La reconstruction, 1916-1965

La première pierre du nouvel immeuble

Le 1er septembre 1916, la première pierre originale, récupérée dans les ruines, a été posée par le prince Arthur, duc de Connaught, exactement 56 ans après avoir été posée pour la première fois par son frère, devenu le roi édouard VII.

Arthur William Patrick Albert  La première pierre de l'ancien édifice du Centre

Après avoir décidé que l'édifice du Centre serait reconstruit, on a demandé à une équipe d'architectes de dessiner un immeuble qui ressemblerait le plus possible à l'ancien édifice. Cependant, beaucoup de choses avaient changé depuis les années 1850. Il existait de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux et le ministère des Travaux publics avait tiré des leçons importantes de l'incendie. De plus, le nouvel immeuble serait plus grand que l'original et aurait un étage complet de plus.

La bibliothèque vue de l'édifice de l'Ouest

Le nouvel édifice du Centre en voie de construction

Dessin représentant le projet de nouvel édifice du Centre, 1916

L'édifice du Centre en voie de construction

John Pearson et J. Omer Marchand ont doté le nouvel édifice du Centre d'un système logique de couloirs, afin que les voies d'accès aux sorties soient claires. Au lieu d'être en bois, les murs intérieurs sont en calcaire de Tyndall du Manitoba et les planchers sont faits de marbre. La structure est une charpente métallique moderne, mais elle est recouverte du même grès de la formation de Nepean que les immeubles originaux.

Le gouvernement espérait déménager dans son nouvel immeuble moins d'un an après le début des travaux de construction, mais nous étions en temps de guerre. Les matériaux et la main-d'oeuvre étaient rares et coûteux. Les travaux avançaient, mais lentement.

Le foyer de la nouvelle Chambre des communes, 1920

L'ouverture du Parlement

La première session d'une législature à avoir lieu dans le nouvel édifice s'est ouverte en grande pompe le 26 février 1920, soit un peu plus de quatre ans après l'incendie.

Le nouvel édifice du Centre, 1927 Durant ces années-là, notre pays avait énormément changé. À force de voir s'allonger la liste des victimes de la Grande Guerre, il avait fini par en saisir toute l'horreur. Ses armées avaient fait leurs preuves sur les champs de bataille de France et de Belgique et gagné le respect de leurs alliés, et le Canada avait pris place sur la scène mondiale comme participant aux négociations du traité de Versailles. Sir Wilfrid Laurier avait déclaré que le XXe siècle appartenait au Canada. Le 26 février 1920, à l'ouverture de la nouvelle session d'une législature, tout semblait possible. Ouvrier sur la tour de la Paix, 1925

Le nouvel immeuble était un puissant symbole de ce tournant dans notre histoire. Le vieux siècle était disparu, tout comme un monument très aimé de l'ère victorienne. Cependant, la bibliothèque qui renfermait les souvenirs et les archives du pays avait survécu et le nouvel édifice était jeune et prometteur comme l'après-guerre.

Ouvrier sur la tour de la Paix, 1925 Archives nationales du Canada, PA-178226 Le nouvel édifice était loin d'être terminé. La tour commençait seulement à s'élever au-dessus de sa base, et les halls intérieurs et les couloirs étaient encore sans ornement. De gros panneaux de pierre lisse attendaient que le ciseau du sculpteur y fasse naître des scènes tirées de l'histoire du Canada, des armoiries, des plantes et des animaux indigènes. L'achèvement des travaux allait prendre des dizaines d'années.

Le jubilé de diamant de la Confédération, 1er juillet 1927

Lors de la Fête du Dominion de 1927, le vicomte Willingdon, gouverneur général du Canada, a inauguré la tour de la Paix et le carillon, dont le carillonneur du Dominion, Percival Price, a alors joué pour la première fois.

Prime Minister Mackenzie King La cérémonie qui s'est déroulée sur la Colline du Parlement ce jour-là a été l'aboutissement de nombreuses années de planification et d'efforts, dont ceux du premier ministre William Lyon Mackenzie King. Celui-ci était déterminé à faire de la tour de la Paix un monument commémoratif convenable pour les Canadiens morts au champ d'honneur et il est à l'origine de l'existence du carillon. Le jour du jubilé, son discours, radiodiffusé partout au pays, a été un engagement à la paix émouvant et puissant.

L'incendie à la bibliothèque

En 1952, il s'est produit un autre désastre sur la Colline. Un court-circuit électrique dans la toiture de la bibliothèque a provoqué un incendie qui a presque détruit ce chef-d'oeuvre néo-gothique. Les pompiers ont tenté désespérément d'atteindre les flammes qui se propageaient dans la coupole en pratiquant une ouverture dans le toit en métal et en y versant de l'eau. Cela a bien éteint le feu, mais aussi inondé l'intérieur et les collections.

La belle salle, qui avait survécu au grand incendie de 1916, était noircie par la fumée, son toit était ouvert comme une boîte en fer-blanc et son plancher était parsemé de plâtre brisé. De l'eau sortait à flots par la porte, tandis que les bibliothécaires, abasourdis, passaient les dommages en revue.

Depuis de nombreuses années, il était évident que la bibliothèque était trop petite. En plus d'être la bibliothèque de consultation du Parlement, elle était aussi la Bibliothèque nationale et, depuis longtemps, une bibliothèque municipale. Les événements ont déclenché un débat et certains croyaient qu'il fallait démolir l'édifice et le remplacer par une bibliothèque plus grande et plus fonctionnelle. Le ministère des Travaux publics est même allé jusqu'à produire des dessins. Peut-être que, lorsqu'ils ont vu sur papier l'immeuble ordinaire et terne qui était projeté, les gens ont pris conscience du caractère unique de la bibliothèque créée par Fuller et Jones et de l'importance de sauver tout ce qu'il restait de l'édifice du Centre original.

On a restauré la bibliothèque et construit, quelques années plus tard, un nouvel immeuble pour la Bibliothèque nationale à l'ouest de la Colline du Parlement, afin d'améliorer la situation de la vieille bibliothèque.

La démolition de la vieille Cour suprême

L'ancien édifice de la Cour suprême, juillet 1956

En 1955, un immeuble délabré à l'allure triste situé à l'extrémité ouest de la Colline du Parlement a été démoli pour faire place à un parc de stationnement. Personne n'en a été particulièrement contrarié. C'était un nid-à-feu depuis des années, mais il avait été la Cour suprême du Canada de 1889 à 1945.

Cela ne semble pas un événement très important, mais c'était le début d'une période sombre dans l'histoire de la Colline du Parlement. Après la Deuxième Guerre mondiale, l'importance de l'automobile dans toutes les facettes de la vie a commencé à influer sur la manière dont nous vivions. En même temps, les gens étaient obsédés par tout ce qui était neuf et moderne, et étaient prêts à se débarrasser de ce qui était vieux et désuet. Rien n'était à l'abri de la menace de la démolition ni du phénomène rampant du parc de stationnement.

La modernisation de l'édifice de l'Ouest

La quête permanente de locaux à bureaux additionnels sur la Colline du Parlement a repris une importance cruciale en 1961. Les vieux édifices administratifs avaient l'air passablement défraîchi et détérioré après des années de légères modifications effectuées afin d'y caser le plus de bureaux possible. On a proposé sérieusement de démolir l'édifice de l'Ouest et de recommencer à zéro en construisant au même endroit un immeuble de bureaux moderne.

Travaux de rénovation à l'édifice de l'Ouest, 1962 Maintenant, cette proposition nous paraît farfelue, tout comme celle d'abattre l'édifice de l'Est pour créer des places de stationnement additionnelles, mais cela montre à quel point nous sommes passés proche de perdre ces trésors à cause d'un enthousiasme aveugle pour le progrès. Tout style d'architecture traverse une période très dangereuse lorsqu'il est assez vieux pour être démodé, mais PAS assez pour faire partie du patrimoine.

Heureusement, aucun de ces projets n'a été mis à exécution. On a plutôt fait subir des travaux de transformation à l'édifice de l'Ouest. Beaucoup d'éléments originaux, tels que des foyers, des boiseries décoratives et d'autres détails, ont été enlevés et l'intérieur a perdu son allure victorienne. À l'extérieur, cet immeuble n'avait pas changé, mais à l'intérieur, ses bureaux étaient modernes.