre de santé communautaire) et préciser si le contexte est rural ou urbain. À la rubrique «Participants», les auteurs doivent préciser à qui on a offert le programme et signaler tout critère d'inclusion. À la rubrique «Programme», ils doivent préciser ce que l'on a offert et comment on l'a fait (p. ex., ateliers, dépliants ou discussions en petits groupes). La section «Résultats» doit décrire brièvement les résultats d'une évaluation préliminaire du programme et la «Conclusion» doit porter sur les répercussions du nouveau programme pour des tiers.

    Le résumé structuré doit avoir environ 250 mots.

    Introduction

    Même si les descriptions de programme ne constituent pas une recherche en soi, elle ont le même but que tout article de recherche : répondre à une question précise ou résoudre un problème en particulier. Dans l'introduction, on s'attend à ce que les auteurs énoncent le problème à l'origine du lancement du programme. Cet énoncé comprend souvent des statistiques descriptives provenant d'études antérieures visant à quantifier l'ampleur du problème. L'introduction peut inclure un exemple pour étoffer le problème. Pour situer la description du programme dans un contexte plus général, il faut présenter une brève recension des écrits afin d'indiquer si l'on s'est penché sur le problème dans le passé et comment on l'a fait. Il faut indiquer l'objectif précis du programme, habituellement à la fin de l'introduction. Il est essentiel de présenter un objectif clair, sinon le programme ne peut être évalué.

    Description du programme

    La description du programme doit ressembler à celle des méthodes dans un article sur une recherche originale. Pour déterminer si une description est bonne, l'épreuve décisive consiste donc à savoir si un collègue, après l'avoir lue, saurait ce qu'il faut faire pour reproduire le programme. Cela ne signifie pas que la description doit être exhaustive : il doit y avoir un équilibre entre l'exhaustivité et la concision. Il est utile de décrire le programme en traitant à la fois de sa structure et de son mécanisme de prestation.

    Structure

    Une description des caractéristiques structurelles d'un programme répond aux questions suivantes : Qui? Où? Quand? Qui faisait partie de la population cible? Qui a offert le service (p. ex., médecins, infirmières ou bénévoles) et avaient-ils reçu une formation spéciale? Où le service a-t-il été offert? Quand a-t-il été offert (p. ex., au cours des heures de travail, le soir ou en fin de semaine) et pendant combien de temps? Il importe de définir tous ces aspects structurels, car chacun peut avoir une incidence sur les résultats.

    Façon de procéder

    La description de la façon de procéder répond aux questions suivants sur le programme : Quoi? et Comment? Quels renseignements ou quel service a-t-on offerts? Comment ont­ils été fournis? En personne? A-t-on fourni des documents aux participants? Y a-t-il eu des ateliers? Il est évident qu'on ne peut décrire tous les renseignements offerts dans le cadre d'un programme : il suffit d'en résumer le contenu et de souligner les points clés. Il est utile que les auteurs signalent que l'on peut obtenir d'autres renseignements directement auprès d'eux.

    Résultats

    Toute description de programme doit répondre à la question implicite suivante : «Quel est l'avantage d'un tel programme?» Pour qu'on envisage de la publier dans le JAMC, une description de programme doit comporter une première évaluation d'efficacité. Sans cette évaluation, les lecteurs n'auront aucun moyen de savoir si le programme a des chances d'être efficace.

    L'évaluation préliminaire comprend en général des statistiques descriptives, ainsi que des mesures appropriées des résultats. Les statistiques descriptives fournissent des renseignements sur les participants et indiquent combien se sont retirés avant la fin. Les mesures des résultats varient selon la nature du programme. L'évaluation préliminaire des nouveaux programmes comporte en général une comparaison avant et après des connaissances, des compétences, des attitudes ou des comportements des membres du groupe cible. Habituellement, on évalue aussi leur niveau de satisfaction à l'égard du nouveau programme.

    Les auteurs peuvent se demander ce qui distingue une description de programme d'une étude d'évaluation, étant donné que les deux comportent une évaluation. Il y a plusieurs différences importantes. Une description de programme porte avant tout sur le programme même : l'évaluation est secondaire. Dans une étude d'évaluation, c'est le contraire. Dans une description de programme, l'évaluation ne présente habituellement que des indications préliminaires de l'efficacité, tandis que dans une étude d'évaluation, les données probantes sont plus définitives. Par exemple, une étude préliminaire ne comporte en général aucune comparaison avec un groupe semblable de personnes qui n'ont pas participé au programme. Une étude d'évaluation, par ailleurs, devrait comporter un groupe témoin bien apparié6. Les deux types d'études ne s'excluent pas mutuellement : une étude d'évaluation définitive peut suivre une description de programme.

    Discussion

    La section discussion commence en général par une seule phrase qui résume l'aspect unique du programme. Le reste de la discussion devrait suivre l'aperçu général utilisé dans tous les documents scientifiques. Il faudrait comparer le programme à des programmes connexes et décrire les répercussions du nouveau programme. Il est crucial d'exposer minutieusement les forces et les limites du programme. De même, il faut préciser l'orientation des efforts futurs, qu'ils portent sur l'élaboration du programme ou sur son évaluation définitive. Le problème le plus commun qu'ont connu les descriptions de programme dans le passé a été l'enthousiasme excessif des auteurs, qui les pousse à surestimer les forces du programme et à en oublier les faiblesses. Il importe d'assurer que toutes les conclusions et les recommandations sont justifiables.

    Les descriptions de programme intéressent les lecteurs, car elles indiquent ce qu'il y a de nouveau dans les milieux de l'éducation, du perfectionnement professionnel et de la prestation des soins de santé. Lorsqu'elles sont présentées avec soin et visent à répondre à un problème bien défini -- elles comportent un objectif clair, une description complète, une première évaluation et une discussion équilibrée des forces et des limites -- les descriptions de programme présentent aux lecteurs un tableau réaliste de ce qu'il est possible de faire et peuvent ouvrir la voie à une recherche plus définitive sur des services de santé.


    Nous remercions le Dr Milos Jenecik de l'Université de Montréal des observations constructives qu'il nous a fournies au sujet d'une version antérieure du présent manuscrit.

    Références

    1. Robinson GE, Stewart DE. A curriculum on physician­patient sexual misconduct and teacher­learner mistreatment. Part 2: Teaching method. CMAJ 1996; 154: 1021-5.
    2. Page GG, Bates J, Dyer SM, Vincent DR, Bordage G, Jacques A, et al. Physician-assessment and physician-enhancement programs in Canada. CMAJ 1995; 153: 1723-8.
    3. Walker DE, Balvert L. A practical program to maintain neonatal resuscitation skills. CMAJ 1994; 151: 299-304.
    4. Armstrong H, Wilks C, McEvoy L, Russell M, Melville C. Group therapy for parents of youths with a conduct disorder. Can Med Assoc J 1994; 151: 939-44.
    5. Squires BP. Descriptive studies: what editors want from authors and peer reviewers. CMAJ 1989; 141: 879-80.
    6. Naylor CD, Guyatt GH for the Evidence-Based Medicine Working Group. Users' Guides to the Medical Literature: X. How to use an article reporting variations in the outcomes of health services. JAMA 1996; 275: 554-8.


    | JAMC le 15 octobre 1996 (vol 155, no 8) | Centre de rédaction médicale |